Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Roland Perez est né avec un pied bot dans une famille juive marocaine à Paris. Ce livre, c’est son enfance, l’amour de sa mère, sa vie, son handicap et sa guérison, sa famille, son père, ses frères et soeurs, la cuisine juive, les voisins, Sylvie Vartan, ses études, sa femme et ses enfants, la télévision… Tout ça emmêlé, avec les parfums de la cuisine, l’odeur du métro et celle du lino du salon.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Roland Perez
C’est truculent, très drôle et ça déborde d’amour, c’est beau comme tout. C’est doux comme un cigare au miel (la pâtisserie, donc !), ça déborde de sucre et ça fait même pleurer tellement c’est bon
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ma mère était persuadée qu'avec des cigares au miel on pouvait tout acheter. Avant chaque visite de l'assistante sociale, elle s'enfermait des heures durant dans sa cuisine. Assis par terre, je la regardais rouler les petites bûches, tandis que l'appartement s'emplissait des parfums d'amande et de fleur d'oranger.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Roland vit dans un HLM du 13e arrondissement de Paris, au sein d'une famille juive séfarade d'origine marocaine. A 5 ans, il ne marche toujours pas. Gardé à l'écart du monde par une mère très croyante et surprotectrice, l'enfant se passionne pour les émissions de télévision et pour Sylvie Vartan
Comme un albums de souvenirs, cette petite collections d’instants parle d’enfance, de la famille, de l’école, d’homosexualité et de Sheila.
Mon père, ma mère et Sheila de Éric Romand
C’est souvent très drôle mais cette drôlerie un peu triste, comme si en dépit de tout, il fallait quand même garder le sourire.
Et c’est très touchant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Londres, 1er janvier 2012. Je suis heureux. J'ai bien l'intention de jouir de ce premier voyage avec toi. De retour à l'hôtel après une longue balade, nous faisons l'amour et nous endormons l'un contre l'autre.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) C’est l’album d’une famille, issue d’un milieu populaire, avec ses codes, ses tabous, ses complexes, son ignorance, ses contentieux, dans les années 70 et 80. Le narrateur y raconte son enfance solitaire au milieu des turbulences. Pour son entourage, il a des goûts bizarres, des attitudes gênantes, des manières qui provoquent la colère de son père et la désolation de sa mère. Il dessine des robes et coiffe les poupées de sa sœur. Il fait son possible pour ne pas ajouter au malaise. Pour s’échapper, il colle son oreille à son mange-disque. Regarde les émissions de variétés scintillantes… Et admire une célèbre chanteuse dont il aime les robes à paillettes, les refrains joyeux. Il voudrait être elle. Il voudrait être ailleurs. Un premier roman tout en sensibilité sur fond de nostalgie douce amère et d’humour salutaire
Riad Sattouf est un bédé-biographe hors pair ! En quelques pages, il réussi à décrire une tranche de vie, un contexte ou une problématique.
Les cahiers d’Esther, tome 1 : Histoires de mes 10 ans de Riad Sattouf
Dans cette série (avec 9 tomes annoncés), nous suivons la petite (qui devient grande) Esther de ses 10 à ses 18 ans.
Les cahiers d’Esther, tome 2 : Histoires de mes 11 ans de Riad Sattouf
Des préoccupations plus enfantines sur les premiers tomes, on passe gentiment, au fil de l’actualité à des « histoires de grandes ».
Les cahiers d’Esther, tome 3 : Histoires de mes 12 ans de Riad Sattouf
Cette histoire (il y a plusieurs Esther qui la nourrissent) est collée sur l’actu, on y retrouve les chanteurs et chanteuses du moment, les politiques et les votations, les gilets jaunes et le Covid. C’est aussi, d’une certaine façon un témoignage sur l’actualité vue par une enfant.
Les cahiers d’Esther, tome 4 : Histoires de mes 13 ans de Riad Sattouf
Quelques grandes parts sont malgré tout absentes de cette série. Peu ou pas d’histoires de filles, de règles ou de ce type de problématiques (à peine survolées ou mentionnées). Que ce soit un homme au scénario a quand même un effet déformant qui pourrait être questionné. En ce sens, Les strates de Pénélope Bagieux m’ont semblées bien plus convaincantes.
Les cahiers d’Esther, tome 5 : Histoires de mes 14 ans de Riad Sattouf
Pourtant, voilà une série bien attachante, ancrée dans la gentille candeur d’une gentille fille dans une famille bienveillante à Paris.
Les cahiers d’Esther, tome 6 : Histoires de mes 15 ans de Riad Sattouf
Après le pays de Candy, les cahiers d’Esther ?
Les cahiers d’Esther, tome 7 : Histoires de mes 16 ans de Riad Sattouf
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) La série Les Cahiers d'Esther a été initiée par Riad Sattouf en 2015 avec une idée un peu folle : se faire le porte-voix d'une jeune fille d'aujourd'hui pour assister, année après année, à ses transformations, et montrer l'évolution de notre société à travers ses yeux.
