Les maisons

Tessa se retrouve face à un ex, une séparation mal digérée. Toutes les émotions et les sentiments refont surface, aussi tranchantes qu’alors, malgré un mariage et trois enfants.

Demain il fera beau. Une quatrième journée de ciel dégagé. Je pourrais sortir mes ballerines dorées, achetées sur Internet dans un élan d'insouciance, l'été dernier, je ne les ai portées que trois fois parce que la vue de mes pieds de madame dans des chaussures de jeune fille me rendait malade. J'ai remisé les ballerines au fond de l'armoire, avec les maillots de bain. Mais demain ne sera pas ordinaire. Les circonstances appel- lent des souliers dorés et une robe neuve, car s'il est un jour pour défier les conventions, c'est bien celui où l'on retrouve l'Homme-qui-a-tout-changé-et-nous-a-révélée-à-nous-même. Une femme en pleine passion amoureuse n'est plus tenue de se plier aux règlements de son âge ou de sa situation, right? Elle devient Charlotte Gainsbourg dans les rues de Paris, Patti Smith en session d'enregistrement, et Emily Brontë qui se fait sa propre éducation. Elle est libre.
Les maisons de Fanny Britt

Que faire avec ça ?
Comment ne pas se demander : « Qu’ai-je fait de ma vie ? »
Et que faire lorsqu’il propose de se retrouver pour boire un verre ?

Une histoire au scénario bien sympa avec une tension qui monterait bien, hélas entrecoupée de tant de flash-back et de digressions qu’ils ont fini par gâcher une fin pourtant magnifique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je ne sais pas encore que je suis chez lui. J'aurais peut-être dû le deviner. Y avait-il un indice dans cette assiette au fond de l'évier, le couteau posé sur l'assiette, le beurre et la confiture sur le couteau? Les cheveux de Francis s'emmêlaient-ils sur le peigne dans la salle de bains? Se rasait-il toujours au rasoir à lames, ses pantalons se déchiraient-ils encore aux genoux ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tessa, chanteuse classique reconvertie en courtière immobilière à Montréal, ne va pas bien. Elle élève pourtant ses trois fils qu'elle adore avec Jim, un homme qui la chérit. Lors d'une vente, elle croise Francis, son ancien grand amour, qu'elle n'a jamais oublié. Ils se donnent un rendez-vous qu'elle souhaite autant qu'elle appréhende, revisitant malgré elle un passé mal enfoui.

Les maisons fouille les drames privés d'une époque d'insatisfaction et de conformisme. Derrière les portes closes sur des intérieurs encombrés par la solitude, on rit les larmes aux yeux.

Le parfum des cendres

Sylvain est croque-mort. Il redonne un semblant de vie aux corps dont il scrute les parfums. Mais lui-même est n’est plus trop vivant depuis une quinzaine d’année. C’est alors qu’il croise le chemin d’Alice, qui travaille à un doctorat sur les thanatopracteurs.

Sylvain ouvrit le frigo, en sortit la dépouille du jour soigneusement rangée dans sa housse et la transporta jusqu'à la table de préparation. Il sentit, comme toujours, l'excitation monter en lui au son de la fermeture Éclair glissant entre ses doigts gantés ; l'enthousiasme d'une nouvelle découverte, d'un nouveau voyage dans les profondeurs d'une peau humaine, d'une nouvelle rencontre, intime et éphémère, qui viendrait, comme toutes les autres, nourrir son univers.
De Catherine émanait un délicat parfum floral, à dominante d'iris. Son maintien élégant, soigné, empreint de bon goût bourgeois, son corps resté séduisant en dépit de l'âge et de la maladie, son brushing gris à peine défait [...]
Le parfum des cendres de Marie Mangez

Un joli livre aux milles parfums et à la playlist fournie mais qui fait craindre rapidement à un énième feel-good au dénouement heureux (ou les amitiés et les rencontres pensent les plaies les plus profondes et où l’espoir reste toujours permis)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Bernadette était allongée, paupières fermées, les bras sagement étendus le long du corps. Au cœur de ses joues sillonnées de rides, légèrement affaissées, on distinguait le creux des fossettes, centres névralgiques d'un visage encore animé par des années de sourire. Visage arborant désormais une expression sereine - Bernadette attendait que l'on s'occupe d'elle, remettant placidement son enveloppe charnelle aux soins d'autres mains que les siennes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n'importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu'elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s'occupe tous les jours dans son métier d'embaumeur.

Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s'intéresse à son étrange profession. Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable énigme : bourru, taiseux, il semble plus à l'aise avec les morts qu'avec les vivants. Elle sent qu'il cache quelque chose et cette curieuse impénitente veut percer le mystère.

Doucement, elle va l'apprivoiser, partager avec lui sa passion pour la musique, et comprendre ce qu'il cache depuis quinze ans.

Le dernier des siens

Voilà une curiosité bien émouvante. Le dernier des siens, le dernier grand pingouin, recueilli par Gus, juste après le massacre de sa colonie, la dernière, au milieu du 19e siècle. Une histoire d’amitié entre un homme et un survivant.

Ils arrivèrent au nord-ouest de l'Islande pendant l'été 1849. Ils s'installèrent dans une maison d'une seule pièce, faite de pierre et d'herbe près du rivage. La maison garderait la chaleur en hiver. Le premier village se trouvait à quatorze kilomètres. Ils étaient juste tous les deux, sur les cailloux et les prairies, mais c'était normal, ils étaient les seuls et les deux derniers: Gus le dernier homme sur terre qui verrait un pingouin, Prosp le dernier des siens.
Le dernier des siens de Sibylle Grimbert

C’est doux et tendre pour une sale histoire, l’extinction d’une espèce par l’homme. Moins connue que la fin des dodos, tout aussi consternante.

Un livre de prises de consciences et de questionnements. Qu’avons-nous fait ? Que faisons-nous ? Que continuons-nous à faire ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
De loin, seule la tache blanche de leur ventre se détachait sur la paroi de la falaise, surmontée d'un bec qui brillait, crochu comme celui d'un rapace, mais beaucoup plus long.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1835. Gus, un jeune scientifique, est envoyé par le musée d'Histoire naturelle de Lille étudier la faune du nord de l'Europe. Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un d'eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp.

Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur Terre de l'espèce. Une relation bouleversante s'instaure entre l'homme et l'oiseau. La curiosité du chercheur et la méfiance du pingouin vont bientôt se muer en un attachement profond et réciproque.

À l'heure de la sixième extinction, Sibylle Grimbert convoque un duo inoubliable et réussit le tour de force de créer un personnage animal crédible, avec son intériorité, ses émotions, son intelligence, sans jamais verser dans l'anthropomorphisme ou la fable. Le Dernier des siens est hanté par une question aussi intime que métaphysique : que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?

La pouponnière d’Himmler

C’est froid, impersonnel et les maigres émotions qui transparaissent ne suscitent guère d’empathie. Difficile d’entrer dans ce roman. Dans cette fiction historique devrais-je dire, et même là, le mot fiction semble de trop, tant cela devait bien ressembler à ça.

Plus de sirènes, mais les dents de Renée continuent à claquer. La guerre arrivera. Elle en est sûre. Elle le sent, même physiquement, que la guerre est en train d'avancer dans sa direction. Respiration haletante, comme si elle courait. couchera plus, elle ne sera plus jamais chez elle nulle part. Elle le sent dans le picotement du bout de ses doigts. Elle le sent dans ses os.

La guerre arrive
La pouponnière d’Himmler de Caroline De Mulder

Alors oui, voilà probablement un livre excellent par sa volonté de coller au plus près de ce que furent ces Lebensborn. Ces maternités de sang pur – délire eugéniste – qui étaient censées repeupler un Reich arien.

Mais il m’a manqué clairement un plaisir de lire. Tel n’était vraisemblablement pas le but

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Deux cents langes, sur trois rangées parallèles. Pas un souffle dans la blancheur du coton. Un parfum de savon de Marseille, de lait sucré. Des rires grelottants. Un moment ils couvrent les gazouillis d'enfants qui viennent à la fois du parc et des fenêtres grandes ouvertes. Les femmes qui rient sont quatre, elles parlent et retirent des cordes les pinces à linge, les jettent dans une boîte métallique. Elles plient les carrés de tissu, qu'elles empilent ensuite dans de vastes paniers d'osier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l'ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux. La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s'être éprise d'un soldat allemand, trouve là un refuge dans l'attente d'une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu'ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l'organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l'abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu'à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?

Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l'Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.

Un été chez Jida

Tout est dit dans ce livre. Mais pas tout d’un coup. Comme pour l’inceste dont il parle, le mal avance masqué, il sait imposer son silence.

