J’ai d’abord tué le chien

Presque un polar et pas tout à fait quand même. OK, il y a des morts, mais ils ne semblent presque pas les plus importants… Il y en a déjà eu tant…

J’ai d’abord tué le chien de Philippe Laidebeur

Un polar atypique bien construit, un très bon premier roman… malgré une fin un peu brouillonne.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peut-on entrer dans la peau d'un inconnu sans prendre le risque de voir un passé sulfureux rattraper insidieusement un présent très ordinaire ?

Le héros de cette histoire est "SDF", "clochard", "clodo", comme on dit. Ancien informaticien, il connaît une rapide descente aux enfers après que sa femme, Carina, le quitte pour un autre. Dix ans déjà qu'il vit dans les rues de Paris, avec ce qui lui reste du RSA, une fois la pension alimentaire payée, et en faisant la manche. Vagabond solitaire, il va d'abris de fortune en taudis insalubres, évitant les pièges que lui tend la jungle urbaine.
Mais un jour, pour une banale histoire de planches volées, il égorge un autre SDF et son chien. C'est le premier meurtre d'une longue série.
Tuer pour ne pas être tué, tel devient son credo. Son mode de survie.
Il décide de s'installer en bord de Seine, un coin tranquille, en contrebas d'une villa cossue. Il fait la connaissance du propriétaire, un homme bourru à la discrétion maladive, qui lui refile ses vieux vêtements et un peu de travail de temps en temps.
À la suite d'une altercation avec deux autres SDF venus lui piquer sa planque, le narrateur les tue. Le propriétaire, qui ne veut pas d'histoires, surtout avec la police, s'en aperçoit. Le narrateur panique et l'égorge à son tour.
Il se rend alors compte que cet homme lui ressemble étrangement, à tel point que le SDF décide de prendre sa place : sa maison, ses habitudes, sa vie... Mais qui est vraiment ce nouveau lui ? Comment prendre l'identité d'un inconnu sans risquer de voir le passé rattraper le présent ? Sans que la raison s'éloigne chaque jour un peu plus de soi-même ? Sans sombrer dans la folie ?

Je est-il vraiment un autre ?

Sur ordre de Dieu : double meurtre au pays des mormons

Une enquête énorme, approfondie et glaçante sur l’Église des Saints des Derniers Jours. Son historique, ses dérives et ses sous-branches plus… « intégristes ».

Sur ordre de Dieu de Jon Krakauer
Sur ordre de Dieu de Jon Krakauer

Voyage au pays de la foi absolue et de l’obscurantisme, de la polygamie, du mariage de fillettes de 14 ans par des pédophiles incestueux, du radicalisme, du refus d’autre autorité que celle de Dieu et de l’obscurantisme créationniste.

Construit autour du meurtre d’une femme et de sa fille par deux frères de son mari au nom de Dieu et parce qu’elle ouvrait quand vraiment trop sa gueule, ce livre révolte bien plus d’une foi(s) tout en retraçant l’histoire des mormons.

Gore et édifiant.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Du sommet de la plus haute flèche du temple de Salt Lake, étincelante sous le soleil de l'Utah, une statue de l'ange Moroni, soufflant dans une trompette d'or, domine le centre de Salt Lake City. Le massif édifice en granite est le centre spirituel et temporel de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (SDJ), qui se présente comme la seule vraie foi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Utah. Une petite ville plantée dans le sillage de Salt Lake City, le fief de l'Église mormone. Le 24 juillet 1984, Allen Lafferty, mormon pratiquant, rentre chez lui après sa journée de travail, dans la maison qu'il habite avec sa jeune épouse et leur bébé de quinze mois. Quand il pousse la porte, l'horreur l'attend : Brenda et sa petite fille ont été sauvagement égorgées. En un instant, Allen est convaincu qu'il connaît les coupables. Et pour cause, ce sont ses frères.

