Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Un western sur une colline au Canada, maudite par l’avidité de ses occupants et de ceux qui en convoitent l’or ou le pétrole. Carcajou de Eldiablo, dessins de Djilian Deroche, couleurs de Djilian Deroche et Marion ChancerelDans cette belle édition soignée, les planches plutôt naïves au trait marqué, oscillent entre de superbes créations et d’autres parfois plus brouillonnes ou moins abouties. Une bande dessinée bien aussi sale et violente que l’histoire qu’elle raconte. Les hommes sont bien tous pourris, veules et avides lorsqu’un peu d’or scintille sous leurs yeux
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est ici ?
Oui, c'est l'endroit.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Alberta, Canada, 1895, par - 21 degrés Celsius.
Jay Foxton règne en despote sur la petite ville de Sinnergulch dont il détient la plupart des terrains et commerces.
À quelques miles de là sur une colline dominant la ville, vit un ermite farouche, Gus Carcajou, qui en exploite a minima les réserves d'or pour acheter sa gnôle.
Mais le terrain regorge d'un autre type d'or, noir celui-là, et Foxton est prêt à tout pour s'emparer de l'énorme magot qui lui échappe encore...
Lu juste après Qimmik, mais aussi il y a quelque temps Maikan de Michel Jean, ce livre en est le documentaire. Auassat plonge dans les plaies encore saignantes des peuples premiers du Canada. Vols d’enfants pour l’adoption, viols, racisme, abus sexuels, emprise, morts suspectes, disparition des corps… Des grosses saloperies perpétrées par des religieux, des oblats, curés, missionnaires… et couvertes par leurs hiérarchies et avec (pour le moins) la complaisance de l’état.Auassat : à la recherche des enfants disparus de Anne PanasukDans cette enquête, Anne Panasuk de Radio-Canada tente d’aller au fond des choses, mais ses recherches montrent un abyme sans fin au ramifications dans tous les territoires et villages.
Une enquête sérieuse et impressionnante, qui cite les noms des coupables et laisse la parole aux victimes
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Que de souvenirs me reviennent lorsque la vidéo de Joyce Echaquan, cette mère de famille atikamekw, est diffusée publiquement, nous faisant voir et entendre les insultes racistes dont l'infirmière et la préposée de l'hôpital de Joliette ont accablé la femme au lieu de la soigner.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Auassat – « les enfants », en innu – dévoile un chapitre ignoré de nos relations avec les Premières Nations, une histoire terrible qui explique les traumatismes transmis d’une génération à l’autre, jusqu’à aujourd’hui.
Au début des années 1970, des enfants autochtones sont disparus après avoir été envoyés à l’hôpital pour y être soignés sans leurs parents. Certains, déclarés morts alors qu’ils ne l’étaient pas, ont été adoptés. Plusieurs ont perdu la vie sans que leurs proches en aient été avertis. Encore aujourd’hui, les familles cherchent ces enfants qui n’ont jamais été oubliés. Contactée par ces dernières, la journaliste Anne Panasuk se lance en 2014 dans une enquête pour savoir ce qui leur est arrivé. Ses recherches lui apprennent que le même scénario d’horreur s’est produit dans plusieurs communautés autochtones et la conduisent finalement sur la piste des Oblats de Marie-Immaculée, qui régnaient en rois et maîtres chez les Innus et les Atikamekws. De fil en aiguille, l’enquête qu’elle a menée sur le terrain lui a permis de documenter également les agressions sexuelles commises par dix missionnaires dans huit communautés autochtones au Québec jusqu’à l’orée du XXIe siècle. Dans ce livre, dont la recherche documentaire est en partie tirée du balado Histoires d’Enquête : chemin de croix et de l’émission Enquête, mais enrichie de matière inédite depuis ces deux diffusions, Anne Panasuk donne la parole à des Autochtones de tous âges qui, se sachant entendus, ont décidé de briser le silence. De victimes, ils deviennent survivants et retrouvent ainsi leur dignité.
Les peuples premiers du Canada (et ce n’est pas le seul pays), ont été victimes d’atrocités, d’acculturation, de vols d’enfants, liquidations, pensionnats, viols… la liste est longue. Michel Jean réussi avec Qimmik à donner vie aux victimes. Ce ne sont plus des centaines ou des milliers ou plus encore, mais c’est Saullu et Ulaajuk, deux jeunes amoureux Innu, leurs chiens, leurs difficultés, le grand Nord hostile, la faim, les ours, la passion de vie.Qimmik de Michel JeanEt l’état fédéral, la police…
Un récit entrecroisé avec une enquête pour le meurtre de vieux policiers.
