Maigret et l’indicateur

Après plus d’une quarantaine de Maigret, je remarque de plus en plus différentes périodes d’écriture et les derniers opus (dont celui-ci) me semblent vraiment meilleurs !

Il était un peu ému quand même, comme chaque fois qu'il quittait sa femme pour plus d'un jour.
Sur le trottoir, il leva la tête et il savait d'avance qu'il l'apercevrait à la fenêtre.
Heureusement, car elle lui montrait la mallette bleue qu'il avait oubliée et ils se retrouvèrent à mi-chemin dans l'escalier.
Maigret et l’indicateur de Georges Simenon

Simenon à moins besoin d’en faire, les intrigues sont moins tortueuses, l’action plus lente et les personnages ont plus de corps.

Il commençait à tomber de larges gouttes d'eau qui formaient des disques noirs sur le trottoir.
Il atteignit la place Dauphine où deux de ses collègues prenaient des pastis. Il fut tenté un instant, puis il se reprit.
 - Le plus grand verre de bière que vous ayez... dit-il au patron.

Certes, si l’inspecteur boit toujours, c’est avec plus de modération, mais sa pipe n’a que rarement le le temps de refroidir

Maigret 102/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand le téléphone sonna et que Maigret manifesta son déplaisir par un grognement, il n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait être. Il ne pensa pas à regarder le réveille-matin. Il sortait d'un sommeil lourd et ressentait encore un poids sur la poitrine.
Pieds nus, d'une démarche de somnambule, il se dirigea vers l'appareil.
- Allô...
Il ne se rendait pas compte que ce n'était pas lui mais sa femme qui avait allumé une des lampes de chevet.
- C'est vous, patron?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est commode, un indicateur qui vous téléphone, et vous désigne nommément l'assassin que vous cherchez... C'est commode, mais cela n'efface pas toutes les questions. D'abord, pourquoi la Puce - c'est le surnom de ce petit homme, ancien chasseur de cabaret, guère pris au sérieux dans le monde des truands - est-il pressé de coffrer Manuel Mori ? Le fait que ce dernier soit depuis trois ans l'amant de Line Marcia, l'épouse de la victime, est-il une des causes de l'assassinat ? Les uns et les autres ont-ils quelque chose à voir avec le «gang des châteaux", spécialisé dans le pillage de propriétés isolées ?
Aidé de l'inspecteur Louis, le commissaire Maigret promène sa pipe et son chapeau entre les Halles et Montmartre, plus que jamais convaincu que, pour élucider une affaire, il faut d'abord comprendre les êtres qu'elle met aux prises

La procrastination : l’art de reporter au lendemain

Voilà un petit essai qui brille principalement pour ce qu’il ne promet pas : guérir de la procrastination.

Ne jamais remettre au lendemain ce que l'on pourrait faire le surlendemain.
Mark Twain

Auteur d’un article qui fit beaucoup de bruit, John s’est fendu (après moultes reports) d’un petit bouquin sur la procrastination structurée.

Il n'aura pas échappé au lecteur attentif que la procrastination structurée requiert une bonne dose de mauvaise foi, puisqu'elle repose sur une constante arnaque pyramidale contre soi-même.
La procrastination : l’art de reporter au lendemain de John D. Perry

Un livre bourré d’humour et (quand même) de quelques conseils, pour nous permettre (si ce n’est de guérir) de mieux vivre avec ce handicap fréquemment lié, selon lui, à un autre défaut, le perfectionnisme. Mais ne serait-ce pas, là aussi, un peu de mauvaise foi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'homme est un animal rationnel, c'est bien connu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Autant s'y mettre tout de suite (ou, allez... dès demain) ! »

Le philosophe américain John Perry est professeur émérite à l'université de Stanford en Californie. Étant de son propre aveu un procrastinateur invétéré, il a créé le concept révolutionnaire de « procrastination structurée ».

Traduit dans une vingtaine de langues, cet ouvrage lui vaut aujourd'hui une reconnaissance internationale

L’écluse N°1

Le dernier Maigret avant la quille ! Et après, c’est fini (enfin… pas tout à fait)

Certes, de nombreuses enquêtes paraîtront après, mais Simenon n’ayant pas écrit ses livres dans l’ordre chronologique, voilà déjà l’heure de poser sa plaque et de partir à Meung-sur-Loire pour une retraite bien méritée. Et voilà pourquoi ce livre écrit en 1933 annonce la fin alors que la dernière enquête sera écrite en 1972. Pourtant, Madame Maigret est déjà dans les cartons !

C'était prodigieux de vie, ce paysage lumineux découpé par les fenêtres. Vues d'en haut, les péniches paraissaient plus lourdes, comme enlisées dans une eau trop dense. Debout dans son bachot, un marinier passait au goudron la coque grise de son bateau qui émergeait de deux mètres. Et il y avait des chiens, des poules dans une cage en treillage, et la jeune fille blonde qui astiquait les cuivres du pont. Des gens allaient et venaient sur les portes de l'écluse et les bateaux qui sortaient en aval semblaient hésiter avant de se laisser glisser au fil de la Seine.
L’écluse N°1 de Georges Simenon

Une enquête glauque dans un endroit qui aurait pu être sympa, en Haute-Marne, juste à côté de Paris au milieu des écluses.

Mais voilà, on s’y retrouve chez un odieux tyran domestique, qui loge sa maîtresse à l’étage, qui insulte sa femme et n’a de respect pour personne. Un riche parvenu à la force de ses bras, bien malheureux au milieu de ses possessions et qui ne vit qu’en écrasant ceux qui l’entourent.

Ducrau fronça les sourcils, regarda à nouveau son compagnon et, cette fois, avec autant d'admiration que de curiosité. 
« Que pensez-vous de ma femme ? Est-ce que vous trouvez que je la rends malheureuse?
 - Ma foi, non! Vous ou un autre ! C'est une de ces créatures qui sont toujours effacées et tristes, quel que soit leur sort. »
Maigret eût pu marquer un point, car Ducrau en restait ahuri.
« Elle est morne, bête et vulgaire, soupira-t-il. Comme sa mère que je loge dans une des petites maisons voisines et qui a passé sa vie à pleurer!

Une écluse N°1 pénible et laborieuse

Maigret 18/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand on observe des poissons à travers une couche d'eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis, d'un frémissement de nageoires, aller un peu plus loin pour n'y rien faire qu'attendre à nouveau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après une soirée trop arrosée, le vieux Gassin, en regagnant son bateau, tombe à l'eau et est aussitôt agrippé par un deuxième homme en passe de se noyer. Ce dernier n'est autre que Ducrau, le patron de Gassin. On les repêche et on s'aperçoit que Ducrau a reçu un coup de couteau dans le dos avant de se retrouver dans le canal. On parvient à le sauver et il demande l'intervention de la police, ce qui déclenche l'enquête de Maigret…

Maigret et les témoins récalcitrants

Maigret se retrouve avec un meurtre dans une famille guère collaborative. Propriétaire d’une ancienne biscuiterie florissante dont il ne reste plus que des miettes et des dettes dans une grande maison peu causeuse.

 - Tu n'as pas oublié ton parapluie ?
 - Non.
La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l'escalier.
 - Tu ferais mieux de mettre ton écharpe. Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques.
Maigret et les témoins récalcitrants de Georges Simenon

Alors, cambriolage ou meurtre de l’intérieur ?

Au fond - et sa femme devait le soupçonner depuis longtemps - si Maigret, lorsqu'il était plongé dans une enquête, rentrait rarement chez lui pour les repas, c'était moins pour gagner du temps que pour rester comme replié sur lui-même, à la façon d'un dormeur qui, le matin, se recroqueville, entortillé dans les couvertures, pour mieux s'imprégner de sa propre odeur.
C'était l'intimité des autres, en somme, que Maigret reniflait, et maintenant, par exemple, dans la rue, les mains dans les poches de son pardessus, de la pluie sur le visage, il restait plongé dans l'ahurissante atmosphère du quai de la Gare.

Un commissaire qui rêve déjà de retraite, encombré d’un jeune juge d’instruction envahissant pour une enquête à la Maigret. Il cause, flâne, flaire, renifle, se questionne et interroge

Maigret 81/100

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Tu n'as pas oublié ton parapluie ?
- Non.
La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l'escalier.
- Tu ferais mieux de mettre ton écharpe.
Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Léonard Lachaume, directeur d'une biscuiterie vétuste, est retrouvé assassiné sur son lit, d'une balle en plein cœur. La famille veut faire croire à une affaire de cambriolage qui aurait mal tourné, mais Maigret n'y croit guère. Son enquête s'avère difficile devant le mutisme de l'entourage de Léonard, d'autant plus que le commissaire se retrouve flanqué d'un jeune juge d'instruction plutôt encombrant. Maigret apprend tout de même que la biscuiterie est au bord de la faillite, et que c'est l'argent de Solange Lauchaume, la belle-sœur de Léonard, qui tient l'entreprise à flots...

L’Arétin français

L’occasion de découvrir (par rebond et sur Wikipedia) qui était Pietro Aretino, vénitien banni de sa ville et qui fit parler de lui au 15e siècle pour ses Sonnets luxurieux

Figure sixième
J'éprouve, à ton aspect, un doux frémissement, 
À ta voix seule, je soupire ; 
J'en suis encore à mon premier moment, 
Plus je jouis, plus je désire.
J'aime à te caresser, l'amour fait mon bonheur. 
Qu'une froide coquette, orgueilleuse statue, 
De ses riches bijoux étale sa splendeur, 
Ma plus belle parure est d'être bien foutue
L’Arétin français de Félix Nogaret

Sinon, pas grand chose à dire de ce tout petit livret trouvé aux puces et qui m’avait amusé… Mais finalement pas trop

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Des feux les plus ardens le con me rend la proie
Le con , par excellence , eſt l’ouvrage des Dieux ;
L’homme au con doit ſa vie, & plus encor ſa joie;
Voltaire a beaucoup fait ; il n’a rien fait de mieux,
Du ſpectacle jamais je ne fus idolâtre,
Il laiſſe à froid ſouvent & l’eſprit & le cœur.
De la place où je ſuis je me forme un théâtre,
Le con, c’eſt-là ma piece , & mon vit eſt l'acteur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publiés anonymement à Londres en 1787, les poèmes de L'Arétin français sont de Félix Nogaret (1740-1831), qui est aussi l'auteur des Épices de Vénus. Le recueil est composé de dix-neuf courts poèmes, de huit vers chacun, qui servent de légendes à une suite de gravures de Burins d'Elluin d'après Borel.

La nuit merveilleuse : ou le nec plus ultra du plaisir

Voilà une nouvelle érotique du 18e bien amusante. Une nuit torride sur un malentendu… ou presque.

Madame d'Arbonne me prit sans m'aimer; elle me trompa, je me fâchai; elle me quitta; cela était dans l'ordre. Je l'aimais alors, et pour me venger mieux, j'eus le caprice de la ravoir, quand à mon tour je ne l'aimai plus. J'y réussis, et lui tournai la tête; c'est ce que je demandais.
La nuit merveilleuse : ou le nec plus ultra du plaisir de Dominique Vivant Denon

Avec des carrosses, des robes, des gorges fermes, des désirs qui consument, des pommes charmantes et des baisers de feu…

Tout ceci avait été un peu brusqué : nous sentîmes notre faute; nous reprîmes ce qui nous était échappé, avec plus de détails. Trop ardent, on est moins délicat: on court à la jouissance, en confondant tous les délices qui la précèdent. Partout la volupté marque sa trace, et bientôt l'idole ressemble à la victime.
Plus calmes, l'air nous parut plus pur, plus frais.

Un texte tiré de Point de lendemain qui le paraphrase d’une manière fort érotique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Madame d'Arbonne me prit sans m'aimer ; elle me trompa, je me fâchai ; elle me quitta ; cela était dans l'ordre. Je l'aimais alors, et pour me venger mieux, j'eus le caprice de la ravoir, quand à mon tour je ne l'aimai plus. J'y réussis, et lui tournai la tète ; c'est ce que je demandais.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publié clandestinement en 1794 et en 1800, La Nuit merveilleuse ou Le Nec plus ultra du plaisir est attribué à Dominique Vivant Denon. Diplomate, homme de cour, écrivain léger, ironique, fantasque, l'auteur de Point de lendemain nous laisse ici un miroir fidèle des jeux amoureux que les écrivains du XVIIIe siècle ont su décrire avec tant d'élégance.

Chattitudes

Sayo Koizumi a deux chats, une femelle et un mâle, un gros et une petite, une stérilisée et un castré, une grise et un noir et blanc (enfin presque).

En japonais, chat vient du verbe « dormir »
« Miaou » Mes chats dorment au premier étage de la maison. Quand ils descendent, en général, cela signifie : « J'ai un petit creux ! Donne-moi quelque chose à manger ! » Mes chats ont la belle vie. Ils dorment la plupart du temps et ne se réveillent que pour manger. En japonais, chat se dit neko.
L'étymologie est la suivante : nemuru ko (« dormir » et « enfant ») a donné neko.
Chattitudes de Sayo Koizumi

Et elle les dessine et nous en parle en 100 questions-réponses.

C’est kawaii et choupinou, c’est parfait si votre nièce ou votre filleul a envie d’un chaton, un petit plaisir à offrir pour faire craquer les parents

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
AIMEZ-VOUS LES CHATS ?
JE SUPPOSE QUE OUI PUISQUE VOUS TENEZ CET OUVRAGE ENTRE LES MAINS.
J'ai pour ma part une profonde affection pour les chats, et voilà près de vingt ans que je vis en leur compagnie.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sayo Koizumi nous fait partager avec humour et un grand sens de l'observation 100 moments complices qui en disent long sur le tempérament des chats : comment ils nous disent bonjour, leurs jeux préférés, ce qu'ils expriment quand ils remuent la queue, pourquoi ils dorment tant et dans des postures incroyables...

Chôjirô, le grand frère et Raku la petite soeur, sont les deux chats adorés de Sayo Koizumi, une illustratrice vivant à Tokyo. Comme tous les chats du monde, ils ont leurs habitudes, leurs petits défauts, leur langage, leurs mystères...

Le guide complètement « kawaii » des amoureux des chats !

Depuis plus de 20 ans, Sayo Koizumi dessine et met en scène ses chats. Amusée, tendre, voire taquine, elle les croque dans toutes les situations de la vie quotidienne, nous faisant partager de délicieux moments de complicité...

Anaïs Nin : sur la mer des mensonges

Tiraillée entre la fidélité à son mari banquier et son attirance pour Henry Miller et June, son prof de danse, un cousin, ses psys, son père, ses fantasmes… Anaïs se cherche, se découvre…

Anaïs Nin : sur la mer des mensonges de Léonie Bischoff

Un dessin magnifique qui exprime bien plus qu’un texte ne l’aurait pu, on découvre une Anaïs double, fragmentée, indécise, perdue, créative, torturée, artiste, culpabilisée, aimante, amante qui se cherche sans jamais parvenir à trouver celle qui se reflète dans son miroir. Mais aussi, une autrice infatigable qui ne cesse d’écrire dans son (ses) journal.

Une bande dessinée fascinante, superbe, onirique et sensuelle

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Biographie romancée de l'écrivaine et diariste de langue française Anaïs Nin. Ayant passé son enfance entre les Etats-Unis et la France, elle cherche une place dans la société patriarcale. Son journal, qu'elle tient depuis ses jeunes années, est son échappatoire. Elle y explore la complexité des sentiments. Edition deluxe avec un cahier graphique en fin d'ouvrage.

L’arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011)

Et voilà, le petit Riad est devenu grand. Enfin, presque ! Reste à passer son bac et vivre (et gagner) sa vie.

L’arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011) de Riad Sattouf

Et son frère enlevé par son père en Syrie ? Et sa mère ? Et la famille, les filles, ses peurs… et tout et tout… Tout est là, avec une histoire et un dessin toujours aussi intimes et touchants.

Et pourtant, oui, c’est bien que ça se termine, avec brio, d’ailleurs

L’arabe du futur, tome 5

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'Arabe du futur, une jeunesse au Moyen-Orient (1978-2011) est une série de bande dessinée en six tomes, écrite et dessinée par Riad Sattouf.
Vendue à plus de 3 millions d'exemplaires et traduite en 23 langues, elle raconte l'enfance et l'adolescence de l'auteur, fils aîné d'une mère française et d'un père syrien. L'histoire nous mène de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d'Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne, de Rennes au cap Fréhel.Ce sixième tome couvre les années 1994-2011.
C'est le dernier de la série

Il n’y a pas de Ajar : monologue contre l’identité

Et moi qui, petit, trouvait les discours des curés interminables et que pour dire la même chose ils auraient été bien inspirés de raccourcir leur prêches. Je n’avais pas encore entendu de rabbin.

Ajar fut un des noms que Gary créa pour dire au monde qu'il n'allait pas se résoudre à une mort annoncée, ni celle des hommes, ni celle des mots.
Son pseudo fut un dernier pied de nez au morbide qui vous rattrape toujours, mais qu'on peut tromper un temps avec un peu de panache, avec une manigance littéraire qui interdit à l'homme de n'être que lui-même. À travers Ajar, Gary a réussi à dire qu'il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd'hui un nom vraiment dégoûtant : l'identité.
Il n’y a pas de Ajar : monologue contre l’identité de Delphine Horvilleur

Oui, car malgré la petite taille de l’ouvrage, Delphine Horvilleur se perd en circonvolutions – souvent très drôles et fort bien écrites – pour arriver à ses fins.

Non, non, non, non...
Ne jamais prononcer son nom, non, non, non, non...
Ne jamais prononcer son nom.
J'avais promis à mon père de ne jamais prononcer Son nom. Il m'a dit de ne jamais parler de vous-savez-qui... D'abord, parce qu'Il n'existe pas et ensuite, parce que si tu en parles, Il pourrait très bien croire que tu l'appelles et décider de se pointer.
C'est exactement comme dans la saga d'Harry Potter. Tous évitent soigneusement de nommer le méchant pour pas qu'il montre le bout de son nez. Et effectivement, à la seconde où quelqu'un prononce le nom de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, tout part vrille.

Comme Le siècle des égarés que je lisais juste avant, Il n’y a pas de Ajar tente de lutter contre les identités.

Hélas, toutes ces digressions, traits d’humour, métaphores et images m’ont égaré, noyé dans un propos qui perdait en lisibilité. Et d’ailleurs, l’identité, c’est quoi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Avouez que c'est une drôle de coïncidence. Précisément l'année où je viens au monde, il commence à signer du nom de l'Autre. Comme par hasard, au moment même où un officier d'état civil écrit soigneusement mon nom dans un registre municipal et estampille ma déclaration de naissance, Romain Gary choisit, lui, de publier ses livres sous pseudo.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans ce monologue, un homme mystérieux affirme être le fils d'Émile Ajar, pseudonyme sous lequel Romain Gary a écrit notamment La vie devant soi.

Cet enfant de père inventé demande à celui qui l'écoute : es-tu le fils de ta lignée ou celui des livres que tu as lus ?

En interrogeant la filiation et le poids des héritages, il revisite l'univers de l'écrivain, celui de la Kabbale, de la Bible, de l'humour juif... mais aussi les débats politiques d'aujourd'hui, enfermés dans les tribalismes d'exclusion et les compétitions victimaires.

Et si Gary/Ajar étaient les meilleurs antidotes aux obsessions identitaires et mortifères du moment ?