Toi

Si ce livre m’avait été résumé, j’aurais peut-être souri, condescendant, en imaginant une « mèmère à chat-chat ». Mais il faut le lire et comprendre combien un tel jugement peut-être facile et… totalement hors propos. Et quand bien même ?

Il faudrait inventer un concept, la chaternité. Veiller sur un petit être, lui garantir la nourriture, les soins, la sécurité matérielle et affective, le protéger des dangers sans lui confisquer ce qui fait sa vie (sortir, chasser, manger de l'herbe et des souris qu'il vient dégobiller sur le palier), observer jour après jour cette créature, la voir grandir, vieillir, l'épauler quand elle est fatiguée, la rassurer quand elle a peur, voir comment son quotidien est une ligne simple et pleine, essentiellement employée à dormir et obtenir les moyens de sa subsistance.
Jouir des contreparties que le chat nous offre en échange de nos attentions, la présence fidèle, la douceur, les ronronnements, les coussinets élastiques qui pétrissent les gilets, les moustaches qui effleurent le visage, le poids du réconfort dans les ténèbres. Le regarder être heureux et n'avoir conscience de rien, ni de la cruauté des hommes ni des guerres qui ravagent le monde, encore moins de la mort qui nous attend au tournant, le voir traverser ce présent absolu dans une innocence qui fait fondre le cœur et donne parfois l'impression que la vie est un cadeau.
Toi de Hélène Gestern
Un livre qui m’a un peu rappelé Assise, debout, couchée ! d’Ovidie et de cette relation particulière qui peut se tisser avec un animal.

Et c’est touchant, tendre et beau. C’est plein d’amour

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai toujours sur que j'écrirais sur toi.
Depuis que je te sais malade, et qu'à plusieurs reprises tu as frôlé la mort, je me suis mise à prendre des notes pour tout fixer, les souvenirs heureux comme les sombres moments.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Nous sommes dans un bar en bord de mer, entre chien et loup, à la fin de l'hiver. Hélène Gestern a commandé une bière, elle est seule près de la cheminée, dans un coin tranquille, en attendant que le chat du patron vienne quêter une petite caresse.

Elle pense à Mimi, une belle chatte persane qu'elle a recueillie il y a des années, à sa peur de la perdre, à leur tendresse partagée.

Madame Hayat

Madame Hayat m’a touché, bouleversé. Une histoire toute en contrastes qui raconte l’initiation sentimentale de Fazil.

 — Assieds-toi, je t'en prie, je vais faire un café.
Je pris place sur le canapé. Elle revint avec deux cafés. Elle s'assit sur le fauteuil, les jambes croisées. Sa robe remonta sur sa cuisse. J'en avalai ma salive. Incapable de savoir quoi dire, quoi faire. Elle était clairement en train de me séduire, et moi je n'arrivais même pas à me rendre compte que j'étais en train d'être séduit.
 — C'est très beau chez vous, dis-je d'une voix timide.
 — Tu aimes ?
 — Oui, vraiment.
Madame Hayat de Ahmet Altan
C’est la liberté folle de Madame Hayat dans un régime totalitaire, c’est la misère après l’opulence, c’est la volupté sans âges et un amour de jeunesse, c’est la timidité face à l’expérience, c’est la volonté de fuir et le besoin de se toucher toujours, c’est une relation inconditionnelle toute en omissions, c’est ambivalence des désirs, c’est envisager un futur dans un pays soumis à un pouvoir arbitraire.

Et plus que tout, c’est la beauté vue pour la première fois, l’émerveillement, l’absolu.