Un livre magnifique malgré un rapprochement qui pourrait sembler un peu trop évident entre les deux parties mais qui évite toutefois de sombrer dans un mélo trop convenu.
Un livre trouvé dans la magnifique petite librairie-café Le vent se lève lors d’un passage à Saint-Ursanne avec un délicieux jus de gingembre-citron bio
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le ciel, le roc, l'océan. Sous une lumière obscène, face à l'Arctique, mer de glace. Terre nue. Pays sans arbre. Entre te ressac et le silence, le vent, le vent du nord, règne sans partage. Son souffle glacial soulève les flots, emporte dans son sillage des tourbillons de neige qui courent sur la terre comme sur l'eau. La toundra gronde.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Vingt chiens.
Vingt cœurs fidèles et courageux
me ramènent chez moi, sur la côte.
Le bruit de leurs pas résonnent dans
l’air froid et bat la cadence.
C’est la musique des Inuit.
Dans les années 1960, au Nunavik, la jeune Saullu rencontre Ulaajuk, un mystérieux Inuk du Nord. Fascinée par sa douceur et son insouciance, elle décide de le suivre. Avec l’aide de leurs chiens de traîneaux, les Qimmiit, le jeune couple parcourt le territoire encore sauvage. Leur quotidien est fait de chasse, de pêche, de moments de plénitude et de rencontres mémorables. Ils sont heureux et libres. Mais, plus au sud, les autorités obligent les Inuit à se sédentariser et à se regrouper dans des communautés.
Quelques décennies plus tard, Eve Beaulieu, une jeune avocate montréalaise est chargée de défendre Uqittuq Ainalik, un vieil Inuk accusé des meurtres de paisibles retraités. L’homme reste mutique et Eve peine à comprendre ce qui pourrait avoir déclenché une telle folie meurtrière. Cela a-t-il un lien avec le fait que les victimes étaient d’anciens policiers, en poste au Nunavik dans les années 1960 ?
Cette recherche de la vérité entraînera la jeune avocate plus loin qu’elle ne l’imaginait, l’obligeant à s’interroger sur ses propres origines.
Un livre comme un film d’horreur, mais en pire. Car tout cela a réellement existé. Et pire encore.
Maikan de Michel Jean
Acculturation, viols, disparitions, violences systématiques et encore pire (oui, vraiment !), en témoignent les macabres découvertes des dernières années. Des crimes perpétrés par l’église et l’état, main dans la main.
Salle de classe du pensionnat de Fort George, 1939. Archives Deschâtelets-NDC
Pourtant, Maikan, reste un beau livre sous la plume de Michel Jean, un très beau livre même grâce à l’humanité et la sensibilité de l’auteur de Kukum ou Atuk. Un livre qui persiste à croire en l’amour, la fraternité et la solidarité, même dans les pires moments
Note en fin d’ouvrage :
Le pensionnat catholique de Fort George a ouvert ses portes en 1936 et les a fermées seize ans plus tard, en 1952. On ne connaît pas avec certitude le nombre de pensionnats ayant existé au Canada. De la fin du XIX siècle à la fin du XX siècle, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens en a répertorié cent trente-neuf, dont douze au Québec. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996, en Saskatchewan.
Cent cinquante mille enfants autochtones ont fréquenté ces établissements. Plus de quatre mille y sont morts. Les conditions de vie difficiles qui prévalaient dans les pensionnats sont le plus souvent attribuables au financement insuffisant du gouvernement canadien. Elles ont entraîné des problèmes sanitaires, un régime alimentaire inadéquat et un manque de vêtements et de médicaments pour les enfants sur place.
La situation est devenue si inquiétante qu’au début du XX siècle le médecin et directeur de la santé du ministère des Affaires indiennes, Peter H. Bryce, a sonné l’alarme et a rédigé pour ses supérieurs de nombreux rapports qui indiquaient que les Autochtones du Canada risquaient d’être décimés, par la tuberculose notamment. Le gouvernement canadien ignora les recommandations de Bryce et le démit de ses fonctions. Dans un ouvrage publié en 1922, Bryce qualifia l’attitude du Canada de « crime national ».
