L’inconduite

Quoi ? Les mamans ont des désirs sexuels ? elles veulent baiser ? Et bien oui, semblerait-il ! Rien que pour le massacre en règle de ce tabou, voilà un livre enchanteur.

Si on m'avait demandé alors ce que j'entendais par couple libre, j'aurais accouché de tout un tas de théories grandioses auxquelles j'avais fini par croire. Mais je les débitais sans grand entrain, à deux doigts de répondre que c'était facile de ne pas s'en vouloir quand on ne s'aimait plus. Et j'universalisais pour me donner un aplomb, je me disais que tous ces couples libres autour de nous ressentaient la meme indifference. Que c'était juste chouette de faire passer ça pour de l'anarchie. Un couple libre, c'était un couple en fin de vie - mais il y avait les enfants, n'est-ce pas, alors il fallait trouver des solutions.
L’inconduite de Emma Becker

Emma Becker se livre ici sur son désir, son envie de quelque chose de grand, puissant, qui l’emporte et la soulève. Elle veut de la passion et la preuve de la passion, ferme, vigoureuse ! Pourtant, elle reste coincée. Là, entre le père de son fils, un amant, un autre (des autres) et un vieux.

J'étais toute mince alors, 
 affinée par ces semaines à ne rien manger que ses mots caressants. J'avais mes mains sur mes hanches et je déployais ma cage thoracique, le duvet hérissé de bonheur, cuisant lentement sous les yeux de Vincent. 

Il a tendu une main, semblé se reprendre. J'ai effleuré sa main du bout de mon sein. (Je ne vis apparemment que pour me faire des souvenirs, incapable de me sentir vivre au moment où je vis, car déjà occupée à coller précautionneusement les images dans ce catalogue que je relirai jusqu'à l'écœurement, dans l'espoir d'un prochain évènement à momifier au moment meme ou il interviendra.)

Un livre qui ose parler du désir des femmes. Impudique ? Oui, certainement ! Poserait-on la question de la même manière pour celui d’un homme ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La jeune femme remonte sa rue. Sort les clés de sa poche. Se renifle sous les bras pour y détecter l'odeur de l'autre, comme si elle pouvait y changer quoi que ce soit.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après s'être prostituée à Berlin dans La maison, E. Becker est devenue mère d'un petit garçon et vit avec son compagnon. Elle relate ses aventures sexuelles et amoureuses entre Berlin et Paris avec trois amants très différents mais dont aucun ne parvient à se hisser à la hauteur de sa liberté. Autofiction dans laquelle l'écrivaine évoque son amour des hommes, du sexe et de l'amour

Pas ce soir

Un couple qui s’éloigne, se distancie, imperceptiblement, les corps qui se séparent…

Pas ce soir de Amélie Cordonnier

Et tout d’un coup, voilà 200 jours qu’on ne se touche plus, 300, plus ? Et puis, chambre à part pour mieux dormir…

Amélie Cordonnier se met dans la peau d’un homme qui voit sa femme s’éloigner et qui crève de désir pour elle sans réussir à la rattraper dans une totale absence de dialogue

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Désolée, ne m'en veux pas, mais je dormirai tellement mieux là-bas. Elle a dit là-bas pour désigner la chambre de Roxane, et leur quatre-pièces a beau mesurer moins de quatre-vingts mètres carrés, il lui a semblé que c'était loin. Très loin. Très très loin. Le bout du monde. Et peut-être aussi la fin d'un monde. Ah, bah d'accord. Ils en sont donc arrivés là... Des mois qu'ils se


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Un homme et une femme. Chacun de leur côté. Un homme qui ne dort pas et une femme qui s'assomme. Un homme sur sa tablette et une femme dans son bouquin. Un homme qui désire et une femme qui soupire. Un homme qui se désole, une femme qui s'enferme, les heures qui s'étirent. Et plus rien. Rien de rien."Huit mois, deux semaines et quatre jours qu'il n'a pas fait l'amour avec Isa. Et ce soir, elle lui annonce qu'elle s'installe dans la chambre de Roxane, leur fille cadette qui vient de quitter la maison. Pourquoi le désir s'est-il fait la malle ? Comment a-t-il pu s'éteindre après de si belles années ? Le départ des enfants a-t-il été fatal ? Est-ce que tout doit s'arrêter à cinquante ans ? Lui refuse de s'y résoudre puisqu'Isa semble l'aimer encore.Amélie Cordonnier ausculte l'histoire d'un couple à travers le regard d'un homme blessé

Reflets dans un œil d’homme

Comme elle le préfaçait dans Burqa de chair de Nelly Arcan, Nancy Huston a été fortement marquée par ses écrits.

Reflets dans un oeil d’homme de Nancy Huston

Dans cet essai féministe sur l’image, le corps et le regard des hommes (et toutes les conséquences qui en découlent), elle convoque Anaïs Nin, Virginia Woolf, Jean Seberg ou Marilyn Monroe… Elle s’interroge sur cette société qui sacrifie ses filles et ce qu’elle voit comme des grandes hypocrisies.

A rebours du courant actuel ou seul le genre (et ses multitudes) et donc l’éducation serait responsable, elle met en avant notre animalité de mammifères – sans pour autant nier l’importance de l’apprentissage, de l’éducation, du rôle des pères…

Un essai parfois caricatural dans lequel elle laisse malheureusement de côté toutes les personnes qui ne se retrouveraient pas dans une vision aussi binaire du sexe – et avec possiblement une vision un peu datée des chasseurs-cueilleuses. Pour autant, pourquoi, comment et par quel miracle l’humanité ne serait-elle pas animale et soumise aux lois de l’évolution ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Des yeux masculins regardent un corps féminin : immense paradigme de notre espèce.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Nous incarnons bien moins que nous ne le pensons, dans notre arrogance naturelle et candide, la femme libre et libérée. Nous montrons du doigt les femmes qui se couvrent les cheveux ; nous, on préfère se bander les yeux.»
Toutes les différences entre les sexes sont socialement construites ; ce dogme est ressassé à l’envi dans la société française d’aujourd’hui. Pourtant il y a bien un impératif de reproduction – chez les humains comme chez tous les autres mammifères – qui induit un rapport à la séduction différent suivant que l’on naît garçon ou fille.
Partant de ce constat simple mais désormais voué à l’anathème, Nancy Huston explore les tensions contradictoires introduites dans la sexualité en Occident par la photographie et le féminisme. Ainsi parvient-elle à démontrer l’étrangeté de notre propre société, qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l’exploitant et en l’exacerbant à travers les industries de la beauté et de la pornographie.
Ce livre brillamment dérangeant a suscité les réactions de nombreux lecteurs, dont certaines lettres sont ici reproduites en fin d’ouvrage

Les strates

Un petit bijou de merveille de carnet d’enfance, des anecdotes, des histoires, du vécu, des « trucs de filles », des chats (j’ai pleuré), la vie, l’enfance, la famille et les copain-e-s…

Les strates de Pénélope Bagieu

Pénélope nous raconte son enfance avec humour et tendresse

Des premiers souvenirs, des premiers copains, des premières émotions… Et c’est magnifique !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pourquoi tu as pas de chat ? Alors que tu adores les chats.
Effectivement, notre passion féline à ma grande sœur et moi, remonte à très très loin...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'autrice de Culottées signe pour la première fois un récit autobiographique.
Eisner Award 2019, elle livre ici son premier récit autobiographique, où histoires d'enfance et d'adolescence composent le portrait de l'adulte qu'elle est devenu

Mon pauvre lapin

César (serait-ce autobiographique ?) est un jeune garçon couvé par ses grands-mères et tantes, tiraillé entre son père et sa mère séparés, avec des demis frères et soeurs dont il ne sait trop quoi faire.

Mon pauvre lapin de César Morgiewicz

Et que faire (et comment faire) de sa vie, des relations sociales, de sa sexualité, des attentes, de ses angoisses, de ses peurs, de ses incapacités à être raccord avec les autres, de ses passions décalées ? Coincé à Key-West avec sa grand-mère et ses (grand-)tantes par l’épidémie de Covid, il tente d’écrire sa misère.

Un bijou d’autodérision sur l’inadaptation sociale. Pauvre César, mon pauvre lapin

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mes projets de carrière sont tombés à l'eau, vous savez. Les gens m'avaient pourtant prévenu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Réinscrit à Sciences-Po après avoir échoué une fois au concours d'entrée de l'ENA, le narrateur fait une crise d'angoisse en plein cours de préparation du grand oral, alors qu'il pense faire une crise cardiaque. Il abandonne finalement les cours. La suite du récit roule sur la nature de ses relations avec les femmes de sa famille, dont sa mère, sa petite soeur et ses tantes

L’inversion de la courbe des sentiments

Robinson possède un vidéoclub. Il est fraîchement séparé et fait quelques brèves rencontres sur les réseaux sociaux. Il a aussi une ex qui vide son appart et un père qui débarque parce qu’il s’est fait virer par sa femme et aussi…

L’inversion de la courbe des sentiments de Jean-Philippe Peyraud

… et aussi une soeur dont le fils à disparu avec une voisine, qui a d’ailleurs un mari jaloux… Et il y a aussi une histoire de braquage…

Tout ça semble bien compliqué, mais finalement, ça passe plutôt bien.

Des destins croisés dans une BD fraiche et dynamique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Grinss !
Mmmmh...
Pff... T'es un lève tôt, toi...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Autour de Robinson on se quitte, on disparaît, on refait sa vie ou on cherche un père. Pendant ce temps-là, Robinson, vend des DVD et drague sur internet.
À moins que la courbe des sentiments ne s'inverse...

Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul

Attiré bien sûr par la couv’ et le titre très tentants, je suis tombé sur un livre féministe des plus intimes et passionnants. Alors certes, il y a quelques longueurs, mais quel journal !

Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul de Noémie de Lattre

Premièrement, c’est très drôle et Noémie se livre sans détours. Mais ce que j’ai trouvé vraiment bien foutu, c’est qu’elle débriefe son propre journal au fil de sa lecture. Et là, ça devient très intéressant.

On assiste à la naissance de sa conscience et de son activisme féministe dans une démarche très personnelle (et souvent absolument universelle). Le journal d’une femme qui se bat et qui apprend à s’aimer et se connaitre.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La Reine de la Pipe
12 mars 2005
Merde ! Mais qu'est-ce que j'ai ? C'est quoi le problème ? J'ai une odeur ? Un truc horrible caché dans le vagin ou tatoué dans le dos qui fait fuir tous ceux qui s'approchent trop près ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Me voici donc, toute nue, toute véhémente, toute dérisoire. Voici les méandres de ma tête et de mon cœur. Voici ma pulpe, le bois dont je suis faite. »
PS : À ma famille, mes ex et à leurs parents : s'il vous plaît, ne lisez pas ce livre. Je vous aime

Court vêtue

Félix, quatorze ans en stage d’été dans la même maison que Gil, un petit peu plus âgée. Mais elle, elle l’a déjà fait.

Court vêtue de Marie Gauthier

Un livre entre attirance, désir et évitement. Un livre à l’imparfait et quasiment sans dialogues qui laisse un sentiment désincarné, lointain avec des personnages sans prises réelles sur leurs destinées.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Vive, légère, alerte, elle était comme un courant d'air dans la maison. Elle arrivait pour repartir une seconde plus tard. La nuit, elle filait sans prévenir. Puis soudain elle était dans sa chambre, dans son lit. Félix l'entendait respirer dans son sommeil. Il imaginait sa poitrine en train de se gonfler sous la chemise de nuit. Il faisait jour c'était dimanche.»

Félix, quatorze ans, en apprentissage dans un bourg poussiéreux et écrasé de chaleur, est hébergé par son patron. Dans la maison du cantonnier habite aussi sa fille de seize ans Gilberte, dite Gil. Gil travaille à la supérette, s'occupe avec une certaine légèreté des repas et du ménage. Dans le temps qui lui reste, elle s'éclipse avec des hommes. Beaucoup d'hommes, souvent plus âgés qu'elle. Fasciné par la jeune fille, Félix vit dans l'attente d'un regard de Gil, d'un signe.
Marie Gauthier restitue avec une intensité magnétique l'atmosphère moite et oppressante du bourg en plein été, les sensations confuses du jeune garçon devant la sensualité troublante du corps de Gil

Le goût des garçons

L’histoire d’une adolescente de treize ans dans un collège catholique qui raconte son obsession pour les garçons.

Le goût des garçons de Joy Majdalani

Au début, tout est imaginé, imprécis, interdit mais terriblement attirant et inaccessible. Il faut alors nouer des alliances avec des amies (qui le restent rarement longtemps), subir les trahisons et les effets de groupe, intriguer pour soulever un peu le voile, comploter pour découvrir… tout est permis car seul compte le but à atteindre. Réussir à séduire et à capter le regard, l’attention de celui qui osera.

Fantasmes de bites, de caresses, de langues, de fluides, de désirs, toucher, voir et goûter. C’est frais et ça sonne très juste, c’en est très drôle et touchant. Un livre qui crie : je veux !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elles sont «de bonne famille», «bien élevées». Collégiennes dans un établissement «strict». Elles n'ont que le désir en tête.

La narratrice, qui a treize ans, rêve des garçons, de leur sexe, de faire l'amour avec eux. Elle s'allie à la terrible Bruna, rivale et confidente, qui sait dénicher sur Internet des garçons avec qui s'adonner à des conversations téléphoniques interdites. Bruna lui tend un piège, où elle tombe avec naïveté. Qu'importent les fâcheux qui la traitent de putain ! Il lui faut goûter, goûter aux garçons.

Légendes, ragots, ignorances, peurs, élans, embûches, alliances, traîtrises, téléphone, Internet, tout tourne autour des garçons et de leur corps mystérieux dans un mélange de crainte, de fantasmes et de romantisme. Cru et délicat, dévoilant les candeurs comme les cruautés, voici un premier roman d'une véracité implacable

Un barrage contre L’Atlantique

Assis dans un fauteuil dans une belle propriété de son ami (bientôt ex-ami ?) au bout du Cap-Ferret, Frédéric se désole de vieillir.

Un barrage contre l’Atlantique : un roman français, tome 2 de Frédéric Beigbeder

Mais hélas, l’Atlantique, vagues après vagues, une marée après l’autre grignote les côtes aussi inexorablement que les années grisonnent les tempes des cinquantenaire.

Le petit Frédo nostalgise en se lamentant…

… mais au moins, ne s’évertuait-il pas à faire des phrases dans son roman français

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je voudrais faire ici un aveu : je suis complotiste.

Je pense que la nature conspire pour éradiquer l'homme.

L'être humain ayant causé trop de dégâts à la surface de la Terre, il est logique qu'elle songe à s'en débarrasser.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Au hasard d’une galerie de Saint-Jean-de-Luz, Frédéric Beigbeder aperçoit un tableau représentant une cabane, dans une vitrine. Au premier plan, un fauteuil couvert d’un coussin à rayures, devant un bureau d’écrivain avec encrier et carnets, sur une plage curieusement exotique. Cette toile le fait rêver, il l’achète et soudain, il se souvient : la scène représente la pointe du bassin d’Arcachon, le cap Ferret, où vit son ami Benoît Bartherotte. Sans doute fatigué, Frédéric prend cette peinture pour une invitation au voyage. Il va écrire dans cette cabane, sur ce bureau.
Face à l’Atlantique qui à chaque instant gagne du terrain, il voit remonter le temps. Par vagues, les phrases envahissent d’abord l’espace mental et la page, réflexions sur l’écriture, la solitude, la quête inlassable d’un élan artistique aussi fugace que le désir, un shoot, un paysage maritime. Puis des éclats du passé reviennent, s’imposent, tels « un mur pour se protéger du présent ». A la suite d’Un roman français, l’histoire se reconstitue, empreinte d’un puissant charme nostalgique : l’enfance entre deux parents divorcés, la permissivité des années 70, l’adolescence, la fête et les flirts, la rencontre avec Laura Smet, en 2004… Temps révolu. La fête est finie. Pour faire échec à la solitude, reste l’amour. Celui des siens, celui que Bartherotte porte à son cap Ferret. Et Beigbeder, ex dandy parisien devenu l’ermite de Guétary , converti à cette passion pour un lieu, raconte comment Bartherotte, «Hemingway en calbute», s’est lancé dans une bataille folle contre l’inéluctable montée des eaux, déversant envers et contre tous des millions de tonnes de gravats dans la mer. Survivaliste avant la lettre, fou magnifique construisant une digue contre le réchauffement climatique, il réinvente l’utopie et termine le roman en une peinture sublime et impossible, noyée d’eau et de soleil. La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité.

Une expérience de lecture, unique et bouleversante, aiguisée, impitoyable, poétique, et un chemin du personnel à l’universel