Le jour où j’ai compris : itinéraire d’une prise de conscience environnementale

Responsable mais pas coupable ?
Voilà un témoignage qui, par la posture, m’a rappelé celle de Laurent Fabius lors de l’affaire du sang contaminé.

Accusé boomer, levez-vous ! Eh oui, je suis un affreux « boomer » né au milieu des années 1950 et donc responsable, heureusement pas tout seul, de tous les maux de la planète. Du moins c'est ce dont on me rebat les oreilles. La génération de mes enfants et plus encore celle des millennials me taxent d'irresponsable, voire de criminel coupable d'un écocide. Pourtant, je suis naturaliste, paléontologue et biologiste, j'ai été des années chercheur au CNRS, avant de devenir président du Muséum national d'histoire naturelle, j'ai souvent pris la parole et la plume pour alerter et défendre la cause de l'environnement et de la biodiversité. C'est dire si j'y suis sensible ! En dépit de cela, je suis a priori coupable de ne pas l'avoir fait assez tôt,
Le jour où j’ai compris : itinéraire d’une prise de conscience environnementale de Bruno David

Bruno David est paléontologue et biologiste, chercheur au CNRS […] mais aussi boomer. Né dans les années 50, il fait partie de ceux qui se retrouvent sur la sellette en laissant un héritage catastrophique aux générations suivantes : une terre en bien triste état, une flore et une faune décimées et un climat qui part en vrille.
Mais ! Savait-il ? Savait-on ? Quoi et depuis quand ?

Les années 2000 !
Là, tout bascule et surtout tout s'emboîte, le puzzle sinistre se complète.
Selon la sensibilité de chacune ou chacun, ce peut être un peu plus tôt ou un peu plus tard, mais avec un minimum de sens de l'observation, personne ne peut plus se réfugier derrière un « tout va bien », « rien ne change ». Le scepticisme qui pouvait prévaloir et ouvrir la porte à des discussions, des débats, s'apparente de plus en plus à du négationnisme.

Historique des soixante dernières années en France, ce petit essai autobiographique retrace les prises de consciences successives (et les siennes) qui n’ont visiblement pas réussi à inverser la tendance.

Un retour en arrière, aux époques ou l’on ne parlait pas encore de climat, mais plutôt de pollution, puis de biodiversité pour arriver aujourd’hui aux terrifiants constats des rapports du GIEC

Reste un chapitre qui fait cruellement défaut : et maintenant ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tout se passe comme si nous pataugions dans une baignoire de paradoxes.
D'une part, l'humanité, c'est-à-dire chacun d'entre nous, est confrontée à une crise environnementale qui se signale par son ampleur et par sa fulgurance. Autrement dit, ce n'est en rien une transition lente comme l'ont été celles vécues par nos ancêtres du Paléolithique qui ont traversé des périodes glaciaires puis interglaciaires les contraignant à s'adapter à des toundras subpolaires comme à d'épaisses forêts tempérées, cela sur un temps très long laissant place à l'adaptation.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Accusé, levez-vous ! Eh oui, né au milieu des années 1950, donc responsable, selon la génération de mes enfants, de tous les maux de la planète. Pourtant, je suis naturaliste, paléontologue et biologiste, j'ai passé des années à défendre la cause de l'environnement et de la biodiversité. En dépit de cela, je suis a priori coupable de ne pas avoir assez tôt accordé mes paroles et mes actes. Mais était-ce si simple ? Que savons-nous de ces périodes de consommation frénétique ? Et à quelle époque ai-je approché, senti, puis vraiment compris que nous étions dans l'irrévocabilité ? »

Dans ce texte éclairé, Bruno David nous raconte sa prise de conscience environnementale. De son enfance à ses études scientifiques, du rivage tragique d'une marée noire au rapport du GIEC, d'une discussion avec un climato-négationniste à un été irrespirable, il nous livre ses doutes, ses inquiétudes, jusqu'à craindre l'irréversible...

Un récit exceptionnel, mêlant choses vues, portraits, chiffres clés et lutte contre les idées reçues. Quand un grand scientifique nous guide sur le chemin de la connaissance... À placer entre toutes les mains !

