Le serpent majuscule

N’ayant découvert Pierre Lemaitre qu’après son prix Goncourt, je ne connais pas du tout sa partie polars. Mais voilà qu’il m’a donné forte envie d’y jeter un oeil !

Le serpent majuscule de Pierre Lemaitre, dessins de Dominique Monféry d’après le roman de Pierre Lemaitre
Car dans cet album, tout est très visuel ! Pas trop de textes, tout passe par l’image et c’est vraiment réussi !Une bande dessinée haute en couleurs, bien gore, avec du sang et de la viande

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pweek !
Pweek !
Allez, Ludo, faut pas traîner, on va être en retard.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mathilde est une tueuse à gages septuagénaire. Henri, son ancien camarade dans la Résistance pour qui elle exécute les missions, tente de la protéger. Mais, imprévisible, les accès de violences de Mathilde et son manque de discrétion inquiètent ses véritables commanditaires qui décident de l'éliminer avant qu'elle ne devienne incontrôlable.

Carcajou

Un western sur une colline au Canada, maudite par l’avidité de ses occupants et de ceux qui en convoitent l’or ou le pétrole.

Carcajou de Eldiablo, dessins de Djilian Deroche, couleurs de Djilian Deroche et Marion Chancerel
Dans cette belle édition soignée, les planches plutôt naïves au trait marqué, oscillent entre de superbes créations et d’autres parfois plus brouillonnes ou moins abouties. Une bande dessinée bien aussi sale et violente que l’histoire qu’elle raconte. Les hommes sont bien tous pourris, veules et avides lorsqu’un peu d’or scintille sous leurs yeux

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est ici ?
Oui, c'est l'endroit.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alberta, Canada, 1895, par - 21 degrés Celsius.

Jay Foxton règne en despote sur la petite ville de Sinnergulch dont il détient la plupart des terrains et commerces.

À quelques miles de là sur une colline dominant la ville, vit un ermite farouche, Gus Carcajou, qui en exploite a minima les réserves d'or pour acheter sa gnôle.

Mais le terrain regorge d'un autre type d'or, noir celui-là, et Foxton est prêt à tout pour s'emparer de l'énorme magot qui lui échappe encore...

In violentia veritas

Comme un écho à La serpe de Jaenada, qui questionnait le jugement de Henri Girard accusé du triple meurtre à la serpe, Catherine Girard propose sa vérité. Celle que lui avait confiée son père, l’assassin.

Parce qu'un enfant n'a ni les moyens, ni la force, ni le choix, parce qu'il aime ses parents inconditionnellement, le crime contre l'enfant peut prospérer. Son père l'avait criblé de terreurs vertigineuses vues de son âge et de sa taille et de son poids et de l'enfance qu'on ne lui avait pas permis d'avoir. Il avait injecté en lui cet autre venin : la peur. Le gosse l'avait combattue de toute son âme, de toute sa force d'enfant que la disproportion d'avec celle de son père avait faite impuissance, et que son caractère - parce qu'il en avait un - avait récupérée, accumulée et transformée en haine. L'enfant cache ses peines, il les écrase tout au fond de lui. Parce qu'elle lui fait honte, il enterre sa douleur vivante. Il pense que c'est sa faute. Vrai pour le viol, vrai pour les coups, vrai pour l'inceste, vrai
In violentia veritas de Catherine Girard
Pour autant, les deux livres semblent ne raconter ni la même histoire, ni les mêmes personnages et le tout d’un point de vue totalement différent. Et c’en devient vraiment fascinant.

Une histoire de violence familiale et d’amour, comme un nœud qui ne pourrait se défaire qu’au ciseau (ou à la serpe).

Mais surtout, racontée par la fille de ! Et c’est probablement de là que ce livre (à l’écriture magnifique) tire toute son intime puissance

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Allongée sur le divan, face à la fenêtre, j'attends les questions d'Olivier, assis derrière moi dans le fauteuil du roi son père. Nous sommes en quatrième dans le même lycée et il me tanne depuis des semaines pour une séance de psychanalyse dans le cabinet de papa qui ne travaille pas le mercredi, avec lui dans le rôle du psy, moi dans celui de l'analysée. Je n'ai pas bien compris pourquoi, mais il a tant insisté que j'ai fini par céder.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsqu'elle découvre à quatorze ans qu’on la surnomme « la fille de l’assassin », Catherine Girard interroge son père Henri Girard ─ plus connu sous son nom de plume, Georges Arnaud, auteur notamment du célèbre roman Le Salaire de la peur. L'horreur de ce que le vieil homme lui apprend plonge l'adolescente dans le déni. Un demi-siècle plus tard, dans un geste d'amour, elle se confronte à ce passé abyssal.
Le matin du 24 octobre 1941, au château d'Escoire, le père d’Henri Girard, sa tante et leur servante sont retrouvés morts, atrocement massacrés à la serpe. Seul survivant, Henri est inculpé, emprisonné dix-neuf mois dans l’un des cachots les plus insalubres de France et promis à la guillotine. Il est finalement acquitté.
L’énigme du triple assassinat d'Escoire, tant de fois revisitée, ne fut jamais élucidée.

Dans ce magnifique récit littéraire d’investigation familiale, Catherine Girard nous offre enfin sa vérité. D'une puissance exceptionnelle, In violentia veritas marque la naissance d’une écrivaine.

L’outlaw

Un polar plutôt basique, avec un pauvre type, lâche, manipulé, incohérent. Et une bande de voleurs sanguinaires. Et la police qui attend patiemment que tout cela de décante. Il ne manque que Jules.

Il fallait d'abord tuer l'homme du coin ! Peut-être aussi Nouchi, si elle tentait de le retenir ?
Tuer quelqu'un, en tout cas ! Puis jouer l'inconscience, s'il était pris, afin d'éviter la guillotine. Ou alors prétendre que c'était un crime politique. Qu'est-ce qui valait le mieux ?
Il était sûr qu'elle ne dormait pas et il se prenait à la hair.
— Ne remue pas comme ça ! dit-il, hargneux.
Outlaw de Georges Simenon

Guère passionnant

Le 43e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ils arrivèrent rue Saint-Antoine juste comme la séance finissait au cinéma Saint-Paul. La rue était déserte de la Bastille à l'Hôtel de Ville et, même plus loin, c'était une profonde tranchée vide jusqu'à la place de la Concorde, avec de rares passants minus-cules qui agitaient leurs jambes sur les trottoirs et parfois se risquaient à traverser de biais la chaussée.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Stan est coincé. Il a froid, faim, n'a plus un sou et ne sait pas où dormir. La porte de ses amis reste close. Sa compagne le quitte et retourne vers d'autres hommes en mesure de la protéger. Lui est trop mou, trop indécis pour s'en sortir dans un monde qui, si vous êtes hors du coup, ne fera rien pour vous aider. La police surveille et verrouille tout. Stan, d'origine polonaise, sous le coup d'un arrêté d'expulsion, erre dans Paris jusqu'à ce qu'un inspecteur lui propose d'infiltrer contre argent une bande de criminels endurcis. Des hommes et une femme qui n'hésitent pas à torturer et tuer pour récupérer des bas de laine. Maladroit, mauvais menteur, fragile et pris dans la nasse d'un quotidien sordide, Stan va participer à son tour à des agressions planifiées d'une rare violence. Ses complices, très vite, impitoyables, lui demanderont de faire ses preuves...

Oncle Charles s’est enfermé

En tombant sur un courrier qui ne lui était pas destiné, Charles comprend que son beau-frère, en plus d’être avare, mesquin et odieux, est une crapule !

