Le port des brumes

En ramenant un amnésique qui s’était pris une balle dans la tête (de quoi la perdre, donc), Maigret se retrouve dans le brouillard d’un port de Normandie, à Ouistreham, avec l’espoir de démêler un sacré sac de noeuds…
Mais les marins et les normands ne sont guère causants ni vraiment collaboratifs.

Julie en a profité pour tapoter le bout de son nez de sa houppette. Elle a encore les yeux un peu rouges d'avoir pleuré.
C'est drôle ! Il y a des moments où elle est jolie, où elle paraît très fine. Puis d'autres où, sans qu'on sache pourquoi, on sent la petite paysanne restée fruste.
Le port des brumes de Georges Simenon

Une enquête des débuts, avec plus d’action et des énigmes plus fouillées et complexes que dans les derniers. Un commissaire plus actif aussi et qui se retrouve en bien mauvaise posture.

Le médecin arrivait, un ami de la famille qui regardait le cadavre avec effarement.
« M. Grandmaison s'est suicidé ! dit Maigret avec fermeté. A vous de découvrir de quelle maladie, il est mort. Vous me comprenez ? Moi, je me charge de la police... »

Mais déjà, un Maigret pour qui la découverte vérité semble plus importante que la justice

Maigret 15/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le chat dans la maison
Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s'agitait encore dans un frileux soleil d'arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s'étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d'un halo les lumières de la voie.
Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l'un de l'autre, qu'il avait devant lui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un petit port, entre Trouville et Cherbourg. Un vieux capitaine amnésique et sa jeune gouvernante. Et puis un meurtre qui va amener Maigret à remuer de sordides et tragiques secrets de famille. Avec un dossier présentant l'oeuvre et l'auteur, et donnant des clés pour aller à l'essentiel et approfondir l'étude de ce classique des romans policiers

La nuit du carrefour

Avant le voyant d’Etampes (rien à voir, d’ailleurs), il y eu le carrefour d’Étampes. le Carrefour des Trois Veuves ! Un Maigret atypique (une des premières enquêtes de 1931 d’ailleurs, ce qui pourrait être une explication) avec de l’action, des coups de révolver, des menottes et des voitures qui foncent dans la nuit.

Elle lui tendit un briquet finement ciselé, soupira en bombant la poitrine, ce qui échancra son corsage.
Mais le commissaire ne se hâtait pas de la juger. Il avait vu, dans la société qui hante les palaces, de fastueuses étrangères qu'un petit bourgeois eût prises pour des grues.
La nuit du carrefour de Georges Simenon

Après plus d’une trentaine de Maigret, une chose de plus que je trouve fascinante avec Simenon, c’est son traitement des relations hommes-femmes dans une époque bien tradi-patriarcale. Et alors qu’il se vantait d’avoir connu 10’000 femmes lors d’un entretien avec Fellini (il dira par la suite que ce fut une boutade), le commissaire Maigret semble asexué et insensible aux charmes féminins. Pour autant, que dire descriptions des femmes qui parsèment ses livres et peuvent paraître aujourd’hui bien « étranges » ?

Elle frémit.
« C'est sûrement la principale raison pour laquelle il se cache...
 - Mais il vous cache, par le fait !
 - Qu'est-ce que cela peut faire ?
 - Vous êtes sacrifiée...
 - C'est le rôle d'une femme, surtout d'une sœur... Ce n'est pas tout à fait la même chose en France... Chez nous, comme en Angleterre, dans une famille, il n'y a que le fils aîné, l'héritier du nom, qui compte... »

Et les relations Monsieur et Madame Maigret ? Et les différents couples représentés ? Le témoignage d’une époque ?