Les vieux fourneaux : L’oreille bouchée

Les vieux fourneaux dans la fournaise et les moussons. Pluie et chaleur au pays de la déforestation et des mines d’or clandestines et officielles. Mercure, cyanure et arsenic au rendez-vous.

Les vieux fourneaux, tome 6 : L’oreille bouchée de Wilfrid Lupano, dessin de Cauuet Paul

Un tome un peu moyen au service d’une cause importante (euphémisme). La destruction aveugle des faunes, flores et populations au service du profit.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Touk
Tak
Touk
Qu'est-ce que ça m'énerve ce machin....


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mimile a eu l'idée du siècle : inviter ses vieux amis à le rejoindre en Guyane pour un séjour mystérieux. Antoine, qui n'a jamais voyagé, est aux anges. Pierrot, qui n'a jamais voyagé non plus, n'a pas l'intention de laisser l'exotisme et l'aventure saper sa proverbiale mauvaise humeur.

Les voyages forment la jeunesse, pas les vieux, pense-t-il.

Il se trompe pourtant, car c'est bien l'enfance qui les attend au détour du fleuve Maroni. La jeunesse de Guyane, mais aussi la leur, celle des vertes années dans le Sud-Ouest, lorsque les trois amis jouaient aux pirates et rêvaient à des coffres remplis d'or !

Douchés par les pluies tropicales, menacés par les bestioles hostiles de la jungle et enivrés par leurs souvenirs, voilà les trois amis embarqués dans un voyage initiatique qui leur fera découvrir que la fièvre, en Amazonie, n'est pas transmise que par les moustiques.

Entre une ex-prétendante de Pierrot, une pièce de théâtre improvisée et la sacrée surprise de Mimile... ce voyage est une pépite !

Avec l'humour et l'engagement qui les caractérisent, Lupano et Cauuet rempilent pour un sixième tome des Vieux Fourneaux. Une aventure aux accents écologiques dans le berceau de l'or jaune...

Le vide : mode d’emploi : aphorismes de la vie dans les ruines

Cet excellent recueil d’aphorismes pêche malheureusement par son excès. Peut-être sous la forme d’un calendrier en remplacement des bondieuseries journalières détachables ou en rappel journalier sur les réseaux sociaux ci-conchiés ? Je ne sais pas, mais hélas la quantité nuit malheureusement au propos.

Résumé du livre jusqu'à présent
Je pense donc j'ennuie.
J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt
Notre société n'est pas hypersexuée, finalement. Elle est juste hyperhétérosexuelle.
Marché du carbone
Brûler une banque émet peut-être du carbone, mais c'est quand même un bon moyen de lutter contre les changements climatiques.
Le vide : mode d’emploi : aphorismes de la vie dans les ruines de Anne Archet

Pourtant c’est drôle, virulent, engagé, contestataire, violent, juste, léger, solide, réfléchi… (il y a de tout, du bon, du très bon et même du meilleur. Mais il y en a tant)

Un dernier souhait
Que vos crimes soient sublimes et que jamais vous ne vous fassiez prendre.
La conclusion logique
Je n'ai pas encore tout abandonné pour aller rejoindre le cirque, mais ça ne saurait tarder.

Si vous ne connaissez pas Anne Archet, commencez peut-être par ses courts textes érotiques. Mais si vous y avez déjà gouté, si vous êtes patient-e-s et si vous vous contentez d’un page par jour, ce recueil est aussi puissant et goûtu qu’un espresso napolitain matinal

Avec des illustrations de Sara Hébert

Et si vous ne connaissiez pas encore Sara Hébert, Bijou de Banlieue, c’est elle ! Et c’est incroyable

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Posture
Je suis celle qui dit tout bas ce que personne ne pense.

Autre posture
Sur internet, personne ne sait que je ne suis qu'une stratégie discursive.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«J’ai dit à la mère de mon amoureux que j’étais aphoriste et elle m’a donné son appui dans ma lutte pour l’acceptation et la reconnaissance. Je l’ai remerciée avec émotion, même si j’ai vite compris qu’elle pensait que le mot “aphoriste” désignait une identité sexuelle ou de genre à la mode. Pour une fois qu’on ne se moque pas de mes prétentions littéraires, je n’allais quand même pas gâcher mon plaisir.»

