Les misérables

J’avais cru qu’en digne héritier de Reiser, Philippe Vuillemin avait tout osé. Je n’avais pas encore croisé Éric Salch !

Les misérables de Éric Salch

Et mazette, Victor Hugo revisité par Éric Salch, c’est quelque chose ! C’est crade, ça pue, c’est sordide, gore, immonde et putride (prenez tous les synonymes et ajoutez les gaiement)

En même temps, c’est assez drôle et cette adaptation irrévérencieuse du chef d’œuvre intouchable a quelque chose de très réussi où des planches très travaillées côtoient ce qui ressemble à des brouillons emballant des andouillettes.

Jean Valjean, Cosette, Javert et les Thénadrier dans un gros bol de vomi risquent de surprendre les cœurs purs

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La périgourdine n'arrangera pas leurs misères... On ne va pas vous réexpliquer Les Misérables de Victor Hugo. On connaît tous les histoires de ses personnages. Celle du pauvre bougre Jean Valjean qui un jour vola un pain, se fit mettre au bagne pendant 19 ans et toute sa vie tenta de racheter ses pêchés. Celle de la petite Cosette, orpheline et élevée par les raclures de Thénardier. Celle de cet indécrottable adorateur du livre des lois qu'est Javert, défenseur obstiné de la justice. Celle de Marius, jeune intellectuel bohème et amoureux de Cosette. Celle de Gavroche, archétype du joyeux gamin des rues parisien... Tout ça, on le sait déjà plus ou moins, mais ce qu'on ne connait pas, ce que jamais on n'aurait pu imaginer, c'est la version des faits par Eric Salch. Drôle et tragique, aidé d'une poésie fiévreuse et souillée bien à lui, Eric Salch livre une vision personnelle et décalée des Misérables. Si le récit suit parfaitement la narration de l'oeuvre originale et que la pertinence de son propos reste indéniable, Eric Salch grossit les traits, ajoute anachronismes et absurdités pour ainsi nous faire rire du drame et du terrible de cette sublime tragédie romanesque

Le chien qui louche

Mathilde va présenter Fabien, son amoureux surveillant au Louvre, à sa famille. Et là, le pépé sort un tableau de famille et dit qu’il pourrait peut-être trouver sa place au musée. Non ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’une oeuvre, laquelle a sa place au musée et qui décide ?

Le chien qui louche de Étienne Davodeau

L’histoire chouki d’un jeune couple, d’un tableau un peu moche (portrait d’un chien qui louche), d’une société secrète et… du Louvre édité aux éditions du Louvre.

Une BD rigolote qui doit se trouver en bonne position dans la boutique du musée

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Personnages hauts en couleur, dialogues vifs, quiproquos pittoresques, le Chien qui louche est une comédie alerte et réjouissante. Et, derrière la farce, se pose la question : qui peut affirmer qu'un tableau a droit ou non d'être accroché, pour la postérité, aux cimaises d'un musée prestigieux comme le Louvre ? Une lueur d'inquiétude passa alors dans le regard de la Joconde

Elle(s) : Alice, Charlotte & Renaud

Elle(s), bande dessinée de jeunesse de Bastien Vivès raconte une rencontre, un amour naissant (difficilement), deux copines et un garçon un peu timide.

Elle(s) : Alice, Charlotte & Renaud de Bastien Vivès

Une BD aux boobs grands comme les yeux (si, si)

Une historiette chouchou, des moments tendres (et parfois difficiles) ou tout est hypertrophié comme les débuts peuvent l’être

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Allô...
Ouais Alice !
Ça va ? Je peux pas te parler fort : je suis dans le train...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elle(s) sont deux. Vous les avez sans doute croisées. Elle(s) sont vos amies, ou vous peut-être.. Elle(s) sont celles qu'on a aimées et celles dont on a rêvé. Elle(s) ont 18 ans, nous aussi

Thérapie de groupe, tome 3 : La tristesse durera toujours

Jean-Eudes de Cageot-Goujon ne va pas mieux !

Thérapie de groupe, tome 3 : La tristesse durera toujours de Manu Larcenet

Et grâce à son désespoir de bédéiste has been bipolaire au bout du rouleau, il continue cette série de BD à la papa d’une créativité folle et hilarante.