Maigret 7/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le monocle noir
Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l'interrogatoire de Carl Andersen.
On avait vu tour à tour, par les fenêtres sans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d'assaut, à l'heure de midi, les crèmeries de la place Saint-Michel, puis l'animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l'apéritif.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur la route de Paris à Étampes, à trois kilomètres d'Arpajon, se trouve un lieu-dit qu'on appelle le Carrefour des Trois Veuves. Il n'y a que trois maisons à ce carrefour: l'une est une villa habitée par un aristocrate danois, Carl Andersen, et sa sœur Else. La deuxième est le pavillon d'un agent d'assurances et de sa femme, les Michonnet. La troisième est celle du garagiste Oscar et de sa femme. Un dimanche, Michonnet découvre que sa voiture, dans son garage, a été remplacée par celle d'Andersen. Et dans le garage de la villa d'Andersen, on trouve la voiture de Michonnet, occupée par le cadavre de Goldberg, un diamantaire anversois. Le commissaire Maigret se rend sur place pour enquêter, et s'installe, avec le brigadier Lucas, à l'auberge d'Avrainville proche

Maigret en meublé

Encore un opus bien sympa du commissaire. Une enquête à tiroirs où les réponses trop évidentes déplaisent à Maigret.

Un polar qui commence durement ! On a tiré sur Janvier, une balle lui a traversé le poumon. Pour démasquer le tireur, Maigret va s’installer en planque dans un meublé.

Le petit bistro, plus loin, où Maigret avait dîné, avait depuis longtemps fermé ses portes, et c'est vers le même moment aussi que, sans raison, Maigret s'était mis à penser à un verre de bière bien fraîche. Peut-être parce qu'un autobus avait freiné du côté du boulevard Saint-Michel, dont il avait évoqué les brasseries ?
Cela devint vite une obsession. La chartreuse lui laissait la bouche pâteuse et il avait l'impression que sa gorge restait grasse du ragoût de mouton qu'il avait mangé chez les Auvergnats et qui lui avait paru si savoureux.
Un instant, il hésita à remettre sa cravate, à descendre sans bruit, à faire un saut à pied jusqu'à la première brasserie.
Mlle Clément était couchée. Il faudrait la réveiller pour sortir, puis à nouveau pour rentrer.
Il alluma une pipe, toujours accoudé à l'appui de sa fenêtre, à respirer la nuit, mais cette idée de bière ne le quittait pas.
Maigret en meublé de Georges Simenon

Un livre bien intéressant pour comprendre le système qui précéda les digicodes : les concierges (même si en l’occurrence il s’agit de la propriétaire) qui étaient chargé-e-s d’ouvrir la porte du bas et d’assurer la moralité – et les commérages – de l’immeuble. Mais également bien amusant pour son traitement de la séduction où, pour une maigre fois, Simenon parle à mots couverts des attraits féminins d’une généreuse propriétaire

Mlle Clément se précipita à sa rencontre, tout excitée, ses gros seins remuant dans son corsage à chaque mouvement comme de la gélatine.

Maigret 65/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comment Maigret passa une soirée de célibataire et comment elle se termina à l'hôpital Cochin
- Pourquoi ne viendriez-vous pas dîner chez nous, à la fortune du pot?
Le brave Lucas avait probablement ajouté :
- Je vous assure que ma femme en serait enchantée.
Pauvre vieux Lucas ! Ce n'était pas vrai, car sa femme, qui s'affolait pour un oui ou pour un non et pour qui c'était un martyre que d'avoir quelqu'un à dîner, l'aurait certainement accablé de reproches.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a tiré sur l'inspecteur Janvier, tandis qu'il surveillait l'immeuble de la rue Lhomond où habitait le nommé Paulus, recherché pour vol ? Afin de le savoir, Maigret recourt une fois de plus à sa bonne vieille méthode : s'immerger dans la vie quotidienne, observer, deviner, prendre son temps. Le voici installé au coeur d'un vieux Paris tranquille et quasi provincial, dans l'immeuble où règne Mlle Clément, la propriétaire, affable, optimiste et espiègle. Au reste, tous les habitants sont sympathiques, même les suspects. Ce n'est tout de même pas Mme Boursicault, l'infirme du deuxième étage, qui a pu tirer sur un policier ? La vérité va d'elle-même venir au-devant de Maigret. Et nous découvrirons une fois encore comment les vies en apparence les plus tranquilles peuvent receler bien des secrets...

Il était une fois dans l’Est

Cette bd-bio – aux nombreux flash-back sur la jeunesse d’Isadora Duncan – raconte la relation mouvementée entre le poète russe Sergueï Essenine et la danseuse.

