Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures

Un livre un peu terrible, laissant l’impression que même Jean Ziegler n’y croit plus. Et ça, malgré un titre qui pouvait sembler porteur d’espoir.

Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures de Jean Ziegler et Denis Lafay
Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures de Jean Ziegler et Denis Lafay

Dans cet ordre mondial inféodé au capital, on voit difficilement ou se trouvent les fissures même si le livre se termine par: « Ou bien c’est nous qui abattrons cet [l’]ordre cannibale, ou c’est personne. »

Un constat de la fin des utopies, même si… par-ci, par-là subsistent encore quelques irréductibles rêveurs.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« De plus en plus rares sont les critiques virulents du capitalisme et du libéralisme contemporains. Leur voix n'est pas éteinte, mais elle est muselée, sinon discréditée, au moins contestée par la suprématie que ce double modèle idéologique et économique exerce désormais, sous des formes certes disparates, sur la quasi-totalité du globe... et dans la quasi-totalité des consciences. Jean Ziegler est de ces opiniâtres résistants au capitalisme. Sa confrontation intellectuelle et physique, scientifique et émotionnelle, à la véracité de l'extrême pauvreté, au cynisme des mécanismes diplomatiques, aux obscurantismes multiformes, à l'étranglement des droits humains élémentaires, au dépérissement des utopies, lui confère d'être un observateur unique de l'état humain du monde. »
Denis Lafay

Je ne sais pas quoi faire des gentils blancs

Un recueil d’essais autour du racisme et des États-Unis d’aujourd’hui. Différentes facettes des violences et discriminations institutionnalisées, sournoises ou flagrantes.

Je ne sais pas quoi faire des gentils blancs de Brit Bennett
Je ne sais pas quoi faire des gentils blancs de Brit Bennett

Comme autant de pistes de réflexion (de rage, de révolte…) face au « Make America great again » de Trump.

Et « Great Again » comme quand ? A quel moment l’Amérique a-t-elle été « grande » au juste ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En 2020, la mort de George Floyd, homme noir qui succombe lors de son arrestation aux cris de « Ican't breathe » bouleverse le monde. En 2014 déjà, Eric Garner décédait dans les mêmes circonstances et en prononçant les mêmes paroles.

Ces neuf essais pétris d'une rage calme exposent l'omniprésence du racisme aux États-Unis, qu'il soit diffus, tapi dans des détails qui n'en sont pas, ou sidérant, énorme, invraisemblable. Du marketing des poupées d'enfants à l'absence de plaque commémorant les victimes de l'esclavage, Brit Bennett désigne de façon saisissante les manifestations de ce racisme qui n'en finit pas de tuer, et qui prospère aussi sur la bonne conscience des « gentils Blancs ». Portée par le désir d'aller de l'avant, elle rend hommage aux auteurs qui, de Toni Morrison à Ta-Nehisi Coates en passant par Jesmyn Ward, ouvrent la voie au changement en donnant à voir une expérience à nulle autre pareille

Mortelle transparence

Ecrire un livre grand public sur la transparence des informations à l’heure numérique relève de la gageure. Les enjeux sont financièrement, politiquement, socialement, économiquement, individuellement, sociétalement (j’en passe) sont tellement vastes, importants, imbriqués et complexes qu’ils en deviennent abstraits tout en restant primordiaux.

Mortelle transparence de Denis Olivennes et Mathias Chichportich
Mortelle transparence de Denis Olivennes et Mathias Chichportich

Alors, à qui s’adresse ce livre qui tente de faire le tour de la question ? À toute personne un peu curieuse qui en ressortira fatalement dubitative. La vitesse des évolutions rend obsolètes les positions aussi rapidement que les spaghettis passent d’al dente à une bouillasse infâme.

Alors, autruche ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La transparence devient totale. Nos déplacements, nos achats, nos goûts, nos maladies, nos échanges, nos conversations : rien n'y échappe. Au bureau, des entreprises expérimentent des dispositifs enregistrant les conversations de leurs employés.

Une opération « suspecte » sur votre compte ? Votre banquier a l'obligation de vous dénoncer à une cellule anti-fraude. Vous souhaitez en parler à votre avocat ? Un juge d'instruction l'a peut-être placé sur écoute. Pour un entretien d'embauche, une visite approfondie des réseaux sociaux - ah les photos sur Facebook ! - est devenu un préalable.

