Ambassadrice de la marque

Ambassadrice (c’est à dire hôtesse d’accueil avenante en jupe courte) pour une grande marque de voitures, voilà un boulot guère motivant mais plutôt bien payé.
Sourire banane jusqu’aux oreilles pour dix jours.

Ambassadrice de la marque de Joséphine de Weck

Une couverture qui signale un roman mais qui aurait du indiquer un reportage ou un documentaire. En effet, pas d’intrigue, pas de suspense, pas de romance, pas d’aventure. Un livre avec une belle écriture mais aussi triste que le Salon de l’auto.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Hôtesse au Salon de l'automobile de Genève, Marie nous livre son expérience avec une sincérité désarmante. Dix jours entre émerveillement et ennui. Dix jours ponctués de rencontres insolites : un charmant team leader, un quinquagénaire en quête de nouvelles sensations, un nettoyeur bulgare, un pigeon captif. Dix jours de flottement dans ce microcosme que la jeune femme décortique. Un système qui ne la laisse pas indemne et la renvoie à ses propres incertitudes. Travailler au Salon de l'auto de Genève est le job rêvé d'un grand nombre d'étudiants. En une édition, le salon le plus fréquenté de Suisse attire plus de 650000 curieux. Le premier roman de Joséphine de Weck offre au lecteur une vision nuancée de cette machine impeccablement huilée qui désenchante les uns tout en offrant une ascension fulgurante à d'autres. L'auteure traite avec finesse de la place de chacun dans notre société de consommation

Un été avec Geronimo

Un livre de souvenirs d’enfance, la découverte du monde sous la tutelle bienveillante du grand-père apache, Geronimo. Ça sent l’herbe, les sous-bois, les vieux tissus rêches, les culottes courtes, le miel, les chiens mouillés, la liberté et l’amour.

J'avais droit aussi à quelques cours pratiques. Un matin de fin septembre, lors d'une pause-pipi nous regardions, assez loin, une silhouette qui fanait les éteules. « Elle est moche, la vieille », j'ai dit. Et j'ai reçu une gifle. La seule qu'il m'ait donnée. Nous étions tous les deux stupéfaits. Il m'en a collé une de bon cœur et m'a dit : « C'est une femme. » Je n'ai pas pleuré. Nous sommes restés muets l'un en face de l'autre, nous avons repris notre marche en silence puis il m'a fait asseoir et m'a demandé pardon. Il a parlé de misère, de temps difficiles, de cette femme qui ramassait les restes de la moisson. Il a parlé de respect et de compassion avec des mots si simples que nous nous sommes pardonné tous les deux.
Un été avec Geronimo de Raoul Pastor

C’est très chou, tendre et sentimental, malgré un style et une construction un peu décousus qui m’ont parfois lassé.

Un livre à déguster comme un album de photos qu’on aurait oublié trop longtemps au grenier.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Pendant cette année qui a duré tant d'étés, il a rangé ses incertitudes d'adulte pour me guider en me laissant la liberté de tomber. [...] Cette année-là, le temps ne s'arrêta certes pas, mais elle lui permit de le croire puisque Geronimo ne s'occupa plus que de s'approcher de mon enfance pour mieux la regarder et la comprendre, oubliant ainsi, pour un instant, de vieillir. »

Un été avec Geronimo n'est ni un livre de souvenirs ni une biographie. Elle serait bien trop courte. C'est un recueil d'impressions, de sensations, de couleurs, de parfums qui ont façonné et conduit la vie d'un enfant et qui, cinquante ans après, sont restitués par un adulte avec l'impérative subjectivité qu'impose le temps. C'est la photographie d'un moment

Pardon

Comme elle le dit dans la bouche de son père, la colère est un poison que tu prépares pour un autre mais que tu bois-toi même. Et ce livre ressemble à ça. Une tentative d’accorder un pardon à son père afin de cesser de s’empoisonner par sa colère.

Et c’est révoltant, parce qu’à la lecture de ce livre, il semble évident que ce salopard ne mérite aucun pardon. Il est mort et que sa dépouille pourrisse rongée par les vers.

Pardon de Eve Ensler

Mais notre fonctionnement semble ainsi fait que les rancunes nuisent plus aux victimes qu’aux coupables… C’est nul !

Et cela fait de ce livre insoutenable, un témoignage bouleversant.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comme des millions de femmes, Eve Ensler a attendu sa vie entière des excuses qui ne sont jamais venues. Son bourreau, qui fut aussi son père, est mort sans exprimer aucun regret. C'est ainsi qu'Eve a décidé d'écrire elle-même cette demande de pardon tant espérée.

Derrière les mots fantasmés de son père, c'est peu à peu la vie d'Eve, ses luttes et ses passions qui transparaissent. Se dessine le portrait d'une femme incroyablement courageuse qui est parvenue à trouver une voie alternative à la honte et à la colère.

Pardon est un texte salvateur qui a suscité à sa parution aux États-Unis la même onde de choc que Les Monologues du vagin

Papa

Guérit-on d’un père absent, enfermé dans sa surdité et qui ne vous regarde qu’à peine ?
Régis Jauffet essaye… Difficilement, et c’est rude.

Papa de Régis Jauffret
Parti d’un petit bout de film documentaire visionné par hasard, Régis Jauffret aperçoit son père sortir de l’immeuble de son enfance, menottes aux poings, encerclé de deux gestapistes. Il se lance à sa mémoire

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
19 septembre 2018, j'aperçois dans un documentaire sur la police de Vichy mon père sortant menotté entre deux gestapistes de l'immeuble marseillais où j'ai passé toute mon enfance. Ils semblent joyeux alors que le visage de mon père exprime la terreur. D'après le commentaire, ces images ont été tournées en 1943. Non seulement mon père n'a de sa vie parlé de cet incident mais je n'ai jamais entendu dire par personne qu'il avait eu affaire à l'occupant.

Moi, le conteur, le raconteur, l'inventeur de destinées, il me semble soudain avoir été conçu par un personnage de roman.
R. J.

L’homme qui pleure de rire

Pour ce livre au titre smiley, Frédéric rappelle à la rescousse son double publicitaire né avec 99.- Francs, Octave. Et Octave a vieilli et commet la pitrerie de trop qui le démissionne de la radio France Publique.

L’homme qui pleure de rire de Frederic Beigbeder

Un livre un peu geignard, truffé de name-dropping dans lequel le pauvre Octave est victime des autres, de lui, des drogues, des femmes, du temps, de tous, où tout le monde est victime, ou le monde est victime et la société est victime ou la victime est victime, victime, victime…

Car ce n’est pas de la faute à Frédéric si Octave est une brelle et finit toujours par cracher dans la soupe après avoir cassé sa soupière.

Pourtant, c’est un livre plein de talent, drôle et caustique qui tape juste, allègre et décomplexé même s’il finit un peu moisi.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Octave Parango a travaillé dans la publicité durant les années 1990 et dans la mode durant les années 2000. Il est désormais humoriste à 8h55, le jeudi matin, sur la plus grande radio nationale de service public.

clôt la trilogie d'Octave Parango sur les aliénations contemporaines : après la tyrannie de la réclame puis la marchandisation de la beauté féminine, Frédéric Beigbeder s'attaque à la dictature du rire.

Une satire réjouissante des dérives de notre société de divertissement

Comme elle l’imagine

Une rencontre comme une douche écossaise, ou le vent glacial succède aux espoirs torrides.

Comme elle l’imagine de Stéphanie Dupays

Laure rencontre Vincent sur Facebook et la séduction s’installe en même temps qu’une distance soigneusement entretenue, comme une pêche au gros où il est important de fatiguer le poisson afin de l’attirer sans risquer de rompre le fil.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Laure avait des mots d'amour mais pas les preuves : Vincent n'évoquait jamais de date pour une prochaine rencontre. Et ce décalage entre les paroles et les actes la perturbait. Les messages maintenaient un lien entre eux, mais ils rendaient aussi la distance plus palpable et transformaient Vincent en une divinité inaccessible.

Laure est tombée amoureuse de Vincent en discutant avec lui sur Facebook. Depuis des mois, ils échangent aussi des SMS à longueur de journée. Elle sait tout de lui, de ses goûts, de ses habitudes mais tout reste virtuel. Si Vincent tarde à lui répondre, l'imagination de Laure prend le pouvoir et remplit le vide, elle s'inquiète, s'agace, glisse de l'incertitude à l'obsession. Quand une rencontre réelle se profile, Laure est fébrile : est-ce le début d'une histoire d'amour ou bien une illusion qui se brise ?

Subtile analyste du sentiment amoureux, Stéphanie Dupays interroge notre époque et les nouvelles manières d'aimer et signe aussi un roman d'amour intemporel sur l'éveil du désir, l'attente, le doute, le ravissement

Dix petites anarchistes

Histoire vraie, romancée ou pur roman ? Qu’importe ! Ça ce serait passé ainsi. Une description bien rude de la Suisse fin 1800, de la condition ouvrière et féminine et des utopies anarchistes !

Et départ ! Dix femmes en route pour l’Amérique du Sud parties pour fonder une communauté et qui se retrouvent confrontées à la brutale réalité d’une colonisation machiste et sanguinaire.

Dix petites anarchistes de Daniel de Roulet

Comme un témoignage au plus près de la réalité, mais manquant malheureusement de panache… Et pourtant, quelle aventure ! Bref, un livre passionnant qui m’ennuya un peu à sa lecture. Paradoxal ? Un peu, sûrement.

Et finalement, j’aurais bien aimé que tout ceci fut vrai, qu’on aie pu avoir des vrais noms, des références, des photos d’archives et un petit texte de fin comme dans les films de Hollywood qui nous dirait que cette histoire fut tirée de faits réels…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Suisse, fin du XIXe siècle. À Saint-lmier, on vivote entre misère et exploitation, entre les étables et une industrie horlogère encore balbutiante. La visite de Bakounine, plein de l'ardeur de la Commune de Paris, éveille l'idée qu'une autre vie est possible. Dix jeunes femmes font le pari insensé de bâtir, à l'autre bout du monde, une communauté où régnerait « l'anarchie à l'état pur ». Valentine, dernière survivante des « dix petites anarchistes », nous fait le récit de cette utopie en acte qui les conduit de Suisse en Patagonie jusqu'à Buenos Aires, en passant par l'île de Robinson Crusoé.

L'extraordinaire épopée de femmes soudées par un amour farouche de la liberté, qui ont choisi de « se réjouir de l'imprévu sans perdre la force de s'insurger »

Douze : petit précis de pornographie

Voilà enfin un recueil érotique plutôt réussi. Premièrement, parce qu’il n’est pas exclusivement érotique et ne confond pas la mécanique et les intentions. Et rien que pour ça, c’est déjà apaisant.

Douze : petit précis de pornographie de Dot Pierson

Ensuite parce qu’il est drôle, plein de second degré et d’autodérision, léger et profond, sexe et torride, intelligent et assumé, féminin et féministe, assumé et revendicatif.

Et… d’un érotisme plein de désir

Reste les pulpes des doigts qui revenaient sans cesse sur les poils comme un motto que je ne comprenais pas…

Finalement… autobiographie, romancée ou pure fiction… qu’importe

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La vie et le parcours sexuel d'une femme en douze rencontres et situations qui n'ont rien de commun. Douze moment sur le chemin de l'épanouissement et de la découverte de soi, dans la mouvance de la sexualité positive et de l'érotisme au féminin.

La musique rythme ses désirs, ses dilemmes et ses ébats. Des amant(e)s, des amours, comme autant de chansons qu’on attache à des souvenirs, qu’on réécoutera peut-être.

Douze parle de l’intime et de la jouissance : où et comment ça se forme, ça se construit, ça se joue, ça se déploie. Une parole crue, sensuelle et décomplexée sur la manière de s’approprier le corps : le sien comme celui des autres.

Un jalon du féminisme pop !

Un matin d’hiver

Un livre qui sonne vraiment juste, les émotions, les sentiments, les peurs… tout sonne juste. Peut-être un peu distant, mais même là, cela semble juste.

Juste comme quelque-chose d’incompréhensible, la disparition du conjoint, mari et père d’une petite fille de cinq ans.

Un matin d’hiver de Philippe Vilain

De la rencontre de l’amant au mariage puis de la maternité à l’impossible acceptation de la disparition… Philippe Vilain nous raconte la perte.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elle a trente ans, elle est professeur de littérature. Lui enseigne la sociologie. Elle est française, solitaire et passionnée. Lui est américain, désinvolte et mystérieux. Ils se rencontrent à l'université, à Paris. Alors que tout les oppose, ils tombent amoureux, se marient, ont un enfant. Une vie de couple heureux. Banalité ? Bonheur ? Un jour, Dan disparaît.

Quinze ans après, le souvenir de sa disparition s'étant émoussé, leur fille ayant grandi, d'autres hommes étant entrés dans sa vie, elle tente de comprendre l'inexplicable. Peut-on vivre avec un fantôme ?

La glace et le sel

Lorsque le bateau Démeter entrait dans le port de Whitby avec, pour tout équipage, son capitaine mort et attaché au gouvernail, le comte Dracula arrivait à Londres pour y semer la terreur. La glace et le sel raconte le voyage de ce vaisseau et des mystérieuses caisses qu’il transportait dans ses cales.

La glace et le sel de José Luis Zárate

José Luis Zárate a fait du capitaine un homosexuel refoulant ses fantasmes, ivre d’un désir concupiscent face à ses matelots qu’il n’ose toucher. Et les marins faiblissent et disparaissent, la peur s’installe et… malheureusement, l’ennui. Oui, voilà une lecture bien ennuyeuse…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans un roman court et fascinant, le Mexicain José Luis Zarate imagine ce qui s'est passé à bord du bateau qui amena Dracula à Londres, Bram Stoker n'ayant donné aucun détail à ce sujet dans son roman. Mais le vampire n'est jamais nommé, pas plus d'ailleurs que le mal étrange qui semble avoir pris possession de l'embarcation...