Il était une fois dans l’Est de Julie Birmant, dessin de Clément Oubrerie

Au faît de sa gloire, Isadora décide de partir à Moscou soutenir la révolution et danser pour les masses travailleuses. Elle y rencontre Sergueï, de 18 ans son cadet pour une relation mouvementée, comme sa vie d’ailleurs !

Isadora Ducan

Un dessin très dansant pour une bio qui m’a semblé peu claire dans ses intentions.

Et finalement, est-ce réellement un tome 1 sans suite ou faut-il voir Isadora comme le tome 2 d’une série tarabiscotée ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Voyou aimant à se fracasser les poings dans les fenêtres, poète adulé telle une rock star, Serge Essenine est un cow-boy de Moscou.

Avec son ami Mariengof, à la chevelure lustrée comme un piano de concert. Ils sont les chefs de la bande des imaginistes et... inséparables.

Mais un beau jour de 1921 surgit du fin fond de l'Ouest une danseuse plus si jeune, une Américaine aussi célèbre que Lénine, Isadora Duncan...

Maigret et le clochard

Voilà encore un Maigret absolument classique. Comme pour les vins, on retrouve les même éléments qui font la typicité d’une enquête du commissaire. Une pipe, de la bière, une fine et des sandwichs pour les accessoires.

Un verre de bière bien fraîche, avec de la mousse onctueuse.
Ils trouvèrent le bistrot, tranquille à souhait, plein d'ombre, mais la bière, hélas! était tiède et plate.
Maigret et le clochard de Georges Simenon

On retrouve aussi Madame Maigret dans son intérieur. Vision patriarcale de l’union où Monsieur travaille dehors et Madame s’occupe de son intérieur avec une préoccupation première : le bien-être de son époux.

De même on retrouve un grand soin apporté aux décors : météo, rues de Paris ou d’ailleurs, Quai d’Orsay, bureau du commissaire, psychologie des personnages, milieu social, bistrots…

On était mardi, donc le jour du macaroni au gratin. A part le pot-au-feu du jeudi, le menu des autres jours variait de semaine en semaine mais, depuis des années, sans raison, le dîner du mardi était consacré au macaroni gratiné, farci de jambon haché menu et, de temps en temps, d'une truffe coupée encore plus fin.

Finalement, la construction du récit suit un commissaire qui se laisse guider plus qu’il ne cherche, qui écoute, renifle et questionne jusqu’à ce qu’une image se dessine.

Maigret parlait rarement à sa femme d'une enquête en cours. Le plus souvent, d'ailleurs, il n'en discutait pas avec ses plus proches collaborateurs à qui il se contentait de donner des instructions. Cela tenait à sa façon de travailler, d'essayer de comprendre, de s'imprégner petit à petit de la vie de gens qu'il ne connaissait pas la veille. 
 - Qu'en pensez-vous, Maigret ? lui avait souvent demandé un juge d'instruction lors d'une descente de Parquet ou d'une reconstitution.
On se répétait, au Palais, sa réponse invariable :
 - Je ne pense jamais, monsieur le juge. 
Et quelqu'un avait répliqué un jour :
 - Il s'imbibe...

Et enfin, si la résolution de l’enquête et la découverte du (ou des) coupable est au centre du polar, la justice n’est pas toujours au rendez-vous. Et là, le commissaire parisien se démarque franchement de Columbo, son homologue de Los Angeles, qui ne s’autorise qu’une seule exception dans l’épisode « Forgotten Lady » en laissant la coupable impunie. Maigret s’avère bien plus flegmatique sur ce sujet là.

Une très bonne pioche que ce clochard !

Maigret 88/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y eut un moment, entre le quai des Orfèvres et le pont Marie, où Maigret marqua un temps d'arrêt, si court que Lapointe, qui marchait à son côté, n'y fit pas attention. Et pourtant, pendant quelques secondes, peut-être moins d'une seconde, le commissaire venait de se retrouver à l'âge de son compagnon.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une nuit de mars, à Paris, deux bateliers tirent de la Seine un clochard grièvement blessé. Il s'agit de François Keller, un ancien médecin. Depuis plus de vingt ans, il a rompu tout lien avec son épouse et un milieu bourgeois qu'il ne supportait pas. Mais qui a pu vouloir sa mort ?
C'est en bavardant avec les autres clochards que Maigret va reconstituer l'existence marginale de Keller, tout en s'intéressant à une Peugeot 403 rouge et à Van Houtte, un des sauveteurs de la victime, marié et père d'un jeune enfant.
Les quais et les brumes de la Seine, le petit monde mystérieux des clochards et des mariniers fournissent au romancier un de ces décors en demi-teintes comme il les affectionne, pour y faire vivre une humanité apparemment ordinaire, mais lourde, pour qui sait voir, de secrets et de passions

Salut 2022

Quelle année 2022 !

