Jumelle, tome 1 : Inséparables

Clairement, le plus gros défaut de cette histoire, c’est qu’elle n’est pas finie. Car, c’est une jolie petite merveille.

Jumelle, tome 1 : Inséparables de Florence Dupré la Tour

Florence explore son enfance et sa relation avec sa sœur jumelle, Béné. Une relation fusionnelle faite de rapprochements, de jalousies, de désirs, de rôles à tenir, de fantasmes, de déceptions et de retrouvailles… Tout y passe et tout semble tellement juste que c’en devient troublant.

Un dessin naïf aux sublimes aquarelles pour une introspection d’une grande profondeur.

Et je viens de voir le titre et la couverture du deuxième tome… il me fend déjà le coeur

Jumelle, tome 2 : Dépareillées

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis si seule...
Qui parmi la multitude saura me comprendre ?
M'aimer sans condition.
Me tendre toujours la main.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La quête de l'être aimé peut parfois prendre toute une vie. Florence, elle, aura connu sa plus grande histoire d'amour dès sa naissance : celle qu'elle a vécu avec sa jumelle, Bénédicte.

Flo et Béné vont faire l'expérience du bonheur le plus pur, mais aussi, corollaire de toute relation fusionnelle, de la souffrance.

Florence arrivera-t-elle à trouver sa place dans ce couple gémellaire ? Comment construira-t-elle son identité, sa singularité ? Et les autres, les « touseul », comment font-ils pour survivre ?

Pute n’est pas un projet d’avenir

Vous êtes curieu-se-x ? Vous souhaitez savoir ce qui se passe dans ces salons où des femmes nues massent des hommes (tout aussi nus, d’ailleurs) ?

Ce livre est pour vous !

Ce n'est pas la prostitution qui est sordide. Ce n'est pas l'acte de sucer ou de baiser qui est salissant. Ce n'est même pas le fait de payer pour ça. Ce qui est dérangeant, c'est d'utiliser un corps. Une personne dont le consentement est forcé par la nécessité. Personne ne devient pute par plaisir ou par vocation. Il n'y a aucun accomplissement de soi, aucune poésie dans la puterie.
On a beau s'y efforcer, impossible de distinguer son corps de soi. Notre corps, c'est notre intégrité. En devenant une fille publique, l'intégrité est réduite à peau de chagrin. Toutes ces mains étrangères qui se baladent sur ton corps te donnent la sensation de ne plus t'appartenir, de n'être plus à toi-même. Quand un client ne respecte pas les limites que tu as posées, alors tu ne sais plus s'il paie pour une prestation ou s'il paie pour louer une personne. Mais ce distinguo fait toute la différence.
Pute n’est pas un projet d’avenir de Louise Brévins

Louise a une fille dont le père est absent, elle est endettée et ne trouve plus aucune autre solution que la prostitution.

Elle raconte ces trois années de travail dont elle est désormais sortie, elle raconte les hommes, les relations facturées et asymétriques (souvent ambiguës pour les clients mais absolument très cadrées pour elle), les gros lourds, les crados et les sympa aussi (oui, il y en a !)

Un témoignage cru et impudique, touchant et éclairant qui tente de ne rien éviter et qui, tout au long du livre, colle au titre comme un avertissement

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Julien était venu à ma rencontre, et m'attendait au bas de l'immeuble. En le voyant de loin, je soupirai. Il était grand et maigre, les épaules légèrement voûtées, les mains croisées derrière le dos. Il portait une de ces chemises brillantes, à la mode dans les années 70, et un foulard autour du cou à la façon bourgeoise.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Aujourd'hui, devenir pute est encore plus facile que de créer un compte Instagram. Notre ère 2.0 a déplacé le tapin de la place publique à l'intimité de nos smartphones et les hommes peuvent désormais se commander une fille aussi facilement qu'on commande un Uber. Moi, je suis entrée dans la puterie pour subvenir aux besoins de ma môme et je suis devenue Alma, masseuse naturiste et sensuelle qui monnaie ses charmes pour 120 € l'heure. Je pensais déjà tout savoir et j'y ai tout appris : les hommes, avec tout ce que leurs désirs révèlent, les femmes, avec tout ce qu'elles ignorent, les ravages de la morale, le mythe de l'argent facile, l'hypocrisie d'une société biberonnée au porno. J'ai reçu vos maris, vos fils, vos patrons et vos potes. J'ai connu tous les âges, tous les milieux sociaux et toutes les religions. J'ai joué la farce de la professionnelle exerçant par passion et, 800 clients plus tard, je n'en tire qu'une seule conclusion : pute n'est pas un projet d'avenir. »

Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé

Beigbeder, c’est un peu le cousin parisien, un peu foufou, talentueux et médiatique, celui qui ose, qui a du succès, le nez poudré sur le dancefloor avec des femmes magnifiques à ses côtés. Insouciant et émerveillé.
Mais, voilà le temps d’ouvrir les yeux. Qui suis-je, qu’ai-je fait ?
Et tiens, pourquoi pas, au moment de voir arriver l’heure du jugement dernier : – Suis-je quelqu’un de bien ?
Et là, Frédéric s’est senti un peu poussé dans le dos par les événements. Il a eu besoin de crier : Oui, je suis un chic type !

Je voudrais achever ces confessions d'un hétérosexuel sur une note primesautière. Ni l'anesthésiant colombien, ni la religion catholique, ni la discipline des marsouins ne sont parvenus à me guérir de ma pire addiction : le sexe. Je suis d'accord avec toutes les féministes les plus radicales. L'hétérosexualité est une horreur. Le désir nous taraude constamment. Ne pensez jamais qu'un homme est autre chose qu'un sexe en quête de plaisir, une main en quête de sein, une peau avide de caresser, une bouche qui veut mordre un cou.
Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé de Frédéric Beigbeder

Mais c’est quand même un peu énervant ! Voilà un exemple typique de l’homme blanc privilégié en train de crier : oui, je me rends bien compte, mais non, mais oui, mais non.

Allons, encore un effort, un peu d’introspection. Car, à l’en croire, effectivement, il n’a pas vraiment fait de mal (et en tout cas pas ce dont on salit ses murs, il est important de le souligner).Et d’ailleurs, plusieurs fois, il nous montre qu’il a été ce chic type qu’il aime aimer.

Un livre plaintif d’un auteur effectivement un peu dépassé par les événements. Tiens ! d’ailleurs, Frédéric, vous m’avez un peu fait penser à ce maladroit de Jean Roscoff.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Papa, pourquoi ils ont fait ça ?
Nous sommes un matin de 2018 et je ne sais que répondre à Oona, ma fille de trois ans.
- C'est compliqué, chérie.
- C'est qui qui a fait ça ? C'est des méchants?
- Mais non, ne t'inquiète pas, c'est juste une blague.
Ma maison et ma voiture sont couvertes d'insultes roses. Le mur blanc de mon domicile basque est tagué de graffitis me traitant de violeur et de salaud.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Longtemps j'ai cru que la vie était une fête ; passé la cinquantaine, la vie est un interminable lendemain de cuite.

J'ai toujours voulu être transgressif sans savoir que j'étais conformiste. Aujourd'hui, je me sens mieux dans un monastère augustinien qu'au bordel, et les militaires m'amusent plus que les fashionistas. Mais se confesser dans un livre ne garantit aucune absolution ; passez votre chemin si vous cherchez ici autre chose qu'un homme qui tente de se comprendre. »
Frédéric Beigbeder

Petit éloge de la médiocrité

Vingt brillantes chroniques sur la médiocrité… Ou plutôt, si j’ose, un regard dans le miroir de la médiocrité. Pourquoi médiocre (qui voulait initialement dire moyen) est il devenu mauvais ? Pourquoi devrions-nous nous croire supérieurs à cette moyenne ? Quel est ce culte de la performance que notre société nous impose, nous fait miroiter ? Faut-il être mieux pour être heureux ?