Ma mère idolâtre son père. Elle ne dit pas papa, ni Mohand, elle dit Mon Père. Elle fête encore son anniversaire à Pâques, téléphone à son frère, m'envoie un texto. Je me contrefiche pourtant de cet homme mort il y a trente ans, que j'ai à peine connu. Elle a décidé d'en faire une statue, une icône intouchable, une invention de toutes pièces. Elle s'est créé cette image consolatrice pour ne pas sombrer, dans la folie peut-être, dans l'humiliation certainement. Il lui fallait bien ça, pour résister. Si Leïla se résignait à baisser les armes, à affronter sa réalité, celle d'une gamine pauvre, battue, négligée, qui a manqué d'absolument tout et surtout d'amour, elle en crèverait. Alors elle préfère se mentir et parler de son père en évoquant un homme comme il en existe aujourd'hui peu: un homme pur, drôle, très bien intégré, entouré de copains français.
Un été chez Jida de Lolita Sene

Dans ce livre trop criant de vérité pour n’être qu’une fiction (je m’interroge), Lolita Sene nous parle d’Esther, abusée par un oncle, le préféré de la grand-mère, intouchable.

Je m'endors parfois sur mes classeurs au premier cours du matin. J'imagine que si je croisais aujourd'hui un professeur de cette époque, il aurait beaucoup de peine à se rappeler mon prénom, mon visage. Je passe ces années comme un fantôme. Je réussis à grandir en évitant ce qui me touche et peut me faire mal, en évitant la peur. Je me suis forgé une carapace de honte, qui me protège autant qu'elle me ralentit. Elle est parfaite, blanche et lisse. Il faut se méfier des sourires des enfants trop sages.

Un roman poignant, révoltant et qui révèle toutes les difficultés, les incompréhensions, les rejets, la culpabilité… dont sont victimes les victimes. Des peines multiples qui jamais ne s’apaisent

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Elle n'a pas de nom, pas de date de naissance, pas de nationalité. Je l'appelle Jida, ou mamie, le plus souvent elle. Jida a deux grosses dents en or, canines saillantes qui lui donnent ce sourire si particulier, à la fois mystique et carnassier


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enfant, Esther passe ses vacances chez sa grand-mère Jida, regard intimidant et canines en or, dont le pavillon modeste, une fois la porte fermée, transporte en Kabylie. Les chants, les odeurs, la cuisine, les danses, les traditions... Tout rappelle le pays d'où la famille a émigré, après la guerre d'Algérie, en passant par des camps de réfugiés. Il y a du monde, une agitation permanente. Esther évolue au milieu de ses tantes, ses oncles, ses cousins, ses cousines.

Et parmi eux, il y a Ziri. Le fils chéri de Jida, qui aime trop les enfants.

Régulièrement, Ziri demande à Esther d'aller l'attendre dans une chambre à l'étage. Elle se demande si personne ne se rend vraiment compte de rien. Comme elle se demande, plus grande, pourquoi sa grand-mère et une partie de la famille s'évertuent à protéger cet homme qui lui a fait tant de mal.

Un été chez, Jida raconte une famille de harkis, son héritage d'une richesse profuse et d'une violence terrible. Il raconte aussi l'obstination poignante d'une jeune femme à faire entendre sa voix, se battre contre des mœurs archaïques délétères et tenter de se réapproprier sa culture.

Sexy summer

Juliette à 14 ans – l’âge des premiers émois – et est électrosensible. Suite à l’installation d’une antenne relais, ses parents décident de quitte Bruxelles pour un trou perdu durant l’été, un village dans une zone blanche.

La journée du 15 août débute sous le soleil habituel, encore plus brûlant que les jours d'avant. Les routes se sont mises à fondre. Bientôt les gens s'enliseront. Juliette lisait gamine l'histoire d'un cochon jaune qui aimait plus que tout s'enfoncer dans la boue. Un jour il s'échappait en ville et prenait pour de la boue du béton fraîchement coulé sur un trottoir. Il s'enfonçait et se retrouvait prisonnier du béton séché. Juliette tâte du bout de sa chaussure les flaques fondues devant la fermette. Elle imagine les habitants de Varqueville pris par les pieds dans la route. Un premier prisonnier, un autre voulant le secourir à son tour figé, et ainsi de suite jusqu'au dernier. Dans le livre, les pompiers libéraient le cochon jaune au marteau-piqueur. Un dépôt grumeleux s'accroche au bout de la chaussure. Ça luit. On dirait le mazout qui englue les oiseaux dans la mer. Le début d'une marée noire.
Sexy summer de Mathilde Alet