Joël Dicker meilleures ventes en francophonie, Laurence Boissier qui s’en est allée, quelle année terrible ! Mais aussi l’annonce de la mort de Jean Teulé, Sempé, Christian Bobin ou Françoise Bourdin. Misère de misère.

Mais aussi une année pleine de lectures. Un peu trop, sûrement, je peine à me souvenir de tout ça. 281 livres pour 49338 pages. 95 bandes dessinées, livres d’images, albums ou romans graphiques. Mais aussi 136 romans, 29 biographies, 13 essais ou documentaires et 8 livres de mémoires ou autres avec une moyenne de 3.17 étoiles.
76 autrices et 122 auteurs mais avec une moyenne de 3.34 étoiles pour les autrices et 3.09 pour les hommes. Bim ! 2023, l’année de la parité ?

2022, année de la découverte de Nelly Arcan, un choc qui me rend triste, je ne lirais plus rien d’elle, tout est là. Mais par là, l’envie de découvrir mieux la production québécoise avec, par exemple Mélanie Michaud, Marie-Pier Lafontaine ou Anne Archet pour ne citer qu’elles.
2022 fut aussi l’occasion d’enfin finir de lire toutes les productions de Saphia Azzeddine, quelles merveilles !

Pour l’édition, l’année 2022 restera aussi en francophonie celle de Blackwater et ses hypnotiques couvertures chez Toussaint Louverture. Et si les éditeurs réussissent à comprendre que des livres, ça peut aussi être joli, c’est tout ça de gagné !

Mes lectures en 2022 en font clairement une année d’autrices avec les déjà citées, mais aussi avec (pour ne citer que mes préférences et dans un total désordre) Camille Anseaume, Pénélope Bagieux, Jeanne Broucq, Stéphanie Lugon, Maud Ventura, Camilla Vivian, Julia Wallach, Marjane Satrapi, Emma Becker, Nathalie Berthod et Sophie Solo, Constance Debré, Virginie Despentes, Diglee, Noémie de Lattre, Clara Dupont-Monod, Sarah Jollien-Fardel, Maria Larrea, Élodie Llorca, Pascale Robert-Diard, Joy Majdalani, Jeanne Cherhal, Coco, Nancy Huston (tiens, encore une canadienne !), Catherine Meurisse, Fabienne Périneau, Karine Reysset, Alexia Stresi, Ketty Rouf , Karine Yoakim-Pasquier ou Fabienne Radi
Magnifique année !

Finalement une fin d’année un peu particulière, sans plus trop d’envie, à manger des enquêtes du commissaire Maigret à la file après en avoir trouvé un dans la cave de mes parents

Finalement, pour ce qui est de ce blog qui avait commencé comme un « log » me permettant de conserver une trace de mes lectures, je suis allé jeter un oeil (bien narcissique, je l’avoue) aux statistiques WordPress et cette année, il y a eu 9796 pages vues en 2022 (5403 en 2021). Et si ces passages ici ont été autant d’idées de lectures, ma foi, quelle réussite. C’est pas Squeezie et ses millions d’abonnés, c’est pas non plus Jöel Dicker et ses millions de livres vendus, mais toutes ces vues pour des photos de pages de livres, c’est bien sympa quand même.

Allez, en route pour 2023 !

Maigret et les vieillards

Maigret se retrouve dans la haute. Des vieux princes et diplomates emplis de devoir et de droiture. Aux histoires d’amours impossibles et de mariages de raison.