Bientôt notre ADN sera séquencé de manière à ce que nos maladies soient prévisibles : les médecins s'en félicitent, les assureurs se frottent les mains.

Quand, au diktat de la transparence, s'ajoutent les effets pervers du progrès technique, c'est toute notre vie qui bascule.

Peut-on encore inverser le cours des choses ? Sommes-nous condamnés à l'autodestruction de cette société de libertés que nous avons mis tant de siècles à constituer ?

Big Data : le nouveau visage de Big Brother ?

Denis Olivennes et Mathias Chichportich analysent cette marche forcée et inconsciente vers une société soumise aux injonctions souvent absurdes d'une prétendue modernité

De l’infidélité

Cocu ! Le mot est décortiqué sous toutes ses formes. La victime, le coupable, le complice. C’est tout le monde et c’est lui, l’autre et moi (non, pas moi).

À quel moment commence l'infidélité ? Je préfère mille fois que l'homme que j'aime couche avec une femme et ne s'en soucie plus, plutôt que d'être obsédé par l'idée d'une femme qu'il ne touchera jamais. C'est dans le fantasme d'un autre corps que réside le germe de l'infidélité. Car c'est un duel perdu. Alors qu'un homme qui a trompé sa femme revient le plus souvent à la maison, un homme qui rêve d'une autre n'est jamais vraiment là.
De l’infidélité de Amanda Sthers

Comme un dictionnaire de la tromperie, le livre pêche peut-être parfois par quelques entrées un peu pales. Mais quels beaux mots. L’infidélité personnelle et universelle, intime et sociale, religieuse ou virtuelle, historique et aujourd’hui.

… Et suivez son conseil, faites comme Amanda Sthers, n’avouez jamais !

Avouer
« N'avoue jamais, jamais, jamais ! » Les paroles de la fameuse chanson de Guy Mardel devraient s'appliquer à tous ceux qui trompent leur conjoint.
Le mot d'ordre de la confrérie des infidèles est : « Tu nies en bloc. »
Mais il arrive que les remords soient trop grands...
Pire, j'ai entendu quelqu'un m'expliquer qu'il était amoureux de sa maîtresse et qu'il avait un besoin fou de le partager avec sa plus grande complice, sa meilleure amie : sa femme.
Je pense que la « faute avouée est à moitié pardonnée » ne s'applique pas dans ce cas précis. On avoue souvent par égoïsme d'ailleurs, pour soulager sa conscience ou comme un dernier électrochoc pour tenter de sauver son couple. Pour partager la responsabilité et faire comprendre à notre partenaire que, si on est allé voir ailleurs, c'est sans doute parce qu'il avait démissionné en partie de notre histoire. Pour soulager sa conscience et presque partager la culpabilité. La seule chose à avouer, c'est son innocence.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est étonnant de vouloir parler d'infidélité. Surtout pour une femme. Les clichés ont la peau dure et évidemment l'infidélité est un territoire masculin. Cet abécédaire n'en est en aucun cas l'éloge ; plutôt le questionnement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« La notion de fidélité est apparue avec la sédentarité, ainsi pouvait-on être sûr de transmettre son morceau de terre à sa descendance. Il y a donc eu un long moment d'humanité volage. Étions-nous déjà jaloux ? Passionnés ? Avons-nous inventé l'amour et ses dérives ? Le désir est-il dissociable de l'amour ? À l'heure des réseaux sociaux et de la course à l'éternelle jeunesse, peut-on aimer la même personne toute sa vie ?

Il existe mille façons d'être fidèle à soi-même. Me poser des questions sur l'infidélité en définissant les mots qui l'accompagnent, en revisitant les grands textes de la littérature et les figures qui l'ont illustrée, était une façon de me demander si j'avais encore le droit d'être une incorrigible romantique... »
A.S.

Requiem pour le rêve américain

C’est pire et attendons-nous à ce que ce soit encore pire. La politique est phagocytée par l’économie qui contrôle les médias et confisque les richesses. C’est trivial, simple et déjà connu. Rien de nouveau. Mais ce petit livre (par la taille) possède de très gros atouts, il est clair et va droit au but : la fin du rêve américain. Rien besoin de plus, vous allez vite comprendre.