Chaque semaine, la jeune fille anonyme qui se cache derrière Esther se confie à Riad Sattouf. Elle lui raconte son quotidien, ses états d'âme, sa vision du monde. Riad Sattouf les met ensuite en mots et en images pour composer une planche de bande dessinée, prépubliée dans L'Obs. Les planches correspondantes à une année scolaire sont réunies en albums.
Histoires d'enfants pas forcément pour les enfants, témoignage sur notre époque. Le lecteur embarque pour un voyage quelque peu agité : suivre, pendant neuf ans, les métamorphoses d'une enfant en adulte
Voilà un objet inclassable, magnifique et hypnotique. Conte, album, livre, nouvelle ? Inclassable !
L’enfant dans le miroir de Nelly Arcan illustré par Pascale Bourguignon
Une nouvelle de Nelly Arcan mise en images de façon magistrale par Pascale Bourguignon !
Une petite fille à la recherche de son reflet, son image, son identité. Dans les yeux de son père, de sa mère ou de l’inatteignable miroir ? Un corps en devenir. Un corps de femme, le sien. Mais à qui appartient le corps des femmes.
L’enfant dans le miroir de Nelly Arcan, calligraphie de Pascale Bourguignon
Mille mercis et mille bravos à Pascale Bourguignon pour cette superbe adaptation !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Conte cruel pour jeunes filles, L'enfant dans le miroir raconte les angoisses reliées à la quête de la beauté. Pascale Bourguignon, illustratrice, nous donne le passe-partout du serrurier pour entrer dans l'univers de Nelly Arcan. Ce livre-cadeau rempli de papillons crève-coeurs, de femmes-cloches et de forêts de miroirs propose une nouvelle vision des mythologies entourant la beauté. L'enfant dans le miroir présente une encyclopédie naturelle et générale des mots qui provoquent la tyrannie de la beauté. Devant ces demoiselles décadentes parsemées de fleurs, ces femmes grimpeuses, les Andromaque gothiques, ces petites icônes-fées et ces femmes qui ont troqué leur corset pour une cuirasse, on comprend que la beauté est une simple construction
Voilà bien un monument à côté duquel j’étais passé. L’enfance de Marjane Satrapi en Iran à la veille de la révolution. Alors certes, zut, on connait déjà la fin, mais !
Persepolis, tome 1 de Marjane Satrapi
Mais cette page de l’histoire est vue ici de l’intérieur et par les yeux d’une enfant devenue adulte. Et c’est très bien fait.
Le début d’une révolution d’intellectuels et de communistes qui, on le voit déjà, sera vite confisquée par les intégristes musulmans.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le foulard
Ça, c'est moi quand j'avais dix ans. C'était en 1980.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Première bande dessinée issue de l'Iran, Persepolis de Marjane Satrapi a été la révélation que l'on sait. La chute du Shah, la révolution islamique et l'exil vécus par une fillette de dix ans, qui choisit vingt ans plus tard la bande dessinée pour livrer son histoire
Quelle merveille de bande dessinée qui m’a tiré des larmes. L’histoire d’une vie de petit chien, Le chien, racontée par lui-même.
Cabot-Caboche de Grégory Panaccione
Une quête adaptée d’un petit roman jeunesse de Daniel Pennac mais qui n’est pas sans rappeler Un océan d’amour, une autre BD de Panaccione qui était sans texte.
Il est un peu moche et sa vie débute dans une décharge. Et c’est beau comme tout !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jugé trop laid pour être adopté, le Chien est laissé pour mort dans une décharge. Gueule Noire, une vieille chienne qui vit là, lui vient en aide. Son principal conseil ? Trouver au plus vite une maîtresse et, surtout, bien la dresser ! Cette maîtresse, ce sera Pomme.Mais cette petite fille a un solide caractère et va s'avérer particulièrement difficile à apprivoiser...
Un récit drôle et sensible, fidèle adaptation du roman dans lequel Daniel Pennac adresse aux enfants un appel pour le respect de toute forme de vie, particulièrement celle de leurs animaux de compagnie
Camilla a un fils qui s’habille en rose depuis tout petit… Et alors ?
Elle raconte ici les difficultés et les joies qu’elle rencontre en Italie, avec la famille, les amis, l’école, les psy et les médecins, les groupes de personnes concernées, des sites spécialisées, des réseaux…
Mon fils en rose de Camilla Vivian
Une mère qui tente d’accompagner au mieux son enfant en l’écoutant sans figer ses points de vues, en protégeant, en se renseignant et en évitant de projeter ses à priori. Et c’est probablement dans ses questionnements et ses remises en questions qu’elle touche au plus juste.
Un livre magnifique sur l’amour et le respect et qui, humblement, pose peut-être plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Et c’est probablement une de ses plus grandes qualités.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je m'appelle Camilla et mon fils s'habille en rose.
Vous l'aviez surement déjà compris puisque c'est le titre de ce livre, mais voilà bien la question : pourquoi mon fils s'habille-t-il en rose ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Camilla Vivian vit seule avec ses trois enfants. Federico, son deuxième fils, manifeste depuis l'âge d'un an et demi le désir d'être - aussi - une fille.
Elle choisit de ne pas l'en empêcher et d'être plutôt à l'écoute.
Elle se documente, lit, trouve sur internet des histoires similaires à la sienne et découvre l'existence de la dysphorie de genre, des enfants gender fluid, transgender, non-binaires et d'autres encore.
Avec détermination, délicatesse et ironie, Camilla Vivian raconte son propre cheminement à travers l'histoire de Federico, un petit garçon serein et conscient de sa différence, avec ses cheveux longs, ses habits et son vernis à ongles roses.
Elle évoque le quotidien de sa famille, à l'école et à la piscine, pendant les courses et les fêtes d'anniversaire, la pression sociale et familiale, tout en partageant ses propres doutes et interrogations
Sébastien Gnaedig s’est approprié l’excellent roman (ou autofiction pourrait-on dire) de Sorj Chalandon. Et si le scénario m’a semblé absolument fidèle à mes souvenirs (avec cette très bonne idée de la transposition du journaliste au dessinateur), le dessin au trait m’a perdu.
Profession du père de Sorj Chalandon et Sébastien Gnaedig
Des personnages désincarnés aux émotions absentes qui m’ont laissé froid
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Mais de quel droit ils demandent ça ?
Qu'est-ce que ça peut bien leur foutre, ma profession ?
Écris la vérité : agent secret.
Ce sera dit.
Et je les emmerde. »
« Sébastien Gnaedig s'est emparé de mon histoire. Alors voilà : Profession du père.
Et l'émotion que j'ai ressentie à la découverte de la mère, du père et du fils vus par un autre que moi.
"Mon Dieu, le pauvre gosse !", j'ai murmuré en tournant ces pages.
Le dessinateur avait donné vie à Émile.
Tout en protégeant le gamin que j'étais. »
Le père de Mathias Malzieu, Mainou, a perdu sa mère durant la seconde guerre mondiale. Il se retrouve caché à neuf ans chez sa grand-mère en Lorraine alors que son père est soldat et fait prisonnier.
Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu
C’est l’histoire de Mainou caché dans cette épicerie avec sa grand mère, sa tante bigote Louise et Émile son drôle d’oncle amoureux. Et aussi Marlène Dietrich la cigogne, Jean Gabin le hérisson, des poules et un curieux fantôme au grenier.
Un récit d’une infinie tendresse, bourré d’humour, plein de rêves, de joies et de tristesses aux parfums de campagne, d’occupation, de bombardements, de peurs, d’interdits et de bonheurs.
Splendide !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Montpellier, villa Yvette, la Pompignane, le 4 juin 1944
Tu es morte cette nuit. Le jour s'est levé quand même. Mireille ne l'a pas vu, et je ne verrai jamais Mireille.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Mon père voyageait beaucoup et rapportait toujours de très bonnes histoires, qu'il racontait avec implication et malice... Mais sa plus grande histoire commençait par sa traversée de la ligne de démarcation, caché dans une charrette à foin. »
En juin 1944, le père de Mathias, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère, morte en couches. On décide de l'envoyer, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation, chez sa grand-mère qui a une ferme en Lorraine. Ce sont ces derniers mois de guerre, vus à hauteur d'enfant, que fait revivre Mathias Malzieu, mêlant sa voix à celle de son père. Mainou va rencontrer cette famille qu'il ne connaît pas encore, découvrir avec l'oncle Émile le pouvoir de l'imagination, trouver la force de faire son deuil et de survivre dans une France occupée.
Il aura fallu plus de six ans à Mathias Malzieu pour écrire ce Guerrier de porcelaine, son roman le plus intime où, alliant humour et poésie, il retrace l'enfance de son père et s'interroge sur les liens puissants de la filiation
Un voyage raconté par la voix douce, candide et poétique d’un enfant emporté par sa mère et son père alors qu’ils partent combattre Bachar el-Assad au sein de l’État islamique.
Voyage au bout de l’enfance de Rachid Benzine
Quand ce qui semblait un juste combat devient une infamie, une horreur, un enfer
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Trois mois. D'après maman, ça fait précisément trois mois aujourd'hui qu'on est enterrés dans ce fichu camp. Et ça fait presque quatre ans que j'ai quitté l'école Jacques-Prévert de Sarcelles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Fabien est un petit garçon heureux, qui aime le football, la poésie et ses copains, jusqu'au jour où ses parents rejoignent la Syrie. Ce roman poignant et d'une grande humanité raconte le cauchemar éveillé d'un enfant lucide, courageux et aimant qui va affronter l'horreur