Chaque fois qu'il achetait un complet, un pardessus, des chaussures, Maigret les portait d'abord le soir pour se promener avec sa femme dans les rues du quartier ou pour aller au cinéma.
J'ai besoin de m'y habituer... disait-il à Mme Maigret qui se moquait affectueusement de lui.
Il en était de même quand il se plongeait dans une nouvelle enquête. Les autres ne s'en apercevaient pas, à cause de sa silhouette massive, du calme de son visage qu'on prenait pour de l'assurance. En réalité, il passait par une période plus ou moins longue d'hésitation, de malaise, voire de timidité.
Maigret et les vieillards de Georges Simenon

Et là, un mort. Sans motif, sans vol, sans effraction, sans raison. Une balle dans la tête et trois dans le dos. Un vieillard pourtant apprécié de tous.

Encore un qui n'avait pas menti! Curieux métier, pensait Maigret que celui où on est déçu que quelqu'un n'ait pas tué! C'était le cas et le commissaire, malgré lui, en voulait tour à tour à ces gens-là d'être innocents ou de le paraître.
 Car, malgré tout, il y avait un cadavre.

Et une femme de maison acariâtre qui va poser bien des soucis au commissaire pour une enquête « à la Maigret », avec pipe, bière et sandwiches

Maigret 84/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était un de ces mois de mai exceptionnels comme on n'en connaît que deux ou trois dans sa vie et qui ont la luminosité, le goût, l'odeur des souvenirs d'enfance. Maigret disait un mois de mai de cantique, car cela lui rappelait à la fois sa première communion et son premier printemps de Paris, quand tout était pour lui nouveau et merveilleux.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret s'était rarement trouvé aussi dérouté devant des êtres humains. Est-ce qu'un psychiatre, un instituteur ou un romancier aurait été mieux à même de comprendre des personnages surgis d'un autre siècle ? Une seule chose était certaine: le comte Armand de Saint Hilaire, doux vieillard inoffensif et homme d'honneur avait été assassiné, chez lui, par quelqu'un dont il ne se méfiait pas...

M. Gallet décédé

Ce Maigret fait partie des huit premiers Maigret, tous publiés en 1931. La victime ressemble à un gros looser qui semble ne pas en être un mais finalement si. Mais bon… il est mort, non ?

La toute première prise de contact entre le commissaire Maigret et le mort, avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités, eut lieu le 27 juin 1930 en des circonstances à la fois banales, pénibles et inoubliables.
M. Gallet décédé de Georges Simenon

Alors que dans les dernières enquêtes, Simenon s’attache à créer des portraits des différents protagonistes en développant mieux leurs psychologies avec une intrigue que je trouvais souvent plus faible, c’est bien ici la résolution de l’enquête qui est au centre du roman.

« Seulement, il y a l'histoire de la grille !
« Et puis! que diable Emile Gallet allait-il faire sur le mur ? »
Le brigadier s'était assis à la même place qu'auparavant et approuvait en attendant la suite. Mais il n'y eut pas de suite.
« Allons prendre l'apéritif! » dit Maigret.

Le commissaire lourdeau qui pèse bien ses cent kilos, gêné par la chaleur et coiffé d’un melon prend ses marques

Maigret 3/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une corvée
La toute première prise de contact entre le commissaire Maigret et le mort, avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités, eut lieu le 27 juin 1930 en des circonstances à la fois banales, pénibles et inoubliables.
Inoubliables surtout parce que, depuis une semaine, la Police judiciaire recevait note sur note annonçant le passage à Paris du roi d'Espagne pour le 27 et rappelant les mesures à prendre en pareil cas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans un hôtel de Sancerre où il était connu sous le nom de M. Clément, Emile Gallet, domicilié à Saint-Fargeau, a été tué d'une balle dans la tête et achevé d'un coup de poignard dans le coeur. Une double escroquerie... Dans un hôtel de Sancerre où il était connu sous le nom de M. Clément, Emile Gallet, domicilié à Saint-Fargeau, a été tué d'une balle dans la tête et achevé d'un coup de poignard dans le coeur. Maigret apprend que le jour du crime, Gallet a eu une altercation avec son fils ainsi qu'avec le châtelain voisin de l'hôtel. Et le commissaire découvre que Gallet, que sa femme croyait représentant de commerce, ne l'était plus depuis dix-huit ans...

Signé Picpus

Ici, Maigret se retrouve plongé dans un mystère digne de la chambre jaune. Enfin, pas tout à fait, mais pourtant, rien n’est clair et le commissaire va devoir largement ouvrir son champ de vision.

Demain, à cinq heures de relevée, je tuerai la voyante. Signé: Picpus.
Signé Picpus de Georges Simenon

Une enquête parisienne du commissaire au style caractéristique qui sera par la suite repris par Colombo (de plus en plus, il semble presque impossible que les scénaristes de son pendant américain n’aient pas lu d’enquêtes du commissaire Maigret)

Maigret, par tradition, avait commencé par la « chansonnette », l'interrogatoire bon enfant, cordial, avec l'air de n'attacher aucune importance aux questions posées, avec même l'air de s'excuser d'une simple formalité.
L'autre jour, j'ai oublié d'éclaircir un point... Lorsqu'on a frappé d'une certaine manière à la porte de Mlle Jeanne, vous nous avez dit, n'est-ce pas, que celle-ci était occupée à vous tirer les cartes ?...
Le Cloaguen écoutait sans répondre, sans avoir l'air de comprendre.

Maigret 43/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Picpus a-t-il menti ?
Cinq heures moins trois. Une pastille blanche s'éclaire dans l'immense plan de Paris qui couvre tout un pan de mur. Un employé dépose son sandwich, enfonce une fiche dans un des mille trous d'un standard téléphonique.
- Allô ! XIVe?... Votre car vient de sortir?...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Demain, à cinq heures de relevée, je tuerai la voyante. Signé : Picpus. »
Qui est ce Picpus ? Quelle voyante ? Pourquoi ce crime invraisemblable et sans mobile annoncé ?
Maigret, qui a fait établir une surveillance très large au risque d'être ridicule, en arrive, pour la première fois de sa carrière, à souhaiter que le meurtre ait bien lieu. Ce qui arrive en effet. Une Mlle Jeanne est poignardée chez elle dans son boudoir. Dans la cuisine mitoyenne est enfermé à clef un vieil homme en pardessus, calmement assis sur une chaise. Il attend. Il semble n'avoir rien vu et pleure doucement à la nouvelle du drame.
« Jamais devant un homme Maigret n'a eu une telle impression de mystère », écrit Simenon.

Un Noël de Maigret

Un recueil de trois nouvelles, dont la première avec le commissaire le jour de Noël.

Il ne mangeait jamais le matin, se contentait de café noir. Mais c'était encore un rite, une idée de sa femme. Les dimanches et jours de fête, il était censé rester au lit jusque tard dans la matinée, et elle allait lui chercher des croissants au coin de la rue Amelot.
Il se leva, mit ses pantoufles, enfila sa robe de chambre et ouvrit les rideaux. Il savait qu'il avait tort, qu'elle serait navrée. Il aurait été capable d'un grand sacrifice pour lui faire plaisir, mais pas de rester au lit alors qu'il n'en avait plus envie.
Il ne neigeait pas. C'était ridicule, passé cinquante ans, d'être encore déçu parce qu'il n'y avait pas de neige un matin de Noël, mais les gens d'un certain âge ne sont jamais aussi sérieux que les jeunes le croient.
Un Noël de Maigret de Georges Simenon

Une enquête de Maigret qui commence avec pas grand chose. Une petite voisine d’en face qui voit un père Noël lui apporter une poupée dans la nuit et soulever les lattes du parquet.

Une lecture amusante à réserver pour les fêtes

Maigret 63/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était chaque fois la même chose. Il avait dû soupirer en se couchant :
- Demain, je fais la grasse matinée.
Et Mme Maigret l'avait pris au mot, comme si les années ne lui avaient rien enseigné, comme si elle ne savait pas qu'il ne fallait attacher aucune importance aux phrases qu'il lançait de la sorte. Elle aurait pu dormir tard, elle aussi. Elle n'avait aucune raison pour se lever de bonne heure.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En ce matin de Noël, Maigret s'apprête à passer une journée tranquille en compagnie de son épouse. Il vient tout juste de terminer son petit déjeuner quand deux voisines viennent le trouver et lui raconter un petit incident : dans la nuit, la nièce de l'une d'elles a eu la visite du Père Noël.