Marie qui louche

Simenon déroule ici un roman au féminin avec Marie et Sylvie liées par une bien curieuse amitié-haine-jalousie.

Chaque jour, on allumait les lampes un peu plus tôt et on avait pris l'habitude de fermer les portes ; toutes les deux heures, dans le poêle de fonte qui luisait au milieu de la salle, Marie versait un demi-seau de charbon aux grains durs et brillants qui faisait, en dégringolant, un bruit d'hiver, et les gens qu'on ne connaissait pas entraient en coup de vent, la moustache humide, pour boire au comptoir un petit marc ou un café arrosé.
Marie qui louche de Georges Simenon
Il raconte aussi la condition de la femme dans les années 40-50. Sylvie est pauvre mais belle et ambitieuse. Quant à Marie, tout est dans le titre.

Encore un roman dur bien atypique d’un auteur qui tente de se glisser entre deux femmes

Le 75e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
─ Tu dors ?
Sylvie ne répondit pas, ne bougea pas, n'eut pas un frémissement. Elle respira seulement un peu fort, pour donner le change, mais il n'y avait pas beaucoup d'espoir que la Marie s'y laissât prendre.
─ Je sais que tu ne dors pas.
La voix de Marie était calme, monotone, vaguement plaintive, comme la voix de certaines femmes qui ont eu des malheurs.
─ Tu le fais exprès de ne pas dormir, continuait-elle dans l'obscurité de la chambre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sylvie possède des seins magnifiques qui affolent les hommes, une nature gourmande et sensuelle alliée à une paresse invincible et, par-dessus tout, elle hait la pauvreté. Marie, son amie d'enfance, n'est qu'une fille qui louche, envieuse et sournoise, habitée par une âme d'esclave. Ensemble, elles ont fui le quartier misérable des remparts de Rochefort où elles sont nées.

Sylvie est capable de tout pour réussir. Marie la méprise et l'adore, la jalouse et la hait. Mais elle ne peut pas se passer d'elle. La vie les sépare pourtant. Vingt ans plus tard, elles se retrouvent dans la foule des Champs-Elysées qui fête la victoire. Sylvie est devenue la maîtresse d'un vieil homme qui s'apprête à mourir en lui laissant son hôtel de l'avenue Foch. Marie est libre, toujours aussi pauvre, et prête à jouer, comme autrefois, son rôle d'âme damnée.

La Marie du port

Simenon ne cesse de me surprendre.

Et voilà qu’au milieu de ses romans durs, il glisse une romance à quat’ sous, une bluette chou, drôle et sympa. Une histoire d’amour avec une bien jeune fille qui sait où elle veut aller et qui ne s’en laissera pas conter !

 - Il faudra quand même que tu me laisses partir...
Et chaque jour la Marie répondait :
 — Reste encore un peu...
Sa sœur ne demandait pas mieux. Elle avait une bonne petite vie, toute seule dans la maison tiède où c'est tout juste si, vers midi, elle prenait la peine de se débarbouiller. Elle cousait. Maintenant que le linge était fini, la Marie lui faisait broder son initiale et Odile parvenait à broder tout en lisant un roman à vingt sous posé sur la table.
 — Ça ne pourra pas durer éternellement, soupirait-elle. Il faudra bien que je travaille.
 — T'as le temps...
Je sais que je ne dépense pas beaucoup, mais ce n'est pas juste que ton argent...
La Marie du port de Georges Simenon
Et c’est plutôt réussi. Et en même temps, il en profite pour croquer plutôt finement la condition de la femme des années 30 et le machisme de l’époque.

L’histoire de la Marie, jeune orpheline bien décidée à ne pas dévoiler toutes ses cartes du premier coup

Un roman dont fut tiré un film réalisé par Marcel Carné avec Jean Gabin, Blanchette Brunoy et Nicole Courcel

Le 33e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était le mardi et les cinq ou six chalutiers qui pêchent toute la semaine sur la côte anglaise étaient rentrés le matin. Comme d'habitude, ils s'étaient amarrés dans l'avant-port, près du marché aux poissons et maintenant seulement, à marée haute, on leur ouvrait le pont tournant.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
A Port-en-Bessin, Marie, jeune femme de dix-sept ans, vient de perdre son père. Sa soeur Odile vient avec Henri Chatelard, son. amant, assister à l'enterrement. Celui-ci s'éprend de Marie et, pour la voir, achète un bateau dont il va chaque jour s'occuper. Que lui importe ensuite tout le reste, maintenant qu'il est pris entre la vie du port et l'amour de Marie ?...