Aujourd’hui, les Nations unies considèrent comme un génocide le fait de retirer les enfants de leurs foyers en se basant sur leur appartenance ethnique pour les placer dans un environnement étranger afin de les endoctriner. Le Canada reconnaît maintenant publiquement que l’objectif des pensionnats était d’assimiler les Autochtones, en somme de « tuer l’Indien dans l’enfant » ; mais souvent, comme le dit le chanteur innu Florent Vollant, ils ont tué l’enfant aussi. Le 11 juin 2008, le Premier ministre Stephen Harper a présenté les excuses officielles du gouvernement canadien aux Autochtones: « L’héritage laissé par les pensionnats indiens a contribué à des problèmes sociaux qui persistent dans de nombreuses communautés aujourd’hui. » A l’image de plus de vingt-cinq pays dans le monde, dont l’Afrique du Sud après l’apartheid et plusieurs États d’Amérique du Sud, tels le Brésil et l’Argentine, le Canada a créé en 2007 la Commission de vérité et de réconciliation, avec pour mandat de lever le voile sur les agressions physiques, sexuelles et mentales qu’ont subies beaucoup d’enfants ayant fréquenté les pensionnats. Dans le rapport final qu’il a rendu en 2015, le chef de la Commission, le juge et actuel sénateur Murray Sinclair, a parlé d’un « génocide culturel » perpétré à l’encontre des populations autochtones du pays aux XIX siècle et XX siècle, une qualification reprise par Beverley McLachlin qui était alors la juge en chef de la Cour suprême du Canada.
Quatre-vingt mille anciens pensionnaires vivent encore.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La pelle frappe le sol, comme la hache l'arbre à abattre. Cette terre ne se laisse pas travailler facilement et l'acier s'y enfonce avec difficulté. II creuse, un coup à la fois, avec une sourde résolution. À mesure que s'ouvre le sol, il bute contre des pierres, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses, qu'il extrait à la main, une à une.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À quatorze ans, Virginie, Marie et Charles sont arrachés à leurs familles sur ordre du gouvernement canadien. Avec les autres enfants innus du village, ils sont conduits dans un pensionnat, à près de mille kilomètres de chez eux, pour y être éduqués. Là-bas, il leur est interdit de parler leur langue, leurs cheveux sont rasés, leurs objets personnels confisqués. Ils ne sont désormais plus qu'un numéro.
Que s'est-il réellement passé à Fort George, île maudite balayée par l'impitoyable vent du large ?
Soixante-dix ans plus tard, l'avocate Audrey Duval cherche à comprendre ce qu'il est advenu des trois jeunes gens mystérieusement disparus.
Après le magnifique Kukum, Michel Jean continue à explorer son ascendance avec la fille de Almanda, Jeanette sa grand mère, Shashuan Pileshish ou Hirondelle, en innu.
Atuk de Michel Jean
Si on retrouve beaucoup d’éléments découverts avec Kukum, le point de vue change légèrement, Jeanette s’étant mariée avec un ouvrier du chemin de fer.
Un livre où la question des origines, du racisme, de l’appartenance est omniprésent. Et Michel Jean, plus présent dans ce livre se retrouve lui aussi à se questionner sur son identité.
Une biographie familiale où l’intime côtoie des questionnements et des problématiques toujours sensibles au Canada
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Elle repose devant moi, figée dans la mort. Un cadavre embaumé est tout ce qu'il reste de cette femme à la silhouette autrefois robuste et souple. Tout de sa jeunesse a été emporté, maintenant que ses beaux yeux noirs se sont fermés pour de bon. Rien ne subsiste de celle qui a souvent bravé le froid et parfois la faim. Ce corps a frissonné de peur, ressenti le plaisir.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jeannette a grandi entre les lacs et les forêts de son territoire ancestral, le Nitassinan. Mais lorsqu'elle épouse un Blanc, elle est exclue de sa communauté et forcée de quitter les siens pour s'installer en ville, loin de tout ce qu'elle connaît. Des années plus tard, Michel, son petit- fils journaliste à Montréal, vient se recueillir sur sa tombe et s'interroge sur ce choix qui le fait vivre lui aussi entre deux cultures. Car l'Indien, lui dit-on, il l'a en lui...
Kukum m’a fait pleurer deux fois. Par la beauté des premiers instants et par l’horreur de la fin.
Kukum de Michel Jean
L’histoire de l’arrière-grand-mère de l’auteur, Almanda Siméon née en 1882, qui épousa un jeune indien Innu. Une histoire d’amour magnifique au milieu du grand nord canadien. Une belle, très belle histoire qui aurait pu durer toujours.
