On ne touche pas

Une prof de philo qui, par un coup de tête, se retrouve effeuilleuse dans un club.

On ne touche pas de Ketty Rouf

Une femme face à son désir, celui de plaire, d’oser être libre, d’aimer son corps, de transgresser, de voir jusqu’ou elle osera, de vivre, de s’enivrer, de jouer et jouir du désir des hommes.

L’occasion aussi de parler de l’éducation nationale, de l’enseignement, du découragement, du regard qu’on préfère poser ailleurs et de toutes les petites – et grandes – hypocrisies

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aujourd'hui, je n'existe pas.
Demain, probablement non plus.
À la fin de la semaine, je m'enverrai trois diabolos menthe en solo. Je lécherai mes doigts - tous mes doigts - après avoir avalé des cacahuètes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Joséphine est prof de philo dans un lycée de Drancy. Elle mène sa vie entre Xanax, Tupperware en salle des profs, et injonctions de l'Éducation nationale qui lui ôtent le sentiment d'exister.
Sauf que.

Chaque nuit, Joséphine devient Rose Lee. Elle s'effeuille dans un club de striptease aux Champs-Élysées. Elle se réapproprie sa vie, se réconcilie avec son corps et se met à adorer le désir des hommes et le pouvoir qu'elle en retire. Sa vie se conjugue dès lors entre glamour et grisaille, toute-puissance du corps désiré et misère du corps enseignant.
Mais de jouer avec le feu, Rose Lee pourrait bien finir par se brûler les ailes.
Récit d'un affranchissement, réflexion bouleversante sur l'image de soi et le rapport à l'autre, ce premier roman hors norme de Ketty Rouf fait voler en éclats les préjugés sur le sexe et la société

La salle de bain

Décidément, l’humour est une substance curieuse qui touche certains sans même effleurer d’autres.

La salle de bain de Jean-Philippe Toussaint

Chef-d’oeuvre ou divagations inutiles, je ne sais pas. Mais tout cela n’est pas pour moi

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
1) Lorsque j'ai commencé à passer mes après-midi dans la salle de bain, je ne comptais pas m'y installer; non, je coulais là des heures agréables, méditant dans la baignoire, parfois habillé, tantôt nu. Edmondsson, qui se plaisait à mon chevet, me trouvait plus serein ; il m'arrivait de plaisanter, nous riions. Je parlais avec de grands gestes, estimant que les baignoires les plus pratiques étaient celles à bords parallèles, avec dossier incliné, et un fond droit qui dispense l'usager de l'emploi du butoir cale-pieds.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque j'ai commencé à passer mes après-midi dans la salle de bain, je ne comptais pas m'y installer ; non, je coulais là des heures agréables, méditant dans la baignoire avec le sentiment de pertinence miraculeuse que procure la pensée qu'il n'est nul besoin d'exprimer.

Une exception, une merveille : l'éclosion d'un écrivain inclassable et parfait. Jean-Philippe Toussaint, 28 ans, a écrit quelque chose qui n'est ni une chronique ni un roman, mais une histoire picaresque version compacte, un bric-à-brac d'émotions et de détails saugrenus, une sorte de miracle qui tient sur le ton et non pas sur l'histoire. Pour situer cet auteur minutieux, pince-sans-rire, on songe à Keaton, à quelque chose qui rôde entre Salinger, les nouvelles du New-Yorker, quelques récits du meilleur Kafka. C'est sensible, fin, intelligent, si peu roman-français-de-la-rentrée qu'on est éberlué de cette trouvaille. On prend un plaisir étonnant à ce livre au charme acide, constamment humoristique, qui procure des délectations secrètes

Anéantir

MH signe ici son livre le plus humain, comme le démontre l’absence de code-barre sur sa quatrième de couverture. Certes, il reste toujours focussé sur les hypocrisies et la bêtise (qui consiste selon le Professeur Rolland à prendre des décisions contraires à son propre intérêt) de ses contemporains. Nous, donc ! Pourtant, il semble plus sensible à l’individu en témoignant une tendresse et une bienveillance dont je n’avais pas de souvenir dans ses précédents livres.

Anéantir de Michel Houellebecq

Un livre partagé en plusieurs parties qui suivent le parcours de Paul évoluant dans les hautes sphères politiques à l’heure des présidentielles de 2027 (un nombre premier). Une famille disloquée, des attentats (qui mènent où ?), un couple en difficulté, un père relié au monde par un clignement d’yeux et finalement, la maladie.

Un livre avec beaucoup de pistes inabouties, comme un auteur face à sa finitude ou le début d’à suivre ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Certains lundis de la toute fin novembre, ou du début de décembre, surtout lorsqu'on est célibataire, on a la sensation d'être dans le couloir de la mort. Les vacances d'été sont depuis longtemps oubliées, la nouvelle année est encore loin; la proximité du néant est inhabituelle.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En 2027, Paul Raison soutient le candidat de la majorité pour l'élection présidentielle. Une description du monde qui nous entoure abordant des sujets aussi divers que l'amour, la mort, la société contemporaine...

