Eleanor Oliphant va très bien

Ça ressemble à du feel-good… Et c’est quand même un petit peu plus que ça, même si elle va très bien. L’histoire dure, douce et tendre d’une inadaptée sociale au lourd passif. Une vie terne et perdue dans la solitude noyée à la vodka.

Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman
Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman

Avec une jolie dédicace aux amateurs peu soigneux des bibliothèques qui m’a fait bien sourire dans ce livre qui ne manque pas d’humour.

Et une méchante coquille de la traductrice, Aline Azoulay-Pacvoñ qui failli clore cette lecture prématurément. Madame, lorsque les docteurs (esses!) sont des femmes… parlez d’elles, s’il vous plait.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dotée d'une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu'elle les pense, sans fard, sans ambages. Fidèle à sa devise « Mieux vaut être seule que mal accompagnée », Eleanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d'une bouteille de vodka.

Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec « maman ».

Mais tout change te jour où elle s'éprend du chanteur d'un groupe de rock à la mode. Décidée à conquérir l'objet de son désir, Eleanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés va lui faire repousser ses limites.

Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec « maman », Eleanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d'un ami...

Notre-Dame des égarées

Un amour qui nait avec une enfant, et qui meurt avec elle. Ne reste rien que l’errance, la quête inutile. Un homme qui se perd.

Note-Dame des égarées de Alexandre Voisard
Note-Dame des égarées de Alexandre Voisard

Une écriture délicate et sensible, peut-être parfois un peu précieuse pour accompagner cette dérive aux notes d’un violon qui s’égarent.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Colmar, à l'aube du XXe siècle, Hélène native du Midi et Karel le violoniste venu de l'Est donnent naissance à une petite Stella. Après de courtes années de bonheur, l'enfant meurt soudainement. Puis Hélène disparaît sur les traces de sa fille, qu'elle imagine toujours vivante. Karel décide de rejoindre le Rhône, fleuve de coeur d'Hélène, dans l'espoir de l'y retrouver.

Voisard puise à la double source du conte et de la poésie pour mener ce roman du dépouillement. En compagnie du vagabond walsérien Karel, il nous entraîne à la rencontre des gens qui peuplent la route du Sud, l'abbé Viénot et son « eau de la vie », ou la famille Goldberg, au fils violoniste de génie.

« Voilà ce que tu deviens, Karel, tu sais ou ne sais pas, tu es ce bateau de carton mis à l'eau par bravade, jurant mais à quoi bon qu'il te porterait à la rencontre d'Hélène emportée sur les mêmes eaux dont les remous répliquent aux rameurs par de violents caprices. Tu vas droit devant toi, comme emporté par le courant mais en réalité tu es ballotté et les rives sans fin te rabattent de l'une à l'autre. N'êtes-vous pas, toi et Hélène, des naufragés que votre petite étoile au ciel a égarés ? »

Votre commande a bien été expédiée

Ça commence comme du feel-good, ça continue par de la romance, ça s’invite dans la dénonciation de la société des médias actuels et ça se termine dans du fantastique un peu absurde… Quelle soupe curieuse que l’on trouve dans cette cocotte en fonte rouge.

Votre commande a bien été expédiée de Nathalie Peyrebonne
Votre commande a bien été expédiée de Nathalie Peyrebonne

Malgré des pages sympa, ce ragout d’agneau m’a semblé un poil indigeste.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Commander une cocotte en fonte rouge sur Internet, l'attendre, adresser une réclamation au service clientèle en regardant d'un oeil Senior Story, la nouvelle et déroutante émission de téléréalité, lire, s'inventer une existence, inviter Lucia au Pays basque pour fêter l'arrivée de la cocotte : ainsi va, paisiblement, la vie d'Eugène.

Puis surviennent les premiers incidents. Et le monde entier semble pris de hoquet.

Jubilatoire, inattendu, mordant, le roman de Nathalie Peyrebonne est un conte de fées où les héros prennent leurs désirs pour des réalités

Les flagrants délires d’Hendrik Groen

Ce n’est pas précisément la trépidante, truculente, exubérante et passionnante vie dans les EMS. Mais c’est des fois drôle, parfois triste, souvent grinçant (dans le ton et les articulations) et généralement répétitif.