Lulu le lut à haute voix :
« Prière de me ficher la paix! »
Et Laurence rit, d'un rire à peine nerveux.
Quand elle riait, toute sa chair pâle tremblait et ses gros seins dansaient dans son corsage. Elle n'avait jamais voulu porter de soutien-gorge. Elle prétendait que ça l'étouffait. Sans doute à cause de cela, en la regardant, on pensait à du lait tiède. Elle était blonde. Ses cheveux ne tenaient pas. Ses chapeaux ne tenaient pas davantage sur ses cheveux, et toutes les robes, sur elle, paraissaient mal coupées.
Oncle Charles s’est enfermé de Georges Simenon
Sans dire un mot, il risque bien de le faire craquer.

Des familles où pas grand chose ne va, où l’arnaqueur se fait arnaquer et nul n’en sort indemne

Le 46e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était l'époque de l'année où il fait nuit dès quatre heures.
Laurence descendit du tram en même temps que le wattman qui allait changer son trolley de côté pour repartir en sens inverse. Et comme toujours, tenant autant de place dans son horizon que la lune dans le ciel, Laurence vit, juste devant elle, la lanterne du passage à niveau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Charles est bouleversé lorsqu'il apprend le monstrueux secret de la fortune d'Henri, son beau-frère. Il se barricade dans le grenier pour y réfléchir et ni les appels de sa femme, ni les suppliques de ses filles ne le feront le quitter.

Seule la certitude de tenir son beau-frère à sa merci pourra le convaincre de sortir...

Déshumaine

Ce livre commence comme nombre de romans français actuels : je parle de moi, je me mire et je m’introspecte. Je suis artiste, écorchée vive, ma souffrance est mon encre !
Mais Loulou Robert, à son habitude, va loin, plus loin encore et de façon bien sentie sans crainte du sang, des bleus et de la douleur.

Ma psy me dit sur l'écran de mon ordinateur qu'il faut que je réfléchisse à ce que je pourrais faire d'autre.
 ─ Pardon ?
 ─ D'autre qu'écrire. Imaginez que ça ne revienne pas.
 ─ Si l'écriture ne revient pas, une seule solution s'offre à moi: tuer quelqu'un. Moi ou un autre. Vous voulez vraiment que je réfléchisse ?
Elle ne trouve pas ça drôle.
 ─ Avant d'écrire, vous viviez bien, non ?
 ─ Non, j'étais en gestation. L'écriture m'a fait vivre. M'a fait ressentir toutes ces émotions.
 ─ Donc vous ne ressentez plus rien en ce moment ?
 ─ Je ressens de la violence.
 ─ Comment s'exprime cette violence ?
Déshumaine de Loulou Robert
Alors, viandards, passez votre chemin ! Ou non, ouvrez ce livre et prenez en plein les tripes. C’est jouissif. Pas sûr que cela vous fasse réfléchir, mais elle aura essayé.

Confrontée à la violence subie par les animaux Loulou Robert ne le supporte plus. Alors, prenez garde ! Elle et bébé-loup ne vous manqueront pas

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis assise sur une chaise de jardin en bois dans ma cuisine, face à la fenêtre. Le soleil brille. Je coupe des courgettes en deux dans le sens de la longueur, puis en tronçons de six centimètres. Il faudrait que je mette un coussin sous mes fesses. Ma chienne Penny dort sous la table. Elle a la tête posée sur mon pied.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Alors je peux lui dire. Que je suis mariée, qu'à son âge j'étais folle et que je le suis toujours, que je pourrais tuer pour ma chienne, que je pourrais tuer, que j'ai toutes ces images en moi, que j'ai un monstre dans le ventre, un lapin dans la tête, dans une cage, sur un palier, que je suis pleine de colère, que je n'écris plus, que ça me tue à petit feu, que j'aime mon mari, que bientôt son roman va sortir en librairie, que je veux lui faire du mal, que je vais devoir rentrer pour promener Penny, que je suis morte, que je suis bonne à enfermer, que je l'ai déjà été, que j'aimerais qu'il me baise encore, que ça soit beau comme une danse, que je n'ai jamais parlé comme ça, que je veux qu'il me salisse, qu'il me griffe jusqu'au sang, que demain j'irai faire les courses aux halles, que je ne veux plus penser, juste ressentir, agir, comme un animal, que s'il veut partir, qu'il le fasse maintenant. »

La prose nerveuse et crue de Loulou Robert ainsi que son humour à vif disent en creux un monde d'où s'absente une humanité de moins en moins bienveillante. Un roman aussi puissant que troublant.