Histoire de Mme de La Pommeraye

Une histoire incroyablement moderne et quasi féministe (pardonnez l’anachronisme). Qui, en tout cas, démontre les différents moyens et outils des hommes et des femmes pour obtenir justice. Une époque dans laquelle les hommes se battent en duel, décident et agissent. Mais celle où les femmes en sont réduites à manigancer ou intriguer pour obtenir réparation.

Histoire de Mme de La Pommeraye de Denis Diderot

Une époque libertine pour les hommes alors que les femmes sont soumises au qu’en dira-t-on moral.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'Histoire de Mme de La Pommeraye - l'épisode le plus célèbre de Jacques le Fataliste et son maître (1796) - est un magnifique contre cruel. C'est le récit de la vengeance d'une femme trahie, qui fait cruellement payer à son amant libertin son désamour, en lui jetant comme appât une jeune prostituée dont il tombe malgré lui éperdument amoureux. Mais dans ce terrible jeu de manipulation, personne n'est vraiment celui qu'il semble être...
Défense et illustration de la liberté des femmes à se faire justice elles-mêmes, plaidoyer en faveur de leur émancipation, ce texte est aussi le superbe portrait d'une femme indépendante.

«Un homme en poignarde un autre pour un geste, pour un démenti ; et il ne sera pas permis à une honnête femme perdue, déshonorée, trahie, de jeter le traître entre les bras d'une courtisane ?»

Le droit d’emmerder Dieu

Tout est dans le titre de cette plaidoirie de Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo lors du procès des attentats de 2015.

Le droit d’emmerder Dieu de Richard Malka

Une plaidoirie intégralement retranscrite sur la non négociabilité de la liberté d’expression, sur les responsabilités politiques, médiatiques et religieuses. Une langue magnifique, des arguments brillamment mis en place dans un déroulé implacable. Un contre pied ferme contre toute tentative de retourner les responsabilités des attentats. Le droit au blasphème est partie entière des libertés.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'écris mes plaidoiries. Celle-ci plus qu'aucune autre. Le moment venu, il faut s'adapter, improviser selon les circonstances de l'audience, l'heure, l'écoute ; oublier certains passages, en développer d'autres selon l'inspiration de l'instant. Les conditions dans lesquelles j'ai prononcé ces mots devant la cour d'assises spéciale de Paris resteront pour moi inoubliables.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«C'est à nous, et à nous seuls, qu'il revient de réfléchir, d'analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d'être ce que nous voulons. C'est à nous, et à personne d'autre, qu'il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d'aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration - en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot.»

Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l'auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre. Bien plus qu'une plaidoirie, un éloge de la vie libre, joyeuse et éclairée

La cavalière

Retour sur un cas de 1976 dans l’éducation nationale. Une professeure agrégée de philosophie au lycée de Digne fut suspendue de ses fonctions et inculpée d’incitation de mineurs à la débauche.

La cavalière de Nathalie Quintane

Retour sur une époque post soixante-huitarde dans un livre à la structure et au style éclatés et déstructurés. Une lecture difficile, qui souffre de sa radicalité, de digressions incessantes, de ses références désordonnées et à un contexte qui m’est trop lointain

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est si loin. Tellement une autre époque. Aucun rapport avec la nôtre.
Pourquoi revenir sur un temps totalement étranger alors que nous avons tant besoin de ce qui aujourd'hui nous dit quelque chose ?
Voilà ce que je me suis dit, et plus d'une fois, tandis que je fabriquais ce que vous allez lire.
La plupart des témoins iraient dans ce sens, d'ailleurs, que c'était une autre époque, que c'était clos vous m'avez fait replonger... Il y a bien quarante ans que... Cinquante ans... Je n'étais jamais revenu sur tout ça...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La Cavalière, c'est elle, Nelly : une acharnée de la vérité qui met le feu partout où elle passe. Mais en ce milieu des années 1970, loin déjà de 1968, on est bien décidé à l'éteindre et pour cela à l'atteindre. Inculpation. Procès. Plus de quarante ans après des témoins parlent ; ils se souviennent d'elle - et de l'époque.

«On comprend mal le présent en partant du passé même si on ne peut comprendre le passé qu'à partir du présent. Mais est-ce que je cherche à comprendre ? Des choses montent - des vues, des bribes. Je les recopie, je les consigne. J'aimerais bien savoir si vous voyez ce que je vois, si vous entendez ce que j'entends, si vous pensez que j'exagère ou au contraire que je suis en dessous de la réalité.»

L’abbé C.

Obscur et confus, inconsistant et vaporeux. Oeuvre philosophique ou roman raté, délires ou lucidité extrême ?

L’abbé C. de Georges Bataille

Franchement, je ne sais pas, c’est chiant et j’ai rien compris. Zou, désolé pour l’outrage si je suis passé à côté, mais c’était un peu too much pour moi.

