Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Quel tigre impressionnant ! Un livre qui me laisse sans voix, sidéré. Triste Tigre de Neige Sinno
Neige Sinno a été violée, abusée par son beau-père de sept à quatorze ans. Elle racconte. Les abus, le jugement, le coupable, la famille, le village, la justice… Et elle
Un livre majeur, puissant. Qui n’évite rien, met les mots et regarde au fond des yeux, sans baisser le regard
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Portrait de mon violeur
Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c'est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c'est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n'a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c'est, ou on croit qu'on peut imaginer.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.
Un livre comme un film d’horreur, mais en pire. Car tout cela a réellement existé. Et pire encore.
Maikan de Michel Jean
Acculturation, viols, disparitions, violences systématiques et encore pire (oui, vraiment !), en témoignent les macabres découvertes des dernières années. Des crimes perpétrés par l’église et l’état, main dans la main.
Salle de classe du pensionnat de Fort George, 1939. Archives Deschâtelets-NDC
Pourtant, Maikan, reste un beau livre sous la plume de Michel Jean, un très beau livre même grâce à l’humanité et la sensibilité de l’auteur de Kukum ou Atuk. Un livre qui persiste à croire en l’amour, la fraternité et la solidarité, même dans les pires moments
Note en fin d’ouvrage :
Le pensionnat catholique de Fort George a ouvert ses portes en 1936 et les a fermées seize ans plus tard, en 1952. On ne connaît pas avec certitude le nombre de pensionnats ayant existé au Canada. De la fin du XIX siècle à la fin du XX siècle, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens en a répertorié cent trente-neuf, dont douze au Québec. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996, en Saskatchewan.
Cent cinquante mille enfants autochtones ont fréquenté ces établissements. Plus de quatre mille y sont morts. Les conditions de vie difficiles qui prévalaient dans les pensionnats sont le plus souvent attribuables au financement insuffisant du gouvernement canadien. Elles ont entraîné des problèmes sanitaires, un régime alimentaire inadéquat et un manque de vêtements et de médicaments pour les enfants sur place.
La situation est devenue si inquiétante qu’au début du XX siècle le médecin et directeur de la santé du ministère des Affaires indiennes, Peter H. Bryce, a sonné l’alarme et a rédigé pour ses supérieurs de nombreux rapports qui indiquaient que les Autochtones du Canada risquaient d’être décimés, par la tuberculose notamment. Le gouvernement canadien ignora les recommandations de Bryce et le démit de ses fonctions. Dans un ouvrage publié en 1922, Bryce qualifia l’attitude du Canada de « crime national ».
Aujourd’hui, les Nations unies considèrent comme un génocide le fait de retirer les enfants de leurs foyers en se basant sur leur appartenance ethnique pour les placer dans un environnement étranger afin de les endoctriner. Le Canada reconnaît maintenant publiquement que l’objectif des pensionnats était d’assimiler les Autochtones, en somme de « tuer l’Indien dans l’enfant » ; mais souvent, comme le dit le chanteur innu Florent Vollant, ils ont tué l’enfant aussi. Le 11 juin 2008, le Premier ministre Stephen Harper a présenté les excuses officielles du gouvernement canadien aux Autochtones: « L’héritage laissé par les pensionnats indiens a contribué à des problèmes sociaux qui persistent dans de nombreuses communautés aujourd’hui. » A l’image de plus de vingt-cinq pays dans le monde, dont l’Afrique du Sud après l’apartheid et plusieurs États d’Amérique du Sud, tels le Brésil et l’Argentine, le Canada a créé en 2007 la Commission de vérité et de réconciliation, avec pour mandat de lever le voile sur les agressions physiques, sexuelles et mentales qu’ont subies beaucoup d’enfants ayant fréquenté les pensionnats. Dans le rapport final qu’il a rendu en 2015, le chef de la Commission, le juge et actuel sénateur Murray Sinclair, a parlé d’un « génocide culturel » perpétré à l’encontre des populations autochtones du pays aux XIX siècle et XX siècle, une qualification reprise par Beverley McLachlin qui était alors la juge en chef de la Cour suprême du Canada.