Et nul besoin de trop se triturer le cortex, on comprend très bien ce qu’il en est ici, et où on se dirige.

Requiem pour le rêve américain de Noam Chomsky
Requiem pour le rêve américain de Noam Chomsky

Mais alors, que faire ?

Faire!

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le rêve américain est mort. Ce qui était possible autrefois aux États-Unis - partir de rien et gravir l'échelle sociale grâce à son travail, son mérite, ses efforts, quel que soit son milieu d'origine - ne l'est plus aujourd'hui.

Pourquoi ? Parce que les inégalités n'ont jamais été aussi fortes, et la mobilité sociale jamais aussi réduite. Un cercle infernal voit la richesse et le pouvoir se concentrer dans les mains d'une infime minorité, qui applique la « vile maxime » d'Adam Smith : « Tout pour nous, rien pour les autres. »

Noam Chomsky appelle au réveil de la majorité, aux innombrables petits actes de personnes anonymes. Ce sont ces derniers qui pourront faire basculer notre avenir

Manger moins (et mieux) de viande

Un petit livre aux illustrations rigolotes qui prend le parti de faire bouger les lignes en évitant les postures absolutistes et intégristes. Certes, il en résulte possiblement des légères incohérences (pas le lait sans élevage des vaches), mais même si on peut toujours souhaiter « moins », changer un peu, c’est peut-être déjà beaucoup.

Manger moins (et mieux) de viande de Gilles Daveau
Manger moins (et mieux) de viande de Gilles Daveau

Idéal pour trouver une motivation et commencer une réflexion.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La viande soulève des débats passionnés. Alors, pour passer à l'action, dédramatisons ! Entre les postures radicales « viandard » ou « vegan », mille voies sont possibles et celle qui convient à l'un ne sera jamais tout à fait la même que pour son voisin.

Si plus personne aujourd'hui ne peut ignorer qu'il est urgent de s'emparer de ce sujet dans notre quotidien, on oublie trop souvent, en effet, cette notion essentielle : à chacun de le faire à son rythme et à sa manière. Comment ? Cet ouvrage apporte des réponses simples, dont la force est de s'appuyer, précisément, sur nos différences.

Il nous entraîne dans un passage à l'acte personnalisé et libérateur. Où le « moins » se transforme en « plus » : plus de saveurs, de couleurs et de nutriments. Et où le « mieux » permet enfin de rendre sa noblesse à un aliment « de choix », issu du vivant : la viande.

Une démarche d'ouverture, bien plus que de vertu, qui nous amène à renouer avec cette longue histoire commune qui lie les hommes et les animaux

L’art du minimalisme

Bon, on jette tout et… Et surtout, on ne recommence pas !

L'art du minimalisme de Élodie-Joy Jaubert
L’art du minimalisme de Élodie-Joy Jaubert

Pas forcément à jeter en même temps que tout le reste… Quoique ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
N'avez-vous pas besoin d'une bouffée d'air frais dans votre vie ? Se libérer de tous ces objets qu'il faut entretenir, ranger, dépoussiérer, disposer de plus d'espace chez soi et de plus de temps pour soi... bref, se simplifier la vie, ça vous dit ?

Dans ce livre qui va vous guider pas à pas vers la liberté, découvrez :
- les grands principes du minimalisme et les différentes méthodes existantes ;
- les conseils pratiques pour désencombrer votre intérieur pièce par pièce, et ranger efficacement une bonne fois pour toutes ;
- des astuces faciles pour évacuer le superflu de votre vie et retrouver l'harmonie ;
- des recommandations feng shui pour favoriser la circulation des énergies.

Découvrez un véritable art de vivre pour revenir à l'essentiel !

I am Not Your Negro

Le livre d’un film documentaire de Raoul Peck sur James Baldwin. Conçu autour de ses citations, interviews, extraits de discours et d’écrits sur le racisme et la ségrégation aux États-Unis.

