Sfumato : je n’ai jamais vu la Joconde en vrai

Curieuses-eux, vous aimez l’art ? Vous ne prenez pas tout ça trop au sérieux ? Un petit peu de fiction (ou d’auto-fiction) ne vous déplaît pas ?

Art&Fiction est là pour vous !

Combien j'ai pu être émue par des concepts, enfin, émue n'est peut-être pas le bon terme, disons stimulée, quand j'ai découvert la fameuse Fountain de Duchamp, à savoir un urinoir, un ready-made de 1917.
Une œuvre qui n'est œuvre que parce que c'est l'artiste qui le décide, il n'a qu'à la pointer du doigt et, du haut de son statut, la transformer en œuvre d'art.
Sfumato : je n’ai jamais vu la Joconde en vrai de Florence Grivel

Florence Grivel nous parle d’art avec amour et humour. Décalée et intime elle parle d’elle au travers d’œuvres, de voyages, de rencontres et d’anecdotes

Parfois ce vocabulaire par capillarité ou porosité (!) fait irruption dans celui de tous les jours.
 - L'autre jour, on s'est offert un délire en plein air, total land art gourmand style, quand on a terminé, les gosses ont fait une danse des détritus, so esthétique relationnelle.
 - Ah, tu veux dire que vous avez fait un pique-nique ?

Un petit voyage artistique de la Joconde à la Fontaine, doux, drôle et poétique

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sous de faux airs de divagation autour de la formation artistique de l'auteure, "Sfumato" est un conte alchimique, un récit initiatique où la narratrice passe d'une quête de ses besoins vers celle de son désir. Dans une succession de vignettes visuelles et richement colorées, elle est tantôt déboussolée par son bagage d'historienne de l'art et tantôt orientée par des rencontres qui la prennent au dépourvu et qui lui indiquent que l'énergie vitale qu'elle cherche dans son commerce avec l'art n'est pas où elle le pense. D'une écriture enjouée, l'auteure s'échappe des salles de musée vers les collines toscanes, flâne au marché et plonge dans les eaux vivifiantes d'une plage marseillaise. Au passage, elle aura pris des nouvelles de Vermeer et de Duchamp, se sera souvenue de Rosemarie Castoro et d'Yves Klein, mais n'aura toujours pas vu "La Joconde" en vrai

La colère de Maigret

Voilà donc un excellent Maigret ! Une intrigue pas trop compliquée, quelques chausses-trappes, un commissaire qui doute, un Maigret humain, véritable !

 - Cela fait un bout de temps... s'exclamait-il en regardant autour de lui, sa casquette à la main. Vous vous souvenez du Tripoli et de la Tétoune?
A deux ou trois ans près, les deux hommes devaient avoir le même âge.
- C'était le bon temps, dites donc!...
Il faisait allusion à une brasserie qui existait jadis rue Duperré, à portée de pierre du Lotus, et qui avait eu, avant la guerre, tout comme sa patronne, son heure de célébrité.
La Tétoune était une opulente Marseillaise qui passait pour faire la meilleure cuisine méridionale de Paris et qui avait l'habitude d'accueillir ses clients par de gros baisers et de les tutoyer.
C'était une tradition, en arrivant, d'aller la voir dans sa cuisine, et on rencontrait chez elle une clientèle inattendue.
La colère de Maigret de Georges Simenon

Et aussi un petit polar de rien du tout qui raconte Paris, un vieux Paris avec ses cabarets, sa faune interlope, ses petits brigands, et le milieu presque gentillet de Paris la nuit.