Jusqu’à ce que Michel Jean nous rappelle brutalement à la réalité…
Et à l’annihilation de peuples premiers en détruisant les forêts, les lacs, la langue et les traditions par le « progrès », la sédentarisation, l’alcool, la langue, les pensionnats…
Un livre aussi beau que terrible
Et voilà que deux semaines après, je tombe sur cette info de Radio Canada : Protection de l’enfance : l’APN confirme qu’Ottawa versera 48 G$ pour réformer le système.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Une mer au milieu des arbres. De l'eau à perte de vue, grise ou bleue selon les humeurs du ciel, traversée de courants glacés. Ce lac est à la fois beau et effrayant. Démesuré. Et la vie y est aussi fragile qu'ardente. Le soleil monte dans la brume du matin, mais le sable reste encore imprégné de la fraîcheur de la nuit. Depuis combien de temps suis-je assise face à Pekuakami?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Almanda a 15 ans quand elle tombe amoureuse de Thomas, jeune Innu de l'immense lac Pekuakami. Orpheline québécoise d'origine irlandaise, elle quitte les siens pour le suivre dans cette existence nomade, brisant bientôt les carcans imposés aux femmes autochtones pour apprendre la chasse et la pêche. Ancré dans une nature omniprésente, sublime et très vite menacée, son destin se mêle alors à celui, tragique, d'un peuple ancestral à la liberté entravée.
Une histoire de proche aidant. Une fille et sa mère dans la souffrance, la dépression et l’envie d’en finir.
Voir Montauk de Sophie Dora Swan
Une narration originale entre roman et poème, un style décousu qui exprime à lui tout seul le désarroi et la perte de repères.
Un relation fille-mère réunies par la violence de la maladie
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) un jour d'été, un jour de joie
deux ans ça se fête tu me diras
je ferai tout pour être là
nous sommes trois jours avant
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) De retour dans son pays natal après une longue absence, une femme prend soin de sa mère tombée malade. La veille de son hospitalisation, sa fille lui fait une promesse : l’emmener à Montauk, quand tout ira mieux. Mais comment voguer jusque-là ?
Boussole pour éviter la chute et déjouer l’urgence, l’écriture dessine la route vers ce lieu inconnu, au détour des trajets et des souvenirs réveillés par les souffrances de la mère. Montauk se révèle être une utopie du calme, du bruit aboli, de la parole retrouvée. Un lieu où, enfin, entre une mère et une fille, tout est simple.
Journal d’une tempête, Voir Montauk est une déclaration d’amour, où l’ironie et la poésie fendent la glace clinique des hôpitaux.
"mais il faut d’abord que j’apprenne ta mort, que j’apprenne à te laisser mourir, que j’arrête de dire non comme le font toujours les mamans"
Il ne faut pas s’y tromper, derrière les codes feel-good de la couv’ ou du titre, se cache un autre type de livre. Pas forcément un livre d’horreur, trash ou que sais-je, mais les amateurs de jolies histoires qui finissent bien ne s’y retrouveront pas forcément.
Faire les sucres de Fanny Britt
L’histoire d’une middle-age crisis, à l’âge où un événement (pas forcément gravissime) peut tout faire dérailler. Un moment où les repères ne sont plus clairs, où l’usure des couples se fait ressentir et où le besoin de sens se fait prégnant. Un accident, la peur de mourir et voilà qu’Adam bascule emportant avec lui Marion, sa compagne.
Un livre qui – tout en restant choupinou – propose avec finesse – et quelques clins d’œils amusés – une jolie satire sociale en exposant quelques contrastes de préoccupations. Et comment ne pas sourire devant ce besoin de retour à la terre d’une personne à qui tout réussit ou face à l’abandon dans d’autres bras de son épouse délaissée. Et comment ne pas réagir devant leur incompréhension face aux douleurs qui leur font face ?
Cliché ? Oui, mais bien pris, avec le bon angle et sans trop de douceur malgré tout
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il l'asseyait sur un tabouret placé près du ventilateur et elle le regardait faire. Il versait d'abord le sucre dans la grande marmite de cuivre, dont Celia pensait qu'elle se transformait en timbale d'orchestre, le soir venu. Parfois, pour lui faire plaisir, il décrochait une des grandes cuillères de bois qui pendaient au mur et tapait de toutes ses forces sur la surface arrondie de la marmite. Un timbre profond, vibrant, s'en échappait, qui captivait Celia. Alors elle applaudissait et disait encore ! Encore ! Et son grand-père s'exécutait.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Faire les sucres, au Québec, c'est exploiter une érablière. Obsédé par le retour à la terre, Adam achète la propriété de la famille Sweet dans l'espoir qu'une nouvelle vocation le sauvera de ses torts et de la vacuité de sa vie de restaurateur vedette. Parallèlement, sa femme Marion délaisse peu à peu ses manières douces et son cabinet de dentiste. Aux États-Unis, à quelques centaines de kilomètres au sud, la jeune Celia voit son île natale, où sa mère tient une boutique de taffys, envahie par des touristes sans gêne.
Comment vont s'entrecroiser le destin de ce couple de Montréalais à qui tout réussit, installés - Jusqu'à tout récemment, du moins - dans leur certitude d'être bons et modernes, et celui de la jeune femme ?
Dans ce roman choral, l'odeur délicieusement réconfortante du sirop d'érable se mêle à l'âpreté des fonds marins. Il y a du Virginia Woolf chez Fanny Britt, qui, cinglante et tendre, creuse la question de nos privilèges et de nos illusions, balayées par les vagues du ressentiment et de la souffrance sociale.
Bienvenue dans le grand nord canadien. Enfin… Bienvenue n’est pas forcément le bon terme. Ici, tout est dur, froid, inhospitalier. La nature, faune, éléments et même les rares humains qui s’y accrochent.
On était des loups de Sandrine Collette
On était des loups est certes un magnifique nature-writing qui m’a souvent rappelé Jack London, mais aussi un très beau livre sur l’humain. Seul face à ses décisions, sa morale, ses engagements.
Un homme fou de colère, son fils de cinq ans et deux chevaux (les gros) au milieu des terres hostiles
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est la nuit je regarde l'enfant qui dort. Un tout petit enfant, il ne sait rien du monde, il ne sait rien faire. Un enfant ce n'est pas fait pour la vie, cette vie-là je veux dire qui est immense et brutale devant lui devant nous.
La vie qui.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu'il s'est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l'attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d'un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.
Au milieu de son existence qui s'effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n'est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d'autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d'un enfant terrifié.
Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d'une nature aussi écrasante qu'indifférente à l'humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l'instinct paternel et le prix d'une possible renaissance
De passage à Paris, je me suis arrêté dans l’excellente librairie du Québec et j’en suis ressorti (entre autre) avec ce tout petit essai à la couverture drôlissime – et plein d’humour à l’intérieur aussi !
Indien stoïque de Daniel Sioui
Daniel Sioui est libraire et éditeur, il est également un indien Wendat des premières nations et il exprime sa juste colère. Pas seulement pour crier seul au fond des bois (il en reste encore), mais pour tenter de faire avancer les choses ensemble et pour que dans sept générations (pourquoi 7 ? Je vous laisse lire) il soit possible de tous vivre ensemble au Québec et au Canada.
AVERTISSEMENT
Dans ce livre, j’utilise abondamment le mot Indien parce que je ne sais pas quoi utiliser d’autre. Je ne suis vraiment pas un fan du mot Autochtone, qui sonne bizarre, je trouve, mais comme il est politiquement correct, je vais l’utiliser pareil. Le mot Amérindien me fait toujours penser au touriste français qui se promène avec sa plume fluo dans les cheveux lors d’un pow-wow, alors très peu pour moi. Il reste Premières Nations, qui est trop impersonnel à mon goût. J’utiliserais bien le vrai mot qui existe dans ma langue, Onkwehonwe, qui veut dire « vrai homme », mais je trouve ça un peu péjoratif pour les Blancs, et moi aussi j’ai des amis blancs. Je me donne donc le droit d’utiliser le mot Indien comme j’ai le goût, et tant pis. Si ça vous choque, ne lisez pas ce livre, car il n’est vraiment pas pour vous!
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je ne suis pas l'écrivain de la famille, je ne trouve aucun plaisir dans l'écriture, mais j'ai récemment vécu un épisode plutôt banal qui m'a mis vraiment en rogne, pour ne pas dire en tabarnak, et qui me pousse à sortir de ma coquille.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À un moment donné, un gars se tanne et il doit faire sortir le méchant. C’est exactement ce qui s’est passé ici. Une petite anecdote anodine a fait déborder le vase, et la colère s’est déversée dans ces pages. L’auteur en profite pour déballer sa frustration, et ce ne sont pas les sujets d’insatisfaction qui manquent pour un Autochtone vivant dans le Québec d’aujourd’hui…
Mais ce n’est pas une raison pour le prendre trop au sérieux. Ce n’est qu’un Indien, de toute façon.
Indien stoïque est le premier titre de la collection « Harangues », une collection destinée aux voix autochtones désireuses de se faire entendre sur l’avenir des Premières Nations.