Faut-il pendre les coachs en développement personnel?
La question est posée. La réponse aussi : non. Parce que si on commence à pendre les gens qui gagnent leur vie en racontant des conneries, il est possible que je ne termine pas la semaine.
Cependant, nous sommes en droit de nous interroger sur ces personnes qui fleurissent, poussent, envahissent les réseaux sociaux et les bibliothèques de vos proches, en vous garantissant la sérénité, l'amour, l'argent, le sexe... Autant de promesses qui feraient passer n'importe quelle campagne électorale pour une ligue de vertu et d'honnêteté intellectuelle.
Petit éloge de la médiocrité par Guillaume Meurice

Et qui nous y pousse ? L’économie, Instagram, notre miroir, une naturelle ambition, Dieu, nos chef-fe-s, le sport, les coachs, nos complexes, le capitalisme (oui, c’est bien du Guillaume Meurisse)…

Le médiocre passé à la moulinette, c’est hilarant, questionnant et brillant (oui, zut, c’est mieux que médiocre. Déso, Guillaume, c’est loupé!).

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis médiocre
Mail reçu le 13 avril 2019, à 9 h 53:
Bonjour, je vous écoute à la radio et parfois je lis vos écrits et je dois dire que je trouve cela systématiquement raté. Vous êtes nul. Nul, nul, nul. Vous êtes même pire que nul. Vous êtes médiocre. C'est ça ce que vous êtes: médiocre.
Philippe

Plaisir du matin. Poésie contemporaine. Haïku des temps modernes. Mais surtout intense perplexité face à une personne qui consacre quelques moments de sa vie à chercher mon adresse électronique, rédiger son texte, le relire, peut-être avec précaution, corrigeant çà et là une faute d'orthographe, avant de me l'envoyer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Médiocre : de qualité moyenne, qui tient le milieu entre le grand et le petit. La normalité, version péjorative, avec un arrière-goût de nullité.

Pour Guillaume Meurice, ardent défenseur du 10/20, du « peut mieux faire », du « bof bof », la médiocrité est non seulement un mode de vie, mais aussi un formidable facteur d'émancipation. Elle autorise l'action sans la pression du résultat, pour le simple plaisir de se mettre en mouvement, pour la beauté du geste. Il faut la revendiquer en tant que résistance politique, car elle porte en elle le refus de la hiérarchie, de la compétition et du catéchisme capitaliste.

À la fois manifeste en faveur de la contre-performance et anti-manuel de développement personnel, ce Petit éloge nous invite à accepter avec sérénité notre médiocrité. Décomplexant !

Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du Général

Curieuse suite de la France goy (que je n’ai pas lu, aurais-je dù ?)… Voilà une écriture avec un style bien torché et pas mal d’humour, une intrigue qui s’annonce intéressante, une histoire de famille plutôt glauque dans un milieu qui ne l’est pas moins, un titre très accrocheur, la grande histoire qui rencontre les petites, des morts, des suicides, des fachos et des fous de guerre, des fils qui souhaitent tuer le père… et… ?

Le « Search Engine Optimization » est une sorte d'agence, de système, un moteur de recherche qui repère et conseille l'utilisation des mots-clés. Par exemple, quand j'envoie ma chronique à L'Express intitulée « Comparaisons déraisonnables », estimant que ce titre ne va pas générer la moindre vue, les responsables du numérique, en se basant sur le rapport du SEO, proposent à la rédaction en chef un autre titre, avec des mots-clés censés attirer les internautes. C'est ainsi que mes comparaisons déraisonnables deviennent dans leur version numérique « Poutine contre Hitler ». Plus accrocheur.
Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du Général de Christophe Donner

Et pas grand chose en fait.

Presque un gachis en fait, comme un soufflé servi trop tard, comme un excès de vouloir trop bien faire ou d’en faire trop.