Mais c’est aussi le premier instant des choix déchirants

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vie des gens changeait en une nuit. La société se trouvait dans un tel état de décomposition qu'aucune existence ne pouvait plus se rattacher à son passé comme on tient à des racines. Chaque être vivait sous la menace de sombrer dans l'oubli, abattu d'un seul coup comme ces pantins qu'on prend pour cible dans les fêtes foraines.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Fazil, le jeune narrateur de ce livre, part faire des études de lettres loin de chez lui. Devenu boursier après le décès de son père, il loue une chambre dans une modeste pension, un lieu fané où se côtoient des êtres inoubliables à la gravité poétique, qui tentent de passer entre les mailles du filet d’une ville habitée de présences menaçantes.
Au quotidien, Fazil gagne sa vie en tant que figurant dans une émission de télévision, et c’est en ces lieux de fictions qu’il remarque une femme voluptueuse, vif-argent, qui pourrait être sa mère. Parenthèse exaltante, Fazil tombe éperdument amoureux de cette Madame Hayat qui l’entraîne comme au-delà de lui-même. Quelques jours plus tard, il fait la connaissance de la jeune Sıla. Double bonheur, double initiation, double regard sur la magie d’une vie.

L’analyse tout en finesse du sentiment amoureux trouve en ce livre de singuliers échos. Le personnage de Madame Hayat, solaire, et celui de Fazil, plus littéraire, plus engagé, convoquent les subtiles métaphores d’une aspiration à la liberté absolue dans un pays qui se referme autour d’eux sans jamais les atteindre.

Pour celui qui se souvient que ce livre a été écrit en prison, l’émotion est profonde.

Calamity Jane, un homme comme les autres

Les livres de Justine Niogret laissent rarement indifférent. Le champ lexical est souvent rude, violent, il suinte et peut laisser les doigts qui en parcourent les pages gras et puants. Mais quelles aventures. Quelles claques !

La chambre était rose et gorgée de dentelles crissantes. Le rose était maladif, couleur de jambon passé, taché de jaunâtre bilieux. Les dentelles étaient rudes, usées, cuites par les mites. Dans un coin, s'agitait une petite cage en osier au bout de son clou, et, dedans, s'ennuyait un oiseau aux yeux noirs comme du pétrole.
Calamity était vêtue de ses cuirs de daim, de ses franges, de son chapeau. Khamsa VéNazar était raide, silencieux. Ils étaient assis chacun à un coin du bas du lit, à peine, tournant le dos à ce qui s'y passait. Des corps nets, mais sans visage, brume couleur de chair, s'y tordaient sans pudeur, sans conscience d'avoir des témoins immobiles.
Calamity Jane, un homme comme les autres de Justine Niogret
De l’autre côté du miroir, Calamity se retrouve face à sa vie, qu’en a-t-elle fait ? Quels gâchis, quelles peurs, quels regrets ?

Et quels mensonges également ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Elle était lovée dans la boue chaude, sous les ventres des chevaux. La matière était tendre, à la douceur de cuir usé, ce cuir qui ne crisse plus sous les doigts, mais se creuse, souple. Elle se tordait là, serpent de chair trop pâle, dans ses robes noires et son chemisier autrefois blanc. Ses cheveux sortaient de son chignon maigre, mèches salies, pleines de nœuds. Elles rampaient avec elle comme autant de vers longs.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Calamity Jane. Légende de l’Ouest, mythe viril, silhouette dressée entre whisky et poudre. Mais qu’y a-t-il derrière le masque ? Une survivante. Ici, pas d’héroïne, pas de gloire. Seulement une femme à nu.

C’est un western crépusculaire. Un requiem pour les légendes. Une main tendue vers celles qu’on n’a jamais écoutées.

Y a-t-il des leçons de l’histoire ?

