Dans l’indifférence générale

Si vous avec déjà lu Sébastien Bohler, vous devriez vite capter de quoi il s’agit. Comment l’humanité peut-elle s’auto-détruire avec tant d’indifférence ? Comment est-ce possible que nous continuions à massacrer faune, flore, écosystèmes, climat et planète dans un tel élan sans aucune réaction digne du danger imminent ?

Dans l’indifférence générale de Roberto Grossi, traduction de Maïa Rosenberger
Les planches sont superbes dans une édition soignée, un magnifique ouvrage pour une bien sombre histoire : la notre.

Mais Roberto Grossi ajoute une nouvelle pierre en mettant en avant plusieurs éléments : ce sont bien les plus riches qui causent le plus de dégâts (et notez que si vous avez acheté cette bande dessinée, il y a de fortes chances que vous en faisiez partie). Le système économico-politique porte en lui cette force autodestructrice et un avenir pérenne nécessitera d’amples bouleversements et changements de valeurs

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y a quelques jours, j'ai fait un rêve.
Un homme en pleine mer.
Des tours qui miroitent au loin.
L'eau calme.
Un yacht.
En pleine mer.
C'est tout ce qu'il a toujours désiré.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. »

En utilisant toute la puissance de la narration par l'image, Roberto Grossi s'attaque au grand aveuglement de notre époque : les changements climatiques provoqués par l'homme, une menace que nous ne voulons pas voir, que nous peinons à comprendre, alors qu'elle met en jeu notre survie même.

Grâce à un récit captivant qui mêle science, histoire, politique et expérience personnelle, l'auteur nous livre une vision complète de la problématique, révélant la profonde crise démocratique qui se cache derrière ce désastre environnemental.

Kabuki

L’histoire d’une quête d’identité qui va de la compréhension à l’affirmation en passant par de multiples étapes telles que l’acceptation. Un parcours aux nombreuses difficultés sous des regards pas toujours bienveillants (à commencer par le sien). Une histoire comme un théâtre Kabuki qui laisse tomber les masques.

Kabuki de Tiago Minamisawa, illustrations de Guilherme Petreca
Les dessins sont splendides dans un constant mélange entre onirisme et réalité et qui soutiennent un message fort.

A noter, le très beau dossier qui complète la bd et parle du projet, du drame transphobe qui l’inspira, du film et des traditions théâtrales au Japon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aïe !
Oh, Bonjour !
Qui es-tu ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À la suite d’une expérience traumatisante, Kabuki décide de porter un masque et de renoncer à jamais à son identité. Et si se fondre parmi les Hommes lui permettait de trouver sa place ?

Errant sans but et sans âme, Kabuki se perd dans les opiacés et le désespoir jusqu’à sa rencontre avec Alma, sorte d’alter ego bienveillant. Celle-ci lui apportera son soutien et lui apprendra à se nourrir du monde afin de répondre aux questions l’habitant depuis toujours.

S’inspirant d’une histoire vraie et prenant place dans le décor du théâtre traditionnel japonais, Kabuki raconte, avec poésie, les obstacles et les combats que rencontre une femme née dans le mauvais corps.

Aimer

Les romances, non merci, me dis-je habituellement. Et pourtant, de temps à autres, je les retrouve dans mes mains avec plus ou moins de bonheur. Et cette fois-ci, c’est un carton complet ! Une vraie merveille bien au-delà d’une bluette nunuche. Une histoire de vies aux ramifications élaborées et aux personnages complexes.

Il faisait de moins en moins l'amour avec Adèle. Elle aurait pu s'en émouvoir. En théorie, un corps pressant le sien, un souffle chaud, ce remue-ménage charnel, tout cela était divertissant, mais le charme se dissipait très vite à l'idée du désordre que cela imposerait à sa soirée. La simplicité d'un verre de vin solitaire en supervisant les devoirs des enfants lui semblait plus douce, plus indulgente.
Aimer de Sarah Chiche
Un roman qui commence bien sombrement, dans la violence, la manipulation et les abus. Des enfants qui deviendront adultes et puis, forcément, vieux…

Deux parcours de vie qui se croisent et s’éloignent, la vie avec des joies, des enfants, la maladie… La vie, donc

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comme Alexis, Margaux avait neuf ans. Ils étaient dans la même classe, mais ne s'étaient jamais adressé la parole. D'ailleurs, personne ne parlait à Margaux, sauf l'institutrice de cette école où elle était arrivée trois jours après la rentrée scolaire. Margaux ne cherchait pas davantage la compagnie des autres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Suisse, 1984. Margaux, neuf ans, se jette dans les eaux glacées du lac Léman. Pétrifié, Alexis, son camarade de classe, assiste à son sauvetage. Entre les deux enfants naît alors une complicité vibrante. Mais bientôt, Margaux disparaît mystérieusement. Quarante ans plus tard, tous deux se retrouvent par hasard. Lui, ancien consultant, a tout quitté, rongé par la culpabilité du scandale lié au Duroxil, un opioïde qui a ravagé l'Amérique. Elle, après une enfance dramatique, est devenue écrivain, célibataire et heureuse de l'être, mais ses romans sont peuplés de fantômes. Entre eux, l'amour est intact, aussi brûlant qu'au premier jour. Mais aimer à cinquante ans, est-ce encore possible, quand un père se meurt, quand les enfants grandissent loin, quand le monde lui-même semble s'effondrer ?

De l'enfance à l'âge mûr, de la Suisse de la fin du siècle dernier à la France des années 2020, en passant par les États-Unis où s'annonce déjà le retour de Donald Trump, Aimer dessine une fresque éblouissante sur ces instants où tout peut encore basculer. Un souffle de vie inouï traverse ce roman lumineux, sur la grâce des secondes chances.

Ils appellent ça l’amour

Réussir les livres à messages est périlleux. Pourtant, Chloé Delaume s’en sort plutôt bien et porté par une sororité polyphonique, ce court roman réussi à convaincre tout en restant une fiction bien torchée.

Ils appellent ça l’amour de Chloé Delaume
Me reste pourtant un sentiment un poil malaisant… Les coupables ne sont-ils finalement jamais réellement punis par la justice ?

Une histoire d’emprise comme il en existe tant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'ardoise n'est pas magique

Clotilde dans son crâne se donne tout un tas d'ordres pour que soit neutralisé l'assaut de ses sensations. Elle se répète Respire et Regarde où tu marches, mais la suffocation, autant que le vertige, poursuit sa progression. Ne te rappelle rien Elle sent venir les suées, redoute d'être bientôt saisie par le haut-le-cœur. Reste calme, Déglutis, Respire. Elle ne voulait pas revenir ici, non, pas revenir, tout remonte à la surface et son masque se craquelle. Souris, Respire, Avance plus vite.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Parce qu'elle a laissé ses amies organiser leur escapade durant ce week-end de trois jours, Clotilde se retrouve dans une ville qu'elle avait rayée de la carte. Ici, il y a vingt ans, elle a vécu avec Monsieur, un homme qui fit d'elle sa Madame sous prétexte de lui faire du bien. C'est ainsi que Clotilde se dépouilla d'elle-même, jusqu'à devenir un simple objet, mais un objet d'amour.

De son assujettissement d'alors, Clotilde a encore honte, et elle a beaucoup de mal à se découdre la bouche pour reconnaître les faits. La preuve : ni Adélaïde, ni Judith, ni Bérangère, ni Hermeline ne connaissent cette histoire, et aucune ne se doute qu'à deux rues de leur location, dans son immense maison, habite toujours Monsieur.

Clotilde se demande si libérer sa parole pourrait aider la honte à enfin changer de camp.

Maman

Dans ce livre qui part dans tous les sens Régis parle de sa maman, de leur relation, d’un amour absolu et… d’une petite (bien petite !) trahison qu’il ne découvrira qu’après sa mort.

Maman de Régis Jauffret
Mais s’il y a eu trahison une fois ?

Et Régis part en vrille et imagine, refait l’histoire, cherche des pistes, des indices, des preuves… tout en hurlant son amour.

Un livre remarquable qui pourrait paraître foutraque au premier abord, un désordre magnifique, virevoltant et passionné

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le 3 janvier 2020, je me réveille au bruit d’un chantier qui bat son plein à l’étage supérieur. Sur mon portable, un message de la maison de retraite. Une voix d’homme m’informe que ma mère est décédée paisiblement à sept heures. J’ai entendu dire que dans les quelques minutes précédant notre mort le cerveau produisait assez d’endorphines pour nous accorder un peu d’euphorie avant la culbute. Une sorte de cadeau d’adieu à celui dont il a été si longtemps partenaire.
C’est très rassurant de le croire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Plusieurs mois après le décès de sa mère, l’auteur découvre qu’elle l’a trahi dès le commencement de sa vie.
Dans ce récit intense, où l’intime se mêle à la fiction, Régis Jauffret essaie de comprendre qui était ce personnage étrange et complexe. Il explore l’amour, la culpabilité, et la folie tapie au cœur du lien maternel.
Maman est une confrontation tour à tour violente, tendre, bouleversante, drôle et iconoclaste. Cette mère coupable, son fils finira par lui pardonner car il lui doit non seulement la vie, mais une enfance heureuse dont il a gardé un lumineux souvenir.

Les papillons ne meurent pas de vieillesse

Cette bande dessinée est l’exemple même du traitement d’un sujet grave au travers d’une historiette qui pourrait sembler naïve.

Les papillons ne meurent pas de vieillesse de Matz, dessin et couleurs de Frédéric Bézian
Après la découverte d’un papillon disparu et retrouvé à loin de son habitat naturel, un entomologiste part à sa recherche en Amazonie. L’occasion de constater les ravages de la déforestation, les crimes contre les tribus autochtones et l’appât du gain de grandes multinationales amoralesLa plupart du temps, dans la nature, les papillons sont la proie des oiseaux, des lézards, des chats...
D'autres causes récentes de disparition beaucoup plus massive menacent des espèces entières : les pesticides et la déforestation.
D'une manière générale, les papillons, fragiles et vulnérables, ne meurent pas de vieillesse, mais de mort violente.Un album au graphisme noir-blanc très intéressant avec des touches de couleurs papillonesques très réussies. A noter finalement les quelques planches intercalaires qui apportent d’intéressantes respirations

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vole en paix, joli Morpho...
Je cherche bien plus rare...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comment un papillon théoriquement disparu peut-il avoir été retrouvé à des milliers de kilomètres de son biotope naturel ? Après avoir écarté l'hypothèse d'un canular, un entomologiste mène l'enquête en Amazonie en compagnie de sa collaboratrice.

Ce papillon est-il une réponse de la nature aux ravages et aux destructions perpétrés par les hommes ?

À mi-chemin entre le conte naturaliste et le thriller, une aventure menée avec brio par deux maîtres de la bande dessinée contemporaine.

La fuite de Monsieur Monde

Qui n’a jamais rêvé, pris par la vie, la tête dans le guidon, le boulot, les factures… de tout plaquer et de partir en Ardèche pour élever des chèvres ?

Il ne s'était certes pas désincarné. Il était toujours M. Monde, ou Désiré, plutôt Désiré...
Non ! Peu importe... Il était un homme qui avait traîné longtemps sa condition d'homme sans en avoir conscience, comme d'autres traînent une maladie qu'ils ignorent. Il avait été un homme parmi les hommes et il s'était agité comme eux, poussant dans la cohue, tantôt mollement, tantôt avec acharnement, sans savoir où il allait.
Or voilà que, dans les rayons lunaires, il voyait soudain la vie autrement, comme à l'aide de prodigieux rayons X.
Tout ce qui comptait auparavant, toute l'enveloppe, la pulpe, la chair, n'existait plus, ni les faux-semblants, ni presque rien et ce qu'il y avait à la place...
La fuite de Monsieur Monde de Georges Simenon
Pour Monsieur Monde, ça lui est tombé dessus d’un coup, comme ça, il est passé à la banque et il a pris le train, laissant femme, enfants et entreprise prospère. Direction le Sud, Marseille. Et on verra bien.

L’histoire touchante et sensible d’un homme qui fuit avant de dépérir. Sa dernière chance

Le 52e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était cinq heures de l'après-midi, à peine un peu plus ─ une légère flexion de la grande aiguille vers la droite ─, quand, le 16 janvier, Mme Monde fit irruption, en même temps qu'un courant d'air glacé, dans la salle commune du commissariat de police.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
A quarante-huit ans, secrètement déçu par son existence, Norbert Monde décide de tout quitter, sa femme Thérèse, ses enfants, son entreprise d'exportation. Délibérément il choisit une vie errante, marginale et pauvre, qui le conduit bientôt dans un médiocre hôtel marseillais.
C'est là qu'il rencontre Julie, une jeune femme malheureuse qu'il empêchera de se suicider. De la façon la plus imprévue, Monsieur Monde va retrouver le chemin qui mène vers les autres, et vers son ancienne existence... Aucun roman n'est plus typique de l'univers de Georges Simenon, de sa fascination pour les existences en apparence les plus ternes, pour les décors en demi-teinte, pour les marges de la société.
Aucun de ses personnages n'est aussi singulier et mystérieux que ce Monsieur Monde, personnage ordinaire qui découvrira au fond de lui les voies d'une seconde naissance et d'une « froide sérénité ».

Journal d’alpage

Après avoir recueilli son témoignage, Agathe Borin raconte cinq mois de la vie d’une jeune femme à la montagne à s’occuper des vaches. Partie avec fils, nouveau-né et conjoint, elle va s’occuper de génisses (pas besoin de traire, c’est déjà ça), des prés, clotures, entretien, coupe du bois… Bref, tout ce qu’il y a faire là-haut !

Journal d’alpage de Agathe Borin
Le dessin est assez naif, plutôt fort réussi, et passé les premières pages la magie opère, direction les montagnes, le grand air et le son des cloches

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Meuuuhh
Ding
Dong
Ding


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La montagne, sans doute par son importance dans le paysage et la culture du pays, est un sujet beaucoup abordé dans la littérature et la bande dessinée suisse. On y aborde ses traditions, ses mythes et son cadre atypique. A travers cette bande dessinée, l'autrice aborde le thème de la montagne sous un angle nouveau et en particulier inscrit cette thématique dans une période plus contemporaine. En amenant également l'expérience d'une femme dans un milieu principalement masculin, elle apporte des informations précises et justes sur les alpages d'aujourd'hui ; Agathe Borin s'est basée sur un témoignage pour la réalisation du scénario.

Idéal

Idéal est déroutant à plus d’un titre. La narration est lente avec de longues planches sans textes, le dessin est très épuré et les lignes tracées au couteau. Et pourtant, au fil des pages, les émotions apparaissent, les sentiments, les intentions se font plus claires et les aplats prennent du volume.

Idéal de Baptiste Chaubard et Thomas Hayman
Bienvenue dans une enclave protégée de la modernité dans un Japon futuriste où l’IA et les androïdes sont omniprésents.L’histoire d’un couple qui s’étiole et que rien ne semble pouvoir sauver… Rien, vraiment ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu te rappelles ce conte... ?
Celui dont tu m'avais parlé lorsque nous étions allés voir les estampes au palais d'Osu ?
Tu sais, l'histoire de ce vieux roi qui se fait duper par « l'esprit aux mille visages ».


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les androïdes ont envahi la vie quotidienne, dans le monde entier, partout, sauf sur l’île japonaise très conservatrice de Kino qui résiste à la modernité et aux nouvelles technologies, pour reproduire un Japon de la fin du XXe siècle, gardé sous cloche de verre. Dans cette enclave idéale d’un monde disparu, Hélène et Edo, mari et femme, vivent heureux depuis de nombreuses années. Mais s’il est figé à Kino, le temps commence, pour le couple, à leur jouer des tours. Pianiste de renom, Hélène voit en effet sa place au sein de l’orchestre philharmonique mise en péril depuis l’arrivée d’une musicienne plus jeune et plus talentueuse qu’elle. De son côté, Edo sent que son désir pour sa femme s’étiole peu à peu. Alors, Hélène décide d’introduire dans leur maison un robot, clone parfait d’elle quand elle était jeune, et programmé pour satisfaire les désirs de ses propriétaires.

Mais quand on transgresse les lois, qu’elles soient celles des hommes, de l’amour ou du temps, le prix à payer peut s’avérer élevé…

La confession

Voilà un livre qui pourrait être vraiment drôle s’il n’était aussi désespérément réaliste. (Bon, j’avoue, je me suis bien marré quand-même !)

L'été de notre premier anniversaire de mariage, après qu'Hugues était rentré du Tchad, sans écrin de bijoutier mais avec une petite sculpture de guerrier sao, difforme et inquiétante, achetée sur le marché de N'Djamena, l'une de ces « africonneries » qu'affectionnent nos militaires, nous avons passé trois jours dans une communauté monastique de la banlieue lyonnaise pour « discerner où le Seigneur allait nous donner de porter du fruit» et « prendre nos décisions à la lumière de l'Évangile », comme l'indiquait l'article du site dont Hugues m'avait envoyé le lien peu avant son retour, exalté de m'apprendre qu'une place s'était libérée pour participer en couple à cette retraite courue par nombre de jeunes officiers et leurs épouses.
La confession de Romane Lafore
La confession, c’est une jeune croyante intégriste catholique, mariée à un militaire, pro-vie convaincue et militante, qui se désespère, mois après mois, règles après règles, de voir son ventre rester vide.

Plongée au cœur d’un activisme crasse et d’une mauvaise foi absolue. Un livre brillant qui, par la candeur d’une confessée, décrit les affres de la prise de conscience d’une jeune femme en plein désespoir face aux injonctions de son éducation, de sa famille, de ses amies, son milieu social et de son église. À la découverte de ses propres désirs, de sa liberté

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous avez l'air étonné que je sois revenue. Moi aussi. Après tout, je n'ai pas besoin de vous pour recevoir ma pénitence. Jusqu'au bout, j'ai hésité à faire demi-tour. Il y avait un homme effrayant en bas des marches. Il n'était pas là, la première fois, ou bien étais-je trop bouleversée pour le remarquer. Entortillé dans son sac de couchage, affalé sur un carton, il avait l'air de dormir ─ et puis il s'est redressé d'un coup en m'entendant approcher.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel crime a commis Agnès pour ressentir aujourd'hui l'impérieux besoin de se confier ?

Cette jeune catholique pratiquante était pourtant parvenue à rendre sa vie conforme à son rêve de petite fille et au scénario souhaité par son milieu : à vingt ans, elle avait rencontré son futur mari au très prisé bal du Triomphe des saint-cyriens, elle avait abandonné sans regret ses études pour le suivre en régiment à Bayonne, où elle avait attendu tranquillement que s'accomplisse sa destinée de mère de famille nombreuse. Engagements, foi, sociabilité : elle avait tout bien fait. Mais les années ont passé, et son ventre est resté vide. Cette maternité qui se refuse, en instillant chez Agnès le sentiment de son imperfection et de son inutilité, a provoqué en elle une fissure. Au point de la pousser à commettre ce qui ressemble au pire, à ses yeux comme à ceux de sa communauté.

Dans ce roman haletant et glaçant, Romane Lafore met en scène une jeune femme, hantée par le bien et le mal, qui tente de trouver son chemin entre culpabilité et liberté.