Quatre-vingt mille anciens pensionnaires vivent encore.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La pelle frappe le sol, comme la hache l'arbre à abattre. Cette terre ne se laisse pas travailler facilement et l'acier s'y enfonce avec difficulté. II creuse, un coup à la fois, avec une sourde résolution. À mesure que s'ouvre le sol, il bute contre des pierres, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses, qu'il extrait à la main, une à une.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À quatorze ans, Virginie, Marie et Charles sont arrachés à leurs familles sur ordre du gouvernement canadien. Avec les autres enfants innus du village, ils sont conduits dans un pensionnat, à près de mille kilomètres de chez eux, pour y être éduqués. Là-bas, il leur est interdit de parler leur langue, leurs cheveux sont rasés, leurs objets personnels confisqués. Ils ne sont désormais plus qu'un numéro.
Que s'est-il réellement passé à Fort George, île maudite balayée par l'impitoyable vent du large ?
Soixante-dix ans plus tard, l'avocate Audrey Duval cherche à comprendre ce qu'il est advenu des trois jeunes gens mystérieusement disparus.
La forme est travaillée, recherchée, poétique à l’excès. Elle en enrobe le fond et l’histoire pour en devenir une figure de style ampoulée qui m’a lassé et laissé en surface.
La langue des choses cachées de Cécile Coulon
Et même l’histoire (qui baigne dans un ésotérisme qui me laisse généralement froid, il est vrai), de guérisseurs et guérisseuses se transmettant leurs dons pour soigner celles et ceux pour qui les hommes ne peuvent rien, ne m’a pas vraiment touché
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Car c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements: leurs mains caressent et déchirent, rendent la peau si douce qu'on y plonge facilement des lances et des épées.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit : « Ne laisse jamais de traces de ton passage. » Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là.
Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force poétique de la nature et la noirceur des hommes.
Avec La Langue des choses cachées, ses talents de romancière et de poétesse se mêlent dans une oeuvre littéraire exceptionnelle.
Mariée de force, battue et violée par son mari, Fatemeh va être pendue dans quelques jours. Elle en profite pour écrire son histoire, la suite des événements qui ont précédé la sentence.
La muette de Chahdortt Djavann
Aujourd’hui, des femmes sont lapidées pour être tombées amoureuses et avoir eu des relations en dehors du mariage. Aujourd’hui, des femmes sont violées et battues en toutes impunité.
Chahdortt Djavann raconte à travers la voix de Fatemeh, une vie de femme en Iran. Et c’est glaçant !
Une autrice indispensable, une plume qui découpe les faux-semblants mieux qu’un scalpel
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh, mais je n'aime pas mon prénom. Dans notre quartier, tout le monde avait un surnom, le mien était la nièce de la muette. La muette était ma tante paternelle. Je vais être pendue bientôt : ma mère m'avait nommée Fatemeh parce que j'étais née le jour de la naissance de Mahomet, et comme j'étais une fille, elle m'avait donné le prénom de la fille du Prophète. Elle ne pensait pas qu'un jour je serais pendue ; moi non plus.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh mais je n'aime pas mon prénom. Je vais être pendue bientôt... »
L'amour fusionnel d'une adolescente pour sa tante muette, l'amour passionné de celle-ci pour un homme tournent au carnage dans l'Iran des mollahs. Chahdortt Djavann fait un récit incisif et dénué de tout artifice. Une histoire qu'on n'oublie pas.
Très amusé par sa Patate chaude, c’est avec joie que je suis tombé sur le livre précédent de Marie Beer. Et quelle surprise, quelle claque ! Je me suis fait prestidigiter en toute beauté !
Sagama de Marie Beer
On suit ici le docteur Wilson, sa femme et sa patiente Sagama. Une histoire que l’on découvre au travers du journal du docteur harcelé tant par son épouse délaissée que par Sagama, suicidaire, abusée par son beau père, fragile, dépendante, instable, fugueuse, manipulatrice et qui dialogue avec des anges… Folle ?
Et ?
Et ce livre m’a retourné la tête !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Samedi 19 juillet 2014
J'ai offert ce jour à mon épouse un joli carnet auquel confier ses tourments. C'était une manière, peut-être malhabile, d'excuser ma suractivité professionnelle des derniers mois, vécue par elle comme un délaissement. Il m'arrive de conseiller à mes patients de coucher leurs maux par écrit avec des résultats très positifs. Un adolescent affronte ainsi un parent tyrannique sans risque de conflit.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Entouré d'une épouse un peu trop parfaite et d'un cercle social désespérément conformiste, le docteur Wilson, un psychiatre quinquagénaire, se réfugie dans l'écriture de son journal. Il y retrace la psychose de Sagama, une jeune patiente dont la disparition l'inquiète et dont la personnalité le fascine malgré lui... Un texte subtil, intense et drôle qui, au fil des pages, bouscule les représentations conventionnelles de la folie.
