Maigret et la grande perche

Si le Jules Maigret des romans (pour les séries télévisées, c’est tout autre chose!) a quelques traits communs avec son homologue de Los-Angeles, Frank Columbo (dont le prénom n’est jamais cité alors qu’on aperçoit parfois celui de Maigret), il y a quand même une très grosse différence : le français fait des erreurs !

Et c’est avec Ernestine que débute ce polar, venant demander de l’aide au commissaire alors que des années auparavant, elle avait fait de la prison par erreur à cause de Maigret… Pas rancunière !

 - Pour quelle raison l'aurais-je inventée? Vous pensez ça aussi, monsieur Maigret?
 - Je ne pense rien du tout.
Il souriait vaguement. Il était bien, quasi béat. La bière était fraîche, et l'ombre avait du goût, comme à la campagne, peut-être à cause de la proximité du Bois de Boulogne.
Une après-midi de paresse. Ils avaient bu deux demis. Puis, pour ne pas abandonner la fille si loin du centre de Paris, ils l'avaient prise dans leur taxi et l'avaient déposée au Châtelet.
 - Téléphonez-moi dès que vous recevrez une lettre.
Il sentait qu'il la décevait, qu'elle l'avait imaginé autrement. Elle devait se dire qu'il avait vieilli, était devenu comme les autres et ne s'occuperait que mollement de son affaire.
Maigret et la grande perche de Georges Simenon

Une histoire de perceur de coffres nocturne qui tombe sur un cadavre qu’il n’aurait pas du voir

Maigret 66/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret retrouve une ancienne connaissance qui a fait une fin à sa façon et où il est question de Fred-le-Triste et d'une probable dépouille mortelle.
La fiche que le garçon de bureau avait fait remplir et qu'il tendait à Maigret portait textuellement :
« Ernestine, dite la Grande Perche (ex-Micou, actuellement Jussiaume), que vous avez arrêtée, il y a dix-sept ans, rue de la Lune, et qui s'est mise à p... pour vous faire enrager, sollicite l'honneur de vous parler de toute urgence d'une affaire de la plus haute importance. »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«La Grande Perche», c'est Ernestine, une prostituée qui a eu jadis maille à partir avec le commissaire Maigret. C'est à lui, dont elle a pu apprécier l'humanité et l'indulgence, qu'elle vient confier le secret qui terrorise son mari. Au cours d'un cambriolage chez un dentiste de Neuilly, celui-ci a découvert le cadavre d'une femme dans la maison.
Ainsi Maigret va-t-il faire la connaissance du Dr Guillaume Serre, veuf d'une première femme et, dit-il, quitté par la seconde, une Hollandaise du nom de Maria. Maria a-t-elle vraiment regagné Amsterdam ?
Quels secrets ténébreux partagent le dentiste et sa mère, personnalité dominatrice dont il n'a manifestement jamais su s'affranchir ?

Le chien jaune

Maigret en Bretagne pour un des titres qui fit la renommée de Simenon… Et pourtant.

 - Assieds-toi !... Quel âge as-tu?
 - Vingt-quatre ans...
Il y avait en elle une humilité exagérée. Ses yeux battus, sa façon de se glisser sans bruit, sans rien heurter, de frémir avec inquiétude au moindre mot, cadraient assez bien avec l'idée qu'on se fait du souillon habitué à toutes les duretés. Et pourtant on sentait sous ces apparences comme des pointes d'orgueil qu'elle s'efforçait de ne pas laisser percer.
Elle était anémique. Sa poitrine plate n'était pas faite pour éveiller la sensualité. Néanmoins elle attirait, par ce qu'il y avait de trouble en elle, de découragé, de maladif.
Le chien jaune de Georges Simenon

Un polar dans lequel les meurtres et les tentatives se succèdent chaque jour avec pour témoin… un chien jaune. Et un commissaire qui ne pense pas, ne devine pas et ne semble rien faire alors que tout Concarneau panique et s’affole.

Le maire n'avait eu qu'un tressaillement.
 - J'espère que ce n'est qu'une petite vengeance...
Alors Maigret se leva soudain, secoua sa pipe dans le foyer, prononça en arpentant la bibliothèque :
 - Même pas ! Vous voulez des conclusions? Eh bien ! en voilà... J'ai tenu simplement à vous montrer qu'une affaire comme celle-ci n'est pas une simple opération de police qu'on dirige de son fauteuil à coups de téléphone... Et j'ajouterai, monsieur le maire, avec tout le respect que je vous dois, que, quand je prends la responsabilité d'une enquête, je tiens avant tout à ce qu'on me f... la paix !
C'était sorti tout à trac. Il y avait des jours que cela couvait. Maigret, peut-être pour se calmer, but une gorgée de whisky, regarda la porte en homme qui a dit ce qu'il avait à dire et qui n'attend plus que la permission de s'en aller.