«Je crois qu’il faut cesser de dire “environnement” et commencer à dire “survie de l’espèce humaine”. Ce serait rigolo d’entendre les politicien•ne•s dire “la survie de l’espèce humaine est importante, mais pas aux dépens de l’économie”.»

Anne Archet est connue pour ses récits érotiques et les textes polémiques qu’elle publie sur le web depuis la fin des années 1990. Avec Le vide: mode d’emploi, cette écrivaine caustique, fulgurante, volontiers provocatrice et un brin mythomane, s’essaie à un nouveau genre: l’aphorisme.

Les brefs commentaires sur le monde d’aujourd’hui dont est composé cet essai sont autant de petites grenades lancées pour faire éclater nos certitudes, ou simplement pour nous faire éclater de rire. Un essai à lire pour faire le vide autour de soi! Anne Archet est une auteure anarchiste

Human Psycho : comment l’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète

Ce troisième livre de Sébastien Bohler continue dans dans la même ligne et est peut-être le plus intéressant (non, ils le sont tous ! Mais c’est peut-être le plus déculpabilisant et, paradoxalement, le plus alarmiste), en tout cas le premier qui vise un coupable plus global que les précédents, Le bug humain et Où est le sens ?

Human Psycho : comment l’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète de Sébastien Bohler

Et si l’humanité se dirigeait à sa fin (emportant avec elle nombre de victimes) non pas à cause des humains qui la compose, mais de son intelligence de groupe déficiente. Et si l’humanité était un psychopathe à enfermer, à museler.

La démonstration est brillante ! Il est temps de menotter le monstre !

Pourtant, peut-on innocenter l’individu ? N’est-ce pas trop facile de nous disculper ? Nous, les collabos responsables à l’insu de leur plein gré mais pas coupables ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le bout du voyage
Nous, humains, avons parcouru un long voyage. Au fil de dizaines de milliers de générations, nous avons tracé notre route sur Terre. Nous avons prospéré, nous sommes multipliés, avons fondé des civilisations. Persuadés qu'après nous viendraient d'autres humains. Des enfants qui transmettraient le flambeau de la vie et exploreraient d'autres horizons.
Nous nous croyions éternels.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Et si le propre de l'Homme n'était pas le rire, le langage ou l'aspiration à l'éternité, mais son pouvoir de destruction ? Dérèglement climatique, hausse des températures, montée des eaux, pandémies... nous allons droit à la catastrophe.
Le responsable de cette catastrophe est l'humanité elle- même. À force de grandir et de recouvrir toute la surface de la Terre, elle se comporte comme un cerveau géant et surpuissant, doté d'une infinité de connexions.
C'est ce cerveau qui prélève des ressources sur la Terre, produit des millions de SUV et de smartphones, fait travailler les humains sans relâche et recrache des milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Mais à quoi pense cet organe ? A-t-il des désirs ? Des émotions ? Quels sont ses plans ?

Dans Human Psycho, Sébastien Bohler adopte une démarche clinique pour analyser le cerveau global qu'est devenue l'humanité, comme un psy le ferait avec son patient.
Le constat qu'il livre est glaçant : ce cerveau possède les traits caractéristiques d'un psychopathe. Il coche toutes les cases du profil psychologique d'un serial killer qui massacre sa victime - la planète.

Alors, peut-on le soigner ? Tel est le questionnement ultime de cet ouvrage, qui nous emmène sur une crête étroite entre néant et espoir

Sidérations

Voilà un livre qui embrasse tout l’univers. Tant que ça risque d’en être trop. Pourtant, Richard Powers semble réussir à rester sur le fil.

Dans une Amérique qui sombre dans la fin des année Trump (même s’il n’est jamais nommé), en plein effondrement environnemental (oui, nous y sommes), un père astronome spécialisé dans la recherche de vie extraterrestre se débat avec son fils et ses difficultés à gérer sa colère alors qu’ils sont les deux en plein deuil de la perte de leur femme et mère.

Sidérations de Richard Powers

Ils tentent alors une thérapie expérimentale qui permettra à l’enfant de mieux gérer ses émotions à l’aide d’une intelligence artificielle. Après quelques approximations déontologiques dans le traitement, le livre sombre lentement, à l’instar de notre terre, dans une autodestruction qui semble inéluctable.