Une histoire sans vraiment de fil et qui part dans tous les sens, premiers baisers, bande de jeunes, électrosensibilité, surpoids, agression sexuelle, tensions des parents, chaleur de l’été, amitié… difficile d’accrocher

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quitter Bruxelles. Quitter Bruxelles, changer de boulot, se désabonner de la télé, quitter Bruxelles, partir au vert, prendre le vélo, manger bio, quitter Bruxelles...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Elle n'a pas vraiment peur, de quoi aurait-elle peur ? Des chiens de garde assoupis, des curieux mal planqués, du mouvement d'un voilage ? Ce ne sont pas les inconnus qui l'effraient, ce sont ceux qui savent. Ici en un sens elle est sauve. Personne ne connaît le poids de l'amour dans son ventre. »

Juliette souffre de la « maladie des ondes ». Raison de son déménagement au coeur d'une zone blanche loin de Bruxelles. Fille de la ville, que va-t-il lui arriver dans ces paysages plats et mornes où la violence couve autant que l'humanité ?

L'étrangeté des campagnes belges forme le décor de ce roman âpre, l'histoire d'une jeune fille dont les rêves enfantins se heurtent à la difficulté de grandir.

La ballade de Nitchevo

Woaw ! Quelle claque que cette ballade (pas du tout reposante, pour une balade) ! Un bouquin complètement barré qui fait du bien, à condition de s’y laisser guider !

J'ai à peine le temps de reposer mon stylo que Milton me
demande : « Sinon, Slim, c'est ton mec ? »
Je rougis comme si je venais de passer sept heures sous un soleil de feu : « Non, pourquoi ? »
Slim me fusille du regard.
Je bafouille : « Bah, quoi, t'es pas mon mec. Si ?... »
Il ne réplique pas, mais je sens qu'il bouillonne de l'intérieur. Milton, qui ne sait manifestement pas lire les signaux muets du corps (ou qui n'en a rien à battre), plonge ses yeux dans les miens, façon hameçons: « Cool. J'avais un doute. Tu ne veux pas qu'on se fasse un câlin tantrique? Je suis sûr que ta yoni est plus désaltérante qu'une framboise. »
Alors que je suis encore en train de me demander ce que peut être une yoni et un câlin tantrique (je viens de prendre de l'héro, il faut pardonner la lenteur de mon esprit), Slim se lève d'un bond et gueule : « Elle a pas envie, non ! »
Jean-Pierre ouvre un œil.
Milton reste imperturbable: « Pourquoi tu le laisses répondre à ta place, Nitch' ? Tu sais que t'es libre ? Tu le sais, ça, j'espère. En même temps, je te propose ça, mais il ne faut pas faire l'amour avant une cérémonie d'ayahuasca. Il ne faut pas boire d'alcool, non plus. Ni manger trop sucré ni trop salé. Et éviter la viande. Et les épices. Et le matin même : jeûne total. »
La ballade de Nitchevo de Claire Barré

Car oui, cette histoire prend la forme et le fond de ce qu’elle raconte et il va bien falloir vomir tripes et boyaux avant de commencer à comprendre où Claire nous guide, à la façon d’une grande chamane.

« Pourquoi tu manges pas de porc, si t'es pas croyant ?
 - J'aime pas ça.
 - Moi non plus, j'aime pas trop ça. Dans l'idéal, tu vois, j'aimerais devenir végétarienne. Par compassion envers le règne animal et tout. Mais le fait est que, quand on me met un steak sous les yeux, si j'ai faim, je le mange. Je suis paresseuse. Je crois bien que c'est la paresse qui tuera le monde. »

L’histoire de la rencontre de deux jeunes toxicos avec un trans, tous bien paumés ! Une fable moderne à la rencontre de soi et du « plus que soi »

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une bruine désolante fait grincer les essuie-glaces.
Et nous, on est là. Dans une voiture qui roule trop vite. Une 205 sans âge qui risque de finir épinglée à un platane si Slim ne se calme pas sur l'accélérateur.
Tout ça parce qu'un type m'a reluquée.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Écorchée vive. Nitch' traîne sa mélancolie auprès de Slim dont elle est secrètement amoureuse. Les deux jeunes gens « roulent des pelles à l'autodestruction » en abusant de drogues qui anesthésient leur mal de vivre. Elle se rêve poétesse, lui graffeur, mais l'avenir est enlisé dans les « champs de pavot de Miss Défonce ». Les chemins de l'errance aboutissent chez Jean-Pierre, travesti paumé qui leur offre le gîte, le couvert et l'amitié. Une altercation avec un dealer qui tourne mal et tout ce petit monde prend le large, direction La Rochelle. L'avenir avec sa « sale gueule d'impasse » offre tout d'un coup une échappée que Nitch' va saisir.