Peut-être suis-je juste passé à côté, mais… dommage

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je ne sais pas parler. J'apprends. Je prends les mots qu'on me donne. J'ai appris à dire Maman, mais elle ça n'est pas Maman. Je ne peux pas non plus l'appeler Mamie parce que j'en ai déjà une. Et pas question de Mémé, elle ne me répondrait même pas si je l'appelais Mémé. Elle n'aime pas non plus Grand-mère. À tout prendre, elle préférerait encore Mère-grand, ça la ramènerait au Chaperon rouge, en pleine fiction, mais là, c'est moi qui coince, à cause des r peut-être, ou du gr... je ne sais pas faire le gr. J'arrive juste à prononcer les consonnes douces, les syllabes faciles, ma, in.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le sort du fascisme français s'est joué le 24 novembre 1923, quand Philippe Daudet, alors âgé de 14 ans, décide de tuer son père, Léon Daudet, leader charismatique de l'extrême droite antisémite.

Au même moment, le jeune de Gaulle et le vieux Pétain écrivent l'autre grande tragédie oedipienne de la République française. On croyait tout savoir sur cet épisode, on était loin du compte.

Alors que le roman de Christophe Donner s'annonçait comme la suite de La France goy, surgit Otto Zorn, oligarque en rupture de poutinisme ayant fait fortune dans les crypto-monnaies. Ce roi Midas du numérique nourrit un singulier fantasme : devenir le propriétaire exclusif du premier roman du métavers.

Moyennant fortune et impunité, l'écrivain s'engage, au prix de son âme, à le lui livrer, révélant le dernier grand secret de sa famille : les circonstances qui ont conduit sa grand-mère, à moitié nue, sur le bureau du Général.

Gauguin : loin de la route

Comme indiqué dans l’avant-propos, cette bande dessinée ne tient pas à relater l’entièreté de la vie de Gaugin, mais s’attache plutôt à la fin de la vie du peintre aux Marquise :

C’est vers un Gauguin cynique – en Diogène des îles Marquises -, boiteux et bringueur, fort en gueule et fragile, bourlingueur incontrôlable, ogre d’égoïsme et de sublime, que nous naviguerons. Un Gauguin qui fit honneur à la mémoire de sa grand-mère, Flora Tristan, écrivaine et ouvrière féministe, socialiste et internationaliste. Un Gauguin qui vécut ses dernières années, celles que nous avons choisi de retracer tout au long de ces pages, comme chante le cygne de la légende avant de tirer sa révérence.

Gauguin : loin de la route de Maximilien Le Roy, dessin de Christophe Gaultier, couleurs de Marie Galopin

Et, en ce sens, c’est un portrait plutôt réussi, magnifié par un dessin fort en trait très affirmé et dont les sales couleurs renforcent magnifiquement le propos de ce rude personnage, monstre boiteux finissant.

Un album bien loin des vahinés alanguies pour un âpre portrait, certainement plus ressemblant que les images d’Epinal de l’imaginaire publicitaire. Et franchement, cet anarchiste, anticolonialiste et anticlérical me plait beaucoup.

Maintenant… pour ce qui est des très jeunes filles… une vision plus critique aurait peut-être été utile, et ce malgré le bien léger avertissement préliminaire

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
2 septembre 1903, Papeete, Tahiti
Cinq francs ici, qui dit mieux ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lassé de sa vie en France, Paul Gauguin débarque à Tahiti où il décide de s'installer. Face au dépaysement absolu que lui procure la vie sous les Tropiques, le peintre retrouve un nouveau souffle, un appétit de vivre et une inspiration renouvelée.

Je partirai là-bas et je vivrai en homme retiré du monde soi-disant civilisé pour ne fréquenter que les soi-disant sauvages.
Paul Gauguin

Mensonges au paradis

Il y a dans ces romans autobiographiques un petit quelque chose qui me dérange. Ne pas pouvoir trancher entre le vrai et l’imaginaire me gène. Pourtant, en quoi cela pourrait-il changer la lecture ? Je ne sais pas trop, mais je n’arrive pas à m’y faire. Certes, pour des questions juridiques, je peux comprendre qu’on s’en tienne au terme « roman », mais même là encore, reste un goût d’inassumé.

