Comment devenir

Une galerie de portraits criants de vérité, adolescences qui se cherchent (adolescences qui durent parfois longtemps et qui se reconnaissent souvent dans ce qu’elles sont niées).

Comment devenir de Baladi
Et ces clichés n’ont guère pris de rides, au plus pourrait-on en ajouter certains nés avec Internet et les réseaux sociaux.

Un collector à dénicher absolument, un recueil de miroirs hilarants autant que fidèles, une pépite pleine d’amour pour la dangereuse Océanne

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Rencontrée dans un train entre Paris et Genève, Océanne m'est tout de suite apparue comme l'incarnation superbe de la souffrance et la cruauté mêlées...
Alors, évidement je suis tombé amoureux !...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Toutes ressemblances avec des personnages existants ou ayant existé se limitent aux observations d'Océanne et moi-même

Le train de Venise

Dans ce train de Venise, la fortune va tomber dans les mains de Justin. Mais sera-t-il capable d’y faire face et d’en jouir ?

Bob, lui, n'avait jamais vécu avec une femme plus de trois mois. Ne le regrettait-il pas ? N'était-ce pas par impuissance à faire partie d'un vrai couple qu'il était si pessimiste ?
 ─ Pendant un temps, on marche la main dans la main, ou bras-dessus bras-dessous. On se raconte. Chacun adore se raconter, tout en ne prêtant qu'une oreille distraite à ce que l'autre lui raconte à son tour... La seconde, la troisième fois qu'une femme débite la même histoire du temps de son enfance, l'irritation commence, et il en est de même si c'est l'homme qui rappelle ce qu'il faisait à dix-sept ans...
Il concluait :
 ─ C'est comme un combat de boxe. Il faut qu'en fin de compte l'un des deux gagne et que l'autre se résigne. Toute la question est : lequel ?...
Justin avait l'impression que, dans son ménage, ni l'un ni l'autre n'avait essayé de gagner. Ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte des limites étroites entre lesquelles sa vie était enfermée.
Le train de Venise de Georges Simenon
Et Simenon de s’amuser avec ce pauvre homme honnête, craintif et qui était, jusqu’à là, bienheureux dans son couple et sa vie. Une vraie torture que cette valise pleine de billets de banque

Le 105e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pourquoi toute l'image était-elle centrée sur sa fille ? Cela le gênait un peu, ou plutôt c'est après surtout qu'il y pensa, une fois le train en marche. Et encore ne fut-ce, en réalité, qu'une impression fugace, née au rythme du wagon et aussitôt absorbée par le paysage.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À son retour de vacances, Justin Calmar fait une étrange rencontre dans son train. Un homme lui demande de prendre une valise et de la déposer chez une femme. Calmar découvre que la jeune femme a été assassinée et que la valise contient une fortune. Il rentre chez lui, ne sachant que faire.

Le serpent majuscule

N’ayant découvert Pierre Lemaitre qu’après son prix Goncourt, je ne connais pas du tout sa partie polars. Mais voilà qu’il m’a donné forte envie d’y jeter un oeil !

Le serpent majuscule de Pierre Lemaitre, dessins de Dominique Monféry d’après le roman de Pierre Lemaitre
Car dans cet album, tout est très visuel ! Pas trop de textes, tout passe par l’image et c’est vraiment réussi !Une bande dessinée haute en couleurs, bien gore, avec du sang et de la viande

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pweek !
Pweek !
Allez, Ludo, faut pas traîner, on va être en retard.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mathilde est une tueuse à gages septuagénaire. Henri, son ancien camarade dans la Résistance pour qui elle exécute les missions, tente de la protéger. Mais, imprévisible, les accès de violences de Mathilde et son manque de discrétion inquiètent ses véritables commanditaires qui décident de l'éliminer avant qu'elle ne devienne incontrôlable.

Nos rives partagées

À l’instar des femmes qui regardent les hommes qui regardent les femmes (selon Nancy Huston), les humains regardent les animaux qui les regardent. De quoi faire une histoire plutôt amusante…

Nos rives partagées de Zabus, dessins de Nicoby et couleurs de Philippe Ory
Et pourtant, si ces regards croisés tentent de plonger dans l’intime, la maladie, la mort ou la sexualité (par exemple), cette bande dessinée au dessin clair et aéré reste en surface de ses personnages.

Alors oui, c’est joli, sensible, mais je suis finalement resté comme la grenouille à me dire que finalement, il n’y avait rien à expliquer… Et, c’est peut-être très bien comme ça

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le monde commence au pied de mon nénuphar.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils sont six que rien ne rapproche.
Simon est prof et il doute. Son métier doit-il se résumer à inscrire des notes sur des bulletins ? Diane cherche à se reconstruire après une opération, à se sentir femme sans se sentir regardée. Nicole agite sa retraite à militer, même si sa fille ne veut plus lui parler. Vieux et usé, Pierre s'emmerde chez lui. Jill est une ado. Elle hésite entre garçons et filles... et elle envie Hugo qui, lui sait, mais sans succès.
Rien ne les rapproche sauf le rivage partagé avec une faune intriguée, qui observe ces gens empêtrés dans leurs drames, grands ou petits mais si typiquement humains.
Chronique sensible, "Nos rives partagées" narre des existences pas si ordinaires et qui ressemblent aux nôtres. Car même quand le tragique rôde, la vie peut être belle.

Course

Comme indiqué dans le résumé de l’éditeur ci-dessous, ce projet de livre a commencé avec des dessins de Baladi. Pierre Yves Lador (qui visiblement aime les mots inusités) les a postérieurement illustrés de ses textes.

Nous montons du germe endoédaphique, de l'hypogée, vers le ciel, la patte se fait aile, se déploie et bat, le collembole décolle comme l'écolier à l'école, la bulle gondole, le germe ébouriffé s'envole.
Course, dessins de Baladi illustrés par les textes de Pierre Yves Lador
Pensées et réflexions sur cette course à laquelle l’humanité excelle, affairée à s’empresser de vivre plus vite sous les yeux indifférents (mais victimes malgré tout) du reste du monde vivant.

Pour rapidement rester dans la même veine : un poil amphigourique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Oyez, perce-oreilles, voyez, taupes enfantines, lisez, marmottes insomniaques et vous toutes qui la terre habitez. Lisez les aventures des anekphantes, ou si vous préférez le latin et l'anglais au grec, lisez les aventures des invisibles. Ils sont partout et ce ne sont pas des extraterrestres ni des envahisseurs, mais des terriens, des aériens, infiniment ou simplement petits, ubiquitaires, ignorés des lecteurs humains mais connus des peuples qui ignoraient l'écriture.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À l’origine, il y a une exposition d’Alex Baladi à L’Atelier 20 de Vevey, des dessins originaux au format A4 qui déroulent une galerie de personnages, de motifs et de techniques (le teckel, le cow-boy, le ballon, l’os, la fuite, etc., à l’encre réhaussée de blanc, aux crayons de couleurs, sur papier blanc, noir, gris, kraft, quadrillé). À mesure qu’on passe d’un dessin à l’autre, le visiteur de l’exposition se faisait son histoire, pratiquant l’art subtil de la narration séquencée et ses ellipses tel qu’il a été établi par Scott McCloud (L’art invisible) et Pierre Yves Lador (L’étang et les spasmes dans la bande dessinée). C’est précisément Lador, écrivain complet et homme curieux par excellence, multi-spécialiste comme au temps de la Renaissance, qui s’empare des dessins de Baladi pour en faire un récit en contrepoint, en spirales, et offrir par là un éclairage inédit aux dessins de Baladi.

Course est pensé comme une bande dessinée en ce sens que les tableaux, comme autant de cases, se succèdent et se répondent pour faire un récit. Le récit est ouvert, cryptique par le jeu des ellipses fondamentales au genre, possiblement onirique, forcément symbolique. Ce sont les motifs récurrents, mentionnés plus haut, et quelques autres, qui lient les tableaux et, par conséquent, font écho à l’intelligence (soit, étymologiquement l’art de faire des liens) du lecteur/spectateur.

Lador offre une exégèse littéraire à la bd de Baladi. Comme le dessinateur, l’écrivain pratique l’ellipse, la référence, la répétition, le paradoxe et le symbolisme, répondant aux silences et aux mystères sans mots de Baladi avec les silences et les mystères des organismes infinis qui se cachent du regard grossier des arrogants bipèdes et courant que nous sommes. Les organismes, plus sages, ne courent pas car ils demeurent.

Le train

Et Simenon de s’amuser à conter un bonheur amoral. La jouissance au milieu de la douleur. Une rencontre adultère dans un train de la débâcle alors que l’Allemagne s’empare de la France.

Un homme marié dont la femme va bientôt accoucher vit quelques jours passionnés avec une ancienne prisonnière, sous les tirs des Stukas, au milieu de la misère. Il est pourtant heureux. Il l’aime.

Le lundi matin,
je me sentais vide et déprimé. Anna avait dormi d'un sommeil agité, secouée plusieurs fois par ces mouvements brusques auxquels je ne m'habituais pas, et plusieurs fois elle a parlé avec volubilité dans sa langue.
Je me suis levé à la même heure que les autres jours pour préparer le café et me raser mais, au lieu de me trouver seul dehors, j'ai aperçu des groupes de réfugiés encore mal éveillés qui regardaient passer des motos allemandes.
J'avais l'impression de retrouver dans leurs yeux l'abattement résigné qui devait se lire dans les miens et cela était général; cela a duré plusieurs jours, pour certains plusieurs semaines.
On tournait la page. Une époque était révolue, chacun en avait la certitude, bien que nul ne pût prévoir ce qui allait la remplacer.
Le train de Georges Simenon
Un de romans durs sous la forme d’une confession. Des livres longuets où il semble qu’à chaque chapitre, Simenon tente de justifier sa vie dissolue, ses passions, sa boulimie sexuelle en nous prenant à témoin : « Voyez, je ne suis pas seul »

Le 98e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient filtrer dans la chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien. Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme, presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une opération. Elle était alors enceinte de sept mois et demi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Juin 40
L'exode pousse des millions de civils sur les routes de la France défaite. Dans la débandade générale, sous les bombes de stukas allemands, un train file vers le sud. Parqués dans la foule de ce train, un homme et une femme. Elle est une jeune juive. Il est commerçant près de Maubeuge et, à la première alerte, sa famille a été dispersée.
Dans la pénombre et la promiscuité du wagon à bestiaux bondé, sans mot dire, les deux inconnus s'allongent côte à côte. Lentement ils s'étreignent, s'accouplent. Étonnés, ils accomplissent quelque chose qui ressemble à l'amour.

La belle dame d’A

Mais qui peut bien être ce si méchant Jean Tillet ? Capable de tant d’horreurs (possiblement délices pour certains et ignominies pour d’autres). Tant de débordements ? Tout y passe avec, toutefois, et c’est remarquable, des femmes qui tiennent le manche.

Maintenant la jeune fille bat la directrice tous les jours en lui exhibant sa petite moule dont elle la frustre constamment pour se donner à deux vendeuses des étages inférieurs qui font de l'escrime contre la paroi de son ventre en l'engodant des deux côtés. Leurs petits seins ont la douceur de la pêche. Pendant ce temps la directrice se fait tirer des pipes par « sa mère » qui joue la poule de luxe et panse ses plaies en mettant du rouge à lèvres pour lui bouffer le clito. « La fille » de madame règne sur le grand magasin au rythme du fouet qui s'abat sur les tétins de la patronne.
La belle dame d’A : ou Les degrés du silence suivi de La grande vie des jeunes filles et de Autres terres de Lesbos de Jean Tillet
Du porno sale, excessif, dans la viande et pour la viande.

Tant et tant que cela en devient drôle… M’enfin…

Et qu’importe l’auteur-musicien genevois qui peut bien se cacher sous ce pseudo… Calvin appréciera !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au commencement, il n'y a rien.
L'univers n'est qu'un grand bureau lisse et vide de toute chose.
Puis elle paraît.
Deux jeunes filles lui ceignent le gode, une femme nue s'allonge sur le bureau, bras en croix. Un milliard de téléphones s'allument, qui répercuteront le râle. Les étoiles filantes, les vaisseaux spatiaux sillonnent le ciel, les sirènes réveillent les usines et les petites filles, dans les campagnes les plus éloignées, copient les lettres de l'alphabet.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ne cherchez pas dans ce texte une histoire logique. C'est une suite de fantasmes merveilleusement écrit d'une plume à la fois hardie et pudique, qui décrit sous un éclairage cru les rêves ou les fantasmes assouvis d'une mystérieuse dame « d'A ».
Celle-ci ne vit pas pour le sexe et par le sexe. Au tout début de son récit, elle offre son cul à de robustes jeunes gens dans un local minable. Elle ne s'attarde pas et retrouve la maison attenante à un cloître ou elle vit avec une gouvernante tout aussi obsédée qu'elle. Hommes ou femmes, c'est une sarabande sulfureuse de rencontres où la Belle Dame se déguise, change de personnalité, se plonge dans les milieux les plus différents avec comme unique objectif, comme elle le confesse elle-même, « trouver de la viande ».
Il n'y a dans ce récit, ni amour ni sentiments ni logique même. Simplement une quête du plaisir sexuel sous ses formes les plus basiques.
Par la précision des termes et l'atmosphère à la fois gaie et désespérée de ces « tableaux vivants », on pense à « Trois filles de leur mère » de Pierre Louÿs.

La vieille

Simenon s’attache ici à rendre des sentiments et des émotions subtiles et sensibles. Hélas, l’argument semble un peu faible et c’est avec grand peine qu’il semble arriver à justifier une fin qu’il aurait probablement souhaité plus glauque.

Elle s'énervait. Elle aurait voulu exprimer quelque chose qui ne ressortait pas de son discours. Elle tournait autour d'une idée confuse, perdait le fil.
 ─ Regarde !
Elle montrait, comme si cela avait un rapport avec son récit, deux fenêtres éclairées, une pièce haute de plafond, des bibliothèques d'acajou pleines de livres reliés et, dépassant du dossier d'un fauteuil tourné vers l'intérieur, un crâne chauve, un peu jaune, qui ne bougeait pas.
 ─ Tu comprends ?
 ─ Je crois.
 ─ La sensation que tout se fige, que l'air devient une matière solide qui nous étouffe...
La vieille de Georges Simenon
Une grand-mère et sa petite fille peu liées et alcooliques peinent à se retrouver, à tisser un lien alors qu’elles se retrouvent à vivre ensemble.

Sans être complètement loupé, Georges a été plus inspiré pour mettre en lumière toutes nos noirceurs

Le 95e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Sous la voûte, aussi froide et humide qu'une cave, le commissaire de police s'arrêta un instant, regarda l'heure à son bracelet-montre et, secouant son par-dessus, envoya des gouttes de neige fondue sur le carrelage où elles s'agrandirent comme sur du buvard.
Il était onze heures cinq.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le commissaire de police Charon vient solliciter l'aide de Sophie Emel, dont la grand-mère,qu'elle a perdue de vue depuis longtemps, refuse farouchement de quitter l'immeuble qu'elle habite et qui est voué à la démolition. Elle menace, si on l'y contraint, de se jeter par la fenêtre. La grand-mère accepte finalement de « faire son coin » chez sa petite-fille. Sophie, vedette sportive très connue, mène une vie quelque peu bohème.

Horizons obliques

Pour les amateurs de bandes dessinées aux cités architecturales, voilà une très belle découverte venue des États-Unis (complétée d’ailleurs par un petit dialogue entre François Schuiten et Richard Blake). Le dessin et les couleurs sont splendides.

Horizons obliques de Richard Blake
Une histoire d’univers parallèles et d’intelligences artificielles un peu confuse qui donne l’impression un travail scénaristiquement un poil inabouti.Pour autant, la poésie picturale et un choix de dialogues plutôt minimaliste permet à cet album de s’en sortir élégamment

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
En l'an 4040, une équipe composée de scientifiques et d'explorateurs découvrit un portail donnant sur une étrange dimension parallèle.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y a plusieurs années, Jacob et Elena Armlen, un couple d'explorateurs, se sont retrouvés piégés dans une étrange dimension parallèle aux paysages insaisissables, à l'architecture changeante, peuplée d'entités malicieuses, laissant derrière eux leur fille en bas âge, Adley. Bien des années plus tard, Adley a grandi mais n'a jamais oublié ses parents. Dotée d'un pouvoir de clairvoyance et accompagnée de Staden, un robot à la sensibilité très humaine, elle se lance à leur recherche.

Les trois cœurs du poulpe

Une histoire de faillites, un jeune veuf, sa sœur, sa fille, un palace… Rien ne va très bien, et ça sera pire, doucement, mais pire.

Soulagé de retrouver son bureau, il tira les rideaux devant le ciel clair qui changerait dès qu'il tournerait le dos. Il n'alluma ni le plafonnier ni les deux lampes d'appoint, la pénombre au moins était stable.
 ─ Si on veut, on peut, dit-il à voix haute.
Un instant, cela lui apparut comme une immense duperie.
Les trois cœurs du poulpe de Raluca Antonescu
Raluca Antonescu nous dresse une galerie de portraits touchants mais qui semblent aussi désincarnés et inhabités que ce grand hôtel qui va ouvrir.

Trois cœurs en deuil dans une construction brutaliste, comme des poulpes piégés dans une amphore vide, dans l’attente d’un salut, perdus dans le brouillard.

Un roman au décor inspiré par une histoire invraisemblable, un lieu mythique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le gardien partit un mardi de mars 2009. Il siffla son chien, qui furetait sous une bruyère que plus personne n'avait pris la peine de tailler. À l'extérieur du Lagoa Palace, le désordre brouillait les frontières des constructions. Les herbes pullulaient dans le gravier, les joints des dalles verdissaient et les mousses s'agrippaient partout : au béton et à la pierre, aussi bien qu'au métal. Telle une infection, du lichen orange vif perlait sur les grilles du portail.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Suite à un drame, Evan devient propriétaire d’un hôtel luxueux aux Açores, sur un site époustouflant mais difficile d’accès. L’ouverture est imminente et l’échec inconcevable, selon le mot d’ordre tu veux, tu peux.

Sa fille Anël, neuf ans, dotée d’une mémoire prodigieuse et d’un vif intérêt pour les animaux, veille sur lui. Leur quotidien est millimétré jusqu’à l’arrivée de Vicki, sœur aînée d’Evan à qui il fait appel après un silence de plus de dix ans.

Rien ne se passera comme prévu sur cette île volcanique où règne une météo déroutante.

Le roman s’inspire de l’histoire du Monte Palace à São Miguel, dont les immenses ruines incarnent la discordance entre luxe et nature sauvage.