Avec une bonne grosse colère qui lui donne son titre… et sa saveur

Maigret 89/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était midi et quart quand Maigret franchit la voûte toujours fraîche, le portail flanqué de deux agents en uniforme qui se tenaient tout contre le mur pour jouir d'un peu d'ombre. Il les salua de la main, resta un moment immobile, indécis, à regarder vers la cour, puis vers la place Dauphine, puis vers la cour à nouveau.
Dans le couloir, là-haut, ensuite dans l'escalier poussiéreux, il s'était arrêté deux ou trois fois, faisant mine de rallumer sa pipe, avec l'espoir de voir surgir un de ses collègues ou de ses inspecteurs. Il était rare que l'escalier soit désert à cette heure mais cette année, le 12 juin, la P.J. avait déjà son atmosphère de vacances.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La colère de Emile Boulay, patron de plusieurs cabarets montmartrois, est découvert étranglé près du Père-Lachaise. Avec qui avait-il rendez-vous ? Pourquoi, quelque temps plus tôt, cet homme habituellement si économe a-t-il retiré 500 000 francs de son compte bancaire ? Peu à peu, Maigret reconstitue les faits et découvre que Boulay est soupçonné de n'être pas étranger à la mort d'un racketteur du nom de Mazotti. Et, lorsqu'il s'apercevra que son nom a été cité, dans une sordide escroquerie, comme celui d'un policier corruptible, sa colère éclatera...

Une confidence de Maigret

Derrière sa bonhomie, il y a chez Maigret une sorte d’humilité et de résignation face à l’imperfection du système judiciaire. Cela l’amène – lorsqu’il le faut – à s’arranger avec la justice, la loi, les juges et les textes…

Elle lui serra le bras plus fort.
 - Ce n'est pas ta faute...
 - Je sais...
Il y avait aussi quelques affaires dont il n'aimait pas se souvenir et, paradoxalement, c'étaient celles qu'il avait prises le plus à cœur.
Une confidence de Maigret de Georges Simenon

Car parfois, il se retrouve bien impuissant face à une affaire qui lui échappe pour tomber dans les mains d’un juge pressé, des médias impatients, d’une foule avide…

Tout était décevant. Les géraniums étaient bien à leur place, mais c'était le seul détail à correspondre à l'image que le commissaire s'était faite. Le logement, était banal, sans une touche personnelle. La fameuse cuisine-salle à manger, où avaient lieu les dînettes, avait des murs d'un gris terne, des meubles comme on en trouve dans les meublés à prix modeste.
Annette ne se changeait pas, se contentait de se donner un coup de peigne. Elle aussi décevait. Elle était fraîche, certes, de la fraîcheur de ses vingt ans, mais banale, avec de gros yeux bleus à fleur de tête. Elle rappelait à Maigret les photographies qu'on voit à la vitrine des photographes de province et il aurait juré qu'à quarante ans ce serait une femme énorme, aux lèvres dures.

Au profit d’une soirée chez les Pardon, alors que son ami le médecin se désole de son impuissance, Maigret se confie

Maigret 82/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le gâteau de riz de Mme Pardon.
La bonne venait de poser le gâteau de riz au milieu de la table ronde et Maigret était obligé de faire un effort pour prendre un air à la fois surpris et béat, tandis que Mme Pardon, rougissante, lui lançait un coup d'œil malicieux.
C'était le quatrième gâteau de riz, depuis quatre ans que les Maigret avaient pris l'habitude de dîner une fois par mois chez les Pardon et que ceux-ci, la quinzaine suivante, venaient boulevard Richard-Lenoir, où Mme Maigret, à son tour, mettait les petits plats dans les grands.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'affaire, au départ, semblait banale. Adrien Josset avait connu une belle réussite sociale. Il avait une jeune maîtresse. Il n'en fallait pas plus pour faire de lui, après l'assassinat de son épouse, le suspect numéro un...
D'autres éléments, surgissant au fil de l'enquête, allaient non seulement accroître les soupçons, mais en outre le rendre odieux à l'opinion publique. Et aux jurés. Des années plus tard, Maigret raconte à son ami, le Dr Pardon, cet épisode qui continue à le troubler. Jamais il n'y a eu de preuves, ni d'aveux. Et jamais il n'est parvenu à se convaincre de la culpabilité de Josset... Il n'y a pas que des triomphes dans la carrière du commissaire Maigret. Des doutes, aussi.
Mais qu'y peut-on ?
Certaines existences et certains drames gardent définitivement leur secret

Album sans famille

David Gagnebin-de-Bons est photographe, et, tombant sur un album photo dans lequel en manquent certaines, il entreprend de le décrire.