En plus, dans ce livre qui explore justement la fiabilité des souvenirs et cette tendance que nous avons tous à remodeler notre mémoire pour la rendre consistante, n’aurait-il pas justement fallu trouver un autre mot ? Un terme indiquant qu’il s’agit d’un livre basé sur des souvenirs, forcément inexacts et remodelés par les années et qui n’engagent en rien de plus ?

J'hésitais.
Si j'avais l'intention de travailler sérieusement, il me fallait réexaminer notre montagne au risque de casser mes illusions. L'ignorance et l'oubli me conviennent bien, écrire un roman suisse m'aurait arrangée. Je devais donc y renoncer, consciente que la réalité aussi cruelle soit-elle était plus intéressante que la jolie histoire que j'avais commencé à imaginer.
Mensonges au paradis de Colombe Schneck

Retour sur des années heureuses dans un home d’enfants en Valais. Heureuses ? Vraiment ? Pour toutes et tous ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est un grand chalet aux fenêtres encadrées par des volets peints en vert foncé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai passé toutes mes vacances, de mes six ans à mes vingt ans, dans un Home d'enfants situé dans une vallée suisse. Comme à tant d'autres jeunes aux familles absentes, ces heures de marche dans la montagne, les punitions et les frites me plaisaient infiniment. Le chalet était tenu par la famille Ammann, les parents et leurs enfants Patou et Vava. Trois décennies plus tard, je suis retournée dans la vallée, que j'ai trouvée intacte. Quand je commence à écrire ce livre, je le rêve pur comme ce passé. Mais j'apprends que Patou est en prison pour escroquerie, que Vava, mon amie d'enfance, est en souffrance psychique et passe ses journées sur les réseaux sociaux.

Sidérée, j'ai enquêté de manière obsessionnelle. Pourquoi ont-ils renoncé à la réalité pour vivre au pays du mensonge ? Mais répondre à cette question n'était pas suffisant : il m'a fallu ouvrir les yeux sur mes propres impostures. »

Le monde d’avant

La famille de l’académicien vient du Nivernais, d’Imphy pour être exact.

J'écris ici comme un être de la mémoire secondaire qui a vécu quelques étés d'avant dans un monde finissant. Sans ces fantômes, la main qui paraphe ne grifferait qu'une page blanche. Ces pauvres m'ont fait riche.
J'ai le souci de ne pas décevoir leur digne passé.
Le monde d’avant de Marc Lambron

Au travers d’une biographie familiale, Marc Lambron souhaite rendre honneur et témoigner de la vie de ses parents et grands parents qui vécurent ici. Tableau d’une France rurale, accrochée au terroir comme dans des romans de Signol, Anglade ou Peyramaure. Un tableau qui traverse les deux guerres et qui laisse belle part aux jolies images sépia.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans un court-métrage de 1995, Imphy, capitale de la France, le réalisateur Luc Moullet préconise de déclasser Paris, « ville très humide, froide et sans soleil », engorgée de voitures et menacée de surpopulation, au profit d'une nouvelle capitale détachée de la métropole principale, comme il en va de Washington, Berne, Ottawa ou Brasília.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je paie ma dette. Le petit garçon qui regardait est devenu l'homme qui se souvient. J'ai désormais atteint l'âge de mon grand-père lorsque je le côtoyais dans mon enfance. On croit parfois conquérir avant de comprendre que l'on retrouve. J'écris ici comme un être de la mémoire secondaire qui a vécu quelques étés d'avant dans un monde finissant. Sans ces fantômes, la main qui paraphe ne grifferait qu'une page blanche. Ces pauvres m'ont fait riche. J'ai le souci de ne pas décevoir leur digne passé. »

À partir de la figure de son grand-père, Marc Lambron revisite une France perdue dans un texte bref qui a la densité d'un tombeau et la beauté d'une élégie

Une vie heureuse

Ginette a invité Marion pour une causerie dans son salon. On les imagine très bien avec un thé et des spéculos (ou un petit verre de blanc ?)