Celles et ceux qui attendraient une réponse univoque seront déçu. Car au long des courts chapitres thématiques, Edgar Morin va répondre que oui, mais non, évidement non, mais oui quand même, enfin parfois, et de toute façon, c’est à postériori, alors oui, mais sait-on jamais, et il faut encore voir et rien n’est définitif car les contre-exemples sont nombreux…

Dixième leçon
Rien n'est plus humain et plus inhumain que la guerre 
La création des outils de chasse, lances, flèches, a favorisé le caractère meurtrier des guerres entre sociétés humaines. Homo faber a travaillé pour Homo demens. 
Ces guerres sont limitées et ritualisées chez les chasseurs-cueilleurs. La sédentarité agricole va faire de la récolte des paysans une proie pour les nomades prédateurs. Les paysans seront à la fois protégés et asservis par ceux qui les domineront. La guerre révèle les héros qui résistent à la peur, mais aussi les lâches qui y cèdent. Elle dit l'obéissance quasi moutonnière des troupes envoyées à la boucherie, et parfois la révolte de ces mêmes troupes contre leurs chefs.
Y a-t-il des leçons de l’histoire ? de Edgar Morin
En dehors de la blague, voilà un petit livre qui ouvre beaucoup plus de questions qu’il n’apporte de réponses définitives (avec une vision de l’histoire plutôt « guerres, pouvoir et personnalités ») et qui démontre qu’une question qui peut sembler toute simple, cache bien des pièges et des subtilités.Les leçons de l'Histoire
L'Histoire porte en elle sous forme humaine les grandes forces cosmiques d'union et de désunion, de concorde et de discorde. Ses leçons sont capitales.
Elle nous révèle une complexité permanente dans ses progressions, régressions, rétroactions multiples et surgissements ininterrompus de l'inattendu ou de l'improbable. Elle combine incessamment et parfois indissolublement la civilisation et la barbarie. Elle est le plus souvent esclavage, servage et asservissement dans les conquêtes et colonisations, elle est rarement émancipation et liberté.
Elle est sans cesse progression-régression, transformation de déviances en tendances puis de tendances en déviances.Un petit plaisir divertissant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« La vraie histoire étant mêlée à tout,
le véritable historien se mêle de tout. »
Par ces mots, dans Les Misérables, Victor Hugo signifie que l'Histoire se nourrit de connaissances tirées de toutes les disciplines, notamment des sciences humaines, des récits tels que les Mémoires et les romans, et même des sciences naturelles - ainsi les aléas du climat peuvent-ils avoir une incidence capitale sur les événements historiques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'Histoire n'a cessé d'être pour Edgar Morin un sujet de réflexion - y compris l'Histoire à laquelle il a participé. Témoin des atrocités de la guerre, des bouleversements économiques et écologiques, penseur des civilisations, Edgar Morin en a tiré des leçons fondamentales qui éclairent le passé et nous aident à construire l'avenir.

Depuis son poste de vigie, il nous apprend que l'improbable peut advenir, que les destructeurs peuvent être aussi de grands civilisateurs, que les mythes influent puissamment sur le réel, qu'un seul individu peut parfois changer le cours de l'Histoire... Dans un esprit de synthèse particulièrement vif, Edgar Morin nous entraîne dans le grand voyage de l'humanité, de l'Antiquité à nos jours.

Une réflexion profonde et personnelle sur le temps long, nourrie d'une expérience humaine et intellectuelle incomparable.

Vers luisants

Il y a du génie dans les poésies de Brigitte Fontaine. Il y a aussi un peu de désinvolture parfois.

Cheveux d'ange
Manger des cheveux d'ange à cinq heures du matin
un cache-sexe en cuir sur le mont de Venus
c'est le rêve de Lolita sous le sapin
dont le tronc géant est un Jurassic Phallus

Je ne comprends pas la raison
je ne comprends que la passion
sans joie la vie est vide vide
sans amour elle est insipide
mais je ne crois pas au malheur
la dépression est une erreur

Tout est tortillé dans la tête
entre l'horreur et peu de fête
et les drogues et le chocolat
plus l'incompréhension de soi
je dis toujours n'importe quoi
les cocktails et la tchouktchouca
Vers luisants de Brigitte Fontaine
Un recueil un peu inégal peut-être.