Dommage, le titre m’avait semblé promesse d’humour ou de drôlerie

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'horreur et l'impatience à l'égard du désespoir et de l'absence de volonté, l'obscure résolution de parvenir à la situation la plus scabreuse, la plus humaine à force d'échapper à la règle humaine - en même temps la plus fortement consciente - font de l'érotisme aigu d'une histoire banale la même chose qu'un rire ou des larmes irrépressibles

L’étincelle

Pendant les vacances de ses dix-huit ans, Coralie passera de l’innocence de enfance à… à autre chose. Durant ces quatre semaine elle aura mis de côté ses peurs, oublié la culpabilité et laissé la place à la découverte, l’ivresse des corps, de l’alcool et des drogues.

L’étincelle de Karine Reysset

Un livre qui n’est pas sans rappeler les ambiances lourdes et pesantes de Bonjour tristesse, de la chaleur de l’été, des transgressions et de la difficulté de sortir indemne des premiers émois mal négociés.

Un livre qui semble tellement coller à une réalité qu’on ne cesse d’y rechercher quelle en serait la part autobiographique.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma venue fut décidée à la dernière minute. La séparation de mes parents m'avait ébranlée. J'avais l'impression que le nouvel équilibre familial, fragile et précaire, reposait en grande partie sur mes épaules ─ ce qui me paraît rétrospectivement exagéré ─, et l'invitation de Soline était tombée à pic. J'y voyais une échappatoire. Sa possibilité au moins.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Je n'ai plus grand-chose à voir avec la jeune fille que j'étais. Elle m'est devenue presque opaque, comme inaccessible. C'est sans doute pour cette raison que j'ai tant besoin de gratter sous la poussière du temps pour la retrouver intacte.»
Août 1993, Coralie quitte le modeste pavillon de banlieue de sa mère pour la splendide maison de famille de Soline, peuplée d'amis, de parents et d'enfants dont l'aisance et la culture l'émerveillent. Mais derrière les apparences, les amours débutantes virent à la passion, les secrets inavouables des adultes se révèlent, alors qu'au camping voisin une enfant disparaît. Dans cette atmosphère lascive et trouble, ce sera l'été de tous les apprentissages.
Avec L'Étincelle, Karine Reysset livre le roman de cet été brûlant, où une jeune fille en apprendra sur la vie bien plus qu'elle ne l'aurait voulu

Play Boy

Après la séparation d’avec son mari – avec lequel elle a eu un fils, Constance rencontre une femme, puis une autre et une autre…

Play Boy de Constance Debré

Une rupture et des aventures comme une façon de se séparer de sa vie d’avant, de se trouver soi-même, de se débarrasser de toutes les scories, du mariage, de son père, du fric et de toutes ses attaches. C’est sexuel, désordonné, erratique et confus, comme une nouvelle vie qui se cherche.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai même pas osé mettre la langue la première fois que j'ai embrassé une fille. C'était après Laurent. Avant je savais mais c'était théorique. J'ai fait un effort pour la deuxième. Je lui ai roulé une vraie pelle. Ça m'avait flattée comme un mec qu'elle soit mannequin. On progressait. J'avais toujours peur, mais moins. Sauf qu'à chaque fois on en était restées là. Ou plutôt elles en étaient restées là avec moi. Des hétéros qui se posaient vaguement la question et qui avaient calé. Des filles plus jeunes que moi, mais des filles comme moi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L' autobiographie sans filtre de Constance Debré. Le play-boy, c'est elle, une femme qui met sa vie sur papier sans épargner personne.

Le petit Didier

Je p’tit JoeyStarr a grandi en banlieue, au milieu des immeubles avec des bandes de copains. Il raconte sa vie avec son père, la famille à Paris et aux Antilles, le foot, l’ennui, les coins de rue sombres, les premiers tubes de colle et les premières bêtises qui le mèneront au pensionnat.

Le petit Didier de JoeyStarr

Rien de spécial, l’enfance de gamin de banlieue. Une bio touchante et gentillette qui pourrait rappeler les Ritals de Cavanna, mais sans la verve, l’humour ou l’autodérision.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis petit. Je suis à la fenêtre. Je suis seul, l'appartement est vide. Ma mère ne vit plus avec nous. Où vit-elle, ma mère ? Mon père est descendu, sans doute. Je ne sais pas. Comme tous les jours, il est venu me chercher à l'école. Et puis il est reparti. Faire une course. Parler bagnole avec le garagiste d'en face. Voir mon oncle. Je ne sais plus.
Mon père n'est pas du genre à traîner dans les cafés.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai l'impression d'avoir un soleil dans le ventre, mais il ne peut sortir. »
Le petit Didier Morville grandit dans la cité Allende à Saint-Denis auprès d'un père autoritaire et mutique. Livré à lui-même, l'enfant observe le monde qui se transforme sous ses yeux et qui l'entoure. Avec les gamins de la cité, il joue, trompe l'ennui, dis- simule ses escapades à son père. Sur une bicyclette volée ou dans les cages d'un terrain de foot, il fuit le triste quotidien et goûte à la liberté. En même temps, il continue de se retirer dans sa tanière, discret, caché. Des vents contraires l'animent, le menant parfois là où il ne voudrait pas aller...
Dans ce récit lucide et attachant de son enfance aux contours mouvants, en remontant aux origines, JoeyStarr révèle ce qui a construit son ardente personnalité.

Enfant, il s'appelait Didier Morville. Il est devenu JoeyStarr