Puis, tout s’éclaire. Miracle ou omniscience ? Maigret génie ou Simenon prestidigitateur ?

Une enquête qui fit partie de la première saison des enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard dans le rôle titre

Maigret 6/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le chien sans maître
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent s'engouffre dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Des notables peu recommandables - A Concarneau, le sort s'acharne sur les joueurs d'une banale partie de carte...

A Concarneau, des faits troublants mettent la ville en émoi. On tente d'assassiner M. Mostaguen, au sortir de sa partie de cartes quotidienne à l'Hôtel de l'Amiral. Le sort s'acharne sur ses partenaires, car, deux jours après l'arrivée de Maigret, Jean Servières, rédacteur au Phare de Brest, disparaît ; le siège avant de sa voiture est maculé de sang. M. Le Pommeret meurt chez lui, empoisonné. Le docteur Michoux pense être le suivant

Maigret et le client du samedi

Un homme – un faiblard que Maigret aimerait bien secouer – vient lui annoncer après pas mal d’hésitations qu’il va bien finir par tuer sa femme et son amant qui couchent dans son lit alors que lui est relégué au salon sur un lit pliable.

Ce fut un dimanche matin comme les autres, paresseux et vide, un
peu terne. Maigret avait l'habitude, ce jour-là, quand, par chance, il le passait chez lui, de faire la grasse matinée et, même s'il n'avait pas sommeil, il restait au lit, sachant bien que sa femme n'aimait pas « l'avoir dans les jambes » tant qu'elle n'avait pas fini le gros du ménage. 
Presque toujours, il l'entendait se lever avec précaution, vers sept heures, se glisser hors du lit, gagner la porte sur la pointe des pieds; puis il entendait le déclic du commutateur dans la pièce voisine et un trait lumineux se dessinait au ras du plancher. 
Il se rendormait, sans s'être éveillé tout à fait. Il savait que les choses se passaient ainsi et cette certitude pénétrait son sommeil.
Maigret et le client du samedi de Georges Simenon

Mais voilà que trois jours après, il disparaît.

Il mangea son rôti de veau sans appétit et sa femme se demanda pourquoi il lui disait tout à coup: 
 - Demain, tu nous feras des andouillettes...

Une enquête pas vraiment intéressante et qui tient avec des bouts de ficelles mais raconte une bien navrante histoire. Et si Maigret n’a pas beaucoup d’empathie pour les soumis, il semble franchement détester les forts-à-bras

Maigret 90/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Certaines images, sans raison, sans que nous y soyons pour rien, se raccrochent à nous, restent obstinément dans notre souvenir alors que nous sommes à peine conscient de les avoir enregistrées et qu'elles ne correspondent à rien d'important. Ainsi, sans doute, Maigret, des années plus tard, pourrait- il reconstituer minute par minute, geste par geste, cette fin d'après-midi sans histoire du Quai des Orfèvres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Léonard Planchon est un homme médiocre et faible, qui a repris, à la mort de son patron, une petite entreprise de peinture assez prospère. Plusieurs samedis consécutifs, on l'a vu à la P.J. faisant antichambre pour parler au commissaire Maigret, mais repartant toujours avant d'être reçu. Ce « client du samedi », comme on l'appelle au quai des Orfèvres, se présente – un samedi également – à l'appartement du commissaire ; il veut s'ouvrir à lui d'une idée qui l'obsède : tuer sa femme et son amant, Roger Prou, un bel homme, qui travaille chez Planchon où, peu à peu, il prend la place du patron

Un crime en Hollande

Voilà un Maigret qui se passe dans une ville dont je ne serais jamais sûr d’avoir réussi à prononcer le nom : Delfzijl, en Hollande (je vous laisse essayer).

C'est ainsi que Maigret commença cette enquête en aidant un veau de pure race frisonne à venir au monde, en compagnie d'une jeune fille dont les gestes assurés révélaient l'entraînement sportif.
Une demi-heure plus tard, tandis que le nouveau-né cherchait déjà les mamelles de sa mère, il était penché avec Beetje sous un robinet de cuivre rouge et se savonnait les mains jusqu'aux coudes.
« C'est la première fois que vous faites ce métier ? plaisantait-elle.
La première... »
Elle avait dix-huit ans. Quand elle retira son tablier blanc, la robe de soie sculpta des formes pleines qui, peut-être à cause de l'atmosphère ensoleillée, avaient quelque chose d'extrêmement capiteux.
Un crime en Hollande de Georges Simenon

Maigret appelé officieusement pour élucider un meurtre dont le principal suspect est un compatriote qui a été trouvé l’arme à la main.

Une histoire un peu technique que Maigret semble assez miraculeusement élucider malgré son incompréhension totale du Néerlandais

Maigret 8/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La jeune fille à la vache
Quand Maigret arriva à Delfzijl, un après- midi de mai, il n'avait sur l'affaire qui l'appelait dans cette petite ville plantée à l'extrême nord de la Hollande que des notions élémentaires.
Un certain Jean Duclos, professeur à l'université de Nancy, faisait une tournée de conférences dans les pays du Nord. A Delfzijl, il était l'hôte d'un professeur à l'École navale, M. Popinga. Or, M. Popinga était assassiné et, si l'on n'accusait pas formellement le professeur français, on le priait néanmoins de ne pas quitter la ville et de se tenir à la disposition des autorités néerlandaises.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jean Duclos, sociologue français d'origine suisse, est professeur de criminologie à l'Université de Nancy. A l'occasion d'une tournée de conférences aux Pays-Bas, il est amené à se rendre à Delfzijl. Après une soirée donnée en son honneur chez Conrad Popinga, professeur à l'Ecole navale de la ville et ancien capitaine au long cours, son hôte est tué d'une balle de revolver

La tête d’un homme

Un Maigret des débuts, sympa, avec un commissaire qui semble perdu, dérouté, ne comprenant rien et se laissant flotter.

Atavisme trouble. Responsabilité atténuée.
Et Maigret, qui avait arrêté Joseph Heurtin, avait affirmé au chef de la police, au procureur de la République et au juge d'instruction :
« Ou il est fou, ou il est innocent! »
Et il s'était fait fort de le prouver.
Dans le couloir, on entendait le pas de l'inspecteur Dufour qui s'éloignait en sautillant.
La tête d’un homme de Georges Simenon

Un livre qui débute curieusement, avec un condamné à mort qui se voit offrir une curieuse évasion par le commissaire.

Enfin il se leva à son tour, avec tant de lenteur que le Tchèque eut une crispation des traits. Il lui posa doucement deux doigts sur l'épaule.
C'était le Maigret des grands jours, le Maigret puissant, sûr de lui, placide.
« Écoute, mon petit bonhomme !... »
Cela tranchait d'une façon savoureuse avec le ton de Radek, avec sa silhouette nerveuse, son regard pointu et pétillant d'une intelligence d'un tout autre genre.
Maigret avait vingt ans de plus que son interlocuteur, cela se sentait.
« Écoute, mon petit bonhomme... »
Janvier, qui avait entendu, faisait un effort pour ne pas rire, pour contenir sa joie de retrouver enfin son chef.
Et celui-ci se contentait d'ajouter avec la même désinvolture bonasse :
« On se retrouvera un jour ou l'autre, vois-tu !... »

Un polar sous le signe de la manipulation et de la peine de mort

L’occasion de découvrir les cigarettes Abdulla

Maigret 7/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Cellule 11, Grande surveillance »
Quand une cloche, quelque part, sonna deux coups, le prisonnier était assis sur son lit et deux grandes mains noueuses étreignaient ses genoux repliés.
L'espace d'une minute peut-être il resta immobile, comme en suspens, puis soudain, avec un soupir. il étendit ses membres, se dressa dans la cellule, énorme, dégingandé, la tête trop grosse, les bras trop longs, la poitrine creuse.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le 7 juillet, à Saint-Cloud, une riche veuve américaine, Mme Henderson, et sa femme de chambre, Élise Chatrier, sont assassinées dans leur villa. Très rapidement, Joseph Heurtin, un livreur de vingt-sept ans dont la présence sur les lieux du crime est attestée, est arrêté puis condamné à la peine de mort. Mais Maigret ne croit pas à la culpabilité de Heurtin, et il organise en secret son évasion, persuadé que celui-ci va le mener sur la piste du véritable assassin

La guinguette à deux sous

Un Maigret des débuts, sympa. Il avait encore un chapeau melon et buvait modérément (quoique ! il alignait déjà bien les Pernod).

Elle n'était ni belle ni jolie. Mais elle était appétissante, surtout dans ses vêtements de deuil qui, au lieu de lui donner un aspect triste, la rendaient plus croustillante.
Une femme bien en chair, bien vivante, qui devait être une maîtresse tumultueuse.
Le contraste était violent avec James et son visage ennuyé, son regard toujours un peu vague, sa silhouette flegmatique.
La guinguette à deux sous de Georges Simenon

Un cold-case réveillé grâce à un condamné à mort qui, la veille de son exécution, parle à Maigret d’un meurtre dont il fut témoin. L’occasion d’une anecdote bien déplaisante : si personne ne se soucia alors d’élucider cette disparition, c’est qu’il s’agissait d’un petit usurier juif qui me manquerait à personne… Sordide.

Un Maigret de bord de Seine avec des canaux, des barques et des longues nuits d’été

Maigret 11/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le samedi de M. Basso
Une fin d'après-midi radieuse. Un soleil presque sirupeux dans les rues paisibles de la Rive Gauche. Et partout, sur les visages, dans les mille bruits familiers de la rue, de la joie de vivre.
Il y a des jours ainsi, où l'existence est moins quotidienne et où les passants sur les trottoirs, les tramways et les autos semblent jouer leur rôle dans une féerie.
C'était le 27 juin. Quand Maigret arriva à la poterne de la Santé, le factionnaire attendri regardait un petit chat blanc qui jouait avec le chien de la crémière.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un jeune truand nommé Jean Lenoir apprend au commissaire Maigret qu'il a été témoin d'un crime. Un homme a jeté un corps dans le canal Saint-Martin. Il a fait chanter l'assassin mais a perdu sa trace avant de le retrouver, par hasard, parmi les clients de la Guinguette à deux sous

Au rendez-vous des Terre-Neuvas

Le capitaine d’un bateau de pêche a été tué. Étranglé.

Mais quand Maigret – appelé à l’aide – arrive sur place, tout le monde se tait. Ce qui se passe en mer ne regarde pas les terriens.

« Elles sont toutes les mêmes! Jalousie et compagnie! Elles se figurent qu'on n'a rien d'autre en tête que d'aller voir des poules... Écoutez! La voilà qui est en train de rosser le gosse pour passer ses nerfs... »
L'enfant criait, en effet, dans la pièce voisine, et la voix de femme s'élevait :
« Veux-tu te taire!... Hein! te tairas-tu?... »
Ces mots devaient s'accompagner de gifles ou de bourrades, car les sanglots éclataient de plus belle.
« Ah! c'est une jolie vie...
Au rendez-vous des Terre-Neuvas de Georges Simenon

Une enquête difficile, au milieu de marins ivres, mutiques et volontiers bagarreurs.

Que s’est il passé sur ce bateau pour que tous les marins qui se retrouvent au rendez-vous des Terre-Neuvas soient aussi taiseux et agressifs ?

Maigret 9/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le mangeur de verre
« Que c'est le meilleur petit gars du pays et que sa maman, qui n'a que lui, est capable d'en mourir. J'ai la certitude, comme tout le monde ici, qu'il est innocent. Mais les marins à qui j'en ai parlé prétendent qu'il sera condamné parce que les tribunaux civils n'ont jamais rien compris aux choses de la mer...
« Fais tout ce que tu pourras, comme si c'était pour toi-même... J'ai appris par les journaux
que tu es devenu une haute personnalité de la Police judiciaire et... »
C'était un matin de juin, Mme Maigret, dans l'appartement du boulevard Richard-Lenoir, dont toutes les fenêtres étaient ouvertes, achevait de bourrer de grandes malles d'osier, et Maigret, sans faux col, lisait à mi-voix.
« De qui est-ce?
- Jorissen... Nous avons été à l'école ensemble... Il est devenu instituteur à Quimper...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le roman se déroule à Fécamp, avec des références à une pêche à la morue au large de Terre-Neuve. L’enquête dure quatre jours et se déroule en juin, à partir du café qui donne son nom au titre du roman.
Après trois jours passés en mer sur l’Océan, un chalutier de Fécamp, Jean-Marie Canut, le mousse, a été emporté par une lame. Peu après le retour de l’Océan, le capitaine Octave Fallut est retrouvé mort par strangulation dans l'un des bassins du port. Le télégraphiste du chalutier, Pierre Le Clinche (vingt ans) a été aperçu en train de rôder aux alentours du bateau le jour du drame. Le Clinche arrêté, un ancien camarade de Maigret, Jorissen, instituteur à Quimper, fait appel au commissaire et lui demande de prouver l'innocence du jeune télégraphiste. Une fois sur place, Maigret s'installe Au Rendez-vous-des-Terre-Neuvas, un café du port à partir duquel il mène son enquête

Maigret se fâche

A la retraite depuis deux ans, en train de se battre contre des doryphores sur ses aubergines… Maigret se voit sollicité par une petite vieille au caractère bien trempé au sujet de la mort suspecte de sa petite fille, noyée. Ni une, ni deux, Maigret fait sa valise et laisse sa femme et les aubergines ravagées.

C'était par vanité plutôt ou par une sorte de pudeur que, depuis deux ans, il refusait systématiquement de s'occuper de toutes les affaires qu'on venait lui proposer, surtout des banques, des compagnies d'assurances, des bijoutiers qui lui soumettaient des cas embarrassants.
On aurait dit, quai des Orfèvres : « Le pauvre Maigret repique au truc, il en a déjà assez de son jardin et de la pêche à la ligne. »
Or, voilà qu'il se laissait embobiner par une vieille femme surgie dans l'encadrement de la petite porte verte.
Il la revoyait, raide et digne, dans l'antique limousine que conduisait avec une périlleuse désinvolture un François en tenue de jardinier qui n'avait pas pris le temps de changer ses sabots contre des souliers.
Maigret se fâche de Georges Simenon

L’occasion de revoir un camarade de classe qui ne lui avait pas laissé forcément un bon souvenir. Les choses ne s’amélioreront pas.

Au moment où il allait disparaître dans le hall d'entrée, il se ravisa, revint sur ses pas pour laisser tomber, la face lourde, le regard pesant:
 - Vois-tu, je sens que ce que je vais découvrir est tellement laid, tellement sale, qu'il m'arrive d'hésiter à continuer.
Il partit sans se retourner, referma violemment la porte derrière lui et se dirigea vers la grille. Celle-ci était fermée. La situation était grotesque, de se trouver ainsi dans le parc de la propriété sans que personne ne s'occupât de lui.
Il y avait toujours de la lumière dans le bureau, mais Malik ne songeait pas à reconduire son adversaire.

Un très bon polar bien glauque au milieu du fric et au bord de la Seine et des canaux à quelques kilomètres de Paris

Une longue nouvelle de 140 pages suivie du déjà lu La pipe de Maigret

Maigret 46/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vieille dame dans le jardin
Madame Maigret, qui écossait des petits pois dans une ombre chaude où le bleu de son tablier et le vert des cosses mettaient des taches somptueuses, Mme Maigret, dont les mains n'étaient jamais inactives, fût-ce à deux heures de l'après-midi par la plus chaude journée d'un mois d'août accablant, Mme Maigret, qui surveillait son mari comme un poupon, s'inquiéta :
- Je parie que tu vas déjà te lever...
Pourtant le fauteuil transatlantique dans lequel Maigret était étendu n'avait pas craqué. L'ancien commissaire de la P.J. n'avait pas poussé le plus léger soupir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans sa retraite de Meung-sur-Loire, Maigret est sollicité par Bernadette Amorelle qui s'inquiète de la récente noyade dans la Seine de sa petite-fille Monita : la jeune fille nageait bien et il ne doit pas s'agir d'un accident

La colère de Maigret

Voilà donc un excellent Maigret ! Une intrigue pas trop compliquée, quelques chausses-trappes, un commissaire qui doute, un Maigret humain, véritable !

 - Cela fait un bout de temps... s'exclamait-il en regardant autour de lui, sa casquette à la main. Vous vous souvenez du Tripoli et de la Tétoune?
A deux ou trois ans près, les deux hommes devaient avoir le même âge.
- C'était le bon temps, dites donc!...
Il faisait allusion à une brasserie qui existait jadis rue Duperré, à portée de pierre du Lotus, et qui avait eu, avant la guerre, tout comme sa patronne, son heure de célébrité.
La Tétoune était une opulente Marseillaise qui passait pour faire la meilleure cuisine méridionale de Paris et qui avait l'habitude d'accueillir ses clients par de gros baisers et de les tutoyer.
C'était une tradition, en arrivant, d'aller la voir dans sa cuisine, et on rencontrait chez elle une clientèle inattendue.
La colère de Maigret de Georges Simenon

Et aussi un petit polar de rien du tout qui raconte Paris, un vieux Paris avec ses cabarets, sa faune interlope, ses petits brigands, et le milieu presque gentillet de Paris la nuit.