En Inde (mais c’est la même chose partout, non ?), une femme, écrivaine, épouse un homme qui rapidement, l’isole (autre ville, déconnexion des réseaux sociaux, confiscation des mots de passe mail…) et… rabaisse, exige, abuse, frappe, viole, menace de pire encore…
Et si certaines pages sont insoutenables, elles semblent tellement réelles. Quand je te frappe : portrait de l’écrivaine en jeune épouse de Meena Kandasamy
Et où sont les amis, la famille, la police, les voisins ?
Et que fait la justice ?
Le récit d’une femme, seule, qui résiste et qui espère encore… jusqu’à quand, jusqu’à quoi ?
Un roman glaçant !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ma mère en parle encore.
Cinq années se sont écoulées et, chaque année, sa version de l'histoire mute, se transforme. La plupart des circonstances sombrent dans l'oubli - les différents épisodes, le mois, le jour, la saison, les et cetera et les ainsi de suite - , et ne subsistent au final que les détails les plus absurdes.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Alors qu'elle se remettait d'une déception amoureuse, la narratrice, prise entre ses aspirations et les attentes de ses parents, s'est quelque peu précipitée dans le mariage. L'heureux élu est un brillant universitaire, un admirable militant - l'homme idéal ?
Mais la jeune femme déchante vite, confinée dans sa maison à Mangalore, loin de sa famille, de ses amis. C'est d'abord ses habitudes que son mari entreprend de réformer : il faut quelle cesse de passer tant de temps sur internet, sur sa boîte mail, sur les réseaux sociaux - et puis, finalement, sur son ordinateur. Pour elle qui vit de son écriture, c'est presque un arrêt de mort. Il faut quelle devienne une parfaite femme du peuple, qu'elle assimile et incarne la doctrine marxiste. Et surtout, surtout, qu'elle respecte son époux et se conforme en tout point à ses désirs. Cet « endoctrinement » passe par la violence, qui emprunte toutes les ramifications possibles, plus perverses les unes que les autres.
Pour ne pas sombrer, la narratrice lutte, elle écrit dans sa tête, imaginant comment raconter son histoire, cherchant la moindre faille. Peu à peu, elle invente un stratagème afin de s'en sortir, de garder le contrôle de sa propre vie. De ne pas disparaître.
Porté par une voix puissante, ce récit de survie polymorphe, étonnamment lumineux, offre un éclairage salutaire sur les violences faites aux femmes, en Inde et dans le monde. Créant une tonalité singulière, à la fois intime et littéraire, l'auteur décortique avec rage et brio le mécanisme de défense inaltérable que constitue le rapport à la fiction.
Beigbeder, c’est un peu le cousin parisien, un peu foufou, talentueux et médiatique, celui qui ose, qui a du succès, le nez poudré sur le dancefloor avec des femmes magnifiques à ses côtés. Insouciant et émerveillé.
Mais, voilà le temps d’ouvrir les yeux. Qui suis-je, qu’ai-je fait ?
Et tiens, pourquoi pas, au moment de voir arriver l’heure du jugement dernier : – Suis-je quelqu’un de bien ?
Et là, Frédéric s’est senti un peu poussé dans le dos par les événements. Il a eu besoin de crier : Oui, je suis un chic type !
Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé de Frédéric Beigbeder
Mais c’est quand même un peu énervant ! Voilà un exemple typique de l’homme blanc privilégié en train de crier : oui, je me rends bien compte, mais non, mais oui, mais non.
Allons, encore un effort, un peu d’introspection. Car, à l’en croire, effectivement, il n’a pas vraiment fait de mal (et en tout cas pas ce dont on salit ses murs, il est important de le souligner).Et d’ailleurs, plusieurs fois, il nous montre qu’il a été ce chic type qu’il aime aimer.
Un livre plaintif d’un auteur effectivement un peu dépassé par les événements. Tiens ! d’ailleurs, Frédéric, vous m’avez un peu fait penser à ce maladroit de Jean Roscoff.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) - Papa, pourquoi ils ont fait ça ?
Nous sommes un matin de 2018 et je ne sais que répondre à Oona, ma fille de trois ans.
- C'est compliqué, chérie.
- C'est qui qui a fait ça ? C'est des méchants?
- Mais non, ne t'inquiète pas, c'est juste une blague.