À la barre des mois plus tard, Ron et Dan Lafferty ne nieront pas les faits. Pas plus qu'ils n'exprimeront le moindre remords. Les deux Lafferty sont des prophètes, Dieu parle à travers eux, il leur chuchote ses ordres. Pour eux, l'État n'existe pas. L'école ? Une machination. La médecine ? Un charlatanisme. Ron et Dan Lafferty ont quitté le giron des mormons pour embrasser une foi chrétienne radicale, dont l'un des piliers n'est autre que la polygamie. Et Brenda Lafferty avait commis l'erreur d'y être opposée...

Revenant sur les grandes heures de la fondation de la religion mormone et l'épineux dossier des sectes transfuges qu'elle a fait naître dans ses rangs, le maître de la narrative non fiction interroge les ressorts du fanatisme religieux et exhume l'une des affaires criminelles les plus retentissantes de l'histoire américaine des dernières décennies

Au grand lavoir

Magnifique ! Un livre sur la culpabilité. Celle d’un tueur qui a purgé sa peine, qui végète dans un trou perdu, employé communal, jardinier paysagiste. Et qui, un jour, tombe sur la fille de sa victime à la télévision. Écrivaine, qui passera dédicacer son livre dans sa ville paumée.

Au grand lavoir de Sophie Daull
Au grand lavoir de Sophie Daull

Et la parole est aussi donnée à cette femme. Victime, fille de la victime.

Et pourtant… que trois étoiles ? Misère, cela commençait, cela s’annonçait, cela se passait pourtant si bien.

Un peu très beaucoup déçu par la non-fin du livre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une romancière participe à une émission littéraire télévisée à l'occasion de la parution de son premier livre. Elle ne se doute pas qu'au même moment son image à l'écran bouleverse un employé des Espaces verts de la ville de Nogent-le-Rotrou. Repris de justice pour un crime commis il y a trente ans, menant désormais une vie bien rangée, ce dernier est confronté de façon inattendue à son passé, à son geste, à sa faute.

Car la romancière est la fille de sa victime. Et, dans cinq jours, elle viendra dédicacer son ouvrage dans la librairie de la ville.

Un compte à rebours se déploie alors pour cet homme solitaire, dans un climat à la fois banal et oppressant, en attendant le face-à-face qu'il redoute mais auquel il ne pourra se dérober.

Dans ce texte où chaque personnage est en quête d'une réparation intime, Sophie Daull intervient pour affirmer la fidélité qu'elle voue aux disparus, aux fleurs et aux sous-préfectures.

Un roman brillamment construit sur les ambiguïtés du désir de pardon

Le cri du diable

C’est plutôt bien écrit et le texte très aéré laisse respirer cette étouffante histoire. Celle d’une femme, veuve, qui tua pour se défendre et se voit contrainte à la fuite. Et la misère appelle la misère.

Le cri du diable de Damien Murith
Le cri du diable de Damien Murith

Mais je reste sur ma faim.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le diable crie dans les veines de Camille. Camille est jalousie. Elle cherche en vain celui qui ne la décevra plus et de village en village, de misère en misère, répand son venin.

Mais le passé rattrape Camille. Alors elle fuit, se cache derrière les murs de la grande ville, loin des hommes qui la traquent.

Après la noirceur de la terre et les profondeurs des tempêtes humaines, la plume vertigineuse de Damien Murith trempe ici dans le poison et achève d'un souffle épique le tragique tryptique que dresse Le cycle des maudits

Une fille bien

L’histoire de retrouvailles avec une amie d’enfance qui débute un peu moyen, qui termine vaguement confusément et qui offre tout de même des bons moments. Une cinquantaine de mots clé pourraient être ajoutés à cette comédie un peu chick-lit qui, à trop vouloir embrasser, passe légèrement à côté de tout et ne termine rien.

Une fille bien de Valérie Toranian
Une fille bien de Valérie Toranian

Restent quelques bonnes pages sur les confusions. Celles de la mémoire, politiques, de la presse, de la vision occidentale du voile et de l’islam ou de l’homosexualité.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pourquoi sa vie avait-elle basculé en si peu de temps ?

Quand Louise Castillo lui restitue le journal intime qu'elle avait oublié chez elle trente ans plus tôt, un malaise gagne la narratrice : des pages entières sont raturées, qui semblent évoquer un événement grave, lié à une relation avec un homme plus âgé. Pourquoi ne se souvient-elle de rien ?

Alors que Sibel, sa vieille tante fantasque dont le passé arménien est marqué par la tragédie, pense qu'elle est le jouet d'une malédiction familiale, ses amies lui intiment d'affronter son histoire forcément traumatique et ses fils s'inquiètent de sa nervosité grandissante. Quant à elle, elle redoute de s'enfermer dans le rôle de la victime.

Valérie Toranian dresse, sous la forme d'une enquête psychologique, le portrait d'une fille bien résolue à résister à toute forme de conformisme. Elle nous livre une véritable comédie dramatique mettant en scène, entre cocasserie et gravité, nos obsessions contemporaines

Dans le ventre du loup

Un livre de mémoire, pour la (re)trouver et réussir à la construire. Comment réagir en apprenant, vingts ans plus tard, que sa cousine fut violée et tuée à l’age de neuf ans? Héloïse Guay de Bellissen part à sa découverte et plonge dans les archives judiciaires pour retrouver Sophie.

Dans le ventre du loup de Héloïse Guay de Bellissen
Dans le ventre du loup de Héloïse Guay de Bellissen

Le livre part dans le passé, revient, navigue dans le temps, bifurque et m’a perdu parfois. Un livre pour tuer l’Ogre sous le lit, à la recherche de l’apaisement.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est un conte, un conte bien réel. Une jeune femme ouvre les archives du tribunal d'Annecy pour revenir sur le fait divers qui a détruit sa famille, trente ans auparavant. Pourquoi ne lui a-t-on jamais parlé de sa cousine Sophie, victime à 9 ans du « monstre d'Annemasse » ? Elle plonge dans son histoire comme on plonge dans la gueule du loup. Le loup qui la guette depuis l'enfance. Le loup qui a tué, jeune assassin dont la vie a été pulvérisée par un drame. Le loup qui agit silencieusement au sein de chaque famille. Héloïse fait oeuvre de vérité, met en images les mauvais rêves, revient dans la maison de vacances où les petites filles vivaient en dehors du temps des adultes.

Revisitant le mythe du Chaperon rouge, Héloïse Guay de Bellissen, dans son roman le plus ambitieux, décrit admirablement le monde noir et solaire de l'enfance, et redonne au fantôme d'une fillette existence, dignité et amour

Les femelles

Pas fan absolu des nouvelles, la couv. m’a quand même bien branché et mes dernières lecture de Joyce Carol Oates (m’)ont achevé… de me convaincre.

Les femelles de Joyce Carol Oates
Les femelles de Joyce Carol Oates

Et je n’ai pas été déçu par ces femelles qui, par vengeance, sadisme, accident, démence ou opportunité passent à l’acte. Mais, comme pour toutes les nouvelles, il faut se contenter d’une brève accroche, d’un court développement et d’une fin rapide. En l’occurrence, souvent brutale…

A conseiller aux amateurs de cruauté amorale et aux fans d’histoires courtes qui n’ont pas peur de s’endormir au coté d’une femme.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petite fille jalouse, prostituée précoce, vierge effarouchée, bourgeoise en mal de sexe ou infirmière dévouée, elles ont six, onze, vingt, trente-cinq ans et, à première vue, paraissent inoffensives. À ceci près qu'il vaut mieux ne pas laisser traîner un revolver, un couteau ou une seringue à leur portée. Car ce sont des tueuses, les (anti) héroïnes de ces neuf nouvelles dérangeantes, que Oates met en scène avec un sadisme d'une sournoise sobriété. Une savante économie de moyens qui explique sans doute la montée de tension que le lecteur ressent à chacune de ces pages où l'horreur s'installe tranquillement...

La serpe

Une enquête minutieuse sur un triple meurtre, mise en valeur par une construction brillante. Des personnages complexes révélés par une approche visant à en découvrir les multiples facettes. Un souci de coller au plus près d’une histoire judiciaire qui peut sembler bâclée et menée à charge. Et enfin, et surtout, cette fausse désinvolture pour alléger et reprendre de la distance et de l’air face à tout ce sang, cette boucherie.

La serpe de Philippe Jaenada
La serpe de Philippe Jaenada

Alors oui, c’est misère bien foutu, c’est drôle et sérieux. Mais crotte, trop de notes, dirait l’empereur à Mozart. C’est long, c’est long.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un matin d'octobre 1941, dans un château sinistre au fin fond du Périgord, Henri Girard appelle au secours : dans la nuit, son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe. Il est le seul survivant. Toutes les portes étaient fermées, aucune effraction n'est constatée. Dépensier, arrogant, violent, le jeune homme est l'unique héritier des victimes. Deux jours plus tôt, il a emprunté l'arme du crime aux voisins. Pourtant, au terme d'un procès retentissant (et trouble par certains aspects), il est acquitté et l'enquête abandonnée. Alors que l'opinion publique reste convaincue de sa culpabilité, Henri s'exile au Venezuela. Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du Salaire de la peur, écrit sous le pseudonyme de Georges Arnaud.

Jamais le mystère du triple assassinat du château d'Escoire ne sera élucidé, laissant planer autour d'Henri Girard, jusqu'à la fin de sa vie (qui fut complexe, bouillonnante, exemplaire à bien des égards), un halo noir et sulfureux. Jamais, jusqu'à ce qu'un écrivain têtu et minutieux s'en mêle...

Un fait divers aussi diabolique, un personnage aussi ambigu qu'Henri Girard ne pouvaient laisser Philippe Jaenada indifférent. Enfilant le costume de l'inspecteur amateur (complètement loufoque, mais plus sagace qu'il n'y paraît), il s'est plongé dans les archives, a reconstitué l'enquête et déniché les indices les plus ténus pour nous livrer ce récit haletant dont l'issue pourrait bien résoudre une énigme vieille de soixante-quinze ans

Le jour d’avant

Un livre comme un combat de boxe avec les poings attachés dans le dos. Un livre qui fait mal partout, comme un râle qui vient du fond de la mine. La mine du Nord, du charbon et des corons, des coups de grisou. Celle qui mange les hommes et recrache de la suie.

Le jour d'avant de Sorj Chalandon
Le jour d’avant de Sorj Chalandon

Une dette vrillée au corps, aux tripes : « Venge-nous de la mine »

L’histoire d’un homme seul à porter la mort de son frère, une vie à trainer une dette.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J'allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J'allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n'avaient jamais payé pour leurs crimes

Là où naissent les ombres

Un western très noir, avec des phrases aussi courtes que l’esprit des épaisses brutasses qui parcourent ce livre.

Là où naissent les ombres de Colin Winette
Là où naissent les ombres de Colin Winette

Pas de plan, pas de scénario, pas d’idées. Peut-être un infime questionnement du genre où dormir ce soir voir à plus long terme, qui tuer ou comment survivre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Brooke et Sugar se disent frères et sont chasseurs de primes. Partout où ils passent, ils sèment effroi et désolation. Contraints de quitter la ville après une tuerie particulièrement violente, ils se réfugient dans les bois. Un matin, à leur réveil, ils trouvent à leurs côtés un mystérieux garçon amnésique. Ils l'appellent Bird et en font leur mascotte. Lors d'une expédition punitive dans un village, les deux frères sont capturés par la police locale et mis en prison. Brooke parvient à s'enfuir, mais Sugar, sorte de bête humaine, sale et effrayante, reste derrière les barreaux.

Là où naissent les ombres est un western acide et désespéré auquel seuls une veuve, un orphelin et un nourrisson apportent une touche d'humanité