Cour d’assises

Petit Louis est un coupable idéal ! Alors, quand elle en tient un comme ça, la justice ne le lâche pas facilement !

Il ne pouvait pas se douter que ses moindres faits et gestes, désormais, deviendraient quasi historiques, ni que, près d'une année durant, il aurait à expliquer des actes qu'il ne s'expliquait même pas au moment où il les accomplissait.
Cour d’assises de Georges Simenon
Dans cette cour d’assises, Simenon brosse un portrait bien peu reluisant des machines policières et judiciaires, bien plus occupées à trouver un coupable que la vérité.

Un roman plutôt bien foutu, avec un petit voyou un peu gigolo, un peu souteneur accusé de meurtre. Une sorte de pied de nez au commissaire Maigret et à toutes ses enquêtes où la vérité triomphe

Le 40e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pour les autres, pour tous ceux qui étaient là, hormis Petit Louis, il n'y avait rien d'exceptionnel au ciel ou sur la terre, rien qu'une heure enluminée, comme elles le sont le soir au Lavandou, avec le calme qui tombe soudain du ciel refroidi, figeant les objets et les sons, un souvenir assez pittoresque, en somme, à conserver parmi les cartes postales et les coquillages.
Ce qu'il faisait bon vivre !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petit Louis, un jeune voyou, mène la belle vie sur la Côte d'Azur, entretenu par Constance, sa vieille maîtresse fortunée. Il va même jusqu'à installer chez elle une prostituée en la faisant passer pour sa sœur. Un jour Constance est assassinée ; paniqué, Petit Louis fait disparaître son corps avant d'essayer de s'accaparer sa fortune. Mais la police ne tarde pas à la rattraper, et le jeune imprudent se retrouve pris dans un terrible engrenage judiciaire...

L’assassin

Le Dr Kuperus ne se sent pas considéré comme il le faudrait, il en tire une certaine humiliation. Alors, le jour où il apprend que sa femme le trompe avec le numéro un de la ville, il vrille et décide de les tuer tous les deux.

Donc, tout était faux, y compris cette maison trop bien tenue, le nouveau salon, le piano, le manteau de fourrure et le coussin grenat de Mia...
Voilà pourquoi il avait tué ! Parce que, désormais, il s'ennuyait à mourir, parce qu'il ne croyait plus à la bouteille de bourgogne qu'on mettait à chambrer les jours où l'on recevait Van Malderen, parce qu'il ne pouvait même plus entendre Mia jouer du piano !
On l'avait trompé ! Toute sa vie, il avait été un imbécile ! On ne le nommerait même pas vice-président de l'Académie !...
Pourquoi ne pas tuer Schutter, et sa femme par-dessus le marché ?
Après, tant pis ! Il se tuerait aussi. Ou bien il se laisserait prendre et il dirait à ses concitoyens ce qu'il pensait d'eux.
L’assassin de Georges Simenon
Pour autant… cela suffira-t-il pour qu’il retrouve sa sérénité et pour qu’il réussisse à devenir le calife à la place du calife ?

Un roman psychologique assez réussi sur les frustrations sociales

Le 19e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le mélange était si intime entre la vie de tous les jours, les faits et gestes conventionnels et l'aventure la plus inouïe, que le docteur Kupérus, Hans Kupérus, de Sneek (Frise Néerlandaise) en ressentait une excitation quasi voluptueuse qui lui rappelait les effets de la caféine, par exemple.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'homme est un colosse, habituellement placide, et la vie pourtant l'a changé. Il a dérogé à ses habitudes de médecin pour aller acheter un revolver qui maintenant déforme sa poche. Il n'ira pas manger chez sa belle-soeur et attend l'heure avant de frapper. Un an ! Cela fait un an que cette lettre anonyme est arrivée. Un an qu'il réfléchit. Pas de hasard. Les soupçons pourront se porter sur lui, la belle affaire ! À la disparition de sa femme, il feindra l'inquiétude. La rumeur pourra se répandre et chanter : "Attention ! V'la l'assassin...", il faudra des preuves pour le coincer. Retrouver les corps. Faire éclater le scandale du petit cabanon près du lac. Ils devront l'accuser, eux tous qui savaient, notables et faux amis, qui fermaient les yeux et ne lui avaient rien dit...

Auassat : à la recherche des enfants disparus

Lu juste après Qimmik, mais aussi il y a quelque temps Maikan de Michel Jean, ce livre en est le documentaire. Auassat plonge dans les plaies encore saignantes des peuples premiers du Canada. Vols d’enfants pour l’adoption, viols, racisme, abus sexuels, emprise, morts suspectes, disparition des corps… Des grosses saloperies perpétrées par des religieux, des oblats, curés, missionnaires… et couvertes par leurs hiérarchies et avec (pour le moins) la complaisance de l’état.

Que l'on soit à Opitciwan, Wemotaci ou Manawan, il suffit de tendre l'oreille pour entendre des histoires d'enfants perdus. Il n'y a pas une famille atikamekw qui n'a pas connu la souffrance de perdre la trace d'un enfant. Un premier décompte m'indique que 30 familles ont perdu 46 enfants. Et ce n'est que le début.
Auassat : à la recherche des enfants disparus de Anne Panasuk
Dans cette enquête, Anne Panasuk de Radio-Canada tente d’aller au fond des choses, mais ses recherches montrent un abyme sans fin au ramifications dans tous les territoires et villages.Mes recherches m'indiquent que toutes les communautés innues de la Côte-Nord ont subi un missionnaire oblat agresseur, sauf une. 
C'est Robert Dominique qui me l'apprend, avec l'humour caractéristique des Innus.
 - La seule communauté à ma connaissance qui ont jamais eu de problème avec des curés, c'est la communauté d'Essipit.
 - Pourquoi ?
 - Parce qu'ils n'ont jamais eu de curé.
 - Evidemment. Pas de curé, pas de problème.
 - Voila.

Une enquête sérieuse et impressionnante, qui cite les noms des coupables et laisse la parole aux victimes

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Que de souvenirs me reviennent lorsque la vidéo de Joyce Echaquan, cette mère de famille atikamekw, est diffusée publiquement, nous faisant voir et entendre les insultes racistes dont l'infirmière et la préposée de l'hôpital de Joliette ont accablé la femme au lieu de la soigner.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Auassat – « les enfants », en innu – dévoile un chapitre ignoré de nos relations avec les Premières Nations, une histoire terrible qui explique les traumatismes transmis d’une génération à l’autre, jusqu’à aujourd’hui.

Au début des années 1970, des enfants autochtones sont disparus après avoir été envoyés à l’hôpital pour y être soignés sans leurs parents. Certains, déclarés morts alors qu’ils ne l’étaient pas, ont été adoptés. Plusieurs ont perdu la vie sans que leurs proches en aient été avertis. Encore aujourd’hui, les familles cherchent ces enfants qui n’ont jamais été oubliés. Contactée par ces dernières, la journaliste Anne Panasuk se lance en 2014 dans une enquête pour savoir ce qui leur est arrivé. Ses recherches lui apprennent que le même scénario d’horreur s’est produit dans plusieurs communautés autochtones et la conduisent finalement sur la piste des Oblats de Marie-Immaculée, qui régnaient en rois et maîtres chez les Innus et les Atikamekws. De fil en aiguille, l’enquête qu’elle a menée sur le terrain lui a permis de documenter également les agressions sexuelles commises par dix missionnaires dans huit communautés autochtones au Québec jusqu’à l’orée du XXIe siècle. Dans ce livre, dont la recherche documentaire est en partie tirée du balado Histoires d’Enquête : chemin de croix et de l’émission Enquête, mais enrichie de matière inédite depuis ces deux diffusions, Anne Panasuk donne la parole à des Autochtones de tous âges qui, se sachant entendus, ont décidé de briser le silence. De victimes, ils deviennent survivants et retrouvent ainsi leur dignité.

Qimmik

Les peuples premiers du Canada (et ce n’est pas le seul pays), ont été victimes d’atrocités, d’acculturation, de vols d’enfants, liquidations, pensionnats, viols… la liste est longue. Michel Jean réussi avec Qimmik à donner vie aux victimes. Ce ne sont plus des centaines ou des milliers ou plus encore, mais c’est Saullu et Ulaajuk, deux jeunes amoureux Innu, leurs chiens, leurs difficultés, le grand Nord hostile, la faim, les ours, la passion de vie.

J'ai un peu de difficulté à accoster à cause de la glace. La bête est lourde, mais je parviens quand même à la hisser à bord. Je remonte, m'éloigne et prends cette fois le chemin le plus court pour traverser l'archipel. Je vois un autre phoque sur un rocher. Il m'a vue lui aussi, mais avant qu'il ait le temps de sauter à l'eau je l'abats d'un coup précis. Il est plus petit mais bien gras.
La lumière décline et je file vers le soleil qui plonge dans le lac. Notre campement apparait au détour d'une ile. La fumée s'élève de la cheminée de la tente avec lenteur dans le bleu ambré du ciel. Sur la berge, assise, Tallujuak guette mon retour. Ce regard fidèle et patient qui fixe le lac en m'attendant me rappelle que les humains ne sont pas seuls. Cette pensée réchauffe mon cœur.
Qimmik de Michel Jean
Et l’état fédéral, la police…

Un récit entrecroisé avec une enquête pour le meurtre de vieux policiers.

Un livre magnifique malgré un rapprochement qui pourrait sembler un peu trop évident entre les deux parties mais qui évite toutefois de sombrer dans un mélo trop convenu.

Un livre trouvé dans la magnifique petite librairie-café Le vent se lève lors d’un passage à Saint-Ursanne avec un délicieux jus de gingembre-citron bio

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le ciel, le roc, l'océan. Sous une lumière obscène, face à l'Arctique, mer de glace. Terre nue. Pays sans arbre. Entre te ressac et le silence, le vent, le vent du nord, règne sans partage. Son souffle glacial soulève les flots, emporte dans son sillage des tourbillons de neige qui courent sur la terre comme sur l'eau. La toundra gronde.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vingt chiens.
Vingt cœurs fidèles et courageux
me ramènent chez moi, sur la côte.
Le bruit de leurs pas résonnent dans
l’air froid et bat la cadence.
C’est la musique des Inuit.

Dans les années 1960, au Nunavik, la jeune Saullu rencontre Ulaajuk, un mystérieux Inuk du Nord. Fascinée par sa douceur et son insouciance, elle décide de le suivre. Avec l’aide de leurs chiens de traîneaux, les Qimmiit, le jeune couple parcourt le territoire encore sauvage. Leur quotidien est fait de chasse, de pêche, de moments de plénitude et de rencontres mémorables. Ils sont heureux et libres. Mais, plus au sud, les autorités obligent les Inuit à se sédentariser et à se regrouper dans des communautés.
Quelques décennies plus tard, Eve Beaulieu, une jeune avocate montréalaise est chargée de défendre Uqittuq Ainalik, un vieil Inuk accusé des meurtres de paisibles retraités. L’homme reste mutique et Eve peine à comprendre ce qui pourrait avoir déclenché une telle folie meurtrière. Cela a-t-il un lien avec le fait que les victimes étaient d’anciens policiers, en poste au Nunavik dans les années 1960 ?
Cette recherche de la vérité entraînera la jeune avocate plus loin qu’elle ne l’imaginait, l’obligeant à s’interroger sur ses propres origines.