Pas de scoop, ici on vieilli et on meurt, mais tant qu’à faire, sans trop se faire chier (déjà qu’on se pisse parmi).

Les flagrants délires d'Hendrik Groen de Hendrik Groen
Les flagrants délires d’Hendrik Groen de Hendrik Groen

Comme l’envie d’une dernière danse, et encore une, pourquoi pas… encore ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Club des vieux mais pas encore morts

Règlement
1. Notre association a pour but d'égayer nos vieux jours par des sorties.
2. Ces sorties auront lieu le lundi mercredi jeudi ou vendredi après 11 heures.
3. Les participants n'ont pas le droit de se plaindre.
4. Les handicaps de chacun seront pris en compte.
5. Les revenus de chacun seront également pris en compte.
6. Avant la sortie, l'organisateur ne divulguera que les informations strictement nécessaires.
7. Tout est possible, dans le respect des points 2 à 6.
8. Nous sommes au complet.

Pas de nouveau membre jusqu'à nouvel ordre

Amor

Plus d’éros que de thriller et plus de sexe que d’amor dans cette histoire plutôt plaisante. Mais difficile d’adhérer aussi facilement à la glissade de ce couple dans une si noire parano. Passé ce manque de crédibilité, reste de bons moments de sexe à trois, de léchouilles et de baisouilles, de fantasmes et d’envies.

Amor de Dominique Forma
Amor de Dominique Forma

Finalement, tout ça manque de solidité et de robustesse, comme un livre en demi-molle.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maximilien est professeur d'économie, Camille est responsable culturelle. Ils ont un petit garçon. Très amoureux l'un de l'autre, ils ont une conception joyeuse et inventive de la sexualité. En vacances sur la Côte d'Azur, ils font la connaissance de Viviane, une jeune fille qui vend de l'artisanat indien sur la plage. Entre eux, c'est le coup de foudre. Maximilien et Camille accueillent Viviane dans leur lit. Elle s'invite dans leur vie...

L’appel de Portobello road

Des fois, on passe à côté, on se dit qu’il faudrait laisser une chance, un doute… Mais même, je n’ai pas trouvé grand chose dans ce petit livre, si ce n’est une couverture séduisante.

L'appel de Portobello road de Jérôme Attal
L’appel de Portobello road de Jérôme Attal

Dommage, les parents décédés de Ethan qui l’appellent pour dire qu’ils pensent à sa sœur tous les jours alors qu’il se croyait fils unique… Voilà un joli point de départ pour une quête aux milles espérances. Mais non, ce petit livre s’essouffle bien vite.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En pleine nuit, Ethan reçoit un appel téléphonique étrange. Au bout du fil, il reconnaît la voix de ses parents disparus depuis deux ans. Après avoir pris de ses nouvelles, sa mère raccroche sur ces mots : « Dis à ta soeur qu'on pense à elle tous les jours. » Le problème, c'est qu'Ethan est fils unique.
C'est le début d'une folle aventure.

Un secret de famille tombé du ciel. Un compositeur de chansons. Des nuits parisiennes et le vacarme de la solitude. Une décision à prendre. Une fille au bout de la route. Deux pom-pom girls originaires de Tchéquie. Une fête monstre sur la route de Mons. Une tarte au riz partagée avec le fantôme d'une star du rock. De la porcelaine anglaise. Comme est la vie. Fragile et robuste à la fois. Et une ode à l'amour au tournant de chaque page

Le mal noir

Une difficile renaissance, une quête ou un vagabondage ? Veuf, Evguéni Petrovitch erre tristement dans ce tout petit livre à la détresse nostalgique.

Le mal noir de Nina Berberova
Le mal noir de Nina Berberova

Comme un instant de mélancolie de Paris à Chicago.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le Mal noir raconte l'exil vers les Etats-Unis d'un émigré russe dont la compagne est morte pendant un bombardement en France, alors qu'ils faisaient tendrement l'amour. C'est le sixième récit de Nina Berberova à paraître en français, et c'est, de son propre aveu, le plus important. Jamais elle n'avait, comme ici, poussé l'ellipse et la métaphore à ce point d'excellence où le moindre détail illumine l'obscure absurdité du destin.
Le héros incarne cette fois à lui seul la détresse profonde des humanistes slaves qui ont erré longtemps, dépouillés de leur territoire, de leurs affections, de leurs lecteurs et de leur langue

Hiver à Sokcho

Fin et délicat, comme les murs de papier d’une pension déserte au milieu de l’hiver en Corée du Sud. La rencontre entre Kerrand, auteur de bande dessinée en mal d’inspiration et la jeune employée de l’hôtel.

Hiver à Sokcho de Elisa Shua Dusapin
Hiver à Sokcho de Elisa Shua Dusapin

Comme des non-dits en points de suspension, gracieux et aériens.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n'est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l'inspiration loin de sa Normandie natale. C'est l'hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l'encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes. Ce roman délicat comme la neige sur l'écume transporte le lecteur dans un univers d'une richesse et d'une originalité rares, à l'atmosphère puissante.

« En collant ma joue contre l'embrasure, j'ai vu sa main courir sur une feuille. Il l'avait posée sur un carton, sur ses genoux. Entre ses doigts, le crayon cherchait son chemin, avançait, reculait, hésitait, reprenait son investigation. La mine n'avait pas encore touché le papier. Lorsque Kerrand a commencé à dessiner, son trait était irrégulier. Il reprenait les lignes plusieurs fois, comme pour les effacer, les corriger, mais chaque pression les gravait. Le sujet, méconnaissable. Un branchage, un tas de ferraille peut-être. J'ai fini par reconnaître l'amorce d'un oeil. Un oeil noir sous une chevelure brouillonne. Le crayon a poursuivi sa route jusqu'à ce qu'apparaisse une figure féminine. Des yeux un peu trop grands, une bouche minuscule. Elle était belle, il aurait dû s'arrêter là. Mais il a continué à passer sur les traits, tordant peu à peu les lèvres, déformant le menton, perforant le regard, a remplacé le crayon par une plume et de l'encre pour en badigeonner le papier avec une lente détermination, jusqu'à ce que la femme ne soit plus qu'une pâte noire, difforme. Il l'a posée sur le bureau. L'encre dégoulinait jusqu'au plancher. Une araignée s'est mise à courir sur sa jambe, il ne l'a pas chassée. »

Les passants de Lisbonne

Deux solitudes en deuil se croisent à Lisbonne. Elle, a perdu son mari dans un tremblement de terre à San Fransisco et lui, son ami l’a quitté d’une lettre aux excuses maladroites.

Les passants de Lisbonne de Philippe Besson
Les passants de Lisbonne de Philippe Besson

Une conversation se noue. Un dialogue doux et mélancolique sur la résilience et le partage des douleurs.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«On ne renonce jamais vraiment, on a besoin de croire que tout n'est pas perdu, on se rattache à un fil, même le plus ténu, même le plus fragile. On se répète que l'autre va finir par revenir. On l'attend. On se déteste d'attendre mais c'est moins pénible que l'abandon, que la résignation totale. Voilà : on attend quelqu'un qui ne reviendra probablement pas.»

Hélène a vu en direct à la télévision les images d'un tremblement de terre dévastateur dans une ville lointaine ; son mari séjournait là-bas, à ce moment précis.

Mathieu, quant à lui, a trouvé un jour dans un appartement vide une lettre de rupture.

Ces deux-là, qui ne se connaissent pas, vont se rencontrer par hasard à Lisbonne. Et se parler.

Une seule question les taraude : comment affronter la disparition de l'être aimé ? Et le manque ?

Au fil de leurs déambulations dans cette ville mélancolique, dont la fameuse saudade imprègne chacune des ruelles tortueuses, ne cherchent-ils pas à panser leurs blessures et à s'intéresser, de nouveau, aux vivants ?

Sukkwan Island

Jim emmène son fils Roy sur une île déserte en Alaska. Mal préparé et dépressif, le père cumule les erreurs sur le campement et avec son fils… jusqu’au drame. S’ensuit la folie que nulle rédemption ne semblerait pouvoir apaiser.

Sukkwan Island de David Vann
Sukkwan Island de David Vann

Le plus sombre au cœur du Grand Nord. Une sorte de Jack London revisité par les anges de l’enfer de la dépression aux ailes poisseuses d’une boue visqueuse de tristesse (vous êtes prévenus).

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une île sauvage du Sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal.

La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au coeur des ténèbres de l'âme humaine, David Vann s'installe d'emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan