Ce prochain amour

Quelles phrases géniales, quelles envolées mémorables ! Chaque début de chapitre est travaillé, ciselé et millimétré, ciblé et percutant ! La première page est à elle seule un chef d’oeuvre !

Ce prochain amour de Nora Benalia

L’histoire d’une femme qui s’est abandonnée à son couple et qui, finalement (trop tardivement ?), a décidé de reprendre sa vie. Mais est-ce possible encore, où sont les hommes et qui sont-ils réellement, quelles sont les règles ?

Une dénonciation (et une démonstration) du patriarcat, de la violence, de la difficulté de sortir des schémas imposés et du manque de couilles de la moitié de la population (qui était pourtant celle qui devrait en avoir)

Un livre avec malgré tout certaines longueurs et une certaine confusion dans la seconde partie à laquelle j’ai moins accroché

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La narratrice a renoncé à son métier, élevé seule ses trois enfants et été menacée de mort par leur père. Refusant de se laisser abattre, poussée par la rage, elle se bat au quotidien, bien décidée à obtenir vengeance

Le goût des garçons

L’histoire d’une adolescente de treize ans dans un collège catholique qui raconte son obsession pour les garçons.

Le goût des garçons de Joy Majdalani

Au début, tout est imaginé, imprécis, interdit mais terriblement attirant et inaccessible. Il faut alors nouer des alliances avec des amies (qui le restent rarement longtemps), subir les trahisons et les effets de groupe, intriguer pour soulever un peu le voile, comploter pour découvrir… tout est permis car seul compte le but à atteindre. Réussir à séduire et à capter le regard, l’attention de celui qui osera.

Fantasmes de bites, de caresses, de langues, de fluides, de désirs, toucher, voir et goûter. C’est frais et ça sonne très juste, c’en est très drôle et touchant. Un livre qui crie : je veux !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le corps des filles
Je vous parle de ces filles qui m'ont donné le goût des garçons.
Au fond de notre classe de 5e, près du radiateur, des fenêtres, somnolent les Dangereuses Soumaya, Ingrid et leur bande.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elles sont «de bonne famille», «bien élevées». Collégiennes dans un établissement «strict». Elles n'ont que le désir en tête.

La narratrice, qui a treize ans, rêve des garçons, de leur sexe, de faire l'amour avec eux. Elle s'allie à la terrible Bruna, rivale et confidente, qui sait dénicher sur Internet des garçons avec qui s'adonner à des conversations téléphoniques interdites. Bruna lui tend un piège, où elle tombe avec naïveté. Qu'importent les fâcheux qui la traitent de putain ! Il lui faut goûter, goûter aux garçons.

Légendes, ragots, ignorances, peurs, élans, embûches, alliances, traîtrises, téléphone, Internet, tout tourne autour des garçons et de leur corps mystérieux dans un mélange de crainte, de fantasmes et de romantisme. Cru et délicat, dévoilant les candeurs comme les cruautés, voici un premier roman d'une véracité implacable

Une sortie honorable

Après une brève description de l’enfer colonial qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux atrocités commises par Léopold II au Congo, rappelées dans Le coeur des ténèbres, en Algérie ou qu’on retrouve dans Exterminez toutes ces brutes !, Eric Vuillard raconte avec force anecdotes la guerre d’Indochine.

Une sortie honorable de Éric Vuillard

Et comme à son habitude, il use d’effets, de projections, de circonvolutions et de bons mots (un peu beaucoup d’ailleurs, et cela nuirait presque à l’efficacité de son argumentaire).

Mais à la fin, il retombe sur ces pattes et cette sortie honorable démontre qu’elle ne le fut en rien. Les profiteurs de guerre dans leurs beaux salons s’en sont rempli les poches dans leurs beaux costumes une fine et un cigare à la main. Les incapables en uniformes de parade ont fait leur job à la perfection en décimant tant et plus ne laissant que désolation et terres brulées.

Qui, bien au chaud, gouverne, à qui profitent ces crimes et les puants sont-ils dans les cachots ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
ANNEXE TRÈS CONFIDENTIELLE À UN RAPPORT DE L'INSPECTION DU TRAVAIL
« Il faut voyager », écrivait Montaigne. « Cela rend modeste », ajoutait Flaubert. « On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées », renchérissait Taine.
Et si c'était tout le contraire. Dans un guide de voyage sur l'Indochine de 1923, après une page de publicité pour la maison Ridet & Cie, armurier au centre de Hanoi, fournissant "armes et munitions de chasse et de guerre, tous accessoires pour chasseurs et touristes, pistolets automatiques ou carabines", avant même que ne soit évoquée "la partie la plus pittoresque du Haut-Tonkin où se trouvent quantité de curiosités naturelles", on tombe sur un petit lexique, manuel de conversation à l'usage des vacanciers, dont voici en français les premiers rudiments: "va chercher un pousse, va vite, va doucement, tourne à droite, tourne à gauche, retourne en arrière, relève la capote, baisse la capote, attends-moi là un moment, conduis-moi à la banque, chez le bijoutier, au café, au commissariat, à la concession". C'était là le vocabulaire de base du touriste français en Indochine.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Et si je vous en donnais deux ?, lui lança-t-il.
- Deux quoi ? », répondit le ministre français, interloqué, incapable de faire le lien entre la conversation diplomatique, somme toute assez classique qu'il menait à propos de Diên Biên Phu, et cette question à la tournure tout à fait saugrenue.
« Deux bombes atomiques... », précisa le secrétaire d'Etat américain.
É.V.

Chienne

Brut, violent et au style irréprochable, ce livre est un diamant forgé par les pires excréments possibles. Un père violent et manipulateur se réjouissant de sa propre cruauté et jouissant des douleurs infligées.

Chienne de Marie-Pier Lafontaine

Deux filles à sa merci sous l’oeil complaisant d’une femme victime et complice par défaut, se contentant de la promesse d’absence d’inceste.

Un livre qui n’est pas sans rappeler la violence de Claustria de Régis Jauffret ou du syndrome du varan de Justine Niogret.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je dissimulais mes désirs dans des textes de fiction, enfant. Deux sœurs en fugue. Pourchassées par un monstre à deux têtes. Elles s'enfuyaient dans de sombres forêts. S'armaient de branches, de bâtons. Aujourd'hui, je ne cache plus mes désirs. Je voudrais que ce texte décime ma famille entière.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un homme soumet ses deux filles à toutes les brimades et les humiliations. Les tenir en laisse, les forcer à marcher à quatre pattes, les frapper avec des objets, leur promettre d'abuser d'elles, un jour... Sans que la mère s'interpose jamais. Viol suspendu, inceste latent. Personne ne s'étonnera si l'une d'entre elles, devenue adulte, finit par mordre.

Chienne est l'histoire de cette jeune femme en morceaux qui, s'appuyant sur les pouvoirs de la littérature, se bat pour retrouver un corps et une parole

Le cœur des ténèbres

Livre mythique dont la trame inspira Apocalypse Now, j’ai plutôt eu la surprise de lire un conte métaphorique sur les tréfonds de l’âme humaine alors que je m’attendais à n’y trouver qu’une dénonciation de la violence coloniale au Congo.

Le coeur des ténèbres de Joseph Conrad

Certes, la colonisation y est dépeinte pour la saloperie qu’elle était et sert de trame à cette remontée du fleuve. Mais on pourrait presque y lire que Conrad voyait ces ténèbres comme celles qui se trouvent au fond de chacun de nous, que cette jungle n’est que notre âme (notre coeur) lorsque nous plongeons dans nos tréfonds

Reste cette phrase qui m’amena à ces ténèbres en donnant son titre au livre de Sven Lindqvist

Aucune considération pratique ne venait interrompre le flot magique des phrases, sauf à voir dans l’espèce de note au bas de la dernière page, gribouillée d’une écriture tremblante et, de toute évidence, beaucoup plus tard, l’exposé d’une méthode. Elle était très simple et, venant après cet appel à toutes les formes d’altruisme, elle vous brûlait, lumineuse et terrifiante, comme un éclair dans un ciel serein:
« Exterminez-moi toutes ces brutes ! »

Un livre à nombreuses facettes permettant foule d’interprétations et qui mérite amplement de multiples lectures

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le yawl de croisière Nellie rappela sur son ancre sans un frémissement des voiles et s'immobilisa. La marée était étale, le vent presque tombé et, comme nous devions descendre le fleuve, la seule possibilité était de s'embosser et d'attendre le reflux.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le cœur des ténèbres s'inspire d'un épisode de la vie de Conrad, en 1890, dans l'État libre du Congo mis en coupe réglée au profit de Léopold II. De cette expérience amère, l'écrivain a tiré un récit enchâssé dont chaque élément, à la façon des poupées russes, dissimule une autre réalité : la Tamise annonce le Congo, le yawl de croisière la Nellie le vapeur cabossé de Marlow, lui-même truchement de Conrad. Ces changements d'identité sont favorisés par les éclairages instables du coucher du soleil ou par le brouillard qui modifie tous les repères et dont émerge Kurtz. Présenté par de nombreux personnages bien avant d'entrer en scène, celui-ci fait voler en éclats toutes les définitions et finit par incarner le cœur énigmatique des ténèbres : le lieu où se rencontrent l'abjection la plus absolue et l'idéalisme le plus haut

Les exploits d’un jeune Don Juan

Ce qui commence bien gentiment finit dans une débauche de sexe, de foutre et de jouissances.

Les exploits d’un jeune Don Juan de Guillaume Apollinaire

Avec des fluides, du goût, des odeurs, du poil, du ferme et du gras.

Dispensable, même s’il m’a tiré parfois un sourire au coin d’une page

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Les jours d'été étaient revenus, ma mère s'était rendue à la campagne dans une propriété qui nous appartenait depuis peu.
Mon père était resté à la ville pour s'occuper de ses affaires. II regrettait d'avoir acheté cette propriété sur les instances de ma mère :
─ C'est toi qui as voulu cette maison de campagne, disait-il, vas-y si tu veux, mais ne me force pas à y aller. D'ailleurs, tu peux être certaine, ma chère Anna, que je vais la revendre dès que l'occasion s'en présentera.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le jeune Roger ne rêve que de filles et de femmes, de séduction, d'abandons et d'étreintes, d'odeurs et de formes abondantes... Rapidement déniaisé, l'adolescent embrasse, caresse et séduit tout ce qui porte jupon, ne reculant devant aucun fantasme ni aucune perversion pour assouvir ses désirs et parfaire son apprentissage amoureux.

Un roman d'initiation amoureuse et sexuelle, à la fois drôle et provocant, par l'un des plus grands poètes du XXe siècle

Exterminez toutes ces brutes ! : un voyage à la source des génocides

En intercalant trois récits (le voyage qu’il fait en Afrique alors qu’il écrit ce livre, Le coeur des ténèbres de Joseph Conrad et l’histoire des colonisations et du racisme institutionnalisé) Sven Lindqvist éclaire l’histoire moderne de façon terrifiante.

Exterminez toutes ces brutes ! Un voyage à la source des génocides de Sven Lindqvist

La partie historique est glaçante, elle raconte comment l’Europe s’est appropriée toutes les richesses du monde en spoliant, massacrant, torturant, délocalisant, trompant… (j’arrête ici car tout à été commis).

Une histoire des crimes de l’humanité, de la loi du plus fort (des navires, canons et fusils) et de l’aveuglement volontaire, des justifications odieuses, des complicités des états, du clergé et de scientifiques.

Un livre parfois difficilement soutenable qui pourtant ne fait que démontrer comment toutes les richesses occidentales se sont bâties sur un génocide planétaire.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous en savez déjà suffisamment. Moi aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c'est le courage de comprendre ce que nous savons et d'en tirer les conséquences.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il existe dans une vie une poignée de livres inoubliables. Celui-ci en est un.

Sven Lindqvist est suédois et traverse le Sahara jusqu'au Niger. Dans de petits hôtels du désert, battus par les sables, il a emporté sa documentation sur la constitution des grands Empires en Afrique : l'Empire britannique, le Congo belge, l'Empire français, les colonies allemandes.
Et alors ? C'est tout. Pourtant aucun lecteur ne peut sortir indemne de ces pages.
D'une plume sèche et envoûtante, Lindqvist entremêle le récit de son voyage et l'évocation de l'Histoire. Il nous raconte la diffusion des théories raciales, le darwinisme dévoyé qui sous-tend la conquête coloniale et l'ivresse d'un rêve fou et monstrueux : éradiquer des populations entières pour faire renaître un homme nouveau.
Le livre remonte ainsi à la source des génocides du XXe siècle. Au fil des pages, la traversée de Lindqvist devient un voyage initiatique et vertigineux dans notre héritage européen

Un barrage contre L’Atlantique

Assis dans un fauteuil dans une belle propriété de son ami (bientôt ex-ami ?) au bout du Cap-Ferret, Frédéric se désole de vieillir.

Un barrage contre l’Atlantique : un roman français, tome 2 de Frédéric Beigbeder

Mais hélas, l’Atlantique, vagues après vagues, une marée après l’autre grignote les côtes aussi inexorablement que les années grisonnent les tempes des cinquantenaire.

Le petit Frédo nostalgise en se lamentant…

… mais au moins, ne s’évertuait-il pas à faire des phrases dans son roman français

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je voudrais faire ici un aveu : je suis complotiste.

Je pense que la nature conspire pour éradiquer l'homme.

L'être humain ayant causé trop de dégâts à la surface de la Terre, il est logique qu'elle songe à s'en débarrasser.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Au hasard d’une galerie de Saint-Jean-de-Luz, Frédéric Beigbeder aperçoit un tableau représentant une cabane, dans une vitrine. Au premier plan, un fauteuil couvert d’un coussin à rayures, devant un bureau d’écrivain avec encrier et carnets, sur une plage curieusement exotique. Cette toile le fait rêver, il l’achète et soudain, il se souvient : la scène représente la pointe du bassin d’Arcachon, le cap Ferret, où vit son ami Benoît Bartherotte. Sans doute fatigué, Frédéric prend cette peinture pour une invitation au voyage. Il va écrire dans cette cabane, sur ce bureau.
Face à l’Atlantique qui à chaque instant gagne du terrain, il voit remonter le temps. Par vagues, les phrases envahissent d’abord l’espace mental et la page, réflexions sur l’écriture, la solitude, la quête inlassable d’un élan artistique aussi fugace que le désir, un shoot, un paysage maritime. Puis des éclats du passé reviennent, s’imposent, tels « un mur pour se protéger du présent ». A la suite d’Un roman français, l’histoire se reconstitue, empreinte d’un puissant charme nostalgique : l’enfance entre deux parents divorcés, la permissivité des années 70, l’adolescence, la fête et les flirts, la rencontre avec Laura Smet, en 2004… Temps révolu. La fête est finie. Pour faire échec à la solitude, reste l’amour. Celui des siens, celui que Bartherotte porte à son cap Ferret. Et Beigbeder, ex dandy parisien devenu l’ermite de Guétary , converti à cette passion pour un lieu, raconte comment Bartherotte, «Hemingway en calbute», s’est lancé dans une bataille folle contre l’inéluctable montée des eaux, déversant envers et contre tous des millions de tonnes de gravats dans la mer. Survivaliste avant la lettre, fou magnifique construisant une digue contre le réchauffement climatique, il réinvente l’utopie et termine le roman en une peinture sublime et impossible, noyée d’eau et de soleil. La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité.

Une expérience de lecture, unique et bouleversante, aiguisée, impitoyable, poétique, et un chemin du personnel à l’universel

Batailles

En partant de l’abandon de Rose par sa mère qui lui demande de ne pas la rechercher, Alexia Stresi tisse une histoire aux multiples fils qu’elle démêle avec brio.

Abandon, raison d’état, colonialisme, infanticide, enquête policière, recherche de l’identité ou racisme… autant de facettes qui sembleraient impossibles à réunir en 280 pages sans aboutir à une soupe informe. Et pourtant, le résultat est fluide, cohérent et réussi à toucher au plus près de l’intime.

Batailles de Alexia Stresi

Saloperie de raison d’état et de l’inhumanité des fonctionnaires dociles et obéissants !

Et pour les ignorants comme moi, le Bumidom, c’est ça !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ça s'était arrêté net.
Rose n'y repense pas souvent, le moins possible.
Mais chaque année, à la même saison, une date l'y oblige.
Contrainte de replonger.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y a un avant, et un après, dans la vie de Rose.

Tout a basculé quand elle avait vingt-sept ans. Le jour où sa mère a manqué à l'appel. Brigitte n'a laissé que trois phrases en partant, dont une terrible : « Rose chérie, si tu m'aimes autant que je t'aime, ne me cherche pas. » Elle a aussi écrit qu'elle reviendrait très vite. Cela fait dix ans.
Aujourd'hui, Rose va mieux. Mais un fait-divers au scénario glaçant secoue la France, et l'ébranle. Elle comprend qu'elle doit désobéir à sa mère et partir à sa recherche.
Batailles nous entraîne avec virtuosité dans une troublante quête des origines

Le voyant d’Étampes

Un boomer au pays du wokisme des réseaux sociaux, au milieu des haters, fachos, ultras, blessés et des trolls anonymes !

Le voyant d’Étampes de Abel Quentin

Une crucifixion (ne pas parler de lynchage) du bien maladroit Jean Roscoff – historien à la retraite, divorcé et alcoolique tentant de renaître tel un Phénix grâce à une biographie d’un poète noir américain (africain-américain, donc). Une histoire qui pourrait faire penser à La tache de Philip Roth s’il l’avait écrite à l’époque de Twitter.

La dégringolade d’un ancien militant gauchiste ex-touche-pas-à-mon-pote un peu radoteur enchaînant les bourdes dans un univers dont il ne maîtrise plus les codes.

Une cabale très instructive et bien foutue permettant de mieux saisir les nouveaux ressorts des polémiques et la non communicabilité des différents points de vue. Qui crie le plus fort ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Nous sommes tous des enfants d'immigrés »... Ça veut dire quoi, ça ? Vous pensez vraiment que vous pouvez ressentir le dixième de ce que ressent un immigré ? Vous ne pensez pas qu'il était temps de les laisser parler, les « enfants d'immigrés » ? De ne plus confisquer leur voix ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'allais conjurer le sort, le mauvais œil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Etampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. »

Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60.
A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ?

Abel Quentin raconte la chute d'un antihéros roman tique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération