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Voilà une vie heureuse pleine de délicatesse. Oui, même si l’histoire est bien différente, les émotions m’ont semblé bien similaires à ce roman précédent. David réécrirait-il toujours selon le même pattern1 ou aurait-il un message qu’il ne cesserait de vouloir transmettre ?
La vie heureuse de David Foenkinos
Une histoire en trois période. Et si la première ma semblé longuette et la dernière un peu mélo, la deuxième m’a franchement bien amusé.
Allons David, il est temps de renaître et de laisser enfin exploser cette vie heureuse qui n’ose l’être !
1 Merci encore pour les deux trois bonnes blagues des notes de bas de page
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Éric Kherson appréhendait toujours de prendre l'avion. II dormait en général assez mal la veille du voyage, se laissant dériver vers les pires scénarios possibles, imaginant tout ce qu'il laisserait derrière lui après sa mort violente dans un crash.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Jamais aucune époque n’a autant été marquée par le désir de changer de vie. Nous voulons tous, à un moment de notre existence, être un autre. »
En refermant ce livre, je l’ai trouvé un peu vide… avec pas mal de remplissage…
Un soir d’été de Philippe Besson
Après réflexion, c’est justement ce qu’il exprime. Le vide de la disparition, du manque. Un ami disparu un soir de fête alors que tout était simple et insouciant. En vacances sur l’Île de Ré, avec une bande copain à jouir de l’amitié, des flirts, de la légèreté des 18 ans.
… un peu vide quand même
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ce matin, au détour d'une rue, dans la ville où j'habite désormais, j'ai cru reconnaître son visage et sa démarche.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Nous étions six - cinq garçons et une fille - insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l'un d'entre nous disparaisse ? »
S'inspirant d'une histoire vécue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l'île de Ré, un soir de juillet, au milieu des années 80.
Strange m’a évidement et immédiatement rappelé la fille d’elle même de Gabrielle Boulianne-Tremblay. Une quête de soi sous le regard des autres. Et là encore, la même sensibilité, la même finesse d’écriture, les mêmes douleurs.
Strange de Geneviève Damas
Avec, dans Strange, ce rapport au père qui apporte toute la richesse (et beaucoup de tristesse aussi) à ce roman.
Une magnifique étrangeté
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je suis resté assis sur mon lit je ne sais combien de temps. Je pensais "S'il vient dimanche, je vais mourir".
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il y a des choses que l’on écrit parce qu’on n’a pas pu les dire. Nora envoie une longue lettre à son père, qui vit dans une autre ville. Cette ville, elle l’a quittée pour apprendre le chant à Bruxelles. Mais aussi pour autre chose. « Ma vie n’est pas exactement comme je te l’ai racontée. »
L’enfant que connaît ce père était un « il ». Il se prénommait Raphaël. Tout ce que le père ignore, le voici, depuis l’enfance, la mort de la mère. Les déguisements que portait le petit garçon. Les princesses qu’il dessinait. Les brutalités subies dans la cour du collège. Les mensonges. La douleur. Et puis, un jour, une lumière : le chant. Et le départ. Et ce que Nora est devenue, sa nouvelle vie. Voici un sens inédit ajouté au « Je est un autre » de Rimbaud.
Loin d’être une lettre d’amertume, de vengeance ou de règlement de comptes, la lettre de Nora est une lettre d’amour. Lettre d’amour à un père, dans l’espoir qu’il comprendra. Lettre pour s’aimer soi-même, aussi, enfin.
Un roman bouleversant, et d’autant plus qu’il évite les excès de la plainte comme de la caricature, sur l’identité, mais aussi sur le passage à l’âge adulte, le perfectionnement d’un art, le renouement avec l’acte d’aimer.
Sordide coïncidence, Jean Teulé est mort en écrivant cette histoire. C’est bien ballot !
L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir de Jean Teulé
La fin de vie de Louis XI vue sous un angle à la Teulé : un peu crade, violent, méchant et purulent… Sans pitié !
L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir dessins de Dominique Gelli
Manuscrit inachevé, des amis se sont proposés pour le terminer. Hommages, souvenirs, fins théâtrales, dessins, photos… Ils accompagnent cette drôle d’histoire en beauté.
C’est touchant sans sensibleries ni mélo.
Merci
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Au sortir d'une nuit de pleine lune, sur une plage insulaire de mer très lointaine, des fruits et des fleurs naissent ensemble dans la lumière qui apparaît. En cette petite terre volcanique émergée, faisant partie d'un archipel d'une dizaine d'îles inhabitées, croît une variété d'arbres qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde et pouvant survivre au contact de l'eau de mer.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jean aimait rire de la mort. Il se moquait de l'embarras des survivants.
« Je vous préviens : je n'irai pas à votre enterrement », et il éclatait de ce rire énorme dont il avait le secret.
Le 18 octobre 2022, une bactérie sournoise l'a foudroyé.
Il laisse un vide, un silence, un manque insondable.
Il laisse aussi la première partie du manuscrit qu'il était en train d'écrire. L'histoire de Louis XI, ce monarque singulier qui, tout en étant de ceux qui ont posé les fondations de la nation française, a commis les plus effroyables crimes qu'on puisse imaginer.
Ses amis nous ont convaincus de publier ce texte inachevé. Philippe Jaenada, Enki Bilal, Dominique Gelli, Florence Cestac, François Delebecque, Philippe Druillet et Benjamin Planchon ont improvisé des textes et des images sur la dernière création de Jean Teulé.
Baru mélange ici la grande histoire et les petites, les souvenirs et les faits historiques… réels ou distordus par le temps
Rodina de Baru
L’histoire de la libération d’un train de prisonniers et de prisonnières qui rejoignirent les rangs de la résistance… Oui, les femmes aussi !
Hélas, la frontière entre les faits, le présent et ce qui est raconté n’est pas toujours très claire et si le choix narratif m’a semblé très sympa, le résultat m’a finalement perdu. Mais peut-être aurais-je du lire sa trilogie Bella ciao avant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je vous ai déjà dit (j'ai vérifié) qu'Enrico s'appelait Heinrich, en réalité...
... Heinrich Becker, précisément, et qu'il était allemand
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, un détachement de FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-main d'oeuvre immigrée) commandée par Jules Montanari, alias commandant Jacques, fit s'évader trente-sept femmes, russes et biélorusses, et vingt-quatre hommes du camp d'Errouville, en Meurthe-et-Moselle. Après un jour et deux nuits de marche forcée, elles et ils arrivèrent, les pieds en sang, au maquis de l'Argonne. Les hommes furent facilement dispersés dans les différents maquis. Mais les femmes ? Le commandant Jacques avait prévu de les placer dans des familles sûres jusqu'à la fin de la guerre. Sauf quelles voulaient se battre. À l'usure, elles eurent gain de cause et fondèrent le seul et unique détachement exclusivement féminin de la Résistance française. Elles le baptisèrent Rodina, qui veut dire « patrie » en russe.
Responsable mais pas coupable ?
Voilà un témoignage qui, par la posture, m’a rappelé celle de Laurent Fabius lors de l’affaire du sang contaminé.
Le jour où j’ai compris : itinéraire d’une prise de conscience environnementale de Bruno David
Bruno David est paléontologue et biologiste, chercheur au CNRS […] mais aussi boomer. Né dans les années 50, il fait partie de ceux qui se retrouvent sur la sellette en laissant un héritage catastrophique aux générations suivantes : une terre en bien triste état, une flore et une faune décimées et un climat qui part en vrille.
Mais ! Savait-il ? Savait-on ? Quoi et depuis quand ?
Historique des soixante dernières années en France, ce petit essai autobiographique retrace les prises de consciences successives (et les siennes) qui n’ont visiblement pas réussi à inverser la tendance.
Un retour en arrière, aux époques ou l’on ne parlait pas encore de climat, mais plutôt de pollution, puis de biodiversité pour arriver aujourd’hui aux terrifiants constats des rapports du GIEC
Reste un chapitre qui fait cruellement défaut : et maintenant ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tout se passe comme si nous pataugions dans une baignoire de paradoxes.
D'une part, l'humanité, c'est-à-dire chacun d'entre nous, est confrontée à une crise environnementale qui se signale par son ampleur et par sa fulgurance. Autrement dit, ce n'est en rien une transition lente comme l'ont été celles vécues par nos ancêtres du Paléolithique qui ont traversé des périodes glaciaires puis interglaciaires les contraignant à s'adapter à des toundras subpolaires comme à d'épaisses forêts tempérées, cela sur un temps très long laissant place à l'adaptation.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Accusé, levez-vous ! Eh oui, né au milieu des années 1950, donc responsable, selon la génération de mes enfants, de tous les maux de la planète. Pourtant, je suis naturaliste, paléontologue et biologiste, j'ai passé des années à défendre la cause de l'environnement et de la biodiversité. En dépit de cela, je suis a priori coupable de ne pas avoir assez tôt accordé mes paroles et mes actes. Mais était-ce si simple ? Que savons-nous de ces périodes de consommation frénétique ? Et à quelle époque ai-je approché, senti, puis vraiment compris que nous étions dans l'irrévocabilité ? »
Dans ce texte éclairé, Bruno David nous raconte sa prise de conscience environnementale. De son enfance à ses études scientifiques, du rivage tragique d'une marée noire au rapport du GIEC, d'une discussion avec un climato-négationniste à un été irrespirable, il nous livre ses doutes, ses inquiétudes, jusqu'à craindre l'irréversible...
Un récit exceptionnel, mêlant choses vues, portraits, chiffres clés et lutte contre les idées reçues. Quand un grand scientifique nous guide sur le chemin de la connaissance... À placer entre toutes les mains !
Je ressors un peu mal à l’aise avec cette bande dessinée. Certes, la nouvelle de Melville est malaisante et cette gène est fort bien rendue ici. C’est parfait.
Bartleby le scribe : une histoire de Wall Street de Jose Luis Munuera, couleurs de Sedyas de Herman Melville
Mais c’est plutôt les images qui m’ont dérouté. Car si les fonds, la ville, les murs, les bureaux et tous les décors sont très léchés avec un ressenti d’aquarelles magnifiques, les personnages de premier plan sont par contre plutôt décevants… comme si d’autres mains avaient effectué le travail.
C’est donc un peu mitigé que je ressors de cet album qui m’avait marqué alors que je le feuilletais. Bartleby, un album sympa aux seconds plans éblouissants !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La plupart des hommes servent l'état non pas en tant qu'humains...
...Mais comme des machines avec leur corps.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Wall Street, à New York. Le jeune Bartleby est engagé dans une étude notariale pour copier des actes juridiques. Consciencieux et efficace, il abat un travail colossal sans jamais se plaindre.
Pourtant, un jour, son supérieur lui confie un travail qu’il décline. Désormais, Bartleby cessera non seulement d’obéir aux ordres, mais il refusera aussi de quitter les lieux...
José Luis Munuera (Merlin, Fraternity...) s’empare de la nouvelle d’Herman Melville dans une adaptation magistrale, proposant une réflexion stimulante sur l’obéissance et la résistance passive.
Et si le plus gros problème de l’humanité venait d’une paire de couilles ?
Testosterror de Luz
Surpris par une épidémie qui s’attaque à leur production hormonale, les virilistes paniquent !
C’est drôle, délirant, absurde, extrême et pourtant… tellement crédible !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le dimanche, chez moi, ça a toujours été sacré.
Grasse matinée, grillades, rosé bien frais, sieste devant la télé...
Une seule règle d'or...
.. Jamais de sport.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Tu ne pleures pas, Jean-Pat, tu sues des larmes de colère. »
Un virus fait chuter le taux de testostérone des hommes... et se répand sur la planète !
Jean-Patrick, concessionnaire automobile dans la zone d'activité commerciale de Saint-Pierre-Le-Caillou, panique et tente de se réfugier au sein de la secte masculiniste dirigée par Jo, son coach sportif.
Contaminé par le virus, Jean-Pat voit sa vision du monde changer... Mais alors qu'il se détache du mouvement viriliste, son fils s'y engouffre.
Notre héros parviendra-t-il à sauver son enfant des griffes d'un gourou macho ? Privée de testostérone, l'humanité sombrera-t-elle dans le chaos ? Quel secret la part de féminité de Jean-Pat renferme-t-elle ? Et si la vérité résidait dans les yeux de Champion, son irrésistible chien priapique ?
Voila un excellentissime livre pour les graphistes de tout poil. A commencer par Ginette et Bruno du service RH qui, grâce à Word et Powerpoint se sont retrouvés promus chefs com’ de l’entreprise.
Tu n’utiliseras point le Comic Sans : les 365 lois du design graphique de Sean Adams, Peter Dawson, John Foster et Tony Seddon
En 365 conseils (point trop n’en faut), ce livre démontre brillamment que graphiste, polygraphe, infographiste, maquettiste ou typographe sont des métiers. Qu’ils réclament une formation et un savoir faire qui ne s’improvisent pas.
Et au fil de ces 365 rappels teintés d’humour, tout y passe, typo, colorimétrie, mise en page, impression, relation avec les clients ou l’imprimeur… De A à Z vous dis-je !
Peut-être pas une bible, mais en tout cas, une bonne incitation à faire preuve d’humilité pour tous les amateurs !
Un bémol ? Désormais, vous ne pourrez plus vous passer de la suite Adobe ! Mais un agriculteur ne fait pas grand chose sans un tracteur, non ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Être graphiste requiert la possession de certains traits caractéristiques du trouble de la personnalité dissociative. Jadis connus sous le nom de schizophrénie, ces symptômes se décèlent à la coexistence, chez un même graphiste, de deux personnalités. La première se concentre jusqu'à l'obsession sur des détails typographiques : les formes Serif ou bien la manière dont l'œil entre en contact avec des guillemets flottants. La seconde est ouverte aux idées nouvelles et radicales, et aborde tout problème avec une solution globale et évolutive. Malheureusement, il n'y a pas d'autre option.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En graphisme, erreurs techniques et fautes de goût ne pardonnent pas ! Le succès d'un graphiste dépend bien sûr de son talent, mais aussi de sa capacité à déjouer les pièges et à surmonter les difficultés.
Véritable boîte à outils au quotidien, cet ouvrage s'adresse au graphiste, débutant ou confirmé, ainsi qu'à toute personne impliquée dans un projet de création graphique (éditeur, journaliste, chargé de communication, imprimeur, etc.). Il énonce les 365 lois essentielles du design graphique, ou tout ce qu'il faut faire - et surtout ne pas faire - pour réussir ses projets, atteindre ses objectifs et satisfaire ses clients, sans être à côté de la plaque !
Typographie, couleur, illustration, mise en page, communication visuelle, relations clients, retouche, épreuvage, production, impression. Les étapes et les sujets clés du design graphique y sont décryptés, illustrés et commentés avec humour et rigueur par quatre spécialistes aguerris qui livrent ici leurs meilleurs conseils, astuces et recommandations.
À première vue, on pourrait se dire que Florence dessine toujours la même histoire. La sienne, de sa naissance à ses dix-huit ans.
Certes, c’est pas tout faux. Mais c’est bien réducteur. Jumelle, tome 2 : Dépareillées de Florence Dupré la Tour
A chaque opus (il semblerait que celui-ci sonne définitivement la fin de cette trilogie en 5 volumes), Florence change l’axe de son regard, propose d’autres facettes, approfondit d’autres douleurs et d’autres bonheurs.
Alors, certes, l’adolescence n’est que rarement une grosse tranche du paradis, mais pour elle, ce fut l’âge de la séparation, de la rupture, du découpage, cisaillage et tronçonnage. La grosse boucherie de la séparation d’avec sa sœur jumelle, Béné
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Quelques jours avant notre rentrée au collège, notre avion décolla vers une île mystérieuse.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans Dépareillées, Florence Dupré la Tour continue de raconter la grande histoire d'amour de sa vie : celle qu'elle a vécue avec sa jumelle. Mais après la fusion parfaite de la petite enfance vient, au moment de l'adolescence, le drame de la séparation.
Florence va vivre le cauchemar annoncé, elle va devoir sortir du « on » pour fabriquer et affronter un « je ». Elle va devoir vivre seule la confusion des sentiments et des attirances sexuelles, et réussir une chose inhabituelle chez le commun des mortels : renaître.
Après Cruelle et Pucelle, Florence Dupré la Tour clôt avec Jumelle son triptyque sur l'enfance. Férocement libre et puissamment drôle, c'est une oeuvre autobiographique majeure.