Ce doit être à nouveau un site de la guerre. Pas un champ de bataille, mais une plaine commémorative, comme celles qui s'étendent d'ouest en est sur la ligne de l'acien front. Je peux le dire par la végétation rase et primitive que foulent au pied les marcheurs équipés pour parcourir une distance de plusieurs heures. Visible, l'horizon paraît très abaissé, écrasé par le stratus et incertain dans la brume qui se lève sur l'étendue plate et herbeuse, presque sans collines ni vallon. Assurément, si des hommes se sont battus ici, ce n'était que pour mourir.
Album sans famille de David Gagnebin-de-Bons

Avec un style poétique et intemporel, il raconte, les paysages, les personnage, les natures mortes… Un album dont la vie s’est enfuie.

Cette photographie est un dessin crépusculaire: des points et des lignes sur un plan sans perspective. Une idée de l'organisation du monde qui s'embrasse d'un regard. L'univers apaisé.
Hors champ: les luttes des hommes, le commerce, la clameur de l'histoire, le temps qui a passé si vite et les vies en morceaux. Mais sur l'image: les formes.

Mais on s’y ennuie un peu jusqu’à ce qu’il nous parle hors cadre, de ce qui n’est pas visible… hélas, trop rarement

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Album sans famille est un corpus uchronique d’images décrites où l’auteur tente de reconstruire un lien d’apaisement et d’espoir avec le monde. Dans une langue riche et jalonnée d’indices, le récit fait émerger des scènes définitives et sensorielles: celles d’une suite possible de notre monde, toujours imparfaite et incomplète, mais en apparence toujours inéluctable. Des images nous parviennent, racontées par une voix solitaire et perdue dans le temps. Celles de cet album de photographies retrouvé mais auquel manque pour toujours une famille. Cet album sans sorties dominicales, sans fêtes… Aucun enfant assis sur le muret, aucune grande roseraie; ni mariages, ni hasard d’un instant domestique.
Dans l’album, se révèlent entre les vides laissés par les pages arrachées, les plaines commémoratives d’une guerre trop proche, les mégapoles inhumaines et la présence insistante de sa créatrice, une femme, photographe comme l’auteur du livre. Parfois accompagnée, elle traverse ce «pays d’après», étonnamment semblable au nôtre, miroir familier de nos fantasmes littéraires d’un monde qui s’affaisse lentement et sans bruit sur sa fin. Dans ses photographies, pourtant, la force silencieuse des compositions semble tenir ses sujets dans un tout porteur, sinon d’espoir, du moins de sens

L’amie de madame Maigret

Un Maigret un peu compliqué, mais qui débute de façon plutôt amusante avec Madame Maigret, une grosse mémère [sic] au parc, coincée à garder un petit enfant alors que la poule du repas de Monsieur Maigret est sur le feu.

Un cadavre dans le calorifère ?
Ce que le public ignorait, ce qu'on avait eu soin de ne pas dire à la presse, c'est que l'affaire avait éclaté par le plus grand des hasards. Un matin, on avait trouvé dans la boîte aux lettres de la P.J., quai des Orfèvres, un méchant morceau de papier d'emballage sur lequel il était écrit:
Le relieur de la rue de Turenne a fait brûler un cadavre dans son calorifère.
L’amie de madame Maigret de Georges Simenon

L’histoire d’une comtesse, de deux dents dans un calorifère (les siennes ?) et d’une voiture en chocolat (enfin, couleur chocolat) que tout le monde cherche au Grand Turenne. Un Maigret dans lequel plusieurs remises à niveau sont nécessaire pour une compréhension fluide…

Au Grand Turenne

Une enquête un peu alambiquée qui ne manque pourtant pas d’alcool (ni de sandwichs)

 - Il est jaloux?
 - Il n'aime pas les familiarités.
 - Il vous aime?
 - Je crois que oui.
 - Pourquoi?
 - Je ne sais pas. Peut-être parce que je l'aime.