Un album où chaque page est une pépite tourmentée de la sève du grand canal de la folie inventive brillant de mille éclats (j’exagère un peu, mais cette Thérapie de groupe vaut bien ça) dans la fière lignée des tomes un et deux

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans ce dernier album l'auteur poursuit toujours sa recherche de l'inspiration. Mais de manière plus apaisée et plus linéaire, il met en scène sa découverte de la contemplation et son retour dans sa famille. Un mélange rare d'humour et de tendresse. Et un final surprenant et plein d'autodérision

La grande Odalisque

Premier opus qui en a vu deux avec Olympia, la grande Odalisque est une BD à suspense d’un groupe de femmes monte en l’air, des voleuses d’art un peu obsédées sexuelles, un peu branquignoles et qui n’ont pas froid aux yeux.

La grande Odalisque de Bastien Vivès, illustrations de Florent Ruppert et Jérôme Mulot, couleurs d’Isabelle Merlet

Une bande dessinée vraiment impressionnante dans le traitement du mouvement, des corps et de la représentation des espaces.

Un scénario hollywoodien pour une production française bien rythmée

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alex et Carole sont deux cambrioleuses de haut vol, séduisantes et sans complexes, capables d'aller chercher n'importe quel tableau dans n'importe quel musée. À la recherche d'un chauffeur, elles rencontrent Sam, une championne de moto aux multiples talents. Le trio qui vient de naitre est appelé à entrer dans la légende... Quand l'étoile montante de la BD française s'associe à l'un des meilleurs duos de la BD indépendante pour réinventer les trois héroïnes les plus connues (et les plus sexy) de l'animation japonaise, le résultat ne peut que faire des étincelles

Olympia

Comme pour le premier opus, le scénario peut sembler bricolé, mais la sauce prend et on se retrouve vite à se laisser charmer par ce trio de voleuses un peu foutraques, Alex, Carole et Sam.

Olympia de Bastien Vivès, illustrations de Florent Ruppert et Jérôme Mulot, couleurs de Isabelle Merlet et Jean-Jacques Rouger

Une histoire à la Ocean (onze, douze ou que sais-je) à la française et au féminin

Une bande dessinée aux graphismes et couleurs de haut niveau pour un bon petit thriller bien tendu à la fin qui dégomme tout ! Ou pas ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alex, Sam et Carole sont les braqueuses les plus sexy que la terre (et la bande dessinée) ait portées. Drôles de dames des temps modernes, elles peuvent accomplir les plus grands coups et ne reculent devant aucun obstacle. Après "La Grande Odalisque", prix Landerneau 2012, les auteurs à succès Bastien Vivès (Polina, Last Man) et Ruppert & Mulot ("La technique du périnée") redonnent vie à leurs héroïnes favorites. On les avait quittées en mauvaise posture après le périlleux cambriolage du Louvre et la disparition de Carole. Pour qu'elles reprennent du service, il leur faudra cette fois une mission incroyable ? ce sera le vol de trois tableaux, parmi lesquels l'Olympia de Manet, exceptionnellement exposé au Petit Palais, à Paris. La suite d'un univers créé à six mains avec un plaisir évident, au sein duquel le fantasme devient joyeuse série B, les dialogues truculents rythment l'action et où l'aventure se transforme en un récit moderne, dynamique et terriblement drôle

Miss Marple : un cadavre dans la bibliothèque

Le défi était de taille, adapter un polar un petit peu complexe dans une bande dessinée de 64 pages.

Miss Marple : un cadavre dans la bibliothèque de Dominique Ziegler, dessins d’Olivier Dauger adapté d’un roman d’Agatha Christie

Le dessin à la ligne claire et les indispensables explications et dialogues et l’ambiance so british donnent à cette BD un petit air de Black et Mortimer.