I am not your negro de James Baldwin et Raoul Peck
I am not your negro de James Baldwin et Raoul Peck

Très (trop) court et prenant, militant et pédagogique. Pour voir ou revoir le film.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce que les Blancs doivent faire, c'est essayer de trouver au fond d'eux-mêmes pourquoi, tout d'abord, il leur a été nécessaire d'avoir un « nègre », parce que je ne suis pas un « nègre ». Je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu'il vous en faut un. »
James Baldwin

Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire - salué dans le monde entier et sélectionné aux Oscars - aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident

Libérées ! : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale

En partant d’une chaussette sale, Titiou s’emballe. Mais ce qui pouvait ressembler à une colère d’hystérique (les femmes..!) se construit, s’argumente et se développe en un essai féministe et engagé. Un livre de vulgarisation et de démonstration brillant comme un carrelage sur Instagram!

Libérées de Titiou Lecoq
Libérées de Titiou Lecoq

Les évidentes inégalités sautent aux yeux comme les plus insignifiantes vicieuseries de la vie de tous les jours. Les petites merdasses quotidiennes comme les sempiternelles injustices médiatisées passent à la caisse, et la facture est salée comme le potage de la ménagère modèle.

Un livre drôle, militant et sérieux pour remuer les petits conforts machistes.

Mais diable, Titiou, pourquoi encore cette tranche de foie veau? Ce matin, alors que je lisais dans le bus, je suis tombé sur ces lignes qui m’ont rappelé cette fameuse photo O__O Ma tartine a bien failli remonter.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Un jour, je me suis demandé : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent ? Je n'ai trouvé qu'une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c'est pour ma gueule.

Être une femme, ce n'est pas seulement l'idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c'est le souci permanent des autres et du foyer, c'est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve. L'égalité serait déjà là, mais les femmes conservent la conviction intérieure qu'elles doivent s'occuper de tout et de tout le monde, et d'elles en dernier, s'il reste cinq minutes à la fin de leur triple journée.

Cette féminisation de la sphère privée implique une autre conséquence : l'espace public est toujours masculin. Peut-on se dire égaux quand la moitié de la population adapte ses vêtements en fonction des transports et fait attention à ne pas être seule la nuit dans la rue ? Et si le combat féministe devait encore et toujours se jouer dans la vie quotidienne de chacune et chacun, chez soi, dans sa propre maison, devant le panier de linge sale ? »

L’Empire de l’or rouge : enquête mondiale sur la tomate d’industrie

Si l’industrie de la viande me fait vomir, cet essai démontre que la cupidité n’a nulle limite et que tout est source de profit. De la viande à la tomate, même inhumanité. De la Chine à l’Italie en passant par l’Afrique, l’industrie de tomate (et je n’y vois évidement qu’un exemple) génère du fric avec des produits frelatés, reconditionnés, dilués ou périmés sur le dos des plus pauvres en s’appuyant sur des méthodes mondialisées, esclavagistes et mafieuses.

L'Empire de l'or rouge de Jean-Baptiste Malet
L’Empire de l’or rouge de Jean-Baptiste Malet

Édifiant jusqu’à l’écœurement avec l’aveugle complicité d’états laxistes et du commerce globalisé, anonymisé, aseptisé sous des jolis emballages aux magnifiques logos ornés du drapeau vert-blanc-rouge.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Que mange-t-on quand on ouvre une boîte de concentré, verse du ketchup dans son assiette ou entame une pizza ? Des tomates d'industrie. Transformées en usine, conditionnées en barils de concentré, elles circulent d'un continent à l'autre. Toute l'humanité en consomme, pourtant personne n'en a vu. Où, comment et par qui ces tomates sont-elles cultivées et récoltées ?

Durant deux ans, des confins de la Chine à l'Italie, de la Californie au Ghana, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête inédite et originale. Il a rencontré traders, cueilleurs, entrepreneurs, paysans, généticiens, fabricants de machine, et même un « général » chinois.

Des ghettos où la main-d'oeuvre des récoltes est engagée parmi les migrants aux conserveries qui coupent du concentré incomestible avec des additifs suspects, il a remonté une filière souvent opaque et très lucrative, qui attise les convoitises : les mafias s'intéressent aussi à la sauce tomate.

L'Empire de l'or rouge nous raconte le capitalisme mondialisé. Il est le roman d'une marchandise universelle