Les carnets du major W. Marmaduke Thompson : découverte de la France et des français

Après être tombé sur Un certain Monsieur Blot, j’ai eu envie de relire ce bon vieux bestseller du Major. Et grand bien m’en a pris !

LES BEAUX DIMANCHES
Il n'est pas interdit de penser que, si l'Angleterre n'a pas été envahie depuis 1066, c'est que les étrangers redoutent d'avoir à y passer un dimanche.
Les carnets du major W. Marmaduke Thompson : découverte de la France et des français de Pierre Daninos

70 ans après, Marmaduke a bien pris quelques rides, mais l’humour de Daninos reste toujours aussi taquin. Et les deux côtés de la Manche prennent tour à tour quelques petites pichenettes bien ajustées.

LES LOIS DE L'HOSPITALITÉ ET DE LA GASTRONOΜΙΕ
Les français peuvent être considérés comme les gens les plus hospitaliers du monde, pourvu que l'on ne veuille pas entrer chez eux.

Avec des dessins très fifties de Walter Goetz, ce petit chef d’oeuvre d’humour (aux nombreux clichés, certes) fera sourire encore bien longtemps sur les arts de la tables, l’éducation, le mariage, l’hospitalité, le tourisme… et bien d’autres différences culturelles.

Les carnets du major W. Marmaduke Thompson : découverte de la France et des français avec les illustrations de Walter Goetz

Alors, après toutes ces années, les français et les anglais ont-ils beaucoup changé ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
May I introduce myself ?...
Un anglais correct - si j'ose risquer ce pléonasme sans choquer mes honorables compatriotes - ne saurait, à moins de perdre du même coup toute dignité, parler de lui-même, surtout au début d'un récit. Mais, à l'instar des astronautes, qui, à partir d'une certaine distance, échappent aux obligations de la pesanteur, je ne me sens plus soumis dès que je suis projeté sur le Continent aux lois de la gravité britannique.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Abandonnant la chasse au tigre, le major W. Marmaduke Thompson décide d'explorer la jungle française et consigne ses observations sur les autochtones, leurs comportements, leurs manies, leurs qualités, leurs défauts... Les Carnets du major Thompson sont un des plus grand succès de ces dernières années. Traduit dans vingt-huit pays, ce chef-d'oeuvre d'humour fait l'objet d'éditions scolaires et universitaires en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suède, aux Etats-Unis, etc.

Monique s’évade : le prix de la liberté

C’est encore avec un énorme talent que Édouard Louis parle de lui et de sa famille pour parler de nous, de notre société, de sa violence.

En suivant un homme chez lui, elle était devenue dépendante.
- Et quand on se dispute il me dit que pour la peine il me donnera plus rien. Donc j'ai même pas deux euros pour prendre un café et aller aux toilettes. Aujourd'hui je voulais me promener et je me suis trop éloignée de chez nous. C'est pour ça que j'ai dû venir chez toi, sinon je t'aurais pas dérangé.
J'avais oublié cette scène, soudain je me souvenais.
La honte est une mémoire.
Monique s’évade : le prix de la liberté de Édouard Louis

Monique, sa mère, n’en peut plus de son conjoint alcoolique qui ne cesse de la rabaisser. Mais comment faire sans argent, et aller où ? Elle appelle son fils à l’aide.

Une histoire de famille, de violences et de réconciliation.

Bon… si Édouard ne cesse d’y voir un problème de société, de classe sociale et d’argent, les mêmes schémas ne se retrouvent-ils pas dans bien d’autres milieux ?

Monique s’évade, une magnifique ode au courage !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Elle m'a appelé au milieu de la soirée. Elle pleurait. J'avais vingt-huit ans à l'instant de cet appel et c'était la troisième, peut-être la quatrième fois seulement depuis ma naissance que je l'entendais pleurer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une nuit, j'ai reçu un appel de ma mère. Elle me disait au téléphone que l'homme avec qui elle vivait était ivre et qu'il l'insultait. Cela faisait plusieurs années que la même scène se reproduisait : cet homme buvait et une fois sous l'influence de l'alcool il l'attaquait avec des mots d'une violence extrême. Elle qui avait quitté mon père quelques années plus tôt pour échapper à l'enfermement domestique se retrouvait à nouveau piégée. Elle me l'avait caché pour ne pas « m'inquiéter » mais cette nuit-là était celle de trop.

Je lui ai conseillé de partir, sans attendre.

Mais comment vivre, et où, sans argent, sans diplômes, sans permis de conduire, parce qu'on a passé sa vie à élever des enfants et à subir la brutalité masculine ?

Ce livre est le récit d'une évasion.

Un certain Monsieur Blot

Le célèbre auteur des carnets du major W. Marmaduke Thompson (que je m’en vais vite relire) s’est aussi penché sans miroir sur le français moyen. Oui, juste lui : le plus moyen des moyens ! Monsieur Blot, actuaire, gagnant du Grand concours du français moyen.

Un certain goût du tragique incite les femmes à choisir la nuit...
Un certain Monsieur Blot de Pierre Daninos

Guillaume Meurice ne renierait pas la première partie qui m’a fortement fait penser à son Petit éloge de la médiocrité. Alors, moyen ? c’est nul ou ce n’est pas si mal ?

Je ne peux pas dire que j'aie la passion des honneurs. Ce n'est pourtant pas faute de les célébrer avec ponctualité dans ces banquets au cours desquels patrons et employés de notre Société - gigantesque panier de crabes - apprennent que, du plus humble des appariteurs jusqu'au Président-Directeur général, ils ne forment qu'une seule et grande famille. (Il y a quelque chose de vrai là-dedans, du moins si l'on considère la famille comme un foyer-type de discordes.)

La seconde partie m’a rappelé Laure Murat et son Proust, roman familial avec la vacuité… que dis-je, le vide intersidéral aristocratique.

« Il me semble qu'un enfant de sept ans pourrait en faire autant... peut-être mieux... »
Erreur. Erreur fondamentale. Devant n'importe quel carré, quel cercle, quel pâté surtout, surtout ne jamais parler de l'enfant-qui-pourrait-en-faire-autant. Sous peine d'être aussitôt catalogué balourd, provincial, cul-terreux, primaire, en bref, car ce mot bref contient toutes les paysâneries bourgeois. Bourgeois inéluctablement embourgeoisé qui ne comprendra jamais rien à rien - surtout quand il s'agit d'un peintre dont les non-couleurs massives, contrastant avec les surfaces lisses, sont fondues dans le presque néant ou le peut-être rien.

Un livre des années 60 qui a franchement bien vieilli tant les situations décrites semblent toujours aussi actuelles !

Un bijou de clairvoyance et d’humour avec bon nombre de pépites

j’aime aller dans les boîtes de nuit : cela me guérit de l’envie d’y retourner pendant un an

Et la claire démonstration que l’abrutissement devant les instagrameur-euse-s-x date de bien avant l’apparition des réseaux sociaux

Rien de tel pour cela que les journaux en général et les hebdomadaires en particulier. Il faut bien en convenir : sans eux, pas de célébrité assurée ; impossible de connaître par le détail la vie privée des princes. L’hebdomadaire, les potins et le cinéma sont devenus les mamelles de la jeunesse (cela fait trois, d’accord mais n’est-ce pas une jeunesse monstrueuse ?). La couverture de Paris-Match ou de Elle pèse plus lourd dans la destinée d’une jeune fille que les deux bachots et l’agrégation philo. Ma fille et ses amies diront d’une autre : « Elle a eu la couverture de Match ! » comme je me serais écrié jadis : « Elle a été première au Concours général ! »

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Encore un concours.... Un Grand, bien entendu, puisqu'en ce pays de la grandeur un journal ou un poste émetteur ne saurait patronner un concours sans le qualifier de Grand.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Miné par sa vie de bureau, par sa vie conjugale, par sa vie extra-conjugale, par ses enfants, par la hantise de retrouver chaque matin les mêmes têtes, M. Blot, un jour, éclate. Plus exactement, un « concours du Français Moyen » organisé par un journal lui permet de faire éclater ses sentiments. En marge de ses brèves réponses aux questions posées, il se livre à l'inventaire de sa vie. Actuaire dans une compagnie d'assurances, accoutumé aux calculs de probabilités, il est favorisé dans les estimations statistiques : il gagne le Concours, et vingt millions. Devenu Français Moyen n°1, M. Blot, de transparent devient opaque, célèbre, adulé. L'homme tel qu'il vit selon qu'il est noyé dans l'anonymat ou éclairé par les feux de « l'actualité » - tel est un des thèmes de cet ouvrage à la fois grave et empreint de l'humour propre à l'auteur des Carnets du Major Thompson. Un livre dont Le Monde a écrit : « Il contient des observations sur l'homme de notre temps qui dépassent considérablement les procédés de l'humour.

Kukum

Kukum m’a fait pleurer deux fois. Par la beauté des premiers instants et par l’horreur de la fin.

C'est difficile d'expliquer le territoire d'avant. Le bois d'avant les coupes à blanc. La Péribonka d'avant les barrages. Il faut imaginer une forêt sautant d'une montagne à l'autre jusqu'au-delà de l'horizon, visualiser cet océan végétal balayé par le vent, réchauffé par le soleil. Un monde où la vie et la mort se disputent la préséance et au milieu duquel coule, entre des berges sablonneuses ou des falaises austères, une rivière qui ressemble à un fleuve. C'est ardu à expliquer parce que cela n'existe plus. Les usines à papier ont dévoré la forêt. La Péribonka a été soumise et souillée. D'abord par la drave, puis par les barrages qui ont avalé ses chutes impétueuses et créé des réservoirs dont l'eau nourrit maintenant les centrales électriques.
Kukum de Michel Jean

L’histoire de l’arrière-grand-mère de l’auteur, Almanda Siméon née en 1882, qui épousa un jeune indien Innu. Une histoire d’amour magnifique au milieu du grand nord canadien. Une belle, très belle histoire qui aurait pu durer toujours.

Jusqu’à ce que Michel Jean nous rappelle brutalement à la réalité…

Et à l’annihilation de peuples premiers en détruisant les forêts, les lacs, la langue et les traditions par le « progrès », la sédentarisation, l’alcool, la langue, les pensionnats…

Un livre aussi beau que terrible

Et voilà que deux semaines après, je tombe sur cette info de Radio Canada : Protection de l’enfance : l’APN confirme qu’Ottawa versera 48 G$ pour réformer le système.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une mer au milieu des arbres. De l'eau à perte de vue, grise ou bleue selon les humeurs du ciel, traversée de courants glacés. Ce lac est à la fois beau et effrayant. Démesuré. Et la vie y est aussi fragile qu'ardente. Le soleil monte dans la brume du matin, mais le sable reste encore imprégné de la fraîcheur de la nuit. Depuis combien de temps suis-je assise face à Pekuakami?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Almanda a 15 ans quand elle tombe amoureuse de Thomas, jeune Innu de l'immense lac Pekuakami. Orpheline québécoise d'origine irlandaise, elle quitte les siens pour le suivre dans cette existence nomade, brisant bientôt les carcans imposés aux femmes autochtones pour apprendre la chasse et la pêche. Ancré dans une nature omniprésente, sublime et très vite menacée, son destin se mêle alors à celui, tragique, d'un peuple ancestral à la liberté entravée.

Faites vos jeux

Bien malgré lui, Victor va réunir ses enfants pour un huis-clos insulaire au milieu de la tempête.

En sortant sur le devant de la maison, la cafetière à la main, il la chercha des yeux et la découvrit en arrêt sur le côté de la façade, observant quelque chose au loin. Il se serait laissé découper en morceaux plutôt que de l'avouer, songea-t-il sans la quitter des yeux, mais il était amoureux, et pire que tout, ce n'était pas d'un amour d'adulte qu'il la chérissait, mais d'un amour d'adolescent, totalement fou, totalement inexplicable, impossible à gérer. On se croyait immunisé, tiré d'affaire, se méfiant des femmes, mais c'était une vraie rigolade.
Faites vos jeux de Philippe Djian

En donnant la parole à tour de rôle aux protagonistes et en multipliant les points de vues se décryptent les crispations, les colères, les non-dits. Et comme dans la tempête, les brèves accalmies ne laissent rien présager de trop doux pour cette famille disloquée.

La famille, c’est quoi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il arrivait parfois qu'il ne fasse rien de ses journées.
Absolument rien.
Il se réveillait aux aurores, se levait, s'habillait, se passait un peu d'eau sur le visage, puis revenait s'asseoir sur le bord de son lit, se rallongeait jusqu'au soir et attendait de se rendormir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Avec les années, Victor est devenu jaloux de son indépendance et de la tranquillité que lui offre sa petite vie insulaire. Il est prêt à tout pour empêcher ses enfants de troubler son existence, surtout au moment où il retrouve un élan de jeunesse auprès de Magalie. Mais sa fille Édith et son fils Jonas, alertés par des mouvements bizarres sur les comptes de leur père, décident de mettre le cap sur son île.
Alors qu'une formidable tempête se déclenche, isolant du monde l'île et ses habitants, Victor, Édith et Jonas sont contraints de se parler, quitte à se confronter, pour trouver une façon de faire famille.

Avec ce roman choral, Philippe Djian propose un huis clos doux-amer sur fond de nature déchaînée.

Ubasute

Dans un style très poétique, Ubastute raconte un adieu à la vie.

Un jour, la maison est devenue pleine de toutes les absences. Vide d'enfants, vide d'époux, depuis de trop longues années, vide d'amants de passage dont je m'étais lassée. Vide.
Des traînées de rires et de larmes me font cortège dès le matin et j'ai quelquefois le sentiment que le plus grand risque est de me perdre.
Se perdre dans les placards des souvenirs, se perdre dans le silence immobile des journées pluvieuses, se perdre dans l'air figé des lendemains à inventer.
Ubasute de Isabel Gutierrez

Un livre qui se lit autant pour sa poésie, son rythme et sa douceur que pour son histoire. Une mère en fin de vie, malade, demande à son fils de la prendre sur son dos et de la porter à la montagne pour s’y éteindre.

Un moment pour évoquer sa vie en silence avec son fils.

Un livre plein d’émotions… un peu too much, peut-être

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est un jour de très grand vent, un vent de fin d'automne sur la surface de ce monde.
Marie n'en finit pas de rincer son riz blanc.
Depuis ce matin, les branches du cerisier ont commencé à s'entrechoquer dans un bruit de cannes sèches.
C'est son temps.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Marie va mourir. Elle demande à son fils de la porter dans la montagne pour la déposer sous le Grand Rocher. Ce court périple est la dernière chance pour Marie de parler à son fils.

Ce roman autour de l'ubasute, cette tradition ancestrale du Japon qui voulait que l'on abandonne en montagne une personne âgée et malade, brosse le portrait d'une femme lumineuse. C'est un véritable hymne à la vie, à sa beauté et à sa cruauté.

Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste

En pleine crise du Covid, Dominique, 81 ans, apprend qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle qui avait toujours été dans le rang, conformiste, elle décide de se suicider dans les trois jours.

Je me demande combien de gens ont regretté d'avoir eu leurs vieux sous respirateur. Mamie a émergé des limbes, on a bien prié et la petite a mis une bougie à l'église, et voilà que maintenant elle se chie dessus et me prend pour Mireille Darc... C'est embêtant quand même. Qu'est-ce qu'on va en faire? En réalité, tout le monde s'en tamponne, des vieux. Enfin, certaines gens aimeraient garder un peu leurs propres antiquités. Mais de manière générale, notre société n'en a rien à foutre des vieux qui peuplent le monde, les anonymes, les sans visage, ceux des autres, ou pire : ceux qui ne sont plus à personne, les innombrables zombies qui traînent leur déambulateur dans les couloirs de l'oubli.
Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste de Emmanuelle Pirotte

Trois jours pour livrer ses regrets et ses bonheurs. Un regard acéré sur une vie pas si flamboyante.

Dans les années 1960, 1970, alors que je m'emmerdais ferme à tenter de réussir la langue de bœuf sauce madère, d'autres, partout dans le monde, écoutaient Led Zeppelin et jouissaient dans des sous-sols improbables, emmêlaient leurs cheveux, découvraient leur corps et leurs désirs, rencontraient parfois leur moi profond.

Mais aussi, derrière beaucoup d’humour (et c’est vraiment très drôle), des réflexions sur la vieillesse et le droit de mourir dignement, sur « qu’ai-je fait de ma vie », et sur notre société de manière plus générale.

Un tout gros coup de cœur pour Dominique qui aurait peut-être pu mieux réussir sa vie, mais qui ne loupe pas ses adieux

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mon nom est Dominique Biron, et je n'ai jamais réussi à m'y faire. Depuis près de quatre-vingt-deux ans, je hais de toute mon âme ce que ces cinq syllabes expriment d'invisibilité, de tiédeur insipide, de discrétion bigote.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je m'appelle Dominique Biron
et j'ai décidé de mourir dans trois jours.
C'est le temps qu'il a fallu au Christ
pour revenir d'entre les morts,
ça me suffira bien pour faire mon petit ménage. »


Quand Alzheimer frappe à sa porte, Dominique, 81 ans, préfère ne pas s'attarder. Elle se prépare à dire adieu à sa petite vie, ses enfants, ses bibelots... Lorsqu'elle fait le tri dans ses souvenirs, c'est avec une réjouissante férocité. Car l'ennui bourgeois n'a pas réussi à priver Dominique d'une certaine hauteur de vue sur l'Existence.

Le plus difficile est de prendre congé de sa petite-fille adorée, Victoire, 20 ans. Que lui dire ? Que lui écrire ? Comment lui faire comprendre que le choix de sa grand- mère est celui de la liberté et, paradoxalement, de la vie ?

Dans un texte qui claque comme un uppercut, Emmanuelle Pirotte fait du lecteur le dépositaire d'une singulière confession, implacable, drôle et tendre. Travaillé par les problématiques qui hantent nos sociétés modernes, le roman interroge sans concession notre rapport à la mort et au libre arbitre.

Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste est le portrait d'une femme qui se lance, avec panache, dans un ultime face-à-face avec elle-même.

Développement personnel

Mais quelle maladie touche les auteurs après leurs grandes créations ? Pourquoi ce besoin de combler ce vide en parlant d’eux ?

Cela me fait penser à ces pensées de Haruki Murakami (qui, lui non plus) n’a pas évité ce travers

Écrire un roman n’est pas très difficile. Écrire un roman magnifique n’est pas non plus si difficile, je ne prétends pas que c’est simple, mais ce n’est pas non plus impossible. Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c’est d’écrire des romans encore et encore. Tout le monde n’en est pas capable. Comme je l’ai déjà dit, il faut disposer d’une capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple « talent ».
Profession romancier de Haruki Murakami

Olivier Bourdeaut n’y déroge pas. Mais, il faut bien le reconnaître, il est un bien drôle de bonhomme bien drôle

Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas. C'est une de mes citations favorites. Elle est attribuée à Sainte Thérèse d'Avila. La première fois que je l'ai lue, elle m'a semblé un peu cryptique. En quoi réaliser un rêve peut-il rendre malheureux? C'est pourtant bien ce qu'annonce cette sentence. Exaucez votre prière, réalisez votre rêve, accomplissez votre fantasme et vous allez pleurer toutes les larmes de votre corps. Reconnaissons-le, tout ça n'est pas très développement personnel. Si un gourou du bien-être recommandait de tracer son chemin, de suivre sa route, de poursuivre son destin pour finir comme une merde dans un océan de larmes, il n'aurait pas une grande carrière, pas beaucoup d'adeptes, ne vendrait aucun livre. Et finalement, il mourrait seul, noyé lui-même dans un océan de larmes. 
Namasté.
Développement personnel de Olivier Bourdeaut

Et dans ces souvenirs autobiographiques, Olivier Bourdeaut se dépeint – avec beaucoup d’humour et d’autodérision – sous les traits d’une sorte de looser dilettante au bagout bien assuré attendant (par quelle grâce ?) de réaliser son Grand-Oeuvre

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Benirrás m'a-t-on glissé à l'oreille comme s'il s'agissait d'une formule magique.
Benirrás ai-je entendu, avec la même intonation que B.B. susurrant Almería à l'oreille de Gainsbourg. Benirrás, un code secret.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai la chance de gagner ma vie en racontant des histoires. Du moins jusqu'à présent. Car j'ai un problème, un problème de taille : je n'ai plus d'imagination. Je ne comprends pas pourquoi, je ne sais pas comment cela est arrivé mais j'ai beau froncer les sourcils, serrer mes petits poings, rien ne vient. Alors j'ai décidé de parler de moi.

Selon des chercheurs de Harvard, nous passerions soixante pour cent de notre temps à parler de nous. Parler de soi stimulerait les mêmes zones du cerveau que la cocaïne, le sexe ou un bon plat. Et si Harvard dit que ça fait du bien, je n'ai aucune raison d'en douter. Après tout, Mark Zuckerberg en est diplômé et il a toujours su, mieux que tout le monde, ce qui est bon pour l'humanité... »

Avec une franchise pleine d'autodérision, Olivier Bourdeaut revient sur son enfance compliquée, sa courte et chaotique scolarité et le périlleux apprentissage du métier d'écrivain. L'auteur d'En attendant Bojangles se dévoile, et sa vulnérabilité nous touche.

Le champ des possibles

Le champ des possible raconte la possibilité de vivre dans un deuxième monde, virtuel, tout en continuant sa vie IRL.

Marsu, une architecte renommée en fait l’expérience et plonge, plonge et plonge encore plus loin, séduite par le créateur de cet univers parallèle.

Le champ des possibles de Véro Cazot, dessins de Anaïs Bernabé

Mais ce nouvel espace ne va t’il pas bousculer ses convictions, empiéter sur sa vie ? Tombera-t-elle amoureuse dans la matrice alors qu’elle est déjà heureuse et en couple ? Quel avenir pourrait-elle y trouver ? Doit-elle pour autant renoncer à sa vie ?

Avec un superbe dessin aux milles couleurs et ambiances, ce champ des possibles questionne d’une façon très poétique un triangle amoureux au delà des frontières

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Regarde, ils arrivent !
Ils viennent tous pour te rencontrer.
Ce sont des architectes, comme moi, ou des bâtisseurs.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- Est-ce que tu vas me quitter ?
- Quoi ? Bien sûr que non ! ... Ce serait sûrement plus simple, mais je n'en ai pas la moindre envie.
- Mais tu l'aimes.
- Oui, je l'aime... Et je t'aime encore plus de pouvoir te le dire.

Lors d'un congrès d'architecte, Marsu rencontre Thom et c'est d'abord un coup de foudre professionnel. A travers un casque de réalité virtuelle, Thom fait découvrir à Marsu certains endroits paradisiaques et tous deux commencent une relation amoureuse par le biais de cette technologie. En couple avec Harry dans la vie réelle, elle refuse de renoncer à l'une ou l'autre de ses histoires.

Oh, Lenny

Quelle curieuse bande dessinée… Sous une allure très classique, ligne claire et joyeux personnages se cache une histoire bien plus sombre et fantastique.

Oh, Lenny de Aurélien Maury avec la collaboration du Dr Van der Vleugeensprijck

Un album qui, pris au premier degré, raconte l’histoire d’une vétérinaire très sensible qui découvre un animal bizarre, inidentifiable qui prend de plus en plus de place, devient plus agressif et commence à mordre jusqu’à détruire son couple (dans lequel elle n’était pas forcément épanouie) et lui faire perdre pied.

On peut aussi y voir un peu plus loin, avec ce Lenny (oui, elle l’a appelé comme ça), la lente dégringolade d’une personne sous emprise. Et c’est évidement là que Oh Lenny déploie toute sa puissance évocatrice.

Il suffit d’un tout petit rien du tout, d’une petite faille

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ah !!
En voilà un !
Viens là!


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
June est une jeune femme hypersensible qui déborde d’amour pour la nature et les animaux. Elle travaille dans un cabinet vétérinaire d’une métropole nord-américaine où elle vit avec Brad. Mais une opportunité professionnelle pour ce dernier les oblige à déménager dans une belle maison moderne au cœur d’un lotissement anonyme.
Pendant que Brad se consacre corps et âme à son nouveau travail, June se sent désœuvrée et peine à se projeter dans ce nouvel environnement. Un jour, elle recueille une étrange créature mal en point et l'installe dans leur sous-sol. Une relation mystérieuse naît entre elle et cet être qu'elle baptise « Lenny ». Ce dernier se révèle drôle et attachant, mais peut-être pas tout à fait inoffensif…
Ouvrant la voie à de multiples interprétations, Oh, Lenny ne cesse de surprendre tout au long de son intrigue monstrueuse. D’abord huis-clos domestique retraçant l’évolution d’un ménage à trois grotesque, le récit mute petit à petit en drame horrifique qui joue de la fascination que peut exercer la nature sauvage, tour à tour belle et toxique. En plus de 300 pages dessinées dans un élégant style ligne claire, l’auteur du Dernier cosmonaute nous embarque pour un voyage aux confins de la folie, dressant au final un portrait de femme complexe et nuancé.