Serait-il possible qu'au bout de la nuit noire de l'âme se trouve une lumière qui, sitôt qu'on l'a vue, nous transforme ?

Ce grand roman de résilience y répond avec force, ode à une jeune femme qui reçoit au détour, de son chemin abîmé, l'enseignement des plantes de la forêt amazonienne et qui fait, les yeux grands ouverts, le choix de vivre.

Ne crains pas l’ombre ni les chiens errants

Camille Zabka nous raconte une fin de couple, dans la violence et la fuite. Et c’est pas mal bien foutu.

Tous entraient en Indonésie comme dans un supermarché. Il leur fallait tout voir, tout visiter. Une plage déserte, un ancien palais devenu hôtel, un bivouac avec cuisinier et guide à Kalimantan, une goélette affrétée juste pour eux dans les champs d'algues de Nusa Lembongan, une croisière le long du fleuve Mahakam. Avec de l'argent, il y a de multiples manières de s'emparer du monde. Ils étaient des consommateurs de paysages, de fausses aventures, de souvenirs.
Moi, je n'aimais pas l'avion, et Lucas estimait qu'il voyageait déjà assez pour son travail.
Ne crains pas l’ombre ni les chiens errants de Camille Zabka

Mais mieux encore, elle nous raconte l’Indonésie, les expats condescendants, vivant en groupes dans des prisons dorées, servis par « ceux qui font », les pembantus, domestiques, chauffeurs, jardiniers…

Je noue le kain autour de mon épaule, y cale bien mon enfant et demande autour de moi :
 - Ojek ? Taxi ?
Je marche vers les remparts de Jogjakarta, le centre de l'ancienne capitale de Java, cette ville qu'avec Lucas nous avions tant aimée. Les rues en arc de cercle suivent l'ancien tracé des rizières. 
Partir, partir, partir.

Elle raconte aussi les ravages des cultures de palme, la déforestation, la destruction de l’habitat des orang-outans…

Une bien moche réalité

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est la bonne nuit pour fuir. La lune éclaire la route.
Je chante pour me donner le courage de rejoindre le village, au loin là-bas, de l'autre côté de la forêt.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire d'une femme qui a cru au paradis en s'installant sur l'île de Java.

Mais quand elle se retrouve derrière les hauts murs de son Complex pour Occidentaux, elle découvre une autre réalité, un autre homme et le décor de rêve se fissure.

Elle refuse d'être écartelée entre deux mondes.

Elle vient d'avoir trente ans, un âge pour vivre ou pour mourir. Elle va choisir de vivre.

Troll me tender

Du feel-good version institutrice candide en ZEP sur les réseaux sociaux.

 - Écoute, j'ai failli te dire de ne pas venir, mais je n'ai pas voulu t'affoler... 
 - Ton père est parti.
 -Quoi? Comment ça, parti?
Il est allé retrouver sa PUTE! lance Chantal rageusement en tournant la clef de contact.
Abasourdie, Amandine se prend une décharge de dix mille volts, tétanisée sur son siège, le souffle coupé, la mâchoire béante. Choquée et effrayée par sa mère qui semble possédée. L'insulte l'a percutée de plein fouet. Et pour cause, Chantal ne s'est jamais rabaissée à pareil langage devant elle, dans sa bouche, ces propos relèvent du délire. D'ailleurs, Amandine reconnaît à peine son visage crispé de douleur, ses deux mains désespérément agrippées au volant, comme si, après son mari, on essayait aussi de lui voler sa voiture. En cinquante ans de mariage, ses parents ne se sont jamais quittés, ce sont des inséparables. Pendant trente-deux ans, ils ont travaillé côte à côte dans leur petite charcuterie de Saint-Désir, Chantal à la caisse, toujours coquette dans sa blouse fleurie, aimable et bien coiffée, tandis que Gérard s'affairait gaiement, jovial, derrière son comptoir pour servir au mieux leurs clients.
Troll me tender de Sophie de Villenoisy

Clairement, je ne suis pas le bon public, mais les vacances servent aussi à la découverte.

Une histoire rigolote pleine de bons sentiments à la morale pédagogique qui aligne les clichés et images préfabriquées et qui a eu raison de mon plaisir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un an déjà qu'elle enseigne au collège Georges-Brassens et la peur est toujours là, comme une intruse, tapie dans la chaleur de ses entrailles. L'appréhension de rentrer en classe. Ce sentiment irrépressible de ne pas être à la hauteur. La hantise d'être avalée crue par vingt-cinq ados survitaminés. C'est comme se retrouver dans la cage aux lions, sans fouet, ni protection.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Amandine Doucet, jeune professeure de français, est parachutée dans un collège sensible de banlieue parisienne. Sur place le constat est sans appel, elle n'a ni la bosse pédagogique ni l'autorité pour dompter ses élèves. Désabusée, elle se console en clashant sur les réseaux sociaux des influenceurs issus de la téléréalité, en particulier Sandra Faitout. Celle-ci cristallise à ses yeux la déchéance intellectuelle qui mine cette jeunesse.

Sous couvert d'anonymat, Amandine soigne son ego en se taillant une réputation de vanneuse et n'hésite pas à confronter en duel son ennemie virtuelle. Mais ce don pour la médisance pourrait bien se retourner contre elle...

Nafasam

Un livre beau comme l’amour, dépaysant comme l’exil, questionnant comme la religion, délicieux comme le tadig et triste comme la maladie.

La cuisine iranienne s'apprend en secret. Tu ne poses pas de questions. Tu ne demandes pas. Tu observes. Tu goûtes. Tu traînes des heures entières en cuisine. Tu soulèves les couvercles. Tu te promènes avec une cuillère. Et tu regoûtes. Tu respires. Respire l'odeur. Et tu reconnais. Tu comprends. C'est cette épice qui donne ce goût-là. Tu regardes la viande qui mijote. Le mouvement de la très vieille cuillère en bois. Et tu enregistres. Tu apprends. Sans qu'on le sache. Tu deviens une femme qui sait faire.
Un jour, tu cuisineras au grand jour. Tu surprendras alors les autres femmes qui savent. Elles te regarderont autrement.
Nafasam de Chirine Sheybani

L’histoire d’une fille de famille juive ayant fuit le régime du Shah d’Iran pour les États-Unis et se retrouvant à Genève pour ses études et… Rencontrer Augustin. Une histoire d’amour au parfum des cuisines.

Sepideh attend. Encore une autre salle d'attente. Elle regarde le mur. Il n'y a pas de fenêtre. Elle aimerait voir dehors. Ça serait plus facile. Elle pense. Putain, quand même. Sepideh ne jure jamais. Et encore moins en français. Pourtant elle pense. Putain, quand même. Tu mets une vie à la construire. Une vie. Tu la construis. Tu t'appliques. Et c'est un château de cartes. Un souffle. Un coup trop fort. Et pouf. Tout tombe. Tout s'écroule. Toutes ces cartes que tu as disposées. Imbriquées. Toutes ces réflexions. Toutes ces hésitations. Pour faire bien. Pour faire au mieux. Tous ces choix. Toutes ces décisions. Et un jour. Un mec en blouse blanche. Te dit, ça ne va pas.

Une histoire de vie magnifique qui vibre au rythme des émotions

PS pour l’éditeur : Chères éditions cousu mouche, s’il vous plait, plus de polices sans-serif qui ne mettent pas vraiment en valeur vos textes. J’ai eu l’impression de lire un horaire de gare.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Augustin est assis en tailleur sur le tapis.

Elle s'asseyait toujours en tailleur. Partout. Sur les chaises, les fauteuils. Les canapés. Et par terre, évidemment.

Il y a du soleil dehors. Doux. Un chuchotement de lumière.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Augustin et Sepideh. Deux destins. Une rencontre. L’histoire d’un amour. En allant picorer dans leur existence, Chirine Sheybani parle de culture, d’identité, de cuisine, de maladie et d’amour.

À travers le personnage de Sepideh, elle raconte le destin des juifs iraniens, exilés sur leurs terres, puis de par le monde. Elle évoque la dignité de ces hommes et de ces femmes qui se construisent sans racines.

Chirine Sheybani dépeint aussi, au fil de pages puissantes, le combat contre la maladie et le droit de chacun d’écrire le mot fin de son histoire.

Écrit dans un style âpre, haché, et maîtrisé, Nafasam vous entraîne au plus près d’un couple attachant, dans l’intimité de Sepideh la fière et d’Augustin le conciliant.