Maigret 59/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La petite dame du square d'Anvers
La poule était au feu, avec une belle carotte rouge, un gros oignon et un bouquet de persil dont les queues dépassaient. Mme Maigret se pencha pour s'assurer que le gaz, au plus bas, ne risquait pas de s'éteindre. Puis elle ferma les fenêtres, sauf celle de la chambre à coucher, se demanda si elle n'avait rien oublié, jeta un coup d'œil vers la glace et, satisfaite, sortit de l'appartement, ferma la porte à clef et mit la clef dans son sac.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un billet anonyme, une perquisition, des dents humaines retrouvées dans un calorifère... Maigret n'hésite pas à incarcérer Steuvels, un relieur belge établi rue de Turenne. Mais qui a été tué ? Et pourquoi ? La presse s'empare de l'affaire. Liotard, le jeune avocat de Steuvels, soigne sa publicité. Et l'enquête piétine. Cependant, Madame Maigret, en se rendant chez son dentiste, square d'Anvers, a lié connaissance avec une jeune femme italienne, accompagnée d'un enfant de deux ans. Le jour où celle-ci lui confie l'enfant durant deux heures, sans explication, elle s'ouvre à son mari. Or cette Gloria était au service d'une riche comtesse récemment assassinée à l'hôtel Claridge...
Et c'est finalement Madame Maigret qui va mettre son mari sur la piste. Une piste tortueuse qui, du Claridge au square d'Anvers, et du square d'Anvers à la rue de Turenne, le mènera à la vérité

T : ma vie en T-shirts

Pourquoi, mais pourquoi ça ? Faut-il vraiment tenter de tout valoriser ? L’éditeur de Murakami va-t-il nous vendre ses verres à moutarde sur E-Bay, pourra-t-on bientôt acheter ses coloriages d’enfance (il ne dépassait presque pas des traits), quand assisterons-nous à une vente aux enchères de ses bouts de crayons ? Et les taillures des crayons ?

Misère, quel livre inutile !

Hamburger et ketchup
Voyage aux États-Unis d'Amérique. Je passe la douane, je quitte l'aéroport et, à l'instant même où j'entre en ville, une pensée s'impose à moi : Il faut absolument que je mange un hamburger! Est-ce que c'est pareil pour vous? Quoi qu'il en soit, moi, c'est ce que je ressens chaque fois. C'est comme une pulsion instinctive, ou bien une sorte de rituel protocolaire. L'une ou l'autre de ces interprétations est valable, en tout cas il me faut un hamburger.
T : ma vie en T-shirts de Haruki Murakami

Murakami, maître absolu des mondes oniriques, écrivain majeur du 20e, auteur à la poésie subtile et délicate, créateur d’univers décalés, sensibles et fantastiques… Et voilà qu’il nous décrit dans un premier degré invraisemblable les divers t-shirts qui emplissent ses armoires.

Non, désolé, je ne comprends pas pourquoi ces articles ont quitté les pages de la revue Casa Brutus dans laquelle ils avaient peut-être leur place entre le mobilier de cuisine et les sofas

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Choses qui s'accumulent
Je ne suis pas un collectionneur passionné, et pourtant il semble bien que dans ma vie se dessine comme une tendance, une espèce de leitmotiv : j'entasse toutes sortes de choses. Malgré mon indifférence, les objets, comme s'ils étaient mus par une volonté propre, s'accumulent autour de moi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lequel de mes T-shirts a le plus de prix pour moi ? Je crois que c'est le jaune, celui qui porte l'inscription « Tony Takitani ». Je l'ai déniché sur l'île Maui, dans une boutique de vêtements d'occasion, et je l'ai payé un dollar. Après quoi j'ai laissé vagabonder mon imagination : Quel genre d'homme peut bien être ce Tony Takitani ? J'ai écrit une nouvelle dont il était le protagoniste, nouvelle qui a ensuite été adaptée en film.