Il n’est pourtant pas utile de juger la poésie (ce que je n’arrive paradoxalement pas à faire), il vaudrait mieux s’y laisser emporter. Mais voilà, toutes les vagues n’ont pas la même puissance

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le quat quarante en baisse
ces quatre-vingt en hausse
mon lévrier en laisse
cathédrale de Beauce
ça n'a ni queue ni tête
tout ce que je raconte
eh oui je suis poète
poétesse sans honte


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand un journaliste l’interroge en 2021 sur ce qu’elle écrit, Brigitte Fontaine répond : « Je n’en sais rien. Des poèmes tordus, un peu loufoques, un peu jolis et un peu sinistres. Car je suis paradoxale. Je suis un oxymore, je suis baroque et un peu rock. »

Les Vers luisants en sont la preuve émouvante. Dans ce recueil de poèmes en vers, Brigitte Fontaine décrit sa volonté d’être toujours la plus libre possible, de vivre sans temps mort, de jouir sans entrave, sans égard pour les épreuves de l’existence. C’est aussi loufoque que lyrique, drôle que profond. Friandises et souvenirs d’enfance, premier smack et affaires de cœur, squelette tordu et vieillesse… Les Vers luisants nous emportent dans une ode à la vie qui demeure, malgré tout.

En slip

Si le slip tel que nous le connaissons aujourd’hui à pris toute la place dans de nombreux pays il n’a pas toujours ressemblé à ce qu’il est devenu. Petit tour d’horizon et d’histoire !

Dans les années 1940 apparaît le premier boxer short. Il s'inspire de celui que portent les soldats d'infanterie américains sous leurs uniformes. À mi-chemin entre le slip et le caleçon, le boxer fait fureur dans les années 1990.
Il doit son nom à la boxe dont les champions portent ces sortes de slips-shorts qui assurent une souplesse de mouvement aux jambes pour marquer le coup.
En slip de Manuela Morgaine
Et c’est drôle, parfois curieux ou déroutant pour un européen nourri aux publicités vestimentaires du 21e siècle qui le déclinent au fil des saisons : moulant, coloré, ample, échancré, minimaliste, coloré, imprimé, boxer, caleçon, synthétique ou en fibres naturelles.

Avec un petit coup de cœur pour un tout dernier chapitre qui interroge nos modes de consommations (sous-)vestimentaires actuelles

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Écoute le bruissement des éléments qui se forment. Te voilà au tout début du commencement. La vigne pousse en nature et le jardin d'Éden est encore inhabité, les grappes de raisin sont gorgées et leurs feuilles hermaphrodites. L'humanité ─ entends l'homme et la femme ─ n'est pas encore venue au monde. La Bible invente d'abord l'Adam seul dans l'Éden, ce jardin aux mille et un fruits, aux végétaux fabuleux nommé paradis. Lui-même, Adam, a été façonné en argile de la main de Dieu. Sexe encore seul, il crée les étoiles, simples étincelles projetées de ses semences. Et puis de sa côte, le long de son flanc, surgit Ève.
Les voilà, couple originel mué de l'argile en corps de chair.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« En slip », ou « Une histoire du slip » est avant tout une histoire de la représentation de l’homme et de son intimité vivante et fantasmatique à travers le monde et les temps du monde. Une histoire de son ingéniosité, de son imagination, de sa poésie et de son érotisme, en parcourant tous les territoires avec la variété de ses inhibitions, exhibitions, coutumes, végétaux et animaux, paysages, températures et tempéraments.
L’ouvrage est composé d'un prologue (La grappe) et de 7 parties (La feuille - La coquille - Le nœud - La peau - L’étoffe - La poche - Le slip). Chacune d’entre elles traite d'une matière, d'une texture. Les petits textes, sous la forme de proses poétiques, qui ouvrent chaque partie, scandent une série d’images non chronologiques, mais plutôt thématiques brassant toutes les époques, cultures et tous les continents. Ces illustrations légendées inscrivent ainsi un contrepoint plus documentaire.

Pourquoi les hommes fuient ?

Jane n’a aucun souvenir son père qui fuit peu après sa naissance et sa mère vient de mourir sans ne rien lui en dire. Elle part à la recherche de celui qu’elle ne connait pas.

La nuit s'érafle de pourpres profonds.
Te réveiller alors dans l'aube grignotée des premiers pépiements. Te réveiller renaissance. Te réveiller parce que vivant. Juste parce que tu es vivant et que tu as assez dormi.
Sans les soupirs. Sans la fatigue. Sans le réveille-matin. Sans le café. Sans les infos à la télé. Sans le bruit de la circulation.
Te lever mouvement seulement. Te lever animal. Te lever parce que la forêt s'ébroue et que tu en fais désormais partie.
Pourquoi les hommes fuient ? de Erwan Larher
Enchaînant différents modes de narration, Erwan Larher nous balade à sa suite. C’est haletant, cocasse, sexy, intime et par cela, il nous dresse quelques portraits très réussis du showbiz. L’artiste aux idées pures, l’arriviste, le producteur, l’écrivain (mention spéciale !), la retraitée des lumière qui tente de briller encore, les contadins (Erwan aime les mots) du bistrot, les gentils et les moins gentils… Et c’est criant de réalisme !Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde.Mais diantre pourquoi tout mélanger, pourquoi ces robots ? L’histoire était magnifique, même les auras ne semblaient pas complètement à côté… Mais le soulèvement des machines… pourquoi ici ?

Mais ce n’est pourtant qu’un détail. Car oui, cette quête est magnifique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La tentation de disparaître. Devenue besoin. Petit à petit, au fil des déceptions, des trahisons. De moins en moins te reconnaître dans tes semblables. Ou trop te reconnaître, au contraire. Dans leurs lâchetés, leurs petitesses, leurs démissions. Qui sont aussi les tiennes.
Alors la tentation...
... de...
... disparaître.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jane a 21 ans. Hyperconnectée, elle vit au présent entre jobs d'hôtesse et menus larcins, boîtes et soirées branchées, ses amants d'une nuit et ses deux colocataires. Un soir, le hasard la jette malgré elle sur la piste de son père, qu'elle n'a jamais connu. Est-il cette pop star dont on a perdu la trace ? Ce guitariste punk passé à côté de sa vie ? Ou ce solitaire retiré de la compagnie des hommes ?Jane se prend au jeu des vérités parfois contradictoires tandis que son environnement se détraque. La violence du réel, son humanité aussi, s'engouffrent dans les brèches à mesure qu'elle perd le contrôle.

Le livre que je ne voulais pas écrire

Il y a des concerts dont on dit fièrement : « j’y étais ». Là, c’est pas vraiment ça.
Erwan Larher était au Bataclan le soir du concert d’EODM le 13 novembre 2015, il s’en est tiré avec une balle dans le cul.

La nuit, tu te parles, tu t'encourages, tu te motives, tu te harangues. Tu t'autorises à être fier de toi, à pleurer pour irriguer ton courage, personne ne sait rien des monologues qui nous trament. En quinze jours d'hospitalisation, tu verras quinze levers de soleil. Avec la même gratitude à chaque fois. Alors la journée s'ébroue et fondent sur toi le dévouement, l'attention, la sollicitude de tout le personnel, ces gens sans parachute doré, sans résidence secondaire, sans stock-options, qui viennent en transports en commun, ronchonnent dans les bouchons des départs en vacances, râlent dans ceux des retours au volant de leur voiture achetée à crédit, des gens qui n'auront pas de Rolex à cinquante ans, travailleront jusqu'à soixante-dix, il faut bien payer les parachutes dorés, les dividendes, les stock-options.
Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan Larher
Après plusieurs refus de l’obstacle, il a finalement écrit ce qu’il ne souhaitait pas.

Et merci ! Pas de pathos, de colère ou d’apitoiement (sauf peut-être pour ses absences d’érections)… Un récit juste, intime, souvent drôle, entrecoupé par les voix de ses amis.