La tâche était toutefois bien ardue et le résultat me laisse mitigé

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le cadavre étranglé d'une femme inconnue est découvert au petit matin sur le tapis de la bibliothèque de la demeure du colonel Arthur Bantry et de son épouse Dolly. Celle-ci fait immédiatement appel au bon sens de son amie Jane Marple, pour dénouer un écheveau encore plus compliqué qu'il n'y paraît au premier abord. Jane Marple, plus connue sous le nom de Miss Marple, est un personnage de fiction créé par la romancière Agatha Christie. Un Cadavre dans la bibliothèque est la seconde aventure de ce personnage atypique, sorte de « détective en fauteuil » (en anglais : armchair detective) qui vit à St Mara Mead, village imaginaire de la campagne anglaise. Une de ses maximes favorites dit que « la nature humaine est partout la même »

La vérité en salade

C’est amusant, ces polars de gare, on les retrouve dans les boites à livres, les hôtels, les guest-houses et les Rbnb du monde entier. San-Antonio y figure souvent en bonne position. Et j’aime assez, j’avoue. A chaque fois que je tombe dessus j’y retrouve la même écriture toujours aussi stupéfiante et inventive.

J'ai été drôlement bien inspiré en passant derrière ! Comme quoi Gide avait raison : faut toujours passer par la porte étroite. Et il en connaissait un morceau sur la question. D'ailleurs on ne m'ôtera jamais de l'idée que s'il a toujours refusé un fauteuil à l'Académie, c'est parce qu'il avait du mal à s'asseoir !
La vérité en salade de San-Antonio

Hélas, combien de fois hélas. A chaque fois que je me dis que ce n’était qu’au début, que c’était le genre qui voulait ça et que cela ne reflétait pas le bonhomme Dard. Et pourtant je retrouve à nouveau dans cette lecture – entre les perles imaginatives (et les blagounettes à deux balles) – des allusions, réflexions, remarques et autres traits d’humour racistes et homophobes franchement dispensables et malvenus. Que le genre soit misogyne et macho, OK, mais hélas, ça, c’était dispensable

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est le genre de personne sur le retour qui s'habille chez Cartier pour essayer de cacher les méfaits de l'âge. Elle a trois tours de perlouzes sur le goitre, un clip qui représente un concours de pêche au saumon, tout en diamants de la bonne année; deux suspensions avec éclairage indirect aux étiquettes ; des bracelets importés directement du Creusot et une dizaine de bagues qui ne sont pas en ciment armé véritable et qui la font scintiller comme l'autoroute de l'Ouest, au soir d'un lundi de Pâques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une histoire vieille comme le monde. Madame a un amant. Sauf que Madame est le genre vieille baronne emperlouzée, triple menton et maquillage craquelé comme une terre trop cuite... Sauf que l'amant, 22 ans au compteur et gigolo pas dégoûté, git égorgé dans leur confidentiel nid d'amour...
Et elle vous raconte ça avec des trémolos dans la voix en sirotant sa Chartreuse. La peur du scandale exige du tact, de la discrétion... Tout San-Antonio, quoi ! Main de fer dans gant de velours. Oui mais voilà : sur la scène de crime, point trace de cadavre.
Et la salade commence tout juste de tourner

Cher connard

Au travers d’un roman épistolaire, Virginie Despentes propose un recueil de pensées sur la société, les drogues et autres addictions, la masculinité toxique, #metoo, les réseaux sociaux et leurs shitstorms.

Et ça ne servirait à rien.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour l'ami qui veut retomber? Exiger qu'il se reprenne en main ? Qu'est- ce qu'on peut faire pour l'amie qui rencontre la mau- vaise personne et ça se voit qu'elle va prendre une trempe carabinée et on sait qu'elle n'en sortira pas indemne mais elle est possédée, aimantée, et n'a que faire de notre mise en garde.
Cher connard de Virginie Despentes

Des pensées à plusieurs strates qui s’approfondissent, se répondent, se démasquent et évoluent au fil des échanges.

Rebecca
Je me suis déjà fait la réflexion qu'il y avait beaucoup de gars dans les réunions qui parlaient de leur viol. Ou d'inceste. Ou de pédophilie. Je ne comprends pas qu'on ne les ait pas plus entendus, pendant MeToo. Ça m'étonnerait beaucoup que ce soit par décence, pour laisser la parole aux femmes. Je crois plutôt qu'ils ont compris que ça coûtait trop cher, de parler. Je ne m'explique pas la honte de la victime. J'y crois - mais je ne comprends pas. On dit que la honte va avec la colère. C'est faux. Je n'ai jamais eu honte. J'ai envie de tuer les gens. C'est différent.