Le passager clandestin

Une fois encore avec Simenon, l’histoire semble prétexte aux portraits. À Tahiti dans les années 40, les hommes blancs s’encanaquent entre men’s club, alcool, poker et jeunes tahitiennes. Un tableau abrutissant de vacuité sous le soleil dans un paysage magnifique.

Ils étaient là une trentaine de Blancs venus d'Europe, Dieu sait pourquoi, une trentaine d'hommes pour qui la grande distraction, celle de tous les jours, de toutes les nuits, était de boire et de se frotter à la chair brune de ces filles maoris qui semblaient appartenir à un autre monde.
Un bateau était arrivé, jadis, devant cette île où vivaient, comme dans un Paradis terrestre, des hommes et des femmes couronnés de fleurs.
Les hommes, aujourd'hui, étaient garçons de café ou chauffeurs; les filles, les plus belles d'entre elles, passaient en riant des bras d'un homme blanc aux bras d'un autre homme blanc.
Le passager clandestin de Georges Simenon
Une histoire d’héritage qui fait tourner bien des têtes

Le 57e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un bateau italien qui venait de San Francisco était accosté au pier, devant les bâtiments de la douane. De ce côté-là, on avait allumé toutes les lampes, d'énormes ampoules électriques à la lumière blanche et crue qui pendaient à des fils un peu partout, de sorte que de loin cela donnait l'impression d'un plateau de cinéma, avec des ombres s'agitant en tous sens, les coups de sifflet commandant le vacarme métallique des grues et des palans, les couleurs mangées par les projecteurs, le vert et le rouge du pavillon, par exemple, tout pâles, tranchant à peine sur le blanc.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'Aramis vogue entre Panama et Papeete. Parmi les passagers, le major Owen, parti à la recherche de René, fils et héritier de son ami Joe Hill, magnat de l'industrie cinématographique, récemment décédé.

Et voici qu'au cours du voyage, Owen découvre un passager clandestin, à qui il vient en aide. Il s'agit en réalité d'une jeune femme, Lotte. Elle aussi souhaite retrouver René, désormais riche, et dont elle a naguère été la maîtresse. Ils décident de faire équipe. Mais c'est compter sans un repris de justice, lui aussi à bord du bateau, qui a surpris leur secret.

Loin de ses décors coutumiers, quartiers de Paris ou province française, le grand romancier fait surgir sur une toile de fond exotique des personnages ambigus, dont les motivations ne sont pas forcément des plus nobles. Inquiétants, fascinants, ils nous entraînent sur leurs traces, et nous nous demandons à chaque page ce qu'ils cherchent...

Les noces de Poitiers

Le roman de la désillusion, de la pauvreté, de la fin des rêves. Ces noces de Poitiers ne font pas rêver. C’est crasse et sans espoir pour ce jeune couple qui se marie, faute de pouvoir cacher leur faute à l’époque où une grossesse hors mariage était impossible dans une petite ville et où l’avortement était interdit, dangereux et condamné. (Des temps révolus ? Pas sûr !)

Je n'en ai pas honte, au contraire. C'est encore une vérité qui n'a pas cours à Poitiers, mais qu'ici il est bon de te mettre dans la tête : plus un homme a de dettes, à Paris, et plus il est considéré, plus il a de crédit... Parfaitement, de crédit... Par contre, il y a une chose qu'on ne te pardonnera jamais : de faire pauvre... Eh bien! mon petit, ne te vexe pas, tu fais pis que pauvre...
Il s'écoutait parler, regardait la fumée de sa cigarette égyptienne à bout doré qui parfumait le bureau, remplissait de vermouth doré les verres qu'il avait apportés.
Tu es encore trop nouveau à Paris pour comprendre... Mais tu comprendras un jour... Par exemple, c'est sans importance que tu décharges les légumes aux Halles, la nuit... Tu pourrais, à la rigueur, coucher sous les ponts ou vendre des journaux dans la rue... Il y en a un qui vendait des journaux dans la rue et qui est aujourd'hui directeur de trois grands théâtres...
Les noces de Poitiers de Georges Simenon
Direction l’anonymat de Paris avec encore l’espoir de pouvoir y fonder leur famille et faire leur vie. Mais comment faire sans argent ?

Tout va mal et rien ne va mieux.

Une sombre histoire, d’une tristesse absolue

Le 54e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quelqu'un qui parlait dut soudain se taire. Mais qui parlait à ce moment-là ? Gérard, quelques secondes plus tard, était incapable de s'en souvenir. Peut-être même personne ne parlait-il ? Sans doute, dans ce cas, le changement eût-il été moins frappant ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Douze personnes qui se taisent dans une arrière-salle lors d'un repas de noce. Et le marié, à la lumière déclinante du soir, qui devine son avenir dans un élan tragique de lucidité ! Auvinet, pourtant, a vingt ans et trouvé une bonne place à Paris. Il va enfin donner libre cours à ses rêves, quitter sa province alanguie et les contraintes de la promiscuité. N'est-il pas courageux, travailleur et vaillant ? N'a-t-il pas pour épouse une douce jeune femme ?.... La réalité d'une grande ville, surtout lorsqu'on y arrive avec des mensonges plein les poches, est autrement plus féroce comme une révélation de soi-même...

Bouffons ! : l’humour est-il un sport de combat ?

Les dialogues et les entretiens sont une méthode assez efficace pour sortir une bonne émission de télé ou de radio. On est dans l’instant, les phrases rebondissent et l’imprévisible se retrouve parfois au coin d’un ricochet. Encore faut-il des avis différents, des personnalités maîtrisant tant le domaine que l’instantané.

G [Guillaume Meurice] : Moi, je trouve ça hyper intéressant à quel point les gens qui se considèrent comme des dominants, des « mâles alpha », sont en fait d'énormes trouillards. Ils passent leur temps à dire : « On veut nous empêcher de dire ça ! Oh là là, regardez, la société va changer, ils veulent marier les homosexuels, il va tomber des pluies de grenouilles. » Dans leur tête, ils se voient comme des Vikings. Mais on dirait plutôt des petits chatons terrifiés.
Ça, ça me régale.
C'est dingue de voir à quel point certains mecs - beaucoup de mecs - ont peur du féminisme. On parle d'égalité de droits. Comment tu peux avoir peur de ça ?
Moi, en cas de guerre de civilisations, j'irai me protéger auprès d'une meuf qui a de l'endométriose, qui sait comment gérer la douleur, plutôt qu'auprès d'un mec qui a peur parce qu'il y a un point médian dans un tract.
S [Swann Périssé] : Je le vois aussi dans les réactions de gens qui sont accusés de viols, dans le cadre du #MeToo Stand-up. Ils ont fait des stories et tout, en disant: « Ça se fait pas, c'est pas bien ce qu'on dit sur moi, je vais me suicider, on me regarde mal. » Les gens sont vraiment concentrés sur leur image, leur ego... Pendant ce temps-là, t'as la police qui interviewe toutes les petites meufs que t'as violées, qui fait son petit dossier de preuves. Et toi, t'es là à faire des stories « Je suis malheureux ». Bon courage pour ce qui est à venir !
Bouffons ! : l’humour est-il un sport de combat ? de Swann Périssé et Guillaume Meurice
Dans un livre, par contre, sans un gros travail d’édition, il est souvent difficile de sortir des platitudes et des « moi, personnellement, je pense que… »

Un petit livre sur le paysage de l’humour en France, sur les radios, les réseaux et dans les salles. Un peu léger, mais sympa…

Bah, pour bouffer, faut bien remplir la marmite

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Guillaume Meurice entre partout avec la nonchalance de ceux qui ont un planning bien chargé : le lundi, renverser le système, le mardi, converser avec un astrophysicien, le dimanche, partir en soirée avec des potes.

Avec quinze minutes de retard et après avoir lancé son seizième projet de la semaine, Swann Périssé débarque et son énergie remplit l'espace. Elle sourit, mais elle plierait le patriarcat juste en levant le petit doigt.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans ce dialogue drôle mais sérieux, Guillaume Meurice et Swann Périssé s'interrogent sur la place de l'humour et des humoristes dans notre société, sur leur métier, leurs limites, et sur ce qui les fait rire (ou pas).

Doit-on rire des faibles comme on rit des puissants ? Les blagues discriminent-elles ? Peut-on rire quand on est triste ? Doit-on rire à tout prix ? Peut-on subvertir l'ordre établi en riant ? Quelles révolutions l'humour mène-t-il ? Le rire est-il toujours encadré par le pouvoir, comme au temps des bouffons ?

Le livre pour ne plus dire qu'on ne peut plus rien dire.

Les Pitard

De nombreux Simenon se passent sur mer ou le long les canaux qui semble avoir été fasciné par ce monde. Les Pitard, c’est l’histoire d’un marin, son bateau et sa femme. La grosse mer et un naufrage. Naufrage d’un couple, d’un bateau ou des deux ?

Le signal du jour qui allait naître, ce fut, à bord du Tonnerre-de-Dieu, la distribution de café noir dans les quarts en fer-blanc, sauf pour les officiers à qui un Campois fantomatique apporta des bols.
 - Sors une bouteille de rhum et sers une tournée générale, dit Lannec en épiant d'un œil maussade le ciel qui pâlissait.
Il faisait plus froid que la nuit, un froid humide et pénétrant et tout le monde avait les yeux rougis par la fatigue. La mer ne s'apaisait pas, au contraire, et à mesure que la grisaille de l'aube permettait d'en voir davantage du Françoise, les visages se renfrognaient.
Le spectacle du chalutier désemparé était sinistre. Amputé de sa cheminée et de sa cabine, il n'avait plus physionomie de bateau et d'ailleurs, depuis longtemps, il ne réagissait plus en bateau.
Les Pitard de Georges Simenon
Un roman fascinant par sa montée en puissance et le déchaînement au paroxysme de la tension.

Une violente tourmente en pleine mer

Le 13e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le Journal de Rouen publiait à la rubrique « Mouvement du Port » : « Sortis : Le Tonnerre-de-Dieu, commandant Lannec, pour Hambourg, avec 500 tonnes de divers... »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ne fais pas trop le malin. Quelqu'un qui sait ce qu'il dit t'annonce que le Tonnerre de Dieu n'arrivera pas à bon port. Ce quelqu'un a bien l'honneur de te saluer et de dire le bonjour à Mathilde. »
Qui a bien pu écrire ces lignes couchées sur une feuille de mauvais papier qu'Émile vient de trouver dans sa cabine ? Qui ose lui gâcher son plaisir alors qu'il vient tout juste d'acheter son cargo après des années de labeur ? Et pourquoi mentionner Mathilde, son épouse ? Comment expliquer qu'Émile se sente à ce point surveillé alors que rien ne va comme prévu ?... Un farceur sûrement... Oui, c'est cela, un farceur... Mais de la farce au drame, il n'y a parfois qu'un pas...

Le fils

Dans une longue lettre adressée à son fils, un père se raconte.

Pourtant, en dépit d'une sécheresse voulue, on devine, à l'arrière-plan, une vie brillante, souvent insouciante, des réceptions, des bals, des intrigues où se mêlent l'amour et la politique. 
Non seulement ma mère et ses sœurs ont connu cette existence, mais ma mère a tenu, sur une scène dont le décor était celui des dernières cours, un rôle brillant. Pour elle, Édouard VII, Léopold II, l'empereur d'Allemagne, les grands-ducs, n'étaient pas des noms dans les journaux et les manuels, mais des êtres en chair et en os qui ont souvent, pour certains, figuré sur son carnet de bal.
Elle était belle, son portrait au pastel qui se trouve dans mon bureau en fait foi, et, ce qui te surprendra sans doute, elle avait une vitalité débordante, un dynamisme, comme on dit aujourd'hui, qui en faisait le centre de toutes les fêtes. Plus libre d'allures que la plupart des jeunes filles de son monde en ce temps-là, on lui a imputé, sinon des aventures, tout au moins des imprudences qui alimentaient la chronique scandaleuse.
Le fils de Georges Simenon
Mais cette confession qui semble peine d’humilité tire en longueur. A force de circonvolutions et de rajouts biographiques sur sa famille, tout cela lasse et s’enlise pour donner un portrait de vieux sage aux blessures mal cicatrisées.Ils se sont rencontrés à un bal officiel, quelques mois après le fameux duel dont on devait encore parler, et mon père est tombé follement amoureux. 
Vois-tu à quel point on doit se méfier de certaines images ? Cette vieille femme énorme, à la chair malsaine, que tu n'as connue que dans son fauteuil, l'œil fixe, l'esprit absent, était alors une des jeunes femmes les plus vives et les plus spirituelles de Paris, où ses irrévérences faisaient scandale.Certes, la fin est très impressionnante et pourrait rattraper ce livre qui m’a quand même fait bâiller à plus d’une page

Le 88e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mon fils,
Est-ce que ces deux mots-là te font sourire ? Suffisent-ils à trahir ma gêne ? Je n'ai pas l'habitude de t'écrire. Au fait, je me rends soudain compte que je ne t'ai plus écrit depuis le temps où, enfant, tu partais en vacances plus tôt que moi avec ta mère et où je t'envoyais de courts billets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peu après la mort de son père, Alain Lefrançois décide de se raconter par lettre à son fils, Jean-Paul, au moment où il va devenir un homme. Il lui parle de la vie de ses grands-parents, gens de la haute bourgeoisie, de son métier, qui le satisfait, et de sa vie conjugale, qui n'est qu'une demi-réussite. Au rappel de récentes disputes familiales relatives à la succession, il remonte à la période de ses études de droit à Poitiers, de sa mobilisation, de son mariage ; il évoque ses réactions lorsqu'il apprit qu'il allait être père. Enfin, Lefrançois en arrive, « malgré sa répugnance », à parler de son adolescence et de sa jeunesse. Celle-ci est lourde d'un secret.

Cour d’assises

Petit Louis est un coupable idéal ! Alors, quand elle en tient un comme ça, la justice ne le lâche pas facilement !

Il ne pouvait pas se douter que ses moindres faits et gestes, désormais, deviendraient quasi historiques, ni que, près d'une année durant, il aurait à expliquer des actes qu'il ne s'expliquait même pas au moment où il les accomplissait.
Cour d’assises de Georges Simenon
Dans cette cour d’assises, Simenon brosse un portrait bien peu reluisant des machines policières et judiciaires, bien plus occupées à trouver un coupable que la vérité.

Un roman plutôt bien foutu, avec un petit voyou un peu gigolo, un peu souteneur accusé de meurtre. Une sorte de pied de nez au commissaire Maigret et à toutes ses enquêtes où la vérité triomphe

Le 40e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pour les autres, pour tous ceux qui étaient là, hormis Petit Louis, il n'y avait rien d'exceptionnel au ciel ou sur la terre, rien qu'une heure enluminée, comme elles le sont le soir au Lavandou, avec le calme qui tombe soudain du ciel refroidi, figeant les objets et les sons, un souvenir assez pittoresque, en somme, à conserver parmi les cartes postales et les coquillages.
Ce qu'il faisait bon vivre !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petit Louis, un jeune voyou, mène la belle vie sur la Côte d'Azur, entretenu par Constance, sa vieille maîtresse fortunée. Il va même jusqu'à installer chez elle une prostituée en la faisant passer pour sa sœur. Un jour Constance est assassinée ; paniqué, Petit Louis fait disparaître son corps avant d'essayer de s'accaparer sa fortune. Mais la police ne tarde pas à la rattraper, et le jeune imprudent se retrouve pris dans un terrible engrenage judiciaire...

Le destin des Malou

Voilà un bien joli roman dur. Dur ? oui !

Un roman sur la transmission d’un père à son fils, sur le devenir d’un homme. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un homme en 1947 ?
Un livre qui commence avec le suicide du père, laissant femme et enfants désargentés, en pleine faillite.

Les Dorimont avaient débarqué la veille, et il avait fallu leur installer des lits dans la maison. Jeanne, la sœur de Mme Malou, avait pleuré une bonne partie de la soirée, à la fois sur les malheurs de sa sœur et sur les siens.
Si on les examinait de près, les deux femmes se ressemblaient presque trait pour trait. À cette différence que, chez Jeanne, tout était plus épais, plus vulgaire, ce qui faisait d'elle comme la caricature de sa sœur.
Par exemple, Mme Malou avait les cheveux légère-ment acajou, alors que ceux de Jeanne étaient d'une vulgaire teinte cuivrée, avec déjà quelques mèches blanches. Toutes les deux avaient de grands yeux, mais ceux de Jeanne lui sortaient de la tête. Ce qui, chez l'une, n'était qu'un léger empâtement devenait carrément double menton chez l'autre, et enfin on n'avait jamais pu comprendre comment Jeanne - tante Jeanne, ainsi que l'appelaient les enfants - s'y prenait pour se maquiller aussi mal, se faire une bouche saignante dont les contours ne correspondaient pas avec les lèvres et dessiner deux demi-lunes d'un drôle de rose au sommet des pommettes.
Le destin des Malou de Georges Simenon

Un beau roman pourtant qui raconte la (re)naissance d’un fils

Le 59e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le garçon, Gabriel, n'avait rien à faire. Sa serviette à la main, il se tenait debout, face à la rue, dont les vitres légèrement embuées du café encadraient un tronçon. Il était trois heures de l'après-midi et il faisait sombre, dedans comme dehors. Dedans, c'était une pénombre riche, de la richesse des boiseries patinées qui recouvraient les murs et le plafond, de la richesse du velours pourpre des banquettes, avec, dans l'eau profonde des glaces biseautées, les reflets de quelques ampoules électriques déjà allumées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Eugène Malou est un brasseur d'affaires dynamique et malchanceux. Son suicide d'une balle dans la tête, sur le seuil de la demeure du comte Adrien d'Estier qui lui a refusé une nouvelle avance de fonds, déclenche la crise familiale qui couvait chez les Malou. C'en est fini du train de vie qu'ils affichaient.

Le clan des Ostendais

Alors qu’il a écrit des années 30 à 70, Simenon parle assez peu de la guerre, et ce, tant dans ses romans durs qu’avec Maigret. Ce clan des Ostandais, par contre, est en plein dedans, en pleine débâcle, même. Des familles de marins flamands fuyant la guerre qui arrivent en Belgique à bord de cinq bateaux. Coincés à la Rochelle, Simenon raconte leur cohabitation – difficile – avec les locaux et l’occupation allemande.

Comment s'arrangeaient-ils, là-dedans, on n'en savait rien. Il y eut quelques paysannes pour offrir leurs services :
 - Dank u... leur répondait-on plus sèchement.
Est-ce qu'ils avaient demandé à être là ? Avaient-ils sollicité la charité ? Ils s'en allaient tranquillement, par leurs propres moyens, pour fuir l'Allemand qu'ils avaient assez vu en 1914, et c'étaient les Français qui les empêchaient d'aller plus loin, parce qu'ils se croyaient plus malins que les autres, parce qu'ils s'imaginaient encore qu'ils al-laient arrêter la marée grise.
On ne se bat pas contre un mur et les règlements constituent le plus implacable des murs.
Le clan des Ostendais de Georges Simenon

Et comme presque toujours dans ses romans durs… une tension malsaine qui s’installe…

Un bon Simenon, plus socio que psychologique avec un personnage central tout en force tranquille

Le 56e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comme une grosse mouche bleue bourdonne entre les murs blanchis à la chaux d'une cuisine vide, il n'y avait, dans les trois étages de bureaux déserts de la Préfecture, qu'un petit appareil noir, le téléphone, à vivre sa vie rageuse, à faire entendre sa sonnerie qui n'en finissait pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En juin 1940, en pleine débâcle, alors que la bataille de France est déjà perdue et que les réfugiés se bousculent vers le sud, une flottille de cinq chalutiers venue des Pays-Bas arrive à La Rochelle.

A la tête de ces navires ayant bravé l'aviation et les mines allemandes se trouve Omer accompagné de ses fils. Ils ont mis meubles, femmes et enfants dans les cales et pris la mer en hommes libres qui ne céderont rien à l'occupant.

Leur place est sur la mer. Ils veulent travailler, ne parlent pas français et refusent la panique. Sans effort sinon celui d'être fidèles à eux-mêmes, mais avec un héroïsme certain, ces hommes vont résister. Ils en payeront le prix...