Une émouvante lettre d’amour à ses amours sa famille, ses amis et… à ses santiags perdues

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu écoutes du rock. Du rock barbelé de guitares et de colère. Depuis la préadolescence. Môme, il te fallait une autorisation paternelle avant de te servir de la chaîne stéréo. Inépuisable enchantement : le petit levier à pousser pour faire décoller le bras, qui porte en son extrémité la tête de lecture, tête que tu places, en fermant un œil pour plus de précision, au-dessus du bord du vinyle – le plateau s'est mis à tourner –, puis fais descendre, toujours à l'aide du petit levier, il s'agit de ne pas rater son coup, jusqu'à ce que le saphir se pose en craquotant sur le 33 tours.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je suis romancier. J'invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, je l'espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l'humain.
Il m'est arrivé une mésaventure, qui est une tuile pour le romancier qui partage ma vie: je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment; donc lui aussi. »

Plus loin qu’ailleurs

Jusqu’où faut-il aller pour un voyage, pour ouvrir les yeux sur ce que l’on ne connait pas ?

Plus loin qu’ailleurs de Christophe Chabouté
Dans cette bande dessinée au génial scénario, Chabouté s’interroge sur le sens même du voyage et la découverte des mondes inconnus ! Et c’est terriblement drôle et bien mené.Le dessin intimiste est magnifique et l’utilisation de la couleur dans cette bande dessinée en noir blanc est très réussie pour proposer un voyage tout à fait dépaysant.

Et oui, c’est un de ces voyage dont on ressort profondément changé

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Et toujours en train de gribouiller !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L’Alaska, la dernière frontière... Cette contrée sauvage et hostile, le rêve de chaque aventurier voyageur... J’ai rêvé de partir au bout du monde, arpenter ses grands espaces. Mais j’ai été contraint de rester.
Alors je suis parti en restant... J’ai attrapé des poissons trompettes, des canards striés et des lièvres à écharpes. J’ai pisté les traces et les empreintes de la faune locale. J’ai réussi à piéger un gibier inconnu.
J’ai dompté un ours malgré une désinsertion partielle de l’extrémité astragalienne du faisceau péronéo-astragalien antérieur. J’ai vu tout ce qu’ils ne regardent plus, écouté et voyagé avec la musique d’un joli mot. Observé une chaise, prêté l’oreille à la couleur du son.
J’ai valsé avec le futile et l’insignifiant, reconsidéré le négligeable... J’ai exploré et consigné les us et coutumes de cette contrée qui m’était si inconnue : le coin de ma rue...

« Partir en restant ». On peut résumer par ces quelques mots l’aventure singulière que va vivre le nouveau héros de Chabouté. Après Musée et Yellow Cab, l’artiste, toujours en fin observateur, nous invite à saisir la poésie du moment banal, à chercher l’insolite ou à le provoquer, à s’étonner et à se surprendre de ce que l’œil a déjà vu mille fois. Avec grâce, Chabouté nous offre un savoureux voyage, un voyage juste un peu plus loin qu’ailleurs, et nous redonne ce que la Société moderne nous prend : le temps de rêver.

Après l’orage

Coincée par l’orage, Hélène est obligée de passer la nuit chez ses parents.

Après l’orage de Jean Cremers
Et les éléments se dévoilent à la mesure de l’eau qui monte. Comme une grosse lessive, l’eau permettra peut-être d’y voir plus clair, mais que ne risque-t-elle pas d’emporter avec elle ?

Un très bel album, profond et sensible, aux traits rapides et aux couleurs soignées

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dring Dring
J'arrive !
Krrk Clic
Hélène !
Salut, P'pa.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tandis que le niveau de l'eau monte dangereusement, Hélène se retrouve prisonnière d'une maison pleine de silences et de souvenirs. Mais à mesure que l'orage gronde, c'est un autre combat qui se joue en elle : celui de briser les liens invisibles d'une vie qui l'étouffe.