Un œil vif, un verbe tranchant et pourtant une parole qui ne cesse de s’interroger

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
OSCAR
Chroniques du désastre
Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu'elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque combien de fois je suis tombé amoureux d'elle, combien de photos d'elle, dans combien d'appartements, au-dessus de combien de lits j'ai pu accrocher et qui m'ont fait rêver.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Roman épistolaire entre Rebecca, une actrice quinquagénaire séduisante, Oscar, un écrivain trentenaire peu connu victime du syndrome de la page blanche et Zoé, une jeune féministe accro aux réseaux sociaux. Ces trois individus à la personnalité abrupte, tourmentés par leurs angoisses, leurs névroses et leurs addictions, sont amenés à baisser les armes quand l'amitié leur tombe dessus

Ma belle,

Quelle coup de coeur pour Ma belle, ! Une vraie merveille !

Elle appela un chasseur et lui dit : « Tu vas prendre l'enfant et l'emmener au loin dans la forêt : je ne veux plus la voir devant mes yeux. Tu la tueras et tu me rapporteras son foie et ses poumons en témoignage. »
Blanche-Neige, Jakob et Wilhelm Grimm

Plusieurs fois, dans cette lecture, je me suis demandé où elle allait. Après 50 pages, 100, 150 je me disais : « c’est bon, on a fait le tour du sujet, que dire de plus ? ». Mais non, j’ai été surpris jusqu’à la dernière et elles m’ont toutes enchanté. Un vrai cadeau !

On formera une belle équipe, tous les trois.
D'abord parce que j'ai trop aimé mon enfance pour ne pas aimer celle des autres, inconditionnellement.
Et puis, parce que j'ai « bon caractère ». C'est inscrit jusque sur ma carte d'identité : « Louise Prévenant ». Peut-être que ça ne m'a pas donné d'autre choix. Peut-être que tout aurait été différent si je m'étais appelée « Louise Méfiante » ou «< Louise Vabientefairefoutre »
Les disputes, je les fuis comme la peste. Je n'ai jamais été en conflit avec qui que ce soit - la fille à l'accueil de la préfecture, ça ne compte pas, c'est elle qui avait commencé.
Ma belle, de Camille Anseaume

L’histoire d’une petite fille trop belle, de son père et sa mère (tellement trop belle aussi) qui se séparent et… la nouvelle copine du père (la belle-mère, donc).

Je n'ai aucune envie de rentrer. Dans l'après-midi, je saute dans un train en direction de chez ma mère.
« Tu as une mine horrible ma chérie.
Merci, toi aussi, je peux entrer ? »
Elle sort une bouteille, deux verres, une pizza napolitaine, ma préférée.
« Tu as maigri ma puce, tu m'inquiètes. Qu'est-ce que tu as ?
- Une belle-fille.

Un livre où la marâtre parle à sa belle-fille, lui raconte leurs difficultés relationnelles, ses inquiétudes, ses ras-le-bol, ses désespoirs, son amour pour son père, sa difficulté à trouver sa place, le manque de courage du père, les intrusions de la mère, les soucis de l’adolescence…

Un livre magnifique, drôle et touchant sur les familles recomposées et le fardeau de la beauté de Blanche-Neige

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était une fois tes parents, toi, et moi.
Ça se passe dans un royaume lointain, au-delà du périph, duquel on voit s'élever les tours comme des doigts d'honneur au ciel.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enthousiaste à l’idée de rencontrer sa belle-fille, Louise ne s’attend pas à devenir une marâtre de contes de fées. Avec Blanche cependant, elle se heurte à un mur de glace. Sublime, triste et mutique, la petite fille à la peau blanche comme la neige, aux cheveux noirs comme l’ébène et aux lèvres rouges comme le sang oppose à la bonne humeur de Louise un dédain constant, sous l’œil complice de son père qui, subjugué par la beauté de sa fille, est aveugle à ce qui se trame. Leur relation va vite s’empoisonner. Acerbe et drôle, Louise raconte la difficulté à trouver sa place de « belle-mère », ses complexes et ses insécurités exacerbées par l’ombre de l’ex-femme idéalisé