Sidération à la fin du livre ! Ne sachant si j’ai vraiment aimé, si je trouve le résultat kitsch ou brillant, candide ou convaincant… Oui, sidéré !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astro-biologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu'il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni.
Pour l'apaiser, ce dernier l'emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos. Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exoplanète et tentent de percer le mystère de l'origine de la vie.
Le retour à la « réalité » est souvent brutal. Quand Robin est exclu de l'école à la suite d'une nouvelle crise, son père est mis en demeure de le faire soigner.
Au mal-être et à la singularité de l'enfant, les médecins ne répondent que par la médication. Refusant cette option, Theo se tourne vers un neurologue conduisant une thérapie expérimentale digne d'un roman de science- fiction. Par le biais de l'intelligence artificielle, Robin va s'entraîner à développer son empathie et à contrôler ses émotions.
Après quelques séances, les résultats sont stupéfiants.
Mettant en scène un père et son fils dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, Richard Powers signe un roman magistral, brillant d'intelligence et d'une rare force émotionnelle, questionnant notre place dans l'univers et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant

Après le monde

Oui, c’est bien foutu, ça fait peur, c’est vraisemblable et c’en est même effrayant !

Après le monde de Antoinette Rychner

Mais fait-on des bons romans avec du premier degré ?

Je suis resté coincé sur cette énumération plausible d’un effondrement qui s’est – pour moi – perdue dans une volonté d’exhaustivité du scénario sans y trouver un envol romanesque qui aurait pu donner vie à ce livre (au demeurant glaçant de réalisme quant à la fragilité de la société économique)

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
2022. Un cyclone ravage la côte ouest des États-Unis. Après des faillites en cascade, les finances américaines s'écroulent, entraînant avec elles le système mondial. En quelques mois, le monde tel que nous le connaissons est englouti.

Huit ans plus tard, de nouvelles formes de sociétés émergent. Deux femmes, à la veillée, racontent l'épopée de l'humanité avant et après la catastrophe. Saura-t-on inventer, au coeur du désastre, d'autres façons de vivre ensemble et d'habiter le monde ?

Un roman visionnaire et inspirant, hanté par une peur qui traverse toutes les sociétés occidentales : celle de l'effondrement

Le bug humain : pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher

Un essai brillant, facile d’accès, documenté et monstre intéressant sur notre cerveau et la fuite en avant de notre civilisation.

Et si notre cerveau qui avait porté l’humanité à la tête de la planète portait en son coeur l’arme de sa propre destruction.

Le bug humain : pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher de Sébastien Bohler

Ou, comment nos désirs et l’envie de les satisfaire est en train de détruire notre environnement ? C’est absolument brillant de limpidité et cela pourrait sembler désespérant d’inéluctabilité. Et pourtant, Sébastien Bohler évoque des pistes ! Mais là, il y a du travail.

Alors commençons par le début, lire ce livre ! Vraiment ! Car comme lui, je suis convaincu de l’importance de la connaissance !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y a 200 000 ans, depuis l'Afrique, l'humanité partait à la conquête du monde. Elle détenait une arme secrète : son cerveau. Une machine à penser, à tirer parti de son environnement, à se reproduire et à dominer.

Longtemps notre meilleur allié, notre cerveau risque aujourd'hui de causer notre perte. Car il existe un défaut de conception, un véritable bug, au coeur de cet organe extraordinaire : les neurones en charge d'assurer notre survie ne sont jamais rassasiés et réclament toujours plus de nourriture, de sexe et de pouvoir.

Ainsi, nous sommes 8 milliards d'êtres humains sur Terre à rechercher encore et toujours la croissance dans tous les domaines. Pour ce faire, notre espèce hyper-consommatrice surexploite la planète, modifie son écosystème... et se met gravement en péril.

Comment se fait-il que, ayant conscience de ce danger, nous ne parvenions pas à réagir ? Peut-on résoudre ce bug et redevenir maîtres de notre destin ? Oui, à condition d'analyser en chacun de nous et non plus seulement à l'échelon économique et politique ce mécanisme infernal qui pousse notre cerveau à en demander toujours plus