Avec une bonne grosse colère qui lui donne son titre… et sa saveur

Maigret 89/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était midi et quart quand Maigret franchit la voûte toujours fraîche, le portail flanqué de deux agents en uniforme qui se tenaient tout contre le mur pour jouir d'un peu d'ombre. Il les salua de la main, resta un moment immobile, indécis, à regarder vers la cour, puis vers la place Dauphine, puis vers la cour à nouveau.
Dans le couloir, là-haut, ensuite dans l'escalier poussiéreux, il s'était arrêté deux ou trois fois, faisant mine de rallumer sa pipe, avec l'espoir de voir surgir un de ses collègues ou de ses inspecteurs. Il était rare que l'escalier soit désert à cette heure mais cette année, le 12 juin, la P.J. avait déjà son atmosphère de vacances.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La colère de Emile Boulay, patron de plusieurs cabarets montmartrois, est découvert étranglé près du Père-Lachaise. Avec qui avait-il rendez-vous ? Pourquoi, quelque temps plus tôt, cet homme habituellement si économe a-t-il retiré 500 000 francs de son compte bancaire ? Peu à peu, Maigret reconstitue les faits et découvre que Boulay est soupçonné de n'être pas étranger à la mort d'un racketteur du nom de Mazotti. Et, lorsqu'il s'apercevra que son nom a été cité, dans une sordide escroquerie, comme celui d'un policier corruptible, sa colère éclatera...

Une confidence de Maigret

Derrière sa bonhomie, il y a chez Maigret une sorte d’humilité et de résignation face à l’imperfection du système judiciaire. Cela l’amène – lorsqu’il le faut – à s’arranger avec la justice, la loi, les juges et les textes…

Elle lui serra le bras plus fort.
 - Ce n'est pas ta faute...
 - Je sais...
Il y avait aussi quelques affaires dont il n'aimait pas se souvenir et, paradoxalement, c'étaient celles qu'il avait prises le plus à cœur.
Une confidence de Maigret de Georges Simenon

Car parfois, il se retrouve bien impuissant face à une affaire qui lui échappe pour tomber dans les mains d’un juge pressé, des médias impatients, d’une foule avide…

Tout était décevant. Les géraniums étaient bien à leur place, mais c'était le seul détail à correspondre à l'image que le commissaire s'était faite. Le logement, était banal, sans une touche personnelle. La fameuse cuisine-salle à manger, où avaient lieu les dînettes, avait des murs d'un gris terne, des meubles comme on en trouve dans les meublés à prix modeste.
Annette ne se changeait pas, se contentait de se donner un coup de peigne. Elle aussi décevait. Elle était fraîche, certes, de la fraîcheur de ses vingt ans, mais banale, avec de gros yeux bleus à fleur de tête. Elle rappelait à Maigret les photographies qu'on voit à la vitrine des photographes de province et il aurait juré qu'à quarante ans ce serait une femme énorme, aux lèvres dures.

Au profit d’une soirée chez les Pardon, alors que son ami le médecin se désole de son impuissance, Maigret se confie

Maigret 80/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le gâteau de riz de Mme Pardon.
La bonne venait de poser le gâteau de riz au milieu de la table ronde et Maigret était obligé de faire un effort pour prendre un air à la fois surpris et béat, tandis que Mme Pardon, rougissante, lui lançait un coup d'œil malicieux.
C'était le quatrième gâteau de riz, depuis quatre ans que les Maigret avaient pris l'habitude de dîner une fois par mois chez les Pardon et que ceux-ci, la quinzaine suivante, venaient boulevard Richard-Lenoir, où Mme Maigret, à son tour, mettait les petits plats dans les grands.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'affaire, au départ, semblait banale. Adrien Josset avait connu une belle réussite sociale. Il avait une jeune maîtresse. Il n'en fallait pas plus pour faire de lui, après l'assassinat de son épouse, le suspect numéro un...
D'autres éléments, surgissant au fil de l'enquête, allaient non seulement accroître les soupçons, mais en outre le rendre odieux à l'opinion publique. Et aux jurés. Des années plus tard, Maigret raconte à son ami, le Dr Pardon, cet épisode qui continue à le troubler. Jamais il n'y a eu de preuves, ni d'aveux. Et jamais il n'est parvenu à se convaincre de la culpabilité de Josset... Il n'y a pas que des triomphes dans la carrière du commissaire Maigret. Des doutes, aussi.
Mais qu'y peut-on ?
Certaines existences et certains drames gardent définitivement leur secret