Souvent, on me pose la question : comment avez-vous fait pour survivre ? 
Je ne sais pas.
Une vie heureuse de Ginette Kolinka et Marion Ruggieri

Et derrière cette apparente légèreté, Ginette Kolinka (la maman du batteur de Téléphone) raconte sa vie, sa jeunesse, la déportation à Auschwitz-Birkenau, le camp, la faim, la maladie, la violence, le retour et surtout : la vie qui reprend !

On a porté l'étoile dès qu'il a fallu la porter.
Papa, né à Paris, et qui était français, avait combattu en 1914, nous n'avions rien à craindre selon lui. On a rendu nos vélos, les postes de TSF, on a évité les jardins publics, on n'est plus allés au cinéma ni à la piscine car c'était interdit aux Juifs. Mes sœurs ont dû arrêter de travailler. Et notre père a dû quitter son atelier.

C’est tendre et doux, même joyeux. Malgré un numéro tatoué sur le bras.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai 97 ans, ça fait quatre-vingt-sept ans que je monte ces escaliers. Les marches me connaissent. Je les ai usées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ginette Kolinka, qui va fêter ses 98 ans, habite le même appartement depuis qu'elle a dix ans. Elle a toujours vécu là, au cœur de Paris, à l'exception de trois ans : de 1942 à 1945.

Dans cet appartement, il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus de Birkenau : son père, son petit frère, son neveu. Les disques d'or de son fils, Richard, batteur du groupe Téléphone. Les photos de famille : petits-enfants, arrière-petits-enfants. Les dessins des écoliers, à qui elle raconte son histoire aux quatre coins de la France. Et même les meubles qu'ont laissés les « collabos ».

Ginette nous fait la visite.

On traverse le temps : l'atelier du père, les cinq sœurs, la guerre, ce mari adorable et blagueur. Les marchés, qui l'ont sauvée. Et les camps qui affleurent à chaque page, à chaque pas.

Mais Ginette, c'est la vie ! Le grand présent. « On me demande pourquoi je souris tout le temps, mais parce que j'ai tout pour être heureuse ! »

La mort en échec

Un livre d’une enfance, polonaise, qui commence à Lodz, en 1938.

J'aurais dû avoir mes règles en entrant à Auschwitz-Birkenau, des rumeurs ont circulé au sujet d'un médicament qui nous avait été administré à notre insu, directement dans la soupe. J'ignore si c'est vrai. De toute façon, comment la vie peut-elle perdurer dans un univers voué à la mort ? Si l'enfer existe, ce camp est son image.
La mort en échec de Isabelle Choko et Pierre Marlière

Et d’une vie tendre au sein d’une famille de pharmaciens, aisée et aimante, l’histoire bascule.

Jusqu'à mon dernier souffle, je témoignerai.

Invasion allemande, ghetto de Lodz, une semaine à Auschwitz-Birkenau, camp de travail, Bergen-Belsen.

Il ne restera qu’elle.

Le témoignage d’un passage en enfer, celui créé par les hommes, certainement bien pire que tous les enfers mythologiques

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans les classes où je vais témoigner, les élèves me regardent, moi la rescapée. Je reçois leur énergie, leur vitalité, je ressens leur soif de savoir, leur inquiétude, aussi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Nous descendons du train, valise à la main. Ma mère a les yeux dans le vague, elle se tourne vers mon père et moi, et nous lance : "Il vaudrait mieux ne pas défaire les valises, il faudrait partir loin d'ici, maintenant." Mais nous sommes restés. »

Quand les troupes nazies envahissent la Pologne en septembre 1939, Izabela Sztrauch, qui ne s'appelle pas encore Isabelle Choko, a onze ans. Elle est envoyée dans le ghetto de Lodz avec sa famille. Son père y meurt d'épuisement et de maladie. À quinze ans, Isabelle est déportée à Auschwitz-Birkenau, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.

Il y a la peur et la violence. Les travaux forcés, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. Partout, l'odeur de la mort. Mais aussi des moments de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour lui donner un peu de nourriture. Et l'amour qu'Isabelle porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen.

Elle revient de l'enfer seule, avec pour unique bagage son désir de vivre, son intelligence et son humour. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille. Aujourd'hui, Isabelle raconte