Seul le maître Haruki Murakami pouvait choisir de raconter sa vie à travers sa collection de T-shirts. Inédite en France, joliment illustrée de surprenantes photos, une autobiographie unique, à la fois nostalgique, piquante et cocasse, qui lève le voile sur la personnalité un brin excentrique d'un auteur notoirement secret

Ceci n’est pas un fait divers

Un très beau livre, mais très affreux !

L’histoire racontée par un jeune de 19 ans qui apprend par sa soeur de 14 ans au téléphone que papa vient de tuer maman. Dans la cuisine.

Et puis, baissant la voix alors que personne ne pouvait m'entendre, j'ai posé la question: comment maman était-elle morte? Il a esquivé: « Vous ne préférez pas être sur place pour que je vous communique ces informations? » J'ai compris que ce qu'il avait à m'apprendre était atroce. J'ai insisté et il a cédé, recourant néanmoins à une formule policière, réglementaire, pour en atténuer la portée, probablement : « Utilisation d'une arme blanche ». Ma mère avait donc été poignardée. « À de multiples reprises. » Ma mère avait été lardée de coups de couteau.
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson

Un féminicide raconté avec toute la douceur d’un jeune homme, au printemps de sa vie et qui voit son monde s’écrouler, dynamité !

Comment vivre encore, comment protéger ceux qui restent, comment se protéger, gérer la culpabilité, faire le deuil de la maman tuée et d’un père assassin ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au téléphone, d'abord, elle n'a pas réussi à parler.
Elle avait pourtant trouvé la force de composer mon numéro, trouvé aussi la patience d'écouter la sonnerie retentir quatre fois dans son oreille, puisque j'étais occupé à je ne sais quoi à ce moment-là et que j'ai décroché à la dernière extrémité.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils sont frère et sœur. Quand l'histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.

Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. »

Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.

Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d'un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre

Traité sur l’intolérance

Clôturant une sorte de trilogie (avec Éloge de l’irrévérence et Le droit d’emmerder Dieu), cette plaidoirie a été tenue lors du procès en appel des attentats de Charlie Hebdo, une plaidoirie d’ailleurs tenue dans la salle Voltaire (qui avait désigné alors le christianisme comme la religion « la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde »).

L'arme fatale de ce mouvement, depuis des siècles, c'est l'accusation de blasphème.
La liberté d'expression est la clé de tout, du passé et de l'avenir de l'islam, du débat sur la nature du Coran, du pouvoir au sein de l'islam, et par un incroyable chemin du destin, cette question s'est cristallisée autour de Salman Rushdie d'abord, de Charlie Hebdo ensuite.
Traité sur l’intolérance de Richard Malka

L’occasion pour Richard Malka de désigner, selon lui, le vrai coupable : la Religion !

Et il poursuit en désignant ses plus fidèles serviteurs : l’intolérance, la manipulation, le travestissement des textes, le blasphème ou même la soumission et la résignation… (ils sont si nombreux !)

Une (encore une fois) absolument brillante plaidoirie que j’ai lue avec l’espoir ridicule qu’elle soit utile, partagée, étudiée… ou juste lue tant elle est édifiante !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À quoi bon plaider une fois de plus...
À quoi bon me répéter à l'infini alors que depuis quinze ans j'ai dit tout ce que j'avais à dire, sous tous les angles possibles, sur la liberté d'expression, la nécessité du blasphème, l'histoire de Charlie Hebdo et des caricatures.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après Le droit d'emmerder Dieu, éloge du droit au blasphème, Richard Malka revient sur l'origine profonde d'une guerre millénaire au sein de l'islam : la controverse brûlante sur la nature du Coran.

Plus qu'une plaidoirie, ces pages mûries pendant des années questionnent ce qu'il est advenu de l'islam entre le VIIe et le XIe siècle, déchiré entre raison et soumission.

Les radicaux ont gagné, effectuant un tri dans le Coran et les paroles du Prophète, oppressant leurs ennemis - au premier rang desquels les musulmans modérés, les musiciens, artistes, philosophes, libres-penseurs, les femmes et minorités sexuelles.

Plonger avec passion dans cette cassure au sein d'une religion n'est pas être « islamophobe », c'est regarder l'histoire en face.

Traité sur l'intolérance est une méditation puissante, un appel aux islamologues du savoir et de la nuance - pour qu'enfin chacun sache, comprenne, échange, s'exprime.

Les caractères

Quelle déception, zut ! Alors qu’il y a tellement de talent !

Cette reprise mot-à-mot des vidéos que je regardais sur Insta n’apporte rien. Rien que le texte. Pourtant, les originales bénéficient de la voix, de l’image, du ton, des filtres image et son qui donnent toute la puissance à ses créations. Ici, elles semblent amputées, démembrées et seule ma mémoire m’a permis de reconstruire ces petites saynètes (au demeurant excellentes).

Sinon, bombombombom, plus léger ! Je vais avoir un cabernet franc. C'est un vieux cépage ligérien avec un beau travail de fermentation malolactique, une vinification en foudre qui est vraiment hyper intéressante... Franchement les mecs sont hyper bons quoi et les cuvées sont de plus en plus complexes au fil des ans. Moi je partirais là-dessus surtout si vous avez un peu envie de faire la différence ce soir, quoi, clairement. Surtout si vous accompagnez avec un petit chèvre type Chavignol, là devient ça carrément joueur. 
Vous savez ce que vous allez manger ce soir? 
Des Tuc? 
Ouais, ouais, ouais, ça s'y prête carrément, carrément, why not...
Les caractères de Lison Daniel

Alors, oui, si vous êtes rétifs à toute sorte de réseaux sociaux, que vous ne tolérez que l’écrit… pourquoi pas. Cela peut être une archive intéressante face à la volatilité du web. Mais alors, tentez a minima de jeter une oreille sur France-Inter, vous serez, j’en suis sûr, absolument conquis.

Chère Lison Daniel, re-zut, c’est un peu gâché ici.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Gaëtan
(un cours de théâtre)
Ok, merci, ça suffit, on arrête le massacre. Attends, Maxence, reconvoque-toi s'il te plaît.
« Je demeurrrais longtemps errrrrant dans Césarrrrée »... Y'a rien qui t'interroge sur la rythmique ? Ceux qui ont suivi le module Racine avec moi, rien? Ouiii merci ! « Je demeurais / longtemps / errant / dans Césarée » : 4/2/2/4, merci Samia, je commençais à avoir peur là, sincèrement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Isabelle, grande bourgeoise confinée à Saint-Lu, appelle ses enfants pour se plaindre de Xav’, son mari, entre deux chapitres de La recherche. Franck, caviste intègre et sans filtre, refuse de vendre un Saint-Emilion à un client qui voulait « impressionner beau-papa ». Mélanie, cagole du Midi, alpague des touristes parisiennes qui ont eu le malheur de s’installer sur son banc. Et qu’adviendra-t-il des amours d’Adélaïde et Livio, son épicier italien ?
Tous ces personnages sont écrits, pensés et joués par Lison Daniel sur sa page Instagram « Les caractères », qui connaît un immense succès lors du premier confinement. Chacun a son vocabulaire, sa diction et son histoire qu’on suit de sketch en sketch. On rit aux éclats devant ces archétypes, on s’attache à eux et, parfois, on s’y reconnaît. L’humour moqueur de Lison Daniel est plein d’une tendresse qui n’est pas sans rappeler Riad Sattouf et La vie secrète des jeunes.
Follement douée, elle fait vivre dans ce recueil ses douze protagonistes phares et frappe par la justesse sociologique de son regard. Tout semble plus vrai que nature. Plus qu’une satire, c’est un portrait vif et ludique de la France d’aujourd’hui qui se dessine en creux : une France fragmentée de la diversité régionale, culturelle et sociale. Un livre à mettre entre toutes les mains