Ma maison et ma voiture sont couvertes d'insultes roses. Le mur blanc de mon domicile basque est tagué de graffitis me traitant de violeur et de salaud.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Longtemps j'ai cru que la vie était une fête ; passé la cinquantaine, la vie est un interminable lendemain de cuite.
J'ai toujours voulu être transgressif sans savoir que j'étais conformiste. Aujourd'hui, je me sens mieux dans un monastère augustinien qu'au bordel, et les militaires m'amusent plus que les fashionistas. Mais se confesser dans un livre ne garantit aucune absolution ; passez votre chemin si vous cherchez ici autre chose qu'un homme qui tente de se comprendre. »
Frédéric Beigbeder
Célestine est née après la mort de ses parents. Élevée par une tante et un oncle lointains, elle va très vite devenir une sublime jeune fille avec la tête bien faite et qui saura bien se débrouiller pour arriver là où elle le souhaite.
Célestine de Sophie Wouters
Un conte sur les périls qui guettent les jeunes filles. Le loup n’est pas toujours caché au fond des bois
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) - La Célestine avait tout de suite commencé par faire fort!
La journaliste, les pieds dans la paille, s'approcha encore un peu plus de Marcel avec son microphone.
- Naître après le décès de ses parents... Vous n'allez quand même pas m'dire que c'est la façon d'faire du commun des mortels! marmonna-t-il, assis à califourchon sur son petit tabouret, en tirant plus fort sur les mamelles de la vache qui s'était mise à beugler.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Années soixante, quelque part dans la France profonde. Célestine, orpheline dès sa naissance, est élevée par de lointains parents qui n'avaient jamais voulu d'enfants.
Dix-sept ans plus tard, l'adolescente se retrouve devant la cour d'assises des mineurs. Mais que s'est-il donc passé pour que la ravissante et douce Célestine, dont l'avenir était plus que prometteur, soit jugée pour un crime dont tout semble l'accuser ?
Ovidie est en grève depuis 4 ans, l’occasion d’un bilan et de crier. Le besoin de tout mettre sur la table pour voir s’il est possible d’en tirer quelque chose, s’il est possible de redémarrer… pour aller où ?
Ovidie est en grève du sexe avec les hommes, donc.
La chair est triste hélas de Ovidie
Constat d’une grosse déception avec le sexe et les hommes. Jeu de dupes dans une société patriarcale co-entretenu tant par les hommes (au mieux incompétents et au pire abuseurs (voir pire encore)) que par des femmes qui seraient atteintes d’un syndrome de Stockholm.
Une triste chair portée par une grosse colère qui vise juste et s’apaise au fil du livre pour arriver à une fin très touchante.
Oui… hélas !
Un essai qu’on ne peut refermer sans se poser la question (quelque genre ou sexe que l’on soit). Et moi ?
… et fuir la absolument la réponse : non, moi, jamais !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Un jour, je n'ai plus pu.
Oh, bien sûr, il y a eu des signes avant-coureurs, ce genre de choses n'arrive pas ex nihilo. Le dégoût, d'abord ponctuel, a pris place insidieusement, jusqu'à m'envahir complètement. Comme un épuisement psychique, un burn-out, une impossibilité de faire un pas de plus, de rouler un kilomètre supplémentaire sur cette longue route de la perte de sens.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « J'ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m'étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n'avais pas joui. À tous ces coïts où j'avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d'épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l'argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d'être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu'on regarde avec pitié.
Chronique d’une erreur judiciaire, de l’accusation de viol par une jeune fille paumée de 15 ans qui revient sur ses déclarations lors du procès en appel. Un homme emprisonné à tort durant trois ans.
La petite menteuse de Pascale Robert-Diard
Une avocate qui raconte cette jeune fille qui vient confesser son mensonge, expliquer pourquoi, l’emballement, le mal-être, la spirale dans laquelle elle s’est laissée enfermer…
…et enfermer un innocent auquel ce livre ne donne pas vraiment la parole
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Elle s'est plantée, voilà tout. Alice n'a pas besoin de se retourner. Elle devine que son client lui en veut. Il y a des jours comme ça où le métier ne suffit pas.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Mais qui donc es-tu Lisa Charvet? Juste une petite menteuse? C’est la question qu’Alice cherche à élucider depuis que Lisa lui a demandé de la défendre à son procès. Six ans auparavant – elle avait 15 ans –, Lisa a été victime d’un viol, mais elle veut se rétracter. Elle a menti. Face à des situations tellement complexes, fragiles et graves, des questions fusent après cette